Martin Privet
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24 bouchons de liège (vin, bière, cidre), 1 pot de colle à bois à prise rapide, 5 épingles et 1 dessous de plat en liège : 1 monstre.
Les bouchons de liège ont été taillés au couteau puis assemblés à la colle à bois, maintenus par des épingles pour fortifier le tout en attendant la prise de la colle. Une plaque fait office de socle pour surélever ainsi que pour maintenir la sculpture en place.
Le liège étant un matériau léger, résistant et facile à sculpter, c’est celui-ci que j’ai choisi pour constituer un monstre sculpté par son créateur. Comme le Docteur Frankenstein qui a utilisé des parties humaines tirées de personnes différentes, ce monstre a été construit de toute part de bouchons de bouteilles, aux couleurs, formes, tailles et types variés ; sculptés, assemblés puis collés, ce processus rappelle comment le monstre de Frankenstein à été créé et a pris vie à partir d’ «objets» inertes et sans intérêt, pour arriver à certains attributs humains.
Le style brut et la surface rugueuse des membres de la créature en liège ont été laissés volontairement, pour tout de même se rappeler qu’il s’agit de matériaux de récupération ayant pris une forme humaine. Les marques sur son corps font office de tatouages, mais ne sont en réalité que les imprimés des bouchons de vin. Assez doux, fluide et précis dans les parties basses du corps comme dans les membres supérieurs, le buste prend au contraire un style très brut, carré et non lisse en accord avec la tête du monstre. Celle-ci prend une forme floue, mais il est toujours possible de voir une partie de visage, et quelques traits humains s’esquisser.
La rotation du buste du monstre immobile permet un certain mouvement dans les formes, tout comme les statues de la Grèce Antique. Sa posture de retrait, que l’on pourrait qualifier de peureuse ou soumisse, vu la position des bras. Est-ce qu’il se protège en voyant son reflet dans un miroir ?
Il n’a pas de visage car la matière est très accidentée ; la cisaille des pommettes, les fissures, ses orbites creuses et les découpes sévères des angles du visage rendent un jeu de lumière sur son visage possible. Sa tête est un amas de déchets de bouchons de liège. A l’image des statues de l’Île de Pâques, les traits sont accentués mais aucune émotion ne s’y inscrit : la douleur est traduite sur son corps, pas par son visage.
Le but de cette mise en scène est d’incarner une procession, une évolution linéaire du monstre qui se crée à partir de déchets entourant la créature, qui elle, émerge d’un tas d’accidents. Sa position de supériorité est assurée par sa taille, alors qu’il laisse des bouts d’humains inachevés et inanimés derrière lui, relevés par des numéros disposés de part et d’autre, autant d’échecs.