
Solange Peters
Par des élèves du secondaire 1
Professeure, Cheffe du Service d’oncologie médicale, UNIL-CHUV
Mon Métier
Je suis oncologue, spécialisée dans le cancer du poumon, depuis 2005. J’ai choisi ce métier parce que je suis convaincue que nous sommes les liens que nous tissons avec les autres – et l’oncologie crée ceux-ci. J’ai beaucoup hésité entre la médecine et le droit. J’ai finalement choisi la médecine, même si le droit pourrait me tenter encore aujourd’hui.
Ce qui m’inspire et me motive
La motivation de rencontrer mes patients : ils vivent le plus souvent chez eux et viennent vous voir seulement pour leurs suivis et traitements. Ils n’ont pas forcément de points communs à part la maladie. Leurs univers sont très différents, ce qu’ils partagent avec vous est très enrichissant. C’est aussi la notion de soin : on se réveille le matin en se disant que nous allons aider des personnes devenues vulnérables. Cette maladie est injuste, elle touche de plus en plus de jeunes et elle interrompt tous les projets.
Être une femme dans ce contexte
Plus que le fait d’être une femme dans ce métier, je crois que c’est le fait d’être une femme professionnelle qui est compliqué. Ce monde témoigne encore d’une problématique de genre et un déséquilibre entre les opportunités que les femmes et les hommes peuvent rencontrer dans leur carrière. Au CHUV, il y a de plus en plus d’étudiantes mais les postes de professeurs occupés par des femmes représentent moins de 20%. Les stéréotypes encore tenaces conduisent à choisir des hommes.
Valeurs importantes à mes yeux
Quand on est soignant·e, et je pense comme dans beaucoup d’autres métiers, l’équité est très importante. La société évolue vers un scénario où il pourrait de nouveau exister une médecine qui se paye, notamment les traitements parce qu’ils ne sont pas remboursés. C’est révoltant parce que tout ce qui crée des discriminations salariales, raciales, de genre, d’origine, d’éducation est inacceptable. En Suisse, nous bénéficions d’une assurance maladie. Tous les pays n’ont pas cette chance.
Une anecdote
J’avais un père spirituel : un homme qui avait 25 ans de plus que moi et qui a décidé que je lui succéderais à son poste lorsqu’il prendrait sa retraite. Il ne faisait donc pas seulement du mentorat mais du « sponsoring », comme on dit. Par exemple, quand on lui proposait de parler à un congrès, il disait « prenez Solange à ma place ». Après un ou deux ans, j’ai appris que tout le monde pensait que j’étais sa maîtresse et que pour cela qu’il m’avait donné son poste.
Message aux futur·e·s scientifiques
Dans la vie, il faut faire des choix. Les hommes font des choix depuis toujours. Ils privilégient souvent leur carrière. Pour les femmes c’est la même chose. Tout est possible à condition de travailler et de s’en donner les moyens. Cependant, on ne peut pas tout faire. On ne peut pas être à la fois la meilleure mère et une grande scientifique. Ces choix, il faut savoir les faire tôt dans votre vie. Il ne faut pas se faire de reproches parce qu’on a décidé de devenir mère au foyer, ou mathématicienne, c’est un choix.
Portrait réalisé par Ambre, Chloé et Luna, classe 10VP3, Montreux-Est
Illustration : Maurane Mazars