Votre ami Diyaa s’est suicidé (j’aime ; commenter ; partager)

Cette pièce originale vous emmène dans un voyage sur la toile. Plus précisément, sur le mur Facebook de Diyaa Yamout. « Vous avez de nouvelles notifications. » « N’oubliez pas de relever vos messages vocaux » « La révolution 2.0 a commencé, allez-vous participer à cet événement ? » Une fois installés au cœur d’un salon, aménagé dans la pénombre de salle René Gonzalez, c’est le son lancinant d’un tourne-disque qui attire d’abord l’attention. Le reste est plus banal : de l’autre côté de la scène, la neige anime l’écran d’un vieux téléviseur. Au centre, un bureau, un ordinateur, un téléphone portable et quelques autres appareils électroniques complètent le tableau de la vie ordinaire.

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Entre fiction et imaginaire : portrait du Liban contemporain

Comment rendre compte de l’absence sur scène ? C’est à ce défi que répond le spectacle 33 tours et quelques secondes. Dans le creux laissé par le suicide d’un certain Diyaa Yamout, jeune libanais de 28 ans, se dresse un portrait de la société contemporaine libanaise et de ses multiples facettes. Sur le plateau, aucune présence humaine ne se manifeste.

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La loi de McMurphy, un souffle de liberté

Pour deux jours, Randle McMurphy vient semer le trouble au Théâtre du Jorat, transformé pour l’occasion en hôpital psychiatrique. L’idée peut sembler glaçante, mais les personnages de Nid de coucou, incarnés par les comédiens de la troupe franco-anglaise du Footsbarn Theatre, ont su apporter un peu de joie et de chaleur dans cette atmosphère stérilisée. Convaincant et touchant.

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L’oiseau en cage rêvera des nuages

Théâtre itinérant, le Footsbarn Theatre s’arrête deux soirs à la Grange sublime pour proposer une originale et festive version carnavalesque de Vol au-dessus d’un nid de coucou. Fondé en 1971 au sein de la grange de la famille Foot, dans la région des Cornouailles, le Footsbarn Theatre se produit aussi bien en salle que sous chapiteau, et même dans la rue. Il multiplie les parades et animations et aime jongler avec les langues.

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Evanescent, -e, adj.

Présenté au Théâtre Saint-Gervais, Cheer Leader interroge de manière très plastique une activité aux représentations sexualisées : le cheerleading. La création laisse toutefois une impression évanescente, peinant elle-même à convaincre et à enflammer les foules. Entre le public et le plateau, une toile tendue, blanche. Selon l’éclairage, elle s’opacifie ou blanchit légèrement. Le plateau devient flou et brumeux à travers ce filtre.

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La face cachée des majorettes

Spectacle bilingue (espagnol, anglais), Cheer Leader dévoile poétiquement les Pom Pom girls en coulisse. Dans une semi-obscurité, cinq jeunes femmes vêtues du même costume bleu et blanc sont assises en rond et effectuent une série de mouvements. Toutes tiennent des pompons dans leurs deux mains. En effleurant le sol, ces boules argentées provoquent de doux crépitements à intervalles réguliers tel le bruit des vagues qui s’émousseraient sur une plage.

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Poème tu étais, poésie tu redeviendras

Incorporer un poème, au sens propre. Pour ce « Laboratoire Spontané », Fabrice Melquiot se fait le metteur en corps de Oiseaux, fleurs et fruits de Philippe Jaccottet. Ici, les mots s’effacent pour laisser place aux notes de musique, aux pas de danse et aux numéros de cirque. Entre profondeurs et hauteurs, légèreté et sérieux, obscurités et lumières, Tair explore les possibles.

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Chacun sa cuisine

Une comédienne, un spectateur, une représentation unique. L’équation semble facile. Or elle s’avère relever d’un calcul presque irréalisable. Entre un spectateur, guidé dans un processus très précis mais qui a tous les choix en mains pour emmener la performance où il le souhaite, et une artiste qui a préparé minutieusement une multitude d’options mais qui ne sait pas sur quelle combinaison elle va tomber, les possibilités de performances sont infinies.

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Un seul spectateur

En tout, Maude Lançon propose très exactement 8 426 880 mises en scène possibles, elle les a comptées elle-même. Car Comme on choisit sa pizza est une pièce rigoureuse, (dé)construite à partir de huit grands types de choix contenant respectivement entre quatre et vingt options soigneusement retranscrites par un diagramme sur le mur. Ce protocole méticuleux fait pourtant la part belle à l’improvisation, qui naît de la rencontre entre l’actrice et son unique spectateur.

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Les mots font corps

Comment mettre en mouvement un poème ? C’est le défi que s’est lancé Fabrice Melquiot accompagné par deux acrobates et un musicien. En reprenant les trois questions principales posées par un poème de Philippe Jaccottet, le metteur en scène et son équipe livrent un triptyque poético-acrobatique qui enchantera petits et grands. Cinq jours, c’est le temps que le metteur en scène Fabrice Melquiot s’est donné pour monter ce spectacle qu’il définit plus volontiers comme une expérience issue d’un laboratoire spontané.

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Déjà l’automne des compagnies

En ce dimanche soir, le rideau tombe sur la première édition du Printemps des Compagnies. Cette journée de clôture a vu défiler notamment trois spectacles instituant chacun un rapport aux identités : jouant avec elles, pour le premier ; les multipliant, pour le second ; s’interrogeant sur leur oppression, pour le dernier. Drôle, riche et grinçant. Le cadre rouge d’une porte est la frontière qui sépare deux mondes : la Romandie de Daisy Golay et la Suisse alémanique de Niklaus Fischer, interprétés respectivement par Geneviève Pasquier et Niklaus Talman.

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Hilarant choc de civilisations

Le festival « Le Printemps des Compagnies » a proposé à deux reprises un joyeux dîner-spectacle dominical. Alors que sur scène on essaie tant bien que mal de franchir la « Röstigraben », dans la salle on déguste justement une assiette de röstis. Comédie en deux actes, le premier d’une durée d’un quart d’heure et le second d’une vingtaine de minutes, entrecoupés par un repas, Röstigraben ou le stage raconte la première rencontre entre Daisy Golay et Niklaus Fischer.

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Le juste prix

Haute-Autriche présente un couple dont la vie est régie par la société de consommation. Leur bonheur préconçu tend à s’effriter avec l’arrivée d’un enfant. Assis côte à côte, Heinz et Anni semblent hypnotisés. Silencieux, ils observent droit devant eux et sont traversés par une série de sentiments que leurs expressions et gestuelles laissent parfaitement entrevoir. Leurs regards sont en réalité fixés sur un téléviseur qui n’est pas représenté sur la scène.

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Une pensée pour eux

Dépaysé, meurtri, abandonné. Grandir dans un pays qui n’est pas le sien, dans une langue qui n’est pas la sienne. Y penser sans cesse s’ancre dans un paysage berlinois et, comme les stolpersteine, le texte fait ressurgir les mémoires des victimes de la guerre. Moitié supérieure d’un visage noir, robe noire, pieds nus, éclairages sous des angles différents, un peu de fumée, une montagne de tabourets pliants, un texte défilant sur un écran et une pianiste. Voici tout ce que la proposition de Nalini Selvadorey donne à voir.

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Quand Chessex subit l’interrogatoire

Les lumières s’éteignent, l’Ogre raisonne et résonne. Pendant près d’une heure et demi, la confrontation fait rage, elle bouscule, elle chamboule. Le décor se déchire. Laisse place à la nudité, au rire, à la haine, au vide. La voix profonde séduit tout de suite. Le physique, d’une ressemblance frappante avec celui de l’auteur, impressionne par sa prestance. Dans une salle peu éclairée, la voix soliloque. Le spectateur reconnaît les thèmes « chesseiens » familiers : religion, écriture, sexualité, …

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“Partons, non vers l’exil, mais vers la liberté !” : exploration du désir et de la passion amoureuse

Une femme déguisée en homme ? Rosalinde se résout à prendre des vêtements masculins afin d’assurer sa fuite dans la Forêt d’Ardenne avec sa cousine, déguisée en bergère. Comme il vous plaira aborde avec légèreté la question de l’amour – sous toutes ses formes. La trame de la comédie de Shakespeare est connue: suite à une bagarre avec son frère aîné Olivier (Guillaume Prin), Orlando (Stéphane Boschung) se voit dans l’obligation de fuir la maison familiale, accompagné de son fidèle Adam (Bernard Escalon).

