Civiliste à Connaissance 3 de janvier à juin 2019, Lucas Jemelin participe à certaines activités du programme dans le cadre de ses tâches d’information et d’accompagnement des seniors. Il nous rend compte ainsi du déroulement de certains cours auxquels il a participé, comme observateur, le temps d’un après-midi ou d’une matinée.
La santé de demain, du sur mesure?
Dorigny – Jeudis 14, 21, 28 mars, 4, 11, 18 avril 2019 – Atelier à l’Eprouvette, laboratoire public de l’UNIL
Dans le petit film qui est présenté cette après-midi dans la salle de l’Eprouvette, à l’UNIL, Bernard ne se souvient pas que sa petite-fille joue du Chopin le soir même. Évidemment, le vieil homme fait mine de s’en rappeler, pour ne pas froisser ses enfants qui sont venus le chercher. Dans l’appartement où il vit désormais seul, Bernard subit les regards interrogateurs de son fils, pendant qu’il peine à choisir une cravate qui lui plaît. En quittant l’appartement, le grand-papa remarque avec embarras l’agacement de sa belle-fille qui attend la fermeture laborieuse de la porte d’entrée dont Bernard s’épuise à trouver la clef, sur son trousseau.
Alors, Bernard est-il atteint d’Alzheimer, ou ne faut-il y voir que de légers tracas dus à l’âge?
C’est l’une des questions que se sont posé les participants du cours sur «la santé de demain» à l’Eprouvette, lors de la dernière séance. A travers un jeu de rôle bien orchestré, ces acteurs d’un jour se sont mis dans la peau de l’entourage de Bernard et se sont interrogés sur sa santé. Les personnages joués se sont mêlés aux expériences personnelles des participants et ont amené de belles réflexions, tant sur le cas de Bernard, que sur le monde de la santé de façon générale.
Faut-il investir dans la recherche de médicaments, contre Alzheimer par exemple, qui prolongent la vie d’un ou deux ans “seulement“? Un médecin devrait-il éviter de donner des résultats accablants à un patient atteint d’une maladie incurable?
A mesure que l’on constate les progrès de la médecine, des questions éthiques semblent prendre de plus en plus de poids. A mon sens, la formation scientifique ne peut aujourd’hui plus être déliée d’une approche éthique. Car une médecine ou une science dure, dépourvue d’interdisciplinarité avec des domaines comme l’anthropologie ou la philosophie, n’est qu’une science qui profite à elle-même, et non à l’Homme. Savoir pour savoir a longtemps été un but en soi et demeure un but dans de nombreuses recherches. Mais la médecine et les sciences de demain, qui nous réservent intelligence artificielle, robots ou encore transhumanisme, devront, ne devraient-elle pas désormais s’astreindre à replacer l’Homme au centre?
Lucas Jemelin