La confiance: mot-clé de l’économie et passe-partout de cambrioleur

Flash-éco 08 du 24 mai 2020

Cette semaine, Jean-Marie Brandt revient sur un élément évoqué précédemment: la confiance.

Flash-éco 03: la confiance carburant du système libéral n’est toujours pas restaurée.

Flash-éco 04: les liquidités se perdent dans le puits de la spéculation financière

Définition de la confiance

Un sens ambigu: sécurité, foi et crédulité, présomption.

Etymologie

Un sens univoque. En grec [1], moyen et but: gage et crédit, persuasion et fidélité, preuve et confiance; un sens politique (démocratie). En latin [2], ciment contractuel: bonne foi, loyauté, promesse, assurance, patronage, conscience, foi; un sens juridique (légalité).

Economie monétaire

La confiance mesure le degré d’assurance (de risque) monétaire perçu par l’agent (vous, moi, l’Etat, la banque, le marché). Franc suisse, Dollar: confiance forte. Euro: confiance moyenne. Bolivar: confiance négative. La confiance monétaire est celle de l’Etat (rating) et de sa Banque centrale.

Un thermomètre: le taux d’intérêt, sensible au point de varier dans la même monnaie.
La Grèce emprunte 3.5 milliards d’Euros à 3.9% (2019), l’Allemagne à taux négatif (reçoit pour emprunter). L’emprunt grec coûte 400 fois plus cher! Avec des prévisions de croissance à 2.3%, le remboursement par l’inflation est impossible. Les Grecs assument une «perte», les Allemands un «gain». Les médias fanfaronnent: «Le peuple grec retrouve sa dignité!».

Politique monétaire

La confiance est aux soins intensifs. Pas de vaccin, pas de guérison.

Depuis 2008 – 2010, l’injection de milliers de milliards — on parle de «liquidités» — dans le marché n’a pas restauré la confiance, ni le crédit d’investissement dans les infrastructures (long terme), ni la croissance qui n’a reposé que sur la consommation (court terme). Crise du Covid-19, l’interventionnisme monétaire soigne, mais ne guérit pas.

Politique budgétaire et fiscale [3]

La monnaie est le déclencheur de confiance.

L’Etat investit dans les infrastructures, accroît la masse salariale, stimule la consommation; le multiplicateur du crédit (l’économiste le calcule) développe l’investissement, les salaires, le pouvoir d’achat, la consommation, la croissance qui à son tour ajoute à la confiance. La confiance est le moteur des Trente Glorieuses, jusqu’à l’échec inflationniste des années 1970 quand confiance et demande ont dépassé l’offre.

Covid-19, Merkel – Macron: accord de principe pour un crédit européen d’appoint remboursable (500 milliards), qui s’ajoute (s’il est confirmé) aux 500 milliards prévus par l’UE. But: redonner confiance, relancer la consommation via l’investissement et le salaire.

Conclusion

Les liquidités injectées n’ont relancé ni la confiance ni l’économie. L’annonce d’un accord Merkel – Macron et celle d’un vaccin Moderna ont redonné confiance au marché financier (à court terme New-York 5%, Suisse 3%: c’est le passe-partout du cambrioleur). En cas de confirmation, la confiance peut renaître et le passe-partout devenir la clé de l’économie (à long terme). En économie, la confiance se gagne sur des années et se perd en un jour.

Jean-Marie Brandt, dr ès sciences économique et en théologie

[1] pistis
[2] fides
[3] Hjyalmar Schacht (Allemagne hitlérienne), John Meynard Keynes (Alliés)