La littérature occitane médiévale occupe une place déterminante dans la culture écrite en langue romane et, plus généralement, au sein de la culture européenne. S’il existe des dictionnaires historiques et dialectaux, les travaux de type systématique ont été complètement délaissés depuis les années 1970. Dans ce contexte, notre projet se propose de réaliser un répertoire critique moderne des manuscrits occitans pour remplacer la Bibliographie de Brunel (1935), outil désormais largement dépassé mais jamais remplacé.
Le constat de la place centrale de la littérature occitane médiévale dans la culture écrite de langue romane, reconnu depuis la naissance des sciences philologiques modernes, a valu à l’ancien occitan une attention particulière de la part des chercheurs ; cette attention s’est concrétisée dans l’élaboration des premiers grands dictionnaires historiques et dialectaux de la Romania, dans des répertoires exceptionnels des textes, des manuscrits et des formes métriques et dans des entreprises éditoriales systématiques des textes non littéraires. Dans le domaine éditorial, les travaux sur l’occitan ne se sont jamais taris, et les éditions et les analyses philologiques des textes littéraires sont poursuivies avec une grande intensité. En revanche, les travaux de type systématique (répertoires et corpus de référence) ont été intégralement délaissés depuis les années 1970. Les outils de base font largement défaut, avec pour conséquence que ce domaine du savoir – qui n’a rien perdu de son importance culturelle – perd en aplomb, en professionnalisme et en créativité.
Notre projet prend son point de départ du constat de cette lacune et a comme cible les manuscrits que nous a transmis la littérature occitane du Moyen Âge. La connaissance de ce patrimoine manuscrit dépend encore de la Bibliographie des manuscrits littéraires en ancien provençal publiée par Clovis Brunel en 1935. Cet instrument, exceptionnel à son époque, répertorie de façon sommaire – sur 106 pages – les 357 manuscrits littéraires alors connus, en indiquant de manière succincte les données de base indispensables au travail philologique : cote du ms., titre de l’œuvre, nom de l’auteur, tentative de datation et de localisation, éléments bibliographiques. Depuis 1935, un certain nombre de manuscrits nouveaux a été découvert, mais – surtout – l’état éditorial et l’analyse des langues médiévales et des manuscrits ont été radicalement renouvelés. Notre projet se propose ainsi de réaliser un répertoire critique moderne des manuscrits occitans pour remplacer la Bibliographie de Brunel.
Le noyau du projet réside dans l’établissement d’une base de données articulée en quatre classes : (i) textes, (ii) manuscrits, (iii) éditions et études et (iv) auteurs et scribes. La base de données, accessible en ligne, sera conçue, déployée et pérennisée grâce à l’infrastructure du Data and Service Center for Humanities (DaSCH), via son satellite à l’UNIL, la PlaTec. Les données seront en outre mises à la disposition du projet JONAS de l’IRHT. Le répertoire électronique, dont une synthèse sera publiée sous format papier, entend approfondir la description de tous les témoins manuscrits connus – en vue d’éclaircir leurs caractéristiques paléographiques, codicologiques et linguistiques – et créer un lien entre les manuscrits, les éditions et les analyses ainsi qu’avec les autres outils de référence.
Le projet pourra compter sur une équipe internationale, réunissant les plus importants spécialistes actuels d’ancien occitan de Suisse, d’Italie et de France. Deux colloques internationaux permettront de faire connaître les résultats de la recherche à niveau helvétique et continental ; ils auront comme but, d’une part, de mettre en lien le répertoire avec les autres entreprises académiques dédiées à l’occitan et aux langues romanes voisines et, d’autre part, de mieux cerner les milieux culturels dans lesquels l’écrit occitan a été réalisé.
Direction du projet
Prof. Caterina Menichetti (professeure de Langue et littérature occitanes du Moyen Âge en Section de français)
Equipe de recherche
Outre un chercheur postdoc à l’UNIL, l’équipe de recherche se composera des partenaires suivants:
Prof. Stefano Asperti, Università di Roma, « La Sapienza »
Prof. Maria Careri, Università « G. D’Annunzio » de Chieti-Pescara
Prof. Martin Glessgen, Université de Zurich et directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études/ PSL (Paris)
Prof. Fabio Zinelli, directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études/PSL (Paris).
Dr. Marie-Laure Savoye, ingénieur de recherche à l’Institut de recherche et d’histoire des textes (Paris)
Dr. Marion Rivoal, PlaTec