La crise du coronavirus a ralenti, voire rendu impossible, la poursuite de certains travaux de recherche. Le retard pris peut avoir des conséquences sur la carrière personnelle de membres du corps intermédiaire dont le contrat de travail possède une durée déterminée. Afin de soutenir ces chercheuses et ces chercheurs, la Direction permet la prolongation de leur engagement, en principe pour une durée de deux mois, sous conditions. Les précisions de Martial Pasquier, vice-recteur en charge du dicastère «Ressources humaines et finances».

À la suite d’une décision prise par les autorités politiques le vendredi 13 mars 2020, l’UNIL a fermé son campus. Si les infrastructures de recherche sont progressivement remises en service depuis le 27 avril, cette période a eu un impact sur la vie de bien des scientifiques, dont les membres du corps intermédiaire. Un nouveau dispositif, officialisé par la Direction de l’UNIL le 8 mai, répond à cette préoccupation. La prolongation de certains contrats à durée déterminée est désormais autorisée (informations pratiques et délais).
Qui sont les personnes visées par cette mesure ?
Le dispositif concerne les chercheuses et les chercheurs qui travaillent sur la base d’un contrat de travail à durée déterminée et dont les travaux personnels ont été affectés par la fermeture du campus. Plus concrètement, il s’agit des scientifiques qui ont une fonction définie par la Loi sur l’Université (assistant·e diplômé·e, premier·ère assistant·e, maître-assistant·e) et les personnes qui sont financées par des bailleurs externes comme par exemple le Fonds national suisse ou l’Union européenne (doctorant·e FNS, chercheuse ou chercheur senior).
Pourquoi avoir mis en place ce dispositif ?
Les chercheuses et les chercheurs dont nous parlons évoluent à un moment charnière de leur carrière, alors qu’ils constituent leur dossier académique. Imaginez par exemple que vous ne puissiez pas finaliser votre thèse de doctorat dans le temps imparti ! La Direction de l’Université accorde une grande importance à la relève, et reconnaît l’importance de sa contribution à la recherche. En acceptant d’entrer en matière sur une prolongation des contrats, elle assume sa responsabilité vis-à-vis des jeunes scientifiques.
De combien de personnes parle-t-on ?
Au total, nous comptons 1329 contrats à durée déterminée. Parmi eux, 550 sont financés par des fonds externes, suisses ou européens. À leur sujet, la Direction compte sur l’appui des professeur·e·s. En effet, nous souhaitons que ceux-ci soutiennent les jeunes chercheuses et les chercheurs dont ils sont responsables, en cherchant à décrocher des moyens supplémentaires auprès des bailleurs de fonds. L’effort mené pour trouver des solutions est collectif.
Il est évident que les biologistes, qui n’ont pas eu accès à leurs laboratoires pendant plusieurs semaines, ont vu leurs travaux stoppés net par la crise. Quels autres types de recherches pourraient être concernés ?
Pour la Direction, ce n’est pas la discipline scientifique qui sert de référentiel au dispositif mis en place, mais les effets des décisions des autorités sur la recherche. Un·e biologiste peut très bien avancer normalement sur sa thèse en rédigeant des articles issus de ses travaux précédents. Mais il existe des cas moins évidents a priori, que notre collaboration constructive avec ACIDUL (Association du corps intermédiaire et des doctorant·e·s de l’Université de Lausanne) a mis en lumière.
Par exemple ?
Pensez à une chercheuse ou un chercheur en sciences sociales qui avait prévu de réaliser des entretiens auprès de personnes résidant dans un EMS dans le cadre de sa thèse : son travail a été rendu impossible, faute d’accès au «terrain». Les scientifiques qui doivent accéder à des collections d’objets particuliers, comme des fonds d’archives, se voient également barrer la route car les institutions sont fermées.
Pour certaines personnes, ce n’est pas tant l’arrêt de la recherche que la mobilisation à la Protection civile qui met un frein à leur carrière académique.
En effet. Nous avons identifié cinq motifs qui ouvrent la voie à une prolongation de contrat. Il y a bien sûr l’impossibilité d’accéder au campus, ou au «terrain», ainsi que la détérioration ou la perte des données de recherche. Ensuite, nous avons inclus les scientifiques qui ont dû s’investir beaucoup plus que d’habitude dans l’enseignement, par exemple pour encadrer les étudiant·e·s lors des sessions en ligne, ou pour répondre à leurs questions adressées par e-mail. De surcroît, les collaborateur·trice·s mobilisé·e·s par l’armée ou la protection civile, dans le cadre de la lutte contre le COVID-19, sont concerné·e·s. Enfin, certain·e·s ont dû faire face, dans leur vie privée, à des situations plus compliquées, comme par exemple la garde d’enfants ou l’assistance à des personnes vulnérables.
La mesure décidée ne sera pas appliquée uniformément.
Non. Je souligne que nous allons étudier les dossiers au cas par cas. Il n’y a pas d’automatisme.
Quelle est la procédure mise en place ?
À la suite de nos discussions avec ACIDUL, la Direction a décidé que les requêtes doivent être adressées aux décanats, au moyen des formulaires disponibles. Les directions des facultés peuvent solliciter des compléments d’information auprès des professeur·e·s responsables, avant de préaviser les dossiers. Ces derniers sont ensuite examinés par une commission ad hoc, dirigée par François Bussy, vice-recteur en charge du dicastère Recherche, relations internationales et formation continue. Un membre du «Graduate Campus» siège notamment dans cette commission, tout comme le directeur du Service des ressources humaines. Je précise que les demandes seront examinées dans l’ordre des échéances des contrats, et que la dernière limite pour les soumettre est fixée au 31 juillet 2020.