
Cher professeur, cher doyen, comment allez-vous ?
Je vais bien étant donné les circonstances. Cependant, l’incertitude nous guette toujours. L’économie s’écroule, de nombreuses personnes risquent de perdre leur emploi, et des gens meurent encore, mais l’Université a pu mettre tous les moyens possibles à notre disposition pour que nous puissions continuer nos missions premières que sont l’enseignement et, pour celles et ceux qui le peuvent, la recherche. Nous devons maintenant nous assurer de tenir la distance. Je suis certain que nous y arriverons.
Quelles ont été et sont les urgences pour votre faculté ?
Nous avons dû faire face à l’inconnu et prendre une série de décisions rapides tout en évitant d’être menés par l’angoisse et la peur. Être proactif plutôt que réactif. Comme pour l’ensemble de l’Université, la priorité a été dans un premier temps d’assurer la transition des enseignements en ligne, de veiller à ce que chacun reste chez soi, de maintenir le fonctionnement administratif, et surtout de rester solidaires. L’autre tâche a été de fermer nos laboratoires et de suspendre une grande partie de la recherche que nous faisons sur le terrain. La situation évolue maintenant dans la bonne direction. Un travail énorme est effectué, d’une part pour l’organisation et les modalités des examens, et d’autre part pour la réouverture progressive de nos laboratoires. Depuis le début, j’ai été extrêmement impressionné par un effort collectif face à un événement sans précédent. Grâce aux compétences des personnes indispensables à la faculté, les choses peuvent se mettre en place avec une certaine sérénité.
Pressentez-vous déjà la fin du confinement, dans quelles conditions ou du moins dans quel état d’esprit aimeriez-vous que nous l’abordions ?
L’épidémie et le confinement qu’elle nous a imposé sont arrivés soudainement. Nous devons admettre que cette brutalité est le résultat d’un déni collectif, de notre vulnérabilité, et de la fragilité de nos sociétés. Cette épidémie nous rappelle une fois de plus notre devoir d’humilité envers la nature, et ce confinement nous permet d’y réfléchir. Nos enseignements et nos recherches ne seront probablement plus jamais les mêmes. Sommes-nous à un « point charnière » qui fera que la relation entre l’homme, son environnement, la santé et nos modèles économiques doivent être repensés ? J’aime le croire et je pense que l’Université joue son rôle en y réfléchissant.