Suite à la publication du Global Risks Report 2022 du Forum de Davos (World Economic Forum – WEF), la Faculté des HEC (UNIL) met l’accent sur certaines de ses récentes recherches en lien avec les menaces identifiées dans ce rapport.
Alors que le monde sort progressivement de la pandémie, le World Economic Forum (WEF) a publié son dernier rapport qui identifie et évalue les principaux risques auxquels le monde est confronté à un horizon de dix ans. Le rapport classe les risques en cinq grandes catégories : économie, environnement, géopolitique, société et technologie, tout en abordant les menaces les plus immédiates pour ces deux prochaines années. soit l’échec des mesures climatiques, l’érosion de la cohésion sociale, les problématiques de santé mentale et l’inégalité numérique.
HEC Lausanne veille à ce que sa recherche se concentre sur les principaux défis qui touchent les entreprises et la société. Elle s’engage à aider les dirigeant·e·s à comprendre et à relever ces défis dans le monde réel, aujourd’hui et demain. Cet engagement est également mis en évidence par la participation d’économistes de HEC Lausanne à la Swiss National COVID Science Task force.
Voici quelques exemples de recherches menées par nos expert·e·s à HEC Lausanne qui abordent un grand nombre de risques présentés dans le rapport du WEF.
Zones à faibles émissions: positif ou négatif ? La pollution atmosphérique urbaine est un sujet crucial. Virginie Lurkin de HEC Lausanne (avec ses co-auteurs Julien Hambuckers de HEC Liège et Tom van Woensel de l’Université de technologie d’Eindhoven) a publié une importante recherche sur la question controversée des zones à faibles émissions (ZFE) dans les villes. Conçues pour réduire les émissions du trafic, ces zones suscitent de vives controverses, avec des affirmations et des contre-affirmations sur leurs mérites. La contribution de V. Lurkin au débat suggère que, dans certaines circonstances, les zones à faibles émissions peuvent en réalité faire plus de mal que de bien, produisant plus de pollution. Elle rappelle aux urbanistes et aux responsables politiques la nécessité de comprendre le comportement des utilisatrices et des utilisateurs afin d’éviter des conséquences imprévues.
Le coût de l’inégalité numérique: l’inégalité est un fil conducteur pour plusieurs domaines de risque définis par le rapport, notamment les inégalités qui résultent d’un accès fracturé et inégal aux réseaux et technologies numériques. Mais comme le relève l’économiste Roxana Mihet, l’innovation financière est à double tranchant. Potentiellement, la technologie financière pourrait réduire les coûts pour les investisseurs les plus pauvres et stimuler leur participation aux marchés d’investissement. Cependant, aux États-Unis, les fintech semblent avoir fait le contraire. Elles ont permis aux riches de monopoliser les meilleures informations financières, réduisant ainsi les rendements pour les investisseurs plus modestes, les évinçant du marché et élargissant l’écart de richesse.
Mondialisation et conflits: si l’on se projette dans l’avenir, les risques environnementaux et géopolitiques prennent une plus grande importance en tant que menaces à moyen et long terme. La mondialisation rend-elle les conflits plus probables ? C’est une question analysée par Dominic Rohner, notre expert de renommée internationale en économie politique et du développement, avec son co-auteur Quentin Gallea, postdoctorant et chargé de cours à HEC Lausanne. Alors que la pandémie révèle la fragilité des chaînes d’approvisionnement mondiales, D. Rohner et son co-auteur examinent de manière opportune la relation entre le commerce et les conflits. Ils constatent que l’essor du commerce exerce un effet apaisant sur les principaux goulets d’étranglement des voies navigables du monde, un lieu notoirement propice aux conflits. Toutefois, ils reconnaissent également que les ralentissements économiques peuvent rendre les grandes puissances moins disposées à assurer la circulation des porte-conteneurs. Pour contrer ce phénomène, D. Rohner et Q. Gallea suggèrent que des organisations telles que l’ONU jouent un rôle accru dans la sécurisation du transport maritime.
À plus long terme, l’échec de l’action climatique est considéré comme la menace la plus sérieuse pour le monde au sortir de la pandémie. Les expert·e·s de HEC Lausanne sont engagé·e·s dans une variété de recherches qui touchent à ces questions climatiques.
Maintenir le cap vers la durabilité: alors que le monde s’éloigne de la COP26, les recherches de Busra Gençer, ancienne doctorante à HEC Lausanne, et de la Prof. Ann van Ackere sur la transition vers la production d’électricité verte mettent en évidence le rôle de la feuille de route – la succession d’objectifs intermédiaires – dans le cheminement vers des objectifs durables. Si les feuilles de route n’influent pas sur la réalisation ou non de l’objectif final, elles ont une grande influence sur la manière de l’atteindre. En agissant sur les étapes de la feuille de route, les décideuses et décideurs politiques peuvent s’assurer que leurs objectifs sont atteints de la manière la plus efficace et la plus économique possible.
Le défi ESG: les entreprises devront aussi faire leur part du travail. Les recherches de la Prof. Gaia Melloni et Janet Su, doctorante à HEC Lausanne (et de la co-auteure Ariela Caglio à la SDA Bocconi) soulignent le défi auquel la société doit faire face pour persuader les entreprises d’agir de manière durable et responsable. Ce travail en cours explore la question d’actualité de l’impact de la divulgation par une entreprise d’initiatives environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) sur les performances financières à différentes périodes de la pandémie.
Alors même que le monde continue de se remettre de la pandémie COVID, le rapport sur les risques mondiaux du World Economic Forum nous rappelle les nombreux autres défis critiques auxquels nous serons confrontés au cours de la prochaine décennie. C’est dans des moments comme celui-ci que l’importance de la recherche dans les écoles en management et en sciences économiques apparaît. La recherche à HEC Lausanne se concentre sur les questions clés présentées dans le rapport sur les risques mondiaux, car ce sont les questions auxquelles les chefs d’entreprise sont confrontés au quotidien.
Comme le note Rafael Lalive, vice-doyen pour la recherche à HEC Lausanne: « Les écoles en management et en sciences économiques peuvent apporter une contribution importante pour répondre aux menaces identifiées dans le rapport des risques mondiaux. À HEC Lausanne, nous voulons que notre recherche ait un impact dans le monde réel, en influençant la théorie et la pratique, et en aidant à créer une planète plus durable. Ce n’est qu’en travaillant ensemble, avec les business schools, les universités et la communauté de recherche au sens large, que nous pourrons relever ces défis. »
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