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Peace & Love

Camille Giacobino met pour la première fois en scène un texte classique. Son choix s’est porté sur la pièce de Shakespeare Comme il vous plaira. Une belle actualisation de cette comédie pastorale, portée par des personnages hauts en couleur et interprétés avec brio et énergie. Un tapis de feuilles mortes recouvre le plateau. Aux abords sont disposés de grands blocs gris carrés, empilés les uns sur les autres, formant de petits monticules : des carrés de roches, qui délimitent l’espace. Ils sont traversés par un peu d’eau.

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Jouer avec les mots

C’est dans une farandole de mots et de sons que le public du Théâtre de Vidy a été emporté mercredi 27 mai. Dans un solo d’une heure, Parlement propose une immersion dans la matérialité de la langue ainsi qu’une prise de distance par rapport au pouvoir de la parole. Une expérience intense et réussie. Bababa. Tahï tahï tahï. Bambambam. Des bruits qui forment des mots et des mots qui se transforment en bruits. Seule sur scène, telle la chanteuse devant sa partition ou l’oratrice face à son discours, la comédienne Emmanuelle Lafon donne corps à des enregistrements issus d’univers bien différents.

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Eclairés jusqu’aux Osses

Restobar, Studio, Atelier de construction : le festival qui se tient au Théâtre des Osses se targue d’investir « tous les lieux possibles » du centre dramatique fribourgeois. En ce dimanche, les lieux semblent programmatiques des spectacles qui s’y déroulent. Au menu : spectacle musical divertissant, épisode hilarant, agencement de listes épatant. Lumière tamisée. Il est vingt-trois heures vingt et la soirée touche à sa fin dans le foyer du théâtre qui a revêtu pendant plus d’une heure des allures de music-hall.

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Ouvertures livresques

Place à « la création d’aujourd’hui » au Théâtre des Osses ! Sur les planches du centre dramatique fribourgeois, des livres : objets emblématiques de deux des spectacles donnant le coup d’envoi à cette première édition du Printemps Des Compagnies. D’un côté, quatre comédiennes se font les porte-voix modulables d’un ouvrage de Noëlle Renaude – présente par ailleurs dans la salle. De l’autre résonnent les propos d’un illustre absent, Jacques Chessex, incarnés pour le coup par un duo.

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Dans le rêve éveillé, “je est un autre, l’autre c’est moi”

L’esprit est comme une machine à traverser le temps qui nous permet de voyager dans le passé et le futur. Grâce à l’imagination, on devient créateurs de notre destin, en changeant les événements vécus et en fabriquant de possibles développements pour l’avenir. Dans les rêves éveillés tout est possible, car notre psyché est vaste et profonde, comme un abyme. Abymes comprend deux parties très distinctes : Living gallery et La poétique de l’autre. Dans la première, nous sommes accueillis par la protagoniste (incarnée par Claire Deutsch) dans une salle de cinéma munie de chaises longues qui invitent à la détente.

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Réveillons-nous!

Avec Abymes, NoNameCompany offre un diptyque composé de « Living Gallery » et de « La poétique de l’autre », deux spectacles complémentaires présentés sur deux scènes différentes. Ces deux tableaux riches et fantasques flirtent avec les motifs de l’illusion et de la désillusion, de la solitude et de la mort. L’héroïne est un soi au destin à facettes qui joue à : « Je est un autre, l’autre c’est moi ». Une petite salle baignée de lumière, occupée par trois rangées de transats rouges, sagement alignés. Un accueil chaleureux et personnel d’Audrey Cavelius, réalisatrice et interprète, ravit les spectateurs.

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Ne pas sang faire

Les départs à la retraite ont toujours un goût aigre-doux. Et là… ça manque d’herbe. C’est Francis qui le dit. Et Francis, la viande, il connaît. C’est son métier. Enfin… c’était. Parce qu’aujourd’hui, c’est son dernier jour à Francis. Alors le collectif du Loup vous invite à l’accompagner jusqu’au bout du voyage. Mais attention, ça manque d’herbe.

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Manger moins pour manger mieux

Passionné par son métier, Francis vit son dernier jour de boucher avant de léguer son affaire à Guy, son beau-fils. Cette émouvante transmission sera l’occasion de réfléchir autour de nos habitudes alimentaires. Viande, morceaux choisis ne cherche pas à condamner définitivement le régime carné mais vise à sensibiliser le public, en douceur, sur la consommation excessive de viande, en valorisant l’idée de qualité sur celle de quantité.

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L’amour est un ruisseau tumultueux

Deux couples sur le point de se marier, des hésitations, des relations floues, agrémentées de stratagèmes et quiproquos: la dernière pièce, posthume, de Musset, est une comédie qui nous parle de cette réticence à s’engager. Pièce de salon, elle devient entre les mains de Christian Geffroy Schlittler, qui poursuit ici son travail de réappropriation des classiques, le matériel de base d’un travail scénique très intéressant, qui n’oublie pas d’être drôle.

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Quand l’amour offre la liberté

Deux royaumes voisins, un prince dont la laideur n’a d’égal que son esprit, deux princesses, l’une belle et l’autre intelligente, des fées: au premier abord, tout semble rester fidèle au conte de Perrault. Mais rapidement la pièce s’écarte du conte, pour affirmer avec force l’amour et l’ouverture contre une uniformité des beautés et des intelligences. Laurent Brethome signe avec Riquet une mise en scène qui chante le refus de l’acceptation d’un destin tout tracé et le courage de tracer sa propre route loin des conventions.

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L’amour hésitant

Temps étendu entre les répliques, musique jazz au tempo lent, absence de montée d’énergie significative dans le rythme général : au risque d’agacer ou d’ennuyer, hésitation et lenteur sont déclinées de multiples manières sur la scène du Théâtre Saint-Gervais. Le style était annoncé : « la tragi-comédie de l’amour prend des allures de songe étrange et déphasé ». Un carré blanc fait office de scène sur la scène.

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Cendrillon tu nais, Cendrillon tu resteras

Laurent Gachoud, prince-metteur-en-scène-thérapeute-dramaturge et géobiologue revisite, avec Constellation Cendrillon, l’illustre conte issu de la tradition orale napolitaine recueilli par Giambattista Basile au XVIe siècle et adapté ensuite par Perrault et par les frères Grimm. Défiant le temps, l’animateur de blanc vêtu tente de soulager, avec la complicité du spectateur et de Wikipedia, l’âme tourmentée d’une Cendrillon moderne qui veut se débarrasser de ses sceaux et balais, au moyen de la technique thérapeutique dite de « constellation familiale ».

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Il était une fois une thérapie

Imposant une thérapie familiale à Cendrillon, la nouvelle création de Laurent Gachoud et de la compagnie de l’Oranger revisite de façon contemporaine le célèbre conte inscrit dans nos mémoire par Perrault, les frères Grimm et Walt Disney. Elle en propose une lecture inédite, luminescente et poétique. « Une inspiration, une expiration. Une inspiration, une expiration » répète incessamment une voix off hypnotique alors que le public prend place.

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Plaisir fiévreux des petits jeux cruels

Sont-elles folles, ou lucides dans leur révolte secrète ? Claire et Solange s’engagent tout entières dans un jeu pernicieux, qui leur permet d’affirmer leur dignité de femmes, tout en se couvrant d’humiliations. Dans une ambiance troublante où tout sur scène semble fait de plastique rose et de substances collantes, les deux bonnes s’amusent à se vêtir à tour de rôle des robes et des attitudes de « Madame », la riche élégante dont elles subissent le mépris depuis des années de service. Les actrices, jetées corps et âmes dans une comédie acide, survoltée, violente, perdent tout sens des limites entre la fiction et le réel, si bien que leur exaltation mortifère nous fait douter de nos propres catégories.

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Une belle mocheté!

Que faire quand on est moche mais très intelligent ? La réponse paraît évidente : il faut s’autoproclamer « prince de la nuit » ! Fermer les yeux, ne plus vivre du regard des autres et danser toute la journée. Adapté du conte de Perrault par Antoine Herniotte, Riquet raconte l’histoire d’un prince et de deux princesses. Le personnage éponyme ainsi que l’une des princesses se voient pourvus du plus brillant esprit mais d’un physique innommable, alors que la dernière princesse est infiniment belle, mais bête comme ses pieds !

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Un air de rien

Qui sommes-nous lorsque, n’ayant plus d’obligations, nous pouvons enfin profiter de ces quelques jours de vacances desquels nous avons tant rêvé ? La troupe Un Air de Rien se propose de questionner, sur un ton léger et décalé, notre rapport aux vacances en ce qu’elles constituent un phénomène social particulièrement illustratif de notre irrationalité. Au travers d’un retour sur l’origine de ce phénomène social que sont les vacances, la troupe pose un regard cynique sur ce que nous sommes lorsque nous ne faisons rien.

