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L’Université de Lausanne braque ses projecteurs sur la montagne

L’institution crée un centre interdisciplinaire de recherche sur la montagne. Il impliquera jusqu’à une cinquantaine de chercheurs, dont l’objectif est de contribuer à un développement plus durable dans les régions de montagne

Le village de Grimentz, dans le val d'Anniviers (VS). Août 2017. — © Didier Martenet
Le village de Grimentz, dans le val d'Anniviers (VS). Août 2017. — © Didier Martenet

L’Université de Lausanne veut mieux comprendre les enjeux des régions de montagne. Elle inaugure ce vendredi un centre interdisciplinaire consacré à la thématique. Une cinquantaine de chercheurs, de différentes facultés, mèneront des projets de recherche répondant aux défis du développement durable des régions alpines, avec une approche orientée vers les besoins de ces territoires. Directeur du centre, le professeur Emmanuel Reynard en dévoile les contours.

Le Temps: La montagne est-elle à ce point délaissée pour que l’Université de Lausanne y consacre un centre interdisciplinaire?

Emmanuel Reynard: La montagne n’est pas délaissée, mais elle est souvent en porte-à-faux avec les autres régions de Suisse sur de nombreuses thématiques comme l’aménagement du territoire, le tourisme, la transition énergétique ou encore les dangers naturels. Il y a donc un réel intérêt à se pencher sur la question. Mais l’Université de Lausanne (Unil) n’a pas attendu la création de ce centre pour le faire. Depuis un voire deux siècles, comme dans de nombreuses autres universités de notre pays, plusieurs facultés de l’Unil se sont spécialisées dans cette thématique. L’environnement alentour les y encourage. L’objectif du nouveau centre consistera à mettre en commun toutes ces compétences, quelque peu éparpillées dans les différentes facultés, afin de faire émerger des projets interdisciplinaires répondant aux besoins des régions alpines.

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Quelles sont les raisons qui ont poussé l’Unil à créer ce centre aujourd’hui?

Les territoires de montagne sont sensibles d’une part au changement climatique et d’autre part aux changements globaux. Ils deviennent donc de véritables laboratoires à ciel ouvert sur lesquels il est intéressant de travailler. Notre centre concentrera ses recherches sur les Alpes vaudoises et valaisannes. Ces deux régions d’étude incluent les plaines associées, en l’occurrence celle du Rhône. Nous pourrons ainsi constater quelles sont les différences entre plaine et montagne, mais aussi relever les liens étroits, de plus en plus nombreux, qui les lient. Pour nous, la montagne n’est pas liée à l’altitude, mais c’est l’ensemble des territoires qui sont situés à l’intérieur de l’enveloppe des Alpes. A l’avenir, nous pourrions également imaginer des projets dans le massif du Jura.

Quel sera l’avenir de ces régions de montagne?

Difficile à dire. C’est justement l’un des objectifs de notre nouveau centre que de réfléchir à ce que pourrait être l’avenir. Il y a des éléments qui sont toutefois assez clairs. Ces territoires seront assez différents de ce qu’ils sont aujourd’hui, en raison du réchauffement du climat. On le voit déjà aujourd’hui, avec la fonte de la cryosphère ou la transformation de la végétation et tous les impacts que cela peut avoir sur les activités sociales ou économiques. Ce changement est important, mais il n’est pas nouveau. Si on compare les Alpes de 2018 à celles de 1918, on se rend compte qu’il y a plus de changements que de similarités. Les choses ont changé et continueront d’évoluer.