CORONA SLAM

"Corona Slam"

Un slam pour nos aînés. Ecrit et lu par France de Goumoens.

Publiée par Mise au point sur Vendredi 1 mai 2020

 
Il était une fois…
Une jolie petite nana
Princesse de son état
Son nom était… Corona.

Elle est arrivée
Un jour de l’an passé
Sur un lointain marché
Au pays des yeux bridés.

Mais Corona n’était pas seule
Avec elle, délit de sale gueule
Le nain Covid
A l’haleine fétide.

Les deux complices
Se mettent en lice
Optent pour un pangolin
Avant de passer aux humains.

Main dans la main,
La princesse et le nain
Se répartissent la tâche
Et le virus sur nous lâchent

En un jour, tout s’est arrêté
Commerces et restos fermés
Sauf si première nécessité
Sortir, faut désormais éviter.
De cons finis
Certains se sont trouvés confinés
Soudain pris en otages
Nous tournons comme lions en cage

Dans son appartement
On apprend à vivre derrière un écran
Parfois à cran,
Faudra tenir longtemps.

Un temps pour glander
Et pour se demander
Ce qui faisait nos vies
Quand tout n’était qu’envies…

Un temps pour ralentir
Et vivre sans frémir
Les jours comme ils viennent
Sans peur de voir soudain en nous…un alien.

Mais en une nuit,
Les plus de 65 ans
Jusqu’alors pleins de vie et d’élan
Assez jeunes pour…
Travailler plus longtemps
Assez alertes pour garder les petits-enfants
Assez indépendants
Pour consommer et voyager
Assez branchés
Pour remplir théâtres et cinémas
Assez riches pour payer impôts et services

En une nuit donc,
Ces hommes et ces femmes
Sont devenus séniles, fragiles et stériles
Condamnés à rester en marge
Devenus pour la société une charge.
Priés de rester dedans
Grondés comme des enfants
Quand dehors, on les surprend.

Après 7 semaines
Tous sont à la peine
Devant l’intolérance de certains
A l’égard des cheveux blancs,
Il serait sage de relire
Sans coup férir
La fable de la Fontaine
Sur les animaux malades de la peste.

Mais quand tout cela sera fini
Quand Covid et Corona auront assez ri
Quand les confinés
Auront oublié d’être des cons finis,

Il faudra se souvenir
Que les 65 et plus ont du temps
Qu’ils sont encore aidants
Et qu’ils sont avec les jeunes, solidaires
Avant d’être solitaires
Il faudra se souvenir
Que le temps, chacun de nous teste
Et qu’aimer sera sans doute ce qui d’une vie reste.

Grenade, 28 avril 2020