micropodcast numéro 6
Tout comme Hannibal en 218 av. J.-C., Mohamed, le narrateur à la première personne de Lampedusa Snow de Lina Prosa, tente de franchir les Alpes pour retrouver un peu de liberté ou d’humanité dans son exil. A la différence de son illustre ancêtre africain, le migrant, parqué dans les Alpes orobiques à plus de 1800 mètres d’altitude par l’absurdité contemporaine, cherche un espace de respiration au sein même de l’Empire, vers l’autre vallée, en Suisse ou n’importe où ailleurs. Le rapport de force est implacablement inversé: on est loin du conquérant carthaginois qui pouvait espérer faire tomber l’Empire romain.
Le constat est dur, réaliste. Il y a peu de choses à espérer dans ce naufrage hivernal, peu de lignes de fuite, à peine quelques hospitalités passagères et une chanson révolutionnaire qu’on entonne difficilement dans cette persistante étendue blanche. Reste alors la voix, le souffle d’une écriture librement versifiée, le nécessaire témoignage d’une poésie du corps traçant ses mots à même la neige.

Lampedusa Snow est le deuxième volet du Triptyque du Naufrage de Lina Prosa. Il fait suite à Lampedusa Beach et précède Lampedusa Way. Ecrit pour le théâtre, le monologue est prévu pour un acteur au souffle puissant, capable de respirer en altitude et de résister en haute montagne -ici Aymeric Trionfo. Dans ce podcast, Simone Audemars, metteure en scène du spectacle, nous parle des liens qu’elle entretient avec le texte de Lina Prosa et de la proposition scénographique.
En savoir plus sur le spectacle Lampedusa Snow joué en décembre 2016 à l’Oriental et à La Grange de Dorigny.