Les physiothérapeutes et le coronavirus

Durant cette crise du Covid-19, l’engagement et les compétences professionnelles des soignants ont été remarqués. Les médias ont souvent cité les infirmières et les médecins. C’est oublier que la prise en charge des patients ventilés est pluriprofessionnelle. Au sein de ces équipes, suivons les physiothérapeutes, eux aussi mobilisés 24 heures sur 24 et dont le rôle est moins connu du grand public.

© Bastien Belmondo – Service de physio – HIB

Dans les services de réanimation, les physiothérapeutes collaborent au paramétrage de la ventilation mécanique. Ils disposent de techniques manuelles et instrumentales qui en font les spécialistes de l’évacuation des secrétions bronchiques, chez le patient intubé ou non.

Dans cette phase aigüe, leurs activités sont multiples. Ils collaborent aux stratégies de positionnement des patients (sur le ventre si nécessaire), aident à l’intubation, participent à l’extubation des patients et au sevrage du respirateur.

Dès que l’état du patient le permet, même si celui-ci est encore endormi, les physio débutent une mobilisation articulaire. Leur rôle préventif est capital afin de limiter les séquelles de la ventilation mécanique et de l’alitement. Quand le patient sort du coma, les exercices deviennent plus actifs afin de réduire les conséquences du syndrome de neuromyophathie acquis lors de la réanimation.

Le travail musculaire concerne également les muscles respiratoires. Les exercices respiratoires sont associés aux mouvements afin de permettre au patient de s’asseoir au bord du lit, de réapprendre à se lever et progressivement de faire quelques pas dans le couloir.
Quand le patient quitte les soins intensifs, la réadaptation débute. Elle sera longue et progressive associant un réentrainement à l’effort, des exercices musculaires et articulaires ainsi que de nombreuses activités fonctionnelles indispensables à la vie quotidienne. Ce « reconditionnement physique » est la condition sine qua non pour que les patients recouvrent leur autonomie et leurs conditions de vie antérieure.

Des compétences acquises dans nos Hautes écoles spécialisées…

Ces situations Covid-19 ont fait appel aux compétences professionnelles ordinaires de nos soignants. Les infirmières, physio, ergo, techniciens en radiologie médicale sont au bénéfice d’une excellente formation Bachelor acquise dans les Hautes écoles spécialisées de la Santé. De plus, à Lausanne, les étudiants de ces écoles et les étudiants en médecine suivent un module commun «Interpro» qui leur permet de devenir très performants dans le travail en équipe requis, entre autres, dans les unités de soins intensifs.

… et des qualités humaines à souligner

Au-delà des aspects techniques et technologiques de ces métiers, ce sont les qualités humaines de nos soignants qui sont à retenir. Ils se sont engagés sans réserves dès les premières heures de la crise, dans un moment de totale incertitude quant aux risques de contamination et d’extension de la pandémie, et sans aucune revendication salariale. Collectivement, ils ont surmonté les difficultés et la charge de travail par une dynamique de stress positif. Dans un contexte de confinement inconnu jusqu’alors, leur volonté de communiquer avec les patients et leurs familles, de rechercher ensemble les meilleures solutions thérapeutiques et de s’entre-aider, a révélé la richesse de ces personnes et leur capacité d’innovation. Celles et ceux qui ont vécu cette expérience ne l’oublieront pas. Elle leur appartient, ils en tireront de nombreux enseignements qui contribueront à enrichir significativement leur expérience professionnelle.

Un grand merci à tous nos soignants et soutenons leur haut niveau de formation et notre système suisse de santé.

Mireille Clerc,
directrice de la Haute Ecole de Santé Vaud (HESAV) jusqu’en 2017 et responsable du comité chablaisien de Connaissance 3