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Particules meurtrières

«Si vous pouviez lécher mon coeur, vous seriez empoisonné» : la formule, issue de Shoah de Claude Lanzmann, a donné son nom au collectif SVPLM dirigé par Julien Gosselin. Il l’a souvent entendue dans la bouche du directeur de l’Ecole professionnelle supérieure d’art dramatique de Lille, dans laquelle il a été formé. Créé en 2009, le collectif monte Gênes 01, récit-choral, de Fausto Paravidino en 2010, et en 2011 Tristesse animal noir, création entre roman et dialogues, d’Anja Hilling. En 2013 il adapte Les Particules élémentaires de Houellebecq. Gosselin est le premier à porter ce texte sur les scènes françaises, alors qu’il le fut souvent en Allemagne.

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Shakespeare au Fécule

En matière de théâtre, il semblerait que seules deux choses soient indépassables: la dichotomie entre tragédie et comédie, qui n’a guère été que reformulée au travers des siècles – et Shakespeare. C’est en tout cas ce que semble confirmer le Fécule (Festival des cultures universitaires), et en particulier les toujours féconds étudiants-comédiens en langue et littérature anglaise, à travers deux pièces magistrales – Macbeth et The Forest of Athens. La très sorcièresque Florence Rivero (elle s’est en effet gardé sans doute le rôle le plus jouissif) a ainsi pu mettre en scène un Macbeth inventif et efficace, qui aura catharsisé les passions les plus infâmes, tandis qu’Elizabeth Leemann aura fait rire aux larmes les plus sceptiques des spectateurs avec The Forest of Athens, une comédie originale shakespearo-pop.

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Si les nouvelles technologies pouvaient réaliser les rêves d’enfant

Dans le cadre lui-même enchanteur du théâtre du Jorat, la compagnie EnVol tente de nous emmener vers les cieux du rêve éveillé, par le biais de dispositifs techniques aussi spectaculaires qu’imposants – voire écrasants. La pièce repose principalement sur ces prouesses : projections sur d’immenses écrans qui entourent la scène, objets animés d’une vie propre et valsant où bon leur semble, personnages qui traversent la scène en volant et tournoyant. Tout est fait pour recréer la magie de l’imaginaire d’un enfant qui s’épanouissait au milieu des livres, et pour la livrer par les grands moyens aux adultes d’aujourd’hui.

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Le sable, le soleil et le pouvoir d’achat

Pourquoi part-on en vacances, finalement ? Sandra Gaudin engage, avec la compagnie vaudoise Un air de rien, un examen approfondi sur les congés payés. Derrière le repos promis par chaque départ en vacances se cachent des réalités économiques et sociales moins excitantes. Lors de l’entrée en salle, les spectateurs se retrouvent face à un vacancier en tenue décontractée, à l’ombre d’un auvent. Plus loin, le musicien en marcel parfait les derniers accords de ses instruments.

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Deux impros pour un dénouement

Le Pool d’Improvisation du Poly quitte les auditoires de l’EPFL pour envahir deux soirs de suite le théâtre de la Grange de Dorigny. Bonne humeur et belle énergie sont au rendez-vous. Le Pool d’Improvisation du Poly (P.I.P.) propose cette année deux soirées dans le cadre du festival des cultures universitaires Fécule et clôt ainsi la saison du théâtre sur une touche comique et déjantée. Impliqué habituellement dans des matchs de ligue amateur suisse, le P.I.P., basé à l’EPFL, multiplie les projets, explorant le champ des possibilités de l’improvisation théâtrale et se produisant dans des lieux insolites. Après avoir fait son « cinéma » au Zinéma, salle cinématographique alternative lausannoise, la troupe amateur a également proposé un spectacle au musée cantonal de zoologie.

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Particules anthropoïdes

Créée en 2013, Les Particules élémentaires est la première adaptation théâtrale française du deuxième roman de Michel Houellebecq paru en 1998. A moins de trente ans, le metteur en scène Julien Gosselin a pris le pari fou de s’attaquer à l’un des plus sulfureux et talentueux écrivains encore en vie. Cette réjouissante et scrupuleuse transposition enthousiasme le public de Vidy. Dans une obscurité complète, une voix féminine, tremblante d’émotions, ouvre le spectacle. Un discret halo de lumière vient progressivement entourer la jeune femme, telle une petite particule qui serait observée à l’aide d’un microscope. Simultanément, une odeur de terre envahit le théâtre.

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Songe d’une nuit de printemps, ou As You Like Shakespeare

Vous croyiez connaître vos classiques, maîtriser Shakespeare sur le bout du doigt ? Et pourtant un doute vous saisit : le grand homme aurait-il vraiment écrit cette comédie déjantée et décalée, où les fées sont addicts à l’opium, où les sorcières mijotent des potions improbables et cumulent des fiascos innombrables, où un acteur ivre et déchu fait l’objet de toutes les amours, surtout les plus embarrassantes ? La réécriture, ou plutôt la parodie légère et espiègle que propose Elizabeth Leemann au Festival de théâtre non professionnel Fécule à la Grange de Dorigny, fait rejaillir sous un jour nouveau les ressorts comiques déjà éprouvés, et toujours efficaces, des pièces shakespeariennes.

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Le théâtre en mouvement

Olivier Py, directeur du festival d’Avignon depuis 2013, présente à Genève une comédie qui raconte le parcours d’Orlando, un jeune homme à la recherche de son père. Le spectateur est emporté avec le protagoniste dans une quête effrénée où chaque père potentiel incarne un théâtre possible. Car si Orlando ou l’impatience est parsemé de réflexions diverses sur l’état de la société, c’est avant tout de la puissance du théâtre qu’il traite. Tout part de cette recherche.

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Faites votre choix

Après Rien voir et Ne plus rien dire, Joël Maillard explore une nouvelle fois l’univers du Rien. En s’appropriant les codes de la publicité et le vote comme principe de la démocratie, le metteur en scène interroge l’impact que ces choix quotidiens peuvent avoir sur le monde. En entrant dans la salle de théâtre, le spectateur comprend que Pas grand-chose plutôt que rien ne sera pas un spectacle dominé par la séparation scène/salle. En effet, ces deux espaces ont été remplacés par une très longue table autour de laquelle deux rangées de chaises se font face.

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Être ou ne pas être

Des écouteurs suspendus au plafond amorcent une descente : on veut nous faire entendre un discours sur la décroissance. Finalement non, marche arrière. Terminer le spectacle par un poème, plutôt ? Jouant avec les possibles, Joël Maillard met en scène la contingence. La première chose qui frappe est la configuration inhabituelle du lieu : une longue table entourée d’une petite quarantaine de chaises ; six lampes ; dix écrans.

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Dans les profondeurs de l’imaginaire

Un professeur qui fait parler ses vieux fossiles, un bureau qui se transforme en sous-marin : c’est dans un monde fantastique qui défie les frontières du réel qu’entraîne cette conférence à laquelle le jeune public est solennellement invité. Du grand spectacle. L’expérience commence dans le foyer : des panneaux officiels indiquent l’entrée de la salle de réception, le programme est cérémonieusement remis aux invités. Le public est ensuite accueilli par l’assistant du Professeur Aronnax en personne, qui veille à son confort et dispense ses dernières recommandations avant l’arrivée du célèbre scientifique.

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Plongeon au cœur d’une fantastique féérie

Sydney Bernard propose dans son adaptation du texte de Jules Verne Vingt Mille Lieues sous les mers un fantastique voyage à bord du Nautilus. Un spectacle époustouflant qui mêle le texte original de 1869 à des effets de sons et de lumières fantastiques. Une mise en scène qui ravira à coup sûr les petits comme les grands ! La représentation au Théâtre du Passage est la 696e de 20’000 lieues sous les mers par la compagnie Imaginaire Théâtre. Cette adaptation du roman de Jules Verne se présente, conformément au projet de la compagnie, comme un théâtre pour tous.

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Farandole de vies

La danseuse et chorégraphe française Maguy Marin propose pour quelques jours sa dernière composition, BIT, au public lausannois. Elle se dit ici surtout influencée par les tableaux très rythmiques de Paul Klee. Cette performance très applaudie, composée avec des moyens très simples, fascine et surprend en hypnotisant le spectateur du début à la fin. Après de nombreux succès comme le mythique May B (1981), Cendrillon (1985), Description d’un combat (2009), Salves (2010), Faces (2011), Nocturnes (2012) et beaucoup d’autres, Maguy Marin et sa sympathique équipe émerveillent à nouveau le public avec leur dernière création, BIT.

