La première accréditation institutionnelle de l’UNIL a été lancée cette année. Le système d’assurance qualité de l’UNIL va être scruté par une agence indépendante. Les enjeux ? Les subventions fédérales et cantonales, ainsi que le droit de s’appeler «université». Les informations de Véronique Kobel, responsable de la Cellule Qualité.

En coulisses, l’Université de Lausanne se prépare à passer un examen. Conformément à la Loi fédérale sur l’encouragement et la coordination des hautes écoles (LEHE), l’UNIL doit se soumettre à une accréditation institutionnelle. Toutes les hautes écoles du pays, publiques et privées, «sont logées à la même enseigne», relève Véronique Kobel, responsable de la Cellule Qualité, une unité qui dépend directement de la rectrice Nouria Hernandez.
La démarche est pilotée par l’Agence suisse d’accréditation et d’assurance qualité (AAQ), qui dépend du Conseil suisse d’accréditation. Cet organisme commun aux cantons et à la Confédération est basé à Berne.
Le passage par une telle procédure (et sa réussite) sont nécessaires pour conserver le droit de s’appeler «université» et pour toucher les subsides fédéraux. De plus, «le canton de Vaud se base sur la décision du Conseil d’accréditation pour décider de l’attribution des subventions cantonales», complète Véronique Kobel.
Autonomie et qualité
Tout d’abord, une précision. L’accréditation à venir porte sur le système d’assurance qualité de l’UNIL, et non sur sa politique, sa stratégie ou ses choix. Dans l’imaginaire, les mots «assurance qualité» évoquent le monde austère des normes ISO, qui fixent par exemple le format d’une feuille A4. Ce genre de vision ne saurait s’appliquer à une haute école : l’AAQ ne va pas exiger un nombre fixe d’arbres par hectare sur le campus.
«La qualité doit être en adéquation avec les valeurs et la stratégie de l’institution», note Véronique Kobel. La définition de la qualité est donc spécifique à chaque institution qui de ce fait conserve son autonomie. Par contre, elle doit avoir mis en place un système d’assurance qualité interne, apte à évaluer son enseignement, sa recherche et ses prestations de services. De plus, ce système dynamique doit permettre le développement de la qualité et l’amélioration de ses activités pour les années à venir.
De l’audit à l’accréditation
Ce n’est pas la première fois que l’UNIL se prête à un tel exercice. Le plus récent audit de son système d’assurance qualité avait eu lieu en 2013-2014. Bonne nouvelle, la procédure actuelle comporte bien des points communs avec cette expérience passée.
Tout commence avec un rapport d’autoévaluation d’environ 80 pages, dans lequel l’institution démontre en quoi elle répond aux 18 standards qualité définis dans la LEHE. Ceux-ci figurent en détail dans un document public. Par exemple, «La haute école […] prend en compte un développement économiquement, socialement et écologiquement durable dans l’accomplissement de ses tâches.»

La Cellule Qualité n’a pas attendu la première séance de travail avec l’AAQ, en janvier 2020, pour lancer la machine. «Avec Raphaël Zumofen, l’ancien adjoint de la rectrice, nous avons rédigé une première version du rapport d’autoévaluation sur la base de données récoltées auprès de différentes entités. Ce document a ensuite été soumis à la Direction de l’UNIL en janvier 2020». Ce texte a ensuite été mis en consultation auprès des doyens, des chefs de service, de différentes commissions consultatives, et personnes clés dans l’institution. Début juin, une version avancée du rapport sera débattue au sein d’un comité de pilotage.
Les experts : Dorigny
D’ici fin septembre, le rapport d’autoévaluation sera livré au groupe d’experts formé par l’AAQ. Ces derniers en prendront connaissance, puis demanderont éventuellement des compléments d’information.
Après l’écrit, sonnera l’heure de l’examen oral. L’UNIL tient-elle les promesses qu’elle a fixées sur le papier ? À la fin de l’année, les experts, tous extérieurs à l’UNIL, vont passer deux jours et demi sur le campus.
Il ne s’agira pas d’une course d’école, puisque des dizaines d’entretiens figureront à leur programme. «Ces spécialistes des hautes écoles et de la qualité dans l’enseignement supérieur vont rencontrer beaucoup de monde, des autorités politiques à la Direction, en passant par des étudiants, des doyens, des membres du corps enseignants ou des collaborateurs, entre autres», note Véronique Kobel.
Sur la base du rapport d’autoévaluation et des informations récoltées lors de leur visite sur place, les experts produiront à leur tour un rapport et ils pourront parfaitement saupoudrer leurs recommandations de quelques conditions, si l’un ou l’autre des standards ne leur semble pas atteint. Ce rapport, ainsi qu’une proposition de décision d’accréditation de l’AAQ seront transmis à l’UNIL qui pourra y répondre. Enfin, sur cette base, le Conseil suisse d’accréditation rendra sa décision, prévue juste avant l’été 2021. L’accréditation obtenue sera valable 7 ans.
Au terme de la démarche, le rapport final des experts sera publié sur le site du Conseil suisse d’accréditation.
Exercice utile
Cet exercice d’évaluation de notre système d’assurance qualité semble lourd. Mais une telle démarche fait partie de la vie quotidienne – ou presque – de l’institution depuis longtemps. «En interne, nous évaluons les facultés, les cursus de bachelor et de master, et les services centraux de manière régulière», rappelle Véronique Kobel. Par exemple, chaque année, une ou deux facultés ainsi que quelques services effectuent l’exercice d’évaluation selon nos processus internes. Les EEE (évaluations de l’enseignement par les étudiants) font également partie de notre système d’assurance qualité.
Enfin, l’énergie dépensée dans le cadre de la démarche d’accréditation possède une autre utilité. «Les résultats de l’accréditation seront précieux pour faire évoluer notre système d’assurance qualité, le but étant d’assurer la qualité de nos activités à long terme», conclut Véronique Kobel.