À l’occasion de cette rentrée universitaire, j’ai décidé d’inaugurer ici une nouvelle manière de communiquer. Ce blog m’offre en effet un canal d’expression plus personnel, qui vient compléter les contenus institutionnels et scientifiques déjà en place à l’Université de Lausanne. Par son biais, je partagerai mon quotidien à la Direction, les sujets qui m’animent et mes interrogations, en espérant stimuler des échanges d’idées fructueux. Je profite de cette première publication pour vous parler de mes intentions en tant que Recteur et de ce qui m’a marqué pendant mes six premiers mois à ce poste.
Cette prise de fonction et mes premiers pas dans ce nouveau rôle public m’ont d’abord fait prendre conscience de la responsabilité inhérente à la tribune qui m’est désormais offerte. Aucune prise de parole de l’université en général et du Recteur en particulier n’est anodine. Dans un monde en pleine mutation, peut-on, doit-on se positionner face aux défis sociétaux actuels et à venir ? Par la science qu’elle pratique, qu’elle soit naturelle, exacte sociale ou humaine, l’université observe et décortique depuis longtemps les mécanismes que nous traversons actuellement sur le plan individuel et global. Son savoir et ses connaissances de terrain en font une interlocutrice et une alliée évidente pour aborder les enjeux de demain. À mon sens, quatre axes de travail majeurs émergent pour les années à venir : l’égalité, la durabilité, l’accès à la santé et évidemment la place des technologies dans nos sociétés. Avec l’Université de Lausanne, je souhaite aider à penser un monde qui se veut plus ouvert et plus diversifié. Une telle posture semble logique vu notre expertise sur les questions sociales, juridiques, médicales et stratégiques liées à l’égalité des chances et aux vulnérabilités. Cette expertise nous a notamment permis d’établir des procédures de recrutement qui prennent en compte nos biais inconscients. Le défi maintenant reste qu’elles soient mises en œuvre. La Direction a en outre participé à l’exposition Continuum, Savoirs et Récits LGBTIQ+ et encouragé une table ronde autour du Mariage pour toutes et tous, afin de débattre des futurs enjeux et défis y relatifs.
L’UNIL se profile également comme une actrice incontournable de la transition écologique qu’elle étudie, expérimente et enseigne. Ce faisant, elle peut compter sur le large spectre de ses activités en sciences naturelles et sciences humaines et sociales, ainsi que sur des centres interdisciplinaires qui produisent une richesse de pensée susceptible d’élaborer une approche systémique. Enfin, l’UNIL occupe déjà une place influente dans la recherche en oncologie, immunothérapie, neurosciences ou sur le microbiote, et elle fait partie des fers de lance de l’expérimentation clinique. C’est donc une évidence pour moi : en tant que Recteur, il me tient à cœur d’épauler l’UNIL pour qu’elle reste un véritable carrefour de réflexion, et qu’elle se profile face à la Cité comme une voix scientifique largement relayée qui permette de faire avancer les questions sociétales de portée universelle.
Ces six premiers mois ont également été l’occasion de faire des rencontres fascinantes avec les actrices et acteurs de l’université, et bien au-delà. Celles-ci ont eu lieu dans des contextes riches et variés, comme par exemple le projet NCCR microbiomes, les chouettes d’Alexandre Roulin, l’exposition Collart-Palmyre, la cuisine de Nino (pour des pâtes improvisées), l’ouverture du Master E4S, le 40e anniversaire de l’IDHEAP, la signature de l’accord entre l’UNIL et l’Union cycliste internationale (en bon citoyen belge, je ne pouvais pas oublier le vélo !) ou encore la Grange renovée. Nous avons aussi eu la chance d’interviewer chaque semaine de futur·e·s professeur·e·s, qui travaillent sur des sujets fascinants et qui prouvent que l’UNIL est une institution internationale. Les rencontres ne se limitent cependant pas aux tâches académiques. En effet, l’UNIL reste profondément attachée à un fonctionnement participatif. La Direction aussi. Nos discussions avec l’ensemble des conseils, des commissions, des associations ou des groupes d’expert·e·s ont jusqu’ici été une expérience extrêmement motivante. Les causes défendues sont justes : permettre l’accès aux études et lutter contre la précarité, tout en assurant un enseignement excellent et du temps pour une recherche de pointe. Enfin, j’ai eu la chance de croiser des femmes et des hommes politiques passionnants, que ce soit les élu·e·s suisses, la Vice-première Ministre de la République démocratique du Congo ou les ancien·ne·s chef·fe·s d’Etat François Hollande et Micheline Calmy-Rey, qui ont abordé la question de la neutralité active en Suisse et en Europe (la soirée révèlera entre autres leur engagement pour libérer des otages au Mali et Libye, et lèvera le voile sur l’ambiance parfois bon enfant du Conseil de l’Europe). Personnalités nationales ou internationales, de l’ombre ou sous le feu des médias, toutes m’inspirent pour faire évoluer l’université et me rappellent qu’une institution ne peut fonctionner que si elle sait placer l’humain au centre des réflexions.
Bien entendu, je ne peux terminer ce billet inaugural sans mentionner la levée de la plupart des mesures sanitaires annoncée par les autorités politiques la semaine passée. Pouvoir retrouver une vie académique sans restrictions sanitaires est un réel soulagement que je partage avec vous toutes et tous. Il est important que nous puissions garantir à chaque membre de notre communauté les conditions d’un retour progressif à la « normale », souple et respectueux des situations individuelles. Soyons également attentifs à protéger les personnes vulnérables. Avec le recul, la nouvelle Direction a dû prendre de lourdes décisions en septembre dernier, au tout début de sa prise de fonction. Devoir imposer le certificat COVID en réalisant ce qu’il impliquait pour les étudiant·e·s et les enseignant·e·s n’a pas été simple et nous en avons bien conscience. Malgré la situation difficile et malgré les nombreuses incertitudes, les cours et les examens ont cependant pu avoir lieu grâce à votre résilience, à vos efforts et à ceux de nombreuses personnes en coulisses. Un grand merci à vous toutes et tous ! La levée des mesures sanitaires tombe à point nommé avec le début du semestre de printemps. Je m’en réjouis et vous souhaite à toutes et tous une belle rentrée, en espérant vous rencontrer sur le campus.