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Correspondances

On peine d’abord à distinguer les éléments qui se balancent, à moins d’un mètre du plateau : il s’agit des têtes des danseuses suspendues par les pieds. Ces chauves-souris humaines tiennent dans leurs mains ce qui semble être des portables, qui les éclairent. À Nuithonie se mêlent et s’emmêlent nature et industrie. Le son des grillons côtoie les bruissements de papier. Le bruit des mouches, celui de basses profondes. Et les cris des corbeaux, le « tac tac » d’un roulement de train. Les ambiances sonores du spectacle créées par Malena Sardi font brillamment écho aux revendications artistiques du projet

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La vie secrète des Arbres

Performer et chorégraphe née à Lausanne, Fabienne Berger propose des spectacles issus de son expérience en danse classique et en Modern Jazz, enrichis de techniques orientales et de yoga, qui influencent son rapport au mouvement, introduisant, par exemple, dans son travail, la notion de « transfert de poids ». Elle crée sa propre compagnie en 1985. Après quarante ans de créations, dont Elle(s), Screen Sisters, Floating Tones et Phren, elle présente son dernier spectacle en compagnie des danseuses Caroline de Cornière, Marie-Elodie Vattoux et Margaux Monetti, sous les projecteurs de Sven Kreter, accompagnée de la création musicale de Malena Sardi.

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L’Impatience à bout

Questionner le théâtre au travers du théâtre et en faire une métaphore du rapport au monde : voici l’ambitieux projet qu’Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon, propose dans Orlando ou l’Impatience présenté à la Comédie de Genève jusqu’au 26 avril. Afin de conduire le spectateur dans les dédales de sa réflexion sur le théâtre et ce qu’il révèle sur la complexité d’être au monde, Olivier Py invente une histoire, celle de la quête d’un père. Tandis qu’Orlando (Matthieu Dessertine) cherche un père, le théâtre part en quête d’identité, et s’explore pour découvrir ses limites.

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Opé-RAT rock

C’est « interpellée par l’injustice et la cruauté de la légende ancestrale du Joueur de flûte de Hamelin » que la compagnie vaudoise Pied de Biche choisit de se servir du fort potentiel de réinterprétation du mythe, en le transformant en un extraordinaire conte musical. Les cloches d’Hamelin sonnent. Plusieurs petites maisons « distordues » (aux allures de peintures cubistes) forment la ville. Les habitants de ce patelin allemand symbolisent, sans équivoque, la face sombre de notre société actuelle : violente, injuste, à la constante recherche du simple et pur profit.

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Meurtre au bal masqué

Au Théâtre de Carouge, Omar Porras et sa compagnie Teatro Malandro créent pour la troisième fois La Visite de la vieille damela plus connue des pièces helvétiques. Masques, décor de carton, visions oniriques et mélodies folkloriques : la touche Porras renforce le grotesque du texte de Dürrenmatt et joue avec une théâtralité assumée. Des feuilles mortes ? Non, des feuilles d’or, brillantes et légères, qui tombent du plafond au-dessus d’un corps inerte, étendu sur la scène.

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Parade fatale

C’est une formidable mascarade que nous offre Omar Porras pour sa troisième création de La Visite de la vieille dame, à Genève. Cet increvable succès, bardé de couleurs, entraîne le public dans une danse macabre, qui jusqu’au bout ne perdra rien de sa festivité. Cette réussite était-elle programmée, au vu de l’écho international rencontré par les deux versions précédentes ? Était-ce une solution de facilité pour Porras que de reprendre l’un de ses plus grands succès, après s’être fait nommer directeur du théâtre Kléber-Méleau, dont il reprendra les rennes sous peu ? Si le metteur en scène s’attache à retravailler un texte qui lui est désormais très familier, il s’agit bien pour lui d’un processus de refonte, d’un départ à zéro.

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Trésors négligés

Après avoir collaboré sur trois spectacles, Geneviève Guhl et Sophie Solo reviennent présenter à Sion une pièce autour des œuvres oubliées, dans un cadre intimiste à l’image du café-théâtre. Poésie, sincérité et nostalgie sont au rendez-vous. Le spectacle s’ouvre sur quelques douces notes de musique, échappées d’une guitare sèche. Personne n’est sur scène mais le petit espace est déjà bien rempli : une table et des chaises sont placées au centre ; à jardin deux pianos sont accolés aux murs, dans l’angle, enfin, à cour, une paroi vitrée à proximité d’un étroit et fin escalier en colimaçon. C’est du haut de ces marches que descendent tour à tour, en chantant, Sophie Solo et Geneviève Guhl.

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Chefs d’œuvres oubliés

L’oiseau blanc qui vole dans le ciel tombe parfois dans l’oubli et cède le pas aux bêtes qui laissent leur trace sur le sol : c’est par cette image que Geneviève Guhl (Cie L’ascenseur à poissons) et Sophie Solo (Cie In Verso) témoignent de la disparition d’œuvres sublimes, emportées par le temps, tombées dans l’oubli. Accompagnées par la musicienne Géraldine Schenkel, les deux comédiennes reprennent, avec une magnifique complicité, des textes et des chansons d’auteurs et de chansonniers de tous horizons.

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Ô jalousie, quand tu nous tiens !

Quatre ans après avoir proposé Hamlet au Théâtre d’été de l’Orangerie, Eric Salama visite à nouveau le répertoire shakespearien en proposant une adaptation d’Othello, dont l’intrigue se resserre autour de cinq protagonistes. Avec sa Compagnie 94, le metteur en scène genevois met l’accent sur les passions irrationnelles et contagieuses qui font naître chez le plus noble des hommes les pulsions les plus fatales. S’il donne son nom à la pièce, Othello n’en apparaît pas moins ici uniquement comme un pantin, qui suit au doigt et à l’œil les conseils d’un Iago habité par une jalousie maladive.

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Une épidémie de jaloux

Pour son cinquième spectacle en résidence au Théâtre Saint-Gervais, Eric Salama choisit de revisiter Othello, un grand mythe shakespearien dont il souhaite démontrer l’actualité et la pertinence. Au moyen d’une distribution réduite, le metteur en scène resserre l’intrigue à l’essentiel : la jalousie, l’altérité, et toutes les conséquences de l’aveuglement. Bien connue, l’histoire d’Othello est celle de la jalousie communicative qui se propage au sein des sphères vénitiennes. L’envieux Iago, enseigne sous le commandement d’Othello, décide de se venger de ce dernier sur lequel il concentre toute sa haine.

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Deux hobos africains ont rendez-vous avec Godot

Jean Lambert-wild, Marcel Bozonnet et Lorenzo Malaguerra proposent une exotique relecture d’un grand classique du théâtre de l’absurde sous l’angle de l’exil. La salle est comble, la lumière s’éteint peu à peu, faisant taire les derniers bavardages du public neuchâtelois. Une quinte de toux retentit, suivie de quelques grognements, un doux éclairage révèle alors un homme assis sur un bidon, sous un arbre, en train d’essayer péniblement d’ôter sa chaussure.

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Visage trouvé, identités troublées

Après Jérémy Fischer et Trois hommes dans un bateau sans oublier le chien, la compagnie neuchâteloise De facto s’empare d’un texte de Marius von Mayenburg, et explore les sables mouvants de la notion d’identité. Situé derrière une paroi de plastique ressemblant furieusement à une vitre de douche destinée à flouter les corps, Lette appuie sa bouche contre cette surface. Mais le contact de la bouche sur la paroi la rend visible. À un autre moment, ce mur de plastique laisse apercevoir Lette et sa femme qui dansent sensuellement.

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Une beauté fracassante

Nathalie Sandoz propose dans sa mise en scène du Moche une comédie originale où les questions portant sur les standards de beauté et la lutte pour le succès s’entrecroisent joyeusement. Derrière l’humour se cache aussi une réflexion profonde sur les diktats de beauté qui régissent notre société.

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Les gestes du boucher

Premier volet de la trilogie ramuzienne créée par Mathieu Bertholet dans le cadre de sa résidence en terre valaisanne, Berthollet est l’adaptation théâtrale d’une nouvelle de l’écrivain vaudois. Le lent ballet quasi mécanique exécuté par les acteurs, leurs voix profondes qui racontent les événements, traduisent la détresse terriblement cruelle et pourtant banale d’un boucher de village endeuillé.

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Lorsque les maux et les mots font corps

Que feriez-vous si vous vous retrouviez seul(e) au monde ? Directeur artistique et metteur en scène de la compagnie MuFuThe créée en en 2008, le Valaisan Mathieu Bertholet propose dans une transposition scénique de Berthollet, nouvelle écrite en 1910 par Charles-Ferdinand Ramuz, un regard singulier sur une oeuvre régionale, aux modes d’expression multiples et aux thématiques universelles : l’identité masculine, le deuil, l’isolement, le suicide.

