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« La responsabilité et l’engagement de chacune et chacun permettent à l’UNIL de traverser cette crise »

Il y a presque un an, la fermeture du campus imposée par les autorités en raison de la situation sanitaire bouleversait la communauté universitaire. Onze mois plus tard, pour la troisième fois, le semestre qui commence est affecté par la pandémie de Covid-19. Afin de mesurer la façon dont le premier semi-confinement a été vécu du point de vue professionnel, l’UNIL a mené une enquête auprès de ses collaboratrices et collaborateurs, réalisée par la Fondation suisse pour la recherche en sciences sociales (FORS), entre le 21 juillet et le 25 août 2020. Quels sont les résultats et les enseignements à tirer pour aborder ce nouveau semestre ? Entretien avec Martial Pasquier, vice-recteur en charge du dicastère Ressources humaines et finances.

Martial Pasquier, près d’une année s’est écoulée depuis le premier semi-confinement. Qu’en est-il aujourd’hui ?

La Direction est consciente de l’investissement particulièrement élevé de chacune et chacun dans une période difficile et de la souplesse dont ils·elles font preuve depuis une année notamment avec une relation hybridée au travail (présentiel-à distance) qui a dû s’adapter au gré de l’évolution de la pandémie. Ils·elles ont permis et permettent toujours à l’UNIL de poursuivre ses missions. La Direction a aussi accéléré plusieurs projets qui s’inscrivent dans le développement d’outils permettant le travail à distance. La numérisation des documents qui sont nécessaires à la gestion RH, et qui est en cours, est un bon exemple.

L’été dernier, l’UNIL a mené une enquête pour connaître la façon dont les collaboratrices et collaborateurs ont vécu la période du printemps 2020, du point de vue professionnel. Que révèle cette étude ?

Globalement, les résultats sont positifs : dans ce contexte de crise, une majorité des répondant·e·s se sont dit·e·s pourtant satisfait·e·s de la façon dont ils·elles ont pu réaliser leur activité lors de cette première vague et se sont senti·e·s soutenu·e·s par l’UNIL. Ils·elles mettent aussi en évidence la responsabilité, l’engagement et la résilience des collaboratrices et collaborateurs qui, dès le mois de mars de l’année passée, ont continué à assumer leurs missions malgré la fermeture du campus puis une recommandation d’effectuer le travail à distance.

Depuis la première vague, et depuis que l’étude a été menée, la situation a évolué à l’UNIL…

Le contexte est bien sûr différent avec une prolongation des règles sanitaires et des activités à réaliser à distance qui affectent fortement les étudiantes et étudiants mais aussi l’ensemble du personnel académique et administratif. Si nous espérons une sortie de crise le plus rapidement possible, nous devons aussi être conscient·e·s que nous avons développé collectivement une extraordinaire capacité d’apprentissage qu’il conviendra de mettre à profit.

Les conclusions de l’enquête sont-elles toujours valables aujourd’hui ? Quel est l’intérêt de les communiquer ?

Les résultats de l’enquête sont représentatifs de l’expérience du premier semi-confinement à l’UNIL et, en ce sens, ils sont précieux, car ils permettent à la Direction, mais aussi à toutes les collaboratrices et collaborateurs, d’entrevoir des perspectives pour l’avenir, de constater nos forces et les points à améliorer. Nous sommes continuellement en train d’apprendre et aujourd’hui, nous sommes certainement mieux armé·e·s pour affronter l’avenir.

Quel était l’objectif de cette étude ?

La Direction avait un double but : d’une part, elle voulait savoir si les missions ont pu être exécutées de façon satisfaisante durant cette période. D’autre part, elle souhaitait tirer des enseignements de cette expérience contrainte pour le futur. L’enquête a été menée auprès de l’ensemble des collaboratrices et collaborateurs de l’UNIL qui ont été invité·e·s à répondre à un questionnaire en ligne. Celui-ci comprenait des questions générales mais aussi des interrogations ciblées selon leur statut. Le taux de participation a été très élevé avec une excellente représentativité des différents corps.

Intéressons-nous de plus près aux résultats de l’enquête. Quels sont pour vous les plus importants ?

Nous avons tout d’abord pu constater que, indépendamment de la situation liée au Covid-19, le niveau de satisfaction des collaboratrices et collaborateurs par rapport à leur travail à l’UNIL est extrêmement élevé (8,9 sur une échelle de 0 à 10), avec seulement de légères différences suivant le corps, l’âge ou le genre. Ce résultat très positif confirme les conclusions d’enquêtes externes menées notamment par les journaux Bilanz ou Le Temps, qui ont classé l’UNIL parmi les meilleurs employeurs de Suisse.

Et concernant la situation liée au Covid-19 ?

L’étude que nous avons menée révèle deux informations centrales car en lien direct avec la recherche et la transmission du savoir, les principales missions de l’Université. D’une part : les enseignant·e·s considèrent très majoritairement avoir pu accomplir leurs tâches de manière satisfaisante et avoir pu atteindre les objectifs d’apprentissage visés, lors de la première vague. D’autre part, on observe une certaine symétrie quant à l’appréciation globalement positive de l’encadrement en termes de recherche de la part des doctorant·e·s et des superviseur·e·s de thèse. Ces résultats démontrent qu’à l’UNIL, malgré la crise, les jeunes chercheuses et chercheurs ont pu continuer de recevoir un encadrement satisfaisant, et qu’un enseignement de qualité s’est également poursuivi.

