Marie Bron

dr.

Marie Bron

Prix de la Ville de Lausanne

Le Prix de la Ville de Lausanne récompense Marie Bron, assistante diplômée en Faculté des lettres, pour sa recherche sur le travail des femmes entre la fin du XIIIe et le milieu du XVIe siècle dans la capitale vaudoise.

Les métiers féminins au Moyen Âge à la loupe

«On a tendance à considérer l’Histoire de manière linéaire, notamment en ce qui concerne les femmes, où tout irait en s’améliorant. En réalité, la période médiévale est moins stricte que d’autres plus tardives sur cette question», relève Marie Bron, assistante diplômée à la Faculté des lettres à l’UNIL.

L’historienne reçoit le Prix de la Ville de Lausanne pour son mémoire sur «Les métiers féminins à Lausanne au bas Moyen Âge». Soit une période comprise entre la fin du XIIIe et le milieu du XVIe siècle. «Je suis très honorée par cette récompense et aussi très reconnaissante envers ma directrice de mémoire et de thèse, Martine Ostorero», souligne la chercheuse, qui recevra son prix lors du Dies academicus, le 31 mai.

Une «attache régionale»

À Lausanne, la fin du Moyen Âge est fixée à 1536. «C’est une spécificité, car le Moyen Âge est habituellement plus court. Cette date correspond à l’arrivée des Bernois dans le canton de Vaud, qui chassent la Maison de Savoie et l’évêque de Lausanne. Cette date marque un chamboulement politique et a été retenue comme la fin de la période médiévale dans le canton», résume Marie Bron.

Mais pourquoi cette thématique ? «En tant que Lausannoise, je souhaitais mieux connaître ma ville. J’avais envie de cette attache territoriale, tout en travaillant sur la question des femmes.»

Grande diversité

Marchande, vendeuse de chandelles, apothicaire, tenancière de bains publiques, garde malade ou meunière, la palette des emplois féminins durant cette période est vaste. «Cela représente une plus grande variété que ce que l’on imaginait. On est encore dans une économie de subsistance où tout le monde doit pourvoir au foyer», explique Marie Bron.

À l’époque, Lausanne est une petite cité qui compte quelque 4500 à 5000 habitants. «Une de ses particularités, c’est que les boulangères sont des femmes. La réglementation est d’ailleurs au féminin, souligne l’historienne. Un seul métier leur est interdit, celui de vendeuse de poissons, sans que l’on sache très bien pourquoi.»

Un «document exceptionnel»

Quant à savoir si les grandes famines et la peste noire ont joué un rôle majeur dans le travail des femmes, le lien est contesté. «Dans certaines villes, on constate une explosion des métiers féminins, notamment après les grandes épidémies de peste. En parallèle, on a toutefois une diminution de la diversité de l’offre. Il y a donc débat quant à savoir si cette période est ou non favorable pour le travail des femmes de manière générale.»

Marie Bron poursuit désormais ses recherches pour sa thèse sur une comptabilité privée qui appartiendrait à Pierre Ravier, homme politique d’importance et probablement marchand à Lausanne, au Moyen Âge. «C’est un document exceptionnel, le seul de ce type que l’on ait retrouvé pour cette ville. Et il n’a pas encore été étudié.»

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