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Des champs aux favelas

Julia s’en est allée. Les applaudissements jaillissent alors qu’apparaît le générique du spectacle, projeté sur deux panneaux mobiles. Comme dans un film, la musique des violons accompagne ce tomber de rideau cinématographique. Sur les planches du TPR, Julia a bel et bien vacillé entre théâtre et cinéma. Scènes projetées (par exemple de l’eau bleue troublée petit à petit par du rouge sang), diffusion de scènes filmées en temps réel (comme l’image capturée et retransmise directement sur scène de Jelson, le domestique, que Julia a fait s’asseoir sur une chaise lors d’une dispute), générique final : le septième art est un acteur central de cette création de Christiane Jatahy.

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Gulliver à huis-clos

« À mi-chemin entre théâtre et cinéma » annonce le programme du Petit Théâtre. S’agirait-il d’un énième spectacle aux multiples effets de projection ? Non. Ici c’est la mise en scène elle-même qui relève d’effets de montage, soutenus notamment par une création sonore parfaitement maîtrisée. Pour le deuxième volet de leur trilogie « pièces de chambre », le metteur en scène Karim bel Kacem et le réalisateur Adrien Kuenzy ont choisi d’adapter Voyage à Lilliput (1721), première partie du roman de Jonathan Swift.

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L’espace d’un soir

Réécriture brésilienne de Mademoiselle Julie de Strindberg, Julia raconte le rapport tumultueux et charnel entre une jeune fille blanche des beaux quartiers de Rio et un domestique noir issu des favelas. Dans cette mise en scène actuelle, Christiane Jatahy et la Cie Vertice de teatro explorent différents espaces et superposent film et théâtre. Captivant et d’une intensité rare. A l’arrivée du public dans la salle, de grands panneaux gris pastel occupent la scène. La régie a été installée sur le plateau, côté jardin, et autour d’elle gravitent un caméraman et les deux comédiens qui joueront Julia et Jelson.

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Un chat menteur – pas tant que ça

2002 : sortie du premier album de la bande dessinée Le Chat du Rabbin par Joann Sfar ; 2004 : première adaptation théâtrale par Camille Nahum ; 2011 : sortie d’un long métrage du même titre, réalisé par l’auteur (César du meilleur film en 2012) ; 2015 : le Chat réapparaît et contribue au soutien de Charlie Hebdo : fascinée, La Cie La Foumilière s’empare du scénario. Sarah Marcuse, en collaboration avec Radhia Chapot Habbes, le met en scène. Xénia Marcuse participe à l’adaptation et se charge des costumes, dans un décor de Nicolas Deslis.

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Des chiens ou des hommes

Le chien de bateau Haktor est le compagnon du capitaine Phosphore. Mais voilà que le cours de sa longue vie est troublé par l’arrivée d’une plus jeune créature : Loliletta. Jonglant entre récit et théâtre, le spectacle présenté à Am Stram Gram thématise la peur d’être remplacé. Des toilettes à moité cachées par un paravent. Une statue décorative de chien. Une table et un lit à étage. Une baignoire. Une armoire de cuisine en bois à côté d’un four. Une bouilloire dont s’échappe de la vapeur d’eau. C’est tout le mobilier d’une habitation qui est condensé dans cette proposition scénographique.

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Un chien mélancolique?

Qui n’a jamais été bercé par des histoires peuplées d’animaux parlants ? Guillaume Béguin dans Le Manuscrit des Chiens III au Théâtre Am Stram Gram à Genève nous invite à en retrouver à bord du Fou de Bassan, un bateau étrangement familier, tout comme les problèmes de ses passagers canins. « Si on prenait un deuxième chien à bord ? Ça devrait te plaire, non ? dit le capitaine Phosphore ». Alors qu’Haktor, le chien du capitaine, entretient une longue relation d’amitié avec son maître, voilà que Loliletta, jeune chienne belle et extravagante, lui vole la vedette en s’autoproclamant nouveau « chien de bateau ».

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Sagacité de gosse

Jonathan Capdevielle renoue avec le gamin qu’il était, à la fois sauvageon libre et imaginatif, à la fois petit être chétif et sans cesse bousculé par ses proches. Saga est un patchwork d’épisodes familiaux plus ou moins romancés, qui adviennent par fragments révélateurs de tout un monde, dont il nous fait partager le souvenir. Ces mille morceaux de dialogues résonnent aux micros des comédiens, alors qu’ils se déplacent et interagissent sans lien direct avec le texte. Une sorte de chorégraphie abstraite se dessine sous nos yeux, tandis que les phrases échangées nous permettent de recoudre les aventures d’une enfance fantasmée.

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Donner sa langue au chat

La Compagnie La Fourmilière propose en ce moment une douce fable philosophique, humoristique et musicale adaptée de la célèbre bande dessinée Le Chat du Rabbin de Joann Sfar (première édition en 2002), déjà transposée au cinéma en long métrage d’animation par l’auteur et Antoine Delesvaux en 2011. La mise en scène colorée et épicée de Sarah Marcuse réveille tous les sens et pousse à la réflexion, à l’ouverture d’esprit et à la tolérance. Dans le plus grand noir du Théâtre de la Grange de Dorigny retentit une musique orientale. Une faible lumière, qui croît peu à peu, laisse apparaître les sept personnages.

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« Vous êtes la mandoline venue de Suisse alémanique pour m’envoûter ! »

Grüezi mitenand ! Röstigraben propose une expérience théâtrale bilingue – entre Romandie et Suisse alémanique – qui nous confronte avec humour et dérision à nos propres clichés sur nos concitoyens. La formule du théâtre à midi : une expérience étonnante et conviviale. Alors que les gens s’assoient à table, vont commander un verre de vin ou une eau minérale, Daisy Golay (Geneviève Pasquier), munie d’une serpillère, lave énergiquement le sol, puis le cadre de la porte, et finalement le luminaire.

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Se nourrir de théâtre

Après le succès de sa première saison en 2014, le Midi théâtre ! revient avec un menu alléchant. La recette est simple : trouvez un théâtre attaché à un restaurant, placez-y de bons comédiens et parsemez-y un public réceptif, ajoutez une pointe de convivialité, un brin de comédie, une pincée d’humour. Laissez mijoter. Servez le tout sur un lit de rösti. Vous obtiendrez indéniablement un plat original et savoureux, à déguster immédiatement. L’association romande Midi Théâtre !, constituée de plusieurs théâtres partenaires, a pour but « d’ouvrir les lieux en journée en proposant un nouveau rendez-vous théâtral et convivial ».

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Le roi Rire

Trois clowns tentent de jouer à eux seuls une œuvre de Shakespeare, et la partie n’est pas gagnée d’avance. Mais ce qui est sûr, c’est que ces trois clowns jouent avec une œuvre de Shakespeare. Un jeu poétique et comique. Rencontré dans une grotte, le Boudu devient le nouveau compagnon de route de Zig et Arletti. Attablé dans son antre, il réfléchit. Pourquoi est-il assis ? « Parce qu’il a une chaise ! » Les deux scènes introductives campent les personnages et donnent le ton du spectacle. Zig est quelque peu effrayé par Le Boudu, rustre et impressionnant.

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Jadis raconte

« Jadis c’est qui ? Ben… Jadis, c’est moi. Jadis raconte. Jadis interprète les légendes de la mythologie antique »annonce Emmanuel Dorand, avec sa belle voix de conteur. Jadis c’est un personnage, mais c’est aussi ce merveilleux monologue intimiste, captivant et intemporel qui se joue en ce moment au Théâtre de Nuithonie, à Villars-sur-Glâne. Dans l’étroite salle d’exposition de l’Espace Nuithonie, où une petite vingtaine de spectateurs prend place, l’ambiance est inévitablement intime.

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Le Roi Lear a un gros nez rouge

La Compagnie L’Entreprise, venue tout droit de Marseille, cherche « un langage théâtral qui traverse les frontières et parle directement aux spectateurs ». Dans Les Clowns, Arletti, Zig et Le Boudu jouent au Roi Lear. Un savoureux mélange qui jongle entre la « haute culture littéraire » de Shakespeare et la culture populaire à laquelle appartient traditionnellement le clown. Le texte et la mise en scène balancent entre sérieux (s’il en reste) et comique, avec une grande poésie. Plic. Ploc. Plic. De grosses gouttes tombent une à une, dans le silence envoûtant de la Grange de Dorigny : nous sommes dans une grotte.

