Anas et moi avions sereinement prévu les choses selon le scénario bien rôdé du cours que nous avions expérimenté l’année passée, tout en marquant, cette fois-ci, les 200 ans de la création de Frankenstein par une jeune surdouée de l’âge de nos étudiant-e-s, Mary Godwin (1797-1851), à quelques dizaines de kilomètres de l’EPFL, lors d’un mois de juin 1816 aussi pourri que le mois de mai 2016. Le patronyme qu’allait retenir pour elle l’histoire littéraire est celui qu’elle acquit en épousant le jeune poète en devenir qui l’accompagnait alors à Genève : Mary Shelley.
Mais, deux semaines avant le début de ce semestre de printemps nous avons réalisé que vous seriez sérieusement plus nombreux que les classes auxquelles nous sommes habitués : extrêmement plus nombreux qu’il ne le faut, selon notre expérience, pour avoir une chance de donner un sens aux « humanités ».
Mais Anas ne s’est pas découragé et vous avez été formidables en relevant le défi de ces SHS que nous craignions voir devenir inhumaines, raison pour laquelle nous avions d’emblée changé le titre de notre cours en : « dishumanities/déshumanités ».
Tout autant pour nous que pour vous (et peut-être plus encore pour Anas et moi), ce semestre a été un apprentissage et une aventure : comment faire pour enseigner en impliquant chacun-e d’entre vous, telle était la question à laquelle nous tenions à trouver une réponse.
Grâce à l’énergie surhumaine et carrément miraculeuse déployée par Anas, grâce au soutien fourni par des collègues enthousiastes et convaincus, – Julien Bono, Anna Iatsenko, Karim Kattan, Xander Ryan et Gaspard Vignon –, grâce à l’intervention de Mads Rosendahl, et grâce à l’enthousiasme qu’ils ont suscité et auquel vous avez répondu de manière tellement extraordinaire, nous avons eu cette mémorable séance du 31 mai.
Je tiens à vous remercier et à vous féliciter pour vos projets, pour leur qualité, pour le sérieux et le nombre d’heures que vous y avez investies. Je suis plus qu’impressionnée par les talents et l’engagement dont vous avez fait preuve. Grâce à vous, j’ai passé deux heures exceptionnelles dans mon expérience d’enseignante.
Je suis touchée par votre audace, par votre enthousiasme, par les heures que vous avez investies souvent sans compter dans la réalisation de vos projets, pour écrire, photographier, créer, filmer, interpréter, performer…. quitte à vous jeter dans les eaux froides du lac et à affronter les feux de la rampe, pour nous faire tous réagir, réfléchir, rire, être émus, nous faire nous sentir humains.
Je suis heureuse et reconnaissante que ce site garde la trace de vos travaux afin que nous puissions prolonger et renouveler l’expérience du 31 mai. Vos créations sont à la hauteur du talent et de la folie géniale des Shelley ! Long live Frankenstein !
Je vous dis sincèrement merci et bravo à tous.
Valérie Cossy