Martial Pasquier, vice-recteur en charge du dicastère Ressources humaines et finances (F. Ducrest © UNIL).

L’enseignement à distance a-t-il donc fait ses preuves ?

Nous avons en tous cas constaté qu’il était possible d’y recourir. Mais nous avons également pu en voir les limites. D’ailleurs, si une majorité d’enseignant·e·s semblent considérer que les objectifs d’apprentissage ont été atteints l’an dernier, ils·elles ne sont pas favorables à la poursuite d’un enseignement à distance puisqu’à la question « Lorsqu’il n’y aura plus de contraintes liées au Covid-19, quelle proportion de vos enseignements souhaiteriez-vous dispenser à distance ? », la moitié d’entre elles·eux a répondu « zéro ».

L’UNIL pourrait-elle tout de même favoriser la transmission des cours à distance à l’avenir, lorsque les mesures sanitaires seront levées ?

La Direction ne souhaite en aucun cas remplacer le présentiel par le distanciel. Mais nous devons réfléchir aux avantages de la complémentarité. Les possibilités d’enrichissement et d’amélioration des formes pédagogiques sont une préoccupation constante.

De façon générale, une majorité des répondant·e·s considèrent que les soutiens techniques et administratifs apportés par l’UNIL leur ont permis de réaliser leur activité de façon satisfaisante durant le printemps dernier. Ce résultat correspond-il à vos attentes ?

D’importants efforts ont été déployés par les Décanats, la Direction et les services pour permettre aux collaboratrices et collaborateurs de se sentir soutenu·e·s durant cette crise. La Direction est heureuse de voir que ce travail a payé. Cette réussite a cependant surtout été rendue possible par la mobilisation de l’ensemble des collaboratrices et collaborateurs, indépendamment de leur corps. Certes, les outils mis à disposition ont aidé, mais c’est la responsabilité et la volonté de chacun·e qui ont permis à l’UNIL d’assurer la bonne marche de ses activités. Ceci est valable pour tous les corps et la perception élevée d’une bienveillance institutionnelle le démontre.

Une large majorité du personnel administratif et technique a exprimé le désir de garder la possibilité du télétravail sur le long terme. La Direction va-t-elle répondre à ce souhait ?

Selon l’analyse des réponses données par les participant·e·s, environ la moitié des activités professionnelles à l’UNIL peuvent, en moyenne, être actuellement faites à distance. Le taux de télétravail souhaité moyen s’élève lui à 40.4 %. Il y a là un enseignement que nous devons tirer. Cette crise nous force à repenser notre relation au travail, à la manière de l’exécuter. Le Covid-19 ayant permis d’expérimenter les possibilités de télétravail à large échelle, c’est dans ce sens-là que nous allons adapter la Directive 1.40. sur le télétravail ce printemps. Pour les tâches qui peuvent être réalisées à distance, cette option devra être promue dans une logique hybride et volontaire.

Un bémol toutefois concerne les activités de recherche, fortement impactées par le premier semi-confinement : 70,1% des répondant·e·s estiment avoir pris du retard dans leur projet…

Évidemment, les scientifiques qui avaient besoin d’une infrastructure ou de moyens matériels (laboratoires, bibliothèque, terrains, etc.) et qui n’ont pas pu y accéder ont été retardé·e·s dans leurs expériences, de même que celles et ceux qui ont dû consacrer davantage de temps à l’enseignement. Pour les personnes ayant un contrat à durée déterminée, qui doivent par conséquent terminer leur recherche dans un temps limité, nous avons mis en place un dispositif de prolongation des contrats pour compenser le retard pris. Près de 40% des membres du corps intermédiaire ont fait appel à ce dispositif et toutes les demandes déposées ont à présent été traitées.

Malgré cette solution, les membres du corps intermédiaire figurent parmi les moins satisfaits du soutien reçu. Pensez-vous que l’UNIL en a fait assez ?

Tout d’abord, il est important de rappeler que la Direction est parfaitement consciente de la difficulté dans laquelle s’est trouvée une partie de ces personnes pour lesquelles la pression aux résultats est très forte. La Direction estime que le dispositif de prolongation des contrats est une solution satisfaisante, compte tenu des contraintes légales et des ressources à disposition. Le coût maximal de sa mise en place s’élève à 7 millions de francs (nous connaîtrons le coût final seulement lorsque toutes les personnes concernées auront terminé leur recherche).

Globalement, pensez-vous que d’autres points peuvent être améliorés ?

Nous pouvons toujours nous améliorer, il ne faut jamais tomber dans l’autosatisfaction ! Nous devons toutes et tous désormais considérer les leçons à tirer de cette crise en rapport avec nos missions. Ce n’est pas seulement à la Direction d’y penser mais à l’ensemble de la communauté universitaire. Par exemple, le Service des ressources humaines et le Centre informatique ont poursuivi le projet de numérisation des dossiers du personnel, ce qui facilitera la gestion RH. Et si une partie du télétravail se pérennise, nous allons devoir développer de nouvelles formes de management qui tiennent compte de l’hybridation des modes de travail et de liens sociaux professionnels différents. Nous avons encore beaucoup à apprendre ! Une organisation qui développe le savoir doit aussi apprendre à apprendre sur elle-même.

Découvrez les résultats de l’enquête.