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La post-modernité n’a pas eu lieu

La mythologie est universelle et intemporelle, dit-on. Et Molière a sans doute participé à l’élaboration d’une mythologie française. Mais si Julien Mages nous propose une adaptation du Misanthrope dans Janine Rhapsodie, elle n’est peut-être pas, contrairement à ce qu’il prétend, une actualisation. Julien Mages, ancien élève de la Manufacture (HETSR) et dramaturge expérimenté – il est déjà l’auteur d’une dizaine de pièces – affirme n’avoir gardé de Molière que la quête de Vérité. Ainsi, le destin tragique qui se joue actuellement à l’Arsenic entre Janine, son mari, sa dealer et un promoteur philosophico-immobilier, ne garderait de l’intrigue classique que l’opposition essentielle qui la sous-tend, celle du vrai et du faux.

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Invitation comique

Véra et Michael convient leur meilleur ami au vernissage de leur nouvelle décoration d’intérieur ; ce vernissage, c’est aussi celui de la nouvelle vie que les amis de Ferdinand souhaitent lui imposer, ou celui qu’ils apposent à leur vie de couple et qui se craquèle au fil du spectacle… Car la soirée tourne mal. L’intrigue s’intègre bien dans le thème choisi par le metteur en scène Matthias Urban pour sa résidence de trois ans au Théâtre de la Grange de Dorigny : surveillance et contrôle de l’individu. La pièce, écrite en 1975 par Václav Havel, qui fut résistant au régime communiste en Tchécoslovaquie avant de devenir président de la République Tchèque, transpose le thème d’une société totalitariste dans le cadre beaucoup plus intime d’une soirée entre amis.

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A la poursuite du bonheur

La Cie Überrunter présente du 11 au 22 mars 2015 au Théâtre 2.21 de Lausanne un drôle de concert. Si le spectacle se veut un hymne aux petits plaisirs qui forment notre quotidien, le cadre dystopique où naît la parole des personnages empêche pourtant de s’abandonner complètement à ce flux d’optimisme. Sur scène, trois femmes et un homme. Ils racontent, à tour de rôle, ce qu’ils aiment, ce qu’ils n’aiment pas, leurs habitudes, leurs craintes, leurs expériences, leurs résolutions… C’est ainsi, par ces listes et ces énumérations, qu’ils tentent de donner une définition d’eux-mêmes.

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Confessions entre collègues

Après Peanuts, la compagnie Überrunter revient avec un nouveau spectacle qui s’intéresse au conflit qui peut naître entre l’épanouissement de la vie personnelle et la part toujours plus grandissante de la vie professionnelle. Avec humour et poésie, les quatre protagonistes de cette fable des Temps modernes confessent leurs petits plaisirs, leurs frustrations et leurs désirs sous une forme chorégraphique et parfois hypnotique.

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Tout commence par le doute

Dans une création documentaire et autobiographique, Véronique Bettencourt, alias Solange, réfléchit, rêve, fantasme, chante, imagine, se souvient, interroge, filme, récite et joue les interrogations d’une artiste sur les artistes. Auspice ironique pour une pièce intitulée Le Fantasme de l’échec, trois spectatrices quittent la salle après cinq minutes, remarquant s’être trompées de spectacle. Elles sont obligées, pour cela, de passer sur le plateau, sous les yeux d’une Solange déjà tremblante d’incertitude. Fort heureusement l’imprévu ne sera présage d’aucun échec, au contraire.

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Enquête sur le fil

Le fantasme de l’échec explore les notions de consécration et d’insuccès dans le milieu artistique. En mettant bout à bout des extraits d’interviews, drôles ou poignants et en y ajoutant des instants joués et chantés, la compagnie Fenil Hirsute nous concocte un joyeux bazar poétique aux allures de documentaire. Solange Dulac ouvre sa conférence en s’adressant directement au public. Déjà, quelques indices laissent à penser qu’il ne s’agira pas d’un exposé comme les autres, à commencer par le fâcheux retard d’un important intervenant et les bottes rouge corail en caoutchouc portées par la modératrice, sans oublier la surprenante présence d’un musicien à jardin.

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En mettre plein la vue pour exister

Présenté par la Compagnie Générale de Théâtre (CGT), Vernissage démontre que les amis ne nous veulent pas forcément que du bien. Ce spectacle drôle et oppressant à la fois, aux tonalités eighties, clôt brillamment les trois saisons de résidence du metteur en scène Matthias Urban à la Grange de Dorigny. Un homme et une femme enchaînent, face au public, d’un air très sérieux et concentré, une série d’exercices de yoga, sur une musique « électro-vintage », rappelant les expérimentations de groupes comme Kraftwerk ou encore Yello dans les années 1980.

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Sous le vernis

Avec une mise en scène contemporaine de la comédie en un unique acte Vernissage de Václav Havel, le metteur en scène lausannois Matthias Urban et trois remarquables comédiens réactualisent le texte avec intelligence, poésie et délicatesse. La question de l’homme, du changement perpétuel et des apparences, souvent trompeuses, est soulevée. Sous un vernis laqué, clinquant et pourtant craquelé. Vernissage est la troisième et dernière pièce d’un triptyque (avec Audience et Pétition), composé entre 1975 et 1978 par le chef d’Etat, dissident politique et dramaturge tchèque Václav Havel.

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Des amis qui vous veulent du bien?

Un couple de proches vous invite dans leur appartement pour passer une soirée entre amis. Rien de plus normal. Excepté lorsque le couple en question se mêle de votre vie privée et exhibe la sienne au point d’instaurer un malaise étouffant. Avec Vernissage de Václav Havel, Matthias Urban propose un spectacle plaisant et imagé qui se moque des faux-semblants et dénonce les diktats sociaux. Lorsqu’il s’installe dans la Grange, le public entre déjà dans l’intimité (pas si intime) de Véra et Michael.

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Eau écarlate

Une femme, un homme et une autre femme : l’éternel conflit amoureux prend dans Mademoiselle Julie des allures de tragédie grecque mâtinée de boue naturaliste. C’est que la saleté est en l’homme, même harmonieusement mise en scène par Gian Manuel Rau, qui livre une représentation saisissante de la médiocrité et de la grandeur.Il y a une pureté esthétique certaine dans cette mise en scène de Mademoiselle Julie, dès les premiers instants.

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Silence bruyant

« Mademoiselle est folle, complètement folle ». De même est la mise en scène de Mademoiselle Julie par Gian Manuel Rau au Théâtre de Carouge, déséquilibrant sans cesse les repères du spectateur à travers un questionnement identitaire sans bornes. « Ce sujet va faire du bruit » avait prévenu Strindberg. Ecrite en 1888, cette pièce ne fut mise en scène pour la première fois qu’en 1906 en raison de sa dimension controversée, notamment à l’égard de la « vraisemblance » sociale :

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Un écrin pour la langue

La mise à mort du père par le fils, cela relève du mythe. Affabulation inverse la tragédie sophocléenne, révélant l’infanticide par un père fou. Une descente aux enfers, soutenue par un texte incroyable. La lecture de Pasolini n’inverse pas entièrement le mythe oedipien, mais montre une double dynamique, une double envie de castration. D’un côté le fils envers le père par désir pour la mère, d’un autre le père envers le fils pour sa puissance. Cette tragédie – au sens littéraire comme au sens commun du terme – prend place au sein de la grande bourgeoisie du nord de l’Italie.

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Rejeter le rejeton

Stanislas Nordey présente à Vidy sa cinquième mise en scène d’une pièce pasolinienne. Mythe d’Œdipe inversé, Affabulation traite d’un père, qui, à la suite d’un rêve, part en guerre contre son fils. Immergé dans un noir complet, le public voit naître une douce lumière tamisée. Une ombre surgit, celle de Sophocle. Le dramaturge vient en personne avertir les spectateurs qu’il est destiné à « inaugurer un langage trop difficile et trop facile ». Il s’agit du verbe incandescent de Pasolini.

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La vérité à tout prix

Après Ballade en orage créée Théâtre de Vidy en 2013, Julien Mages présente Janine Rhapsodie à l’Arsenic, l’histoire d’une misanthrope qui ne supporte plus les faux-semblants et les manières de ses congénères. Un texte riche pour un spectacle comico-tragique, surprenant et parfois insaisissable.« Janine, vous avez pas vu Janine ? », demande une jeune femme au public, alors que la salle n’est pas tout à fait sombre, pas tout à fait silencieuse.

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En quête de la vérité

Janine Rhapsodie, spectacle écrit et mis en scène par Julien Mages, est inspiré du Misanthrope de Molière. Il présente toutefois non pas un, mais une misanthrope. Caractéristique originale qui met en évidence le fait que la quête de la vérité, d’une vérité, est tout à fait transposable d’un homme à une femme. Car c’est bien de cela dont il s’agit : la misanthrope, à l’image d’Alceste, dénonce l’hypocrisie de la société en prônant l’importance du vrai.

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Forêt de cris

Les fantômes du passé ressurgissent à la Comédie de Genève. Jusqu’au 7 mars 2015, Marcial Di Fonzo Bo y présente sa mise en scène d’Une Femme, texte écrit par Philippe Myniana. Un voyage oppressant à travers les souvenirs, dont la mise en scène excessive peine à rendre justice à une écriture pourtant subtilement tendue entre langage quotidien et poétique.Une Femme, c’est tout d’abord l’histoire d’une collaboration.

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«Moi c’est Blanchette, la vache de Monsieur!»

Gardée captive dans la maison de son maître, l’immaculée Blanchette commence à s’ennuyer. Pour la protéger, Monsieur lui fait croire qu’elle est une vache. Lorsqu’elle se rend compte que ce sont des mensonges (ou carabistouilles), la petite chèvre préfère affronter le monde extérieur plutôt que de rester cloîtrée. « Il est bizarre le monsieur », chuchote une petite fille du public en observant l’homme qui, sur la scène, est couché sur une chaise longue. Les lumières commencent ensuite à baisser et plongent le public dans la pénombre. L’homme est « bizarre », en effet ! C’est le loup, vagabond et séducteur. Il s’est installé il y a peu à proximité d’une ferme ; il a pour voisin Monsieur, éleveur de chèvres.

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Une chèvre exotique

« Dans le paradis qu’a été mon enfance, La chèvre de Monsieur Seguin a été la première histoire qui m’a fait toucher du doigt, inconsciemment, confusément, le sens du tragique… » : José Pliya, auteur et metteur en scène de Monsieur, Blanchette et le Loup revisite avec humour, délicatesse, poésie et profondeur la célèbre nouvelle d’Alphonse Daudet, en y faisant surgir tout à la fois les aspects tragiques et profondément humains.

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Quand le Grütli converse avec les extraterrestres

La Paranoïa? Une fiction dans la fiction de la fiction où vous, spectateur, assistez à l’histoire dans l’histoire, de l’Histoire… L’équipe de Frédéric Polier nous donne ici à voir une pièce des plus particulières. Pour faire court : Paranoïa, c’est l’histoire de cinq personnages – un colonel, un astronaute, un physicien théorique, une écrivain – aux caractères atypiques qui se réunissent dans un hôtel uruguayen pour sauver la planète – très hollywoodien tout ça !

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cl-A-ssique Andromaque

Dans Les Histoires d’A-Andromaque, Alexandre Doublet fait revivre les vers de Racine dans toute leur force tragique. Après l’Arsenic et le Théâtre de Vevey, c’est aux Halles de Sierre qu’il dépose son décor whitecube pour une Andromaque brute et classique. Les histoires d’A Les histoires d’amour Les histoires d’amour finissent mal Les histoires d’amour finissent mal en général. Et ce n’est surement pas Oreste qui le démentira.

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XXY

Etre homme. Etre femme. Se sentir homme ou femme. Olivia Seigne et Alexandre Vogel mettent en scène le destin amoureux d’un cas limite, celui d’un(e) hermaphrodite. En parler avec finesse et pudeur mais sans tabou, surtout. « L’océan Vaste étendue entourée d’ocres Oscillant entre la crainte de décevoir et l’amertume de l’espoir Ne croyant plus en rien, comme une brume voilée.[…] » Quelques vers pour exprimer un mal profond.

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Du cinéma (en mieux)

Faisant feu de divers contenus et formes issus du cinéma, l’équipe de k7 Productions donne naissance à un univers où l’ironie jaillit du mariage réussi entre rire et sérieux. Pour son projet Blockbuster, le metteur en scène Tomas Gonzalez dit vouloir aborder « l’aventure et ses mythes, la science-fiction et ses redéfinitions de l’être humain, ou la comédie romantique et les stéréotypes de genre ». Le spectacle débute par des bruits de jungle, et nous voici plongés dans le monde de Jurassic Park.

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Hollywood à petit budget, pour de grands effets

Avec son dernier projet Blockbuster, le jeune metteur en scène lausannois Tomas Gonzalez et son équipe explorent les grosses productions cinématographiques qui ont marqué les esprits. En pleine nature, dans les étoiles ou au milieu d’une grande ville, les spectateurs redécouvrent ces images connues avec un regard autre. Un condensé du cinéma drôle, frais et réjouissant. Une fois le public installé sur les fauteuils rouges de la salle du 2.21, les lumières s’éteignent en douceur jusqu’à la nuit complète, comme dans les salles obscures.

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Zweisprachige amitié

« Les amis sont rares et précieux » avance Thomas, l’un des quatre personnages, citant Aristote. Chambre d’Amis est un projet original, bilingue franco-allemand, traitant de la grande et complexe question de l’amitié. La pièce, dont le texte a été écrit pour l’occasion par Antoine Jaccoud, est elle-même née d’une véritable amitié entre la comédienne suisse Françoise Boillat et le comédien allemand Stefan H. Kraft. Créée en Allemagne en novembre 2014, elle est le fruit d’une belle collaboration entre la compagnie colognaise Futur 3 et la compagnie vaudoise Selma 35.

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Une fille au masculin, un garçon au féminin

Troisième projet du collectif StoGramm, Comme toi-même présente élégamment la quête identitaire d’un intersexe. Voyage non-linaire dans le vécu d’un jeune adulte, des souvenirs d’antan à aujourd’hui, le spectacle éblouit par l’audace du choix de son sujet et par l’immense délicatesse avec laquelle il le développe. Le public prend place sur deux gradins dans un dispositif bi-frontal. Au milieu se trouve un espace vide et allongé.

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Le peuple romand sur scène

Le projet de Jérôme Junod est simple : laisser la scène au peuple vaudois en sélectionnant des textes dans dix ans d’archives du courrier des lecteurs du quotidien 24heures. La pièce est constituée par les avis, les remerciements ou les coups de gueule de la population sur différentes actualités. Entre gravité et humour, le public pourra reconnaître les codes, le langage et les tournures propres à la Suisse romande. Jérôme Junod propose à la Grange de Dorigny un projet très local.

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Citoyens suisses: vos voix comptent!

C’est une Suisse un peu chauvine, désireuse (malgré les déchéances de la société occidentale) de défendre son héritage, son identité et surtout sa liberté d’expression, qui se dévoile sur scène, à travers des témoignages malicieusement amoncelés dans La Voix du peuple. Entre religion, nudité, armée, maraudage de noix, arnaques, immigration, salades, terrorisme, impôts et pollution… des voix se répondent, se confrontent, se confondent, dans une mise en scène truffée d’humour. En entrant dans la salle de la Grange de Dorigny, les spectateurs découvrent sur scène trois comédiens, assis sur un tabouret à traire et vêtus du costume traditionnel appenzellois.

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L’éclipse d’un roi

Pour la première fois, Hervé Loichemol monte une pièce de William Shakespeare. Sur un plateau tournant, un roi Lear perdu mais pas gâteux assiste impuissant à son propre déclin, au cœur de saignants conflits générationnels. L’une des plus grandes tragédies shakespeariennes, Le Roi Lear, continue d’être présente sur les scènes romandes. Après Marielle Pinsard et son adaptation très libre en automne dernier à l’Arsenic, et avant Julien Mages dont la Ballade en orage, qui sera joueé au Théâtre du Loup du 28 au 31 janvier prochain

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La querelle des anciens et des modernes

Pour sa première mise en scène d’un texte de Shakespeare, Hervé Loichemol, directeur de la comédie de Genève, nous donne à voir entre les murs de son théâtre un conflit entre le désuet et le nouveau, qui s’articule jusque dans la scénographie du spectacle. L’ancienne génération contre la nouvelle. Le Roi Lear vieillissant contre deux de ses filles, jeunes et ambitieuses. C’est cette tension qui est au cœur de la pièce de Shakespeare.

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Un aller simple

A l’âge de 26 ans, Biljana Srbljanovic écrit sa première pièce dramatique, La Trilogie de Belgrade. Ce texte qui la révéla en 1996 sur la scène européenne est mis en scène au Théâtre du Grütli par Véronique Ros de la Grange. Musique et pas de danse rythment ce triptyque tragi-comique sur la perte de repère engendrée par l’exil.
Accueilli par la chanson de Maxime Le Forestier Né quelque part, le public, qui s’installe peu à peu dans la salle, est tout de suite mis dans l’ambiance.

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Amour en mer, avare amer

Sous des airs de croisière, L’Avare de Molière dans la relecture que propose ici Gianni Schneider est transposé en pleine mer, dans un contexte qui nous est proche. Une mise en scène originale qui fonctionne et n’enlève rien au comique de la pièce. Les rideaux s’ouvrent sur un décor maritime: sur le plateau s’érige la poupe d’un yacht, sobre et immaculée, alors qu’en fond de scène l’image du sillage à la lueur de la lune est projetée en grand écran.

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Du spectacle contre le spectaculaire

Le metteur en scène Martin Schick exprime dans ce spectacle, réalisé et joué avec Viviane Pavillon, son souci de trouver un contact plus direct avec le spectateur. Ou comment établir une relation possible entre spectacle et spectateur : « Spectacle, autrefois tu faisais du tout pour me plaire, maintenant tu es moche. Et tu le fais exprès ! » C’est l’histoire d’un spectacle de théâtre contemporain qui fait un pas vers le public, vers un public potentiellement plus large, lequel n’ose pas entrer dans une salle de théâtre par crainte de s’ennuyer et de ne rien comprendre.

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Sauvagerie et conscience de soi : une violente confrontation

Meurtres. Cris. Pleurs. Rires. Douleurs. Cannibalisme. Il faut s’accrocher pour réussir à supporter la violence de la nouvelle création de Guillaume Béguin Le Théâtre sauvage. L’expérience ne laisse néanmoins pas indifférent. Après Le Baiser et la morsure, créé l’an dernier à l’Arsenic et repris dans les prochains jours à Vidy, Le Théâtre sauvage montre que c’est à travers la maîtrise de nos pulsions meurtrières que l’on passe de la nature à la culture. Le pouvoir symbolique du théâtre – de la représentation – tient à ses potentialités canalisatrices de la violence.

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Entre meurtre et flirt

L’Échappée présente la rencontre de trois orphelins quelque peu dérangés. Ingrid désirant en finir avec la vie se rapproche de Simon, tueur en devenir. Ensemble, ils parviennent à sceller un pacte. Mais rien ne se déroulera comme prévu. Réunissant des antihéros désespérés et attachants sur fond de variété française, ce spectacle n’est que faussement léger. Sur le sol est tracé un simple rectangle divisé en quatre plus petits carrés, dont deux sont recouverts d’un tapis de feuilles d’arbres couleur bordeaux. Tantôt sous-bois illuminé par le clair bleuté de la lune, tantôt foyer à l’éclairage doux et chaleureux, ces espaces étriqués seront le cadre d’une surprenante histoire. Ingrid,

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Quatre plats + deux acteurs irrésistibles = un rire assuré

Aller au restaurant ? Ou au théâtre ? Un dilemme pour le public que Tg Stan résout en combinant les deux. Les deux acteurs truculents présentent un repas exceptionnellement banal, sérieusement hilarant. A voir absolument ! En entrée, trois téléviseurs montrant l’arrivée de Wallace au restaurant où il a rendez-vous avec son ami de longue date, André. Une référence cinématographique directe au film de Louis Malle

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Un dîner parfait

Durant 3h30, deux acteurs flamands reprennent en français et sans metteur en scène les rôles de deux metteurs en scène américains qui avaient joué pour un réalisateur français leur propre rôle dans une adaptation cinématographique d’une discussion sur la mort, le mysticisme et l’art, développée dans les années 70 lors d’un stage de théâtre expérimental. C’est « méta » et c’est la pièce la plus drôle de la saison. Assis à la table d’un restaurant, le personnage d’André Gregory parle et celui de Wally Shawn mange. En ouverture, sur de petits écrans posés au sol de chaque côté de la scène, Wally erre dans les rues de Genève. En voix off, il nous présente André et raconte qu’il a été retrouvé en pleurs dans la rue car il ne pouvait se remettre de Sonate d’Automne de Bergman, dans lequel le protagoniste constate?: «?dans mon art, j’ai réussi à vivre, mais pas dans ma vie?».

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Un monument ébranlé

Rien ne semble faire obstacle à sa démesure : non content de s’en prendre au Faust de Goethe, Nicolas Stemann s’appuie sur des acteurs talentueux pour détraquer avec puissance et malice les enjeux de ce monument de la littérature dramatique. “Ô vous dont le secours me fut souvent utile,? donnez-moi vos conseils pour un cas difficile.? De ma vaste entreprise, ami, que pensez-vous ?”. L’entreprise est vaste, c’est le cas de le dire. Monter les deux Faust de Goethe, l’équivalent de 22 heures de spectacle, fut longtemps réputé impossible. Après quelques coupes, Nicolas Stemann présenta

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La reproductibilité du théâtre, entre répétition et différence

Les artistes de la contrefaçon est une expérimentation théâtrale qui se propose de copier et de reproduire à l’identique les scènes les plus imprégnées de pathos de la création contemporaine. On assiste donc à des extraits de Danzón de Pina Bausch et Scènes de la vie conjugale de Bergman, à une ingurgitation de lasagnes issue de J’ai acheté une pelle chez Ikea pour creuser ma tombe de Rodrigo Garcia ou encore à des scènes de Philippe Caubère et Krzysztof Warlikowski. Le plus intéressant, dans cette expérience, est moins l’effet de simulacre en lui-même que la réflexion sur le processus qui mène à la fabrication d’une scène de pathos.

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Conte de Noël : la magie de Dickens

Scrooge Ebenezer, une « vieille noix » aigrie par la vie, ne trouve d’autres sujets de réjouissance que ceux que lui procure son argent. A la veille de Noël, des fantômes l’entraînent dans un voyage fantastique, qui lui fait prendre conscience des dysfonctionnements dans sa vie manière de vivre. Serions-nous tous et toutes des sortes de Scrooge à l’approche des fêtes de fin d’année ? Un spectacle magique à la scénographie enchantée.

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Quand le vernis craquèle

Deux familles, l’une parlant français, l’autre suisse-allemand, se rencontrent pour marier leurs enfants : en s’inspirant d’une comédie de Labiche, Christoph Marthaler propose un spectacle insolite et décalé mêlant slapstick et musique. Sur une musique exotique évoquant des sonorités polynésiennes ou hawaïennes, les huit personnages arrivent en file indienne devant le rideau fermé. Alignés face au public, ils se perdent dans un discours compliqué, alternant le français et l’allemand. Le ton est donné : le spectacle joue sur ce bilinguisme comique, accompagné d’une surprenante bande son des plus hétéroclites.

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La mécanique des valeurs

Fixées au sol sur des rouages géants, les parois du décor de Scrooge et les fantômes pivotent, apportant sur scène ou emportant en coulisses les personnages de cette fable inspirée par l’univers de Dickens. Une mécanique bien huilée au service d’une ode à la magie de Noël. Scrooge est un vieillard qui, à force de diriger son usine d’une main de fer, est devenu aigri et avare. Voilà que Noël approche. Comme chaque année, ses employés et son neveu s’en réjouissent. Mais le patron, lui, reste de marbre. Noël, il ne veut surtout pas en entendre parler : pas

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Un dessert qui réserve des surprises

Marthaler déploie son goût pour le détournement dans Das Weisse vom Ei, créé au Theater Basel en 2013. Il déconstruit méticuleusement une farce de Labiche, y insère des interludes désopilants et tartine le tout d’une ironie aigre-douce. Le temps est déréglé, les répliques ne s’enchaînent rigoureusement pas, et la mécanique du vaudeville cède la place à une lente dérive.

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Laboratoire en miroir : imiter pour comprendre

Quatre comédiens copient fidèlement de célèbres scènes issues du répertoire cinématographique et théâtral contemporain. Contrefaçon respectueuse, cette démarche vise à comprendre comment surgit une émotion. Galerie de différents types d’esthétiques récentes plus que réelle force de proposition sur le pathos, le spectacle présente néanmoins un alléchant assortiment. Plongé dans le noir, le public entend des voix : celles des comédiens puis celle du metteur en scène. Tel un incipit théorique, le projet est d’emblée raconté et le programme annoncé : il va s’agir d’un

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La fille qui joue avec son corps

De la pointe des cheveux jusqu’au bout des orteils, Eugénie Rebetez joue sur scène avec son corps, en laissant les gestes et les sons nous parler d’elle. Elle le dit en chantant : « Je suis la fille qui parle avec son corps et j’aime ouvrir ma gueule… chaque fois c’est comme si je jouais avec ma vie… N’est-ce important que pour moi ? Tout cela ne serait-il que mon rêve ?… Je me sens un petit peu nulle… Je suis ce que je suis… » Danseuse, chorégraphe, chanteuse et actrice comique, la talentueuse artiste aux multiples facettes mélange dans ses spectacles plusieurs formes d’expression théâtrale comme la danse, le mime, la pantomime, le chant et le clown.

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Les deux faces du tapis rouge

Dans son spectacle solo, Eugénie Rebetez explore et met en scène de manière ironique, burlesque et touchante son rapport à sa pratique artistique. Encore déborde les frontières de la danse pour mieux y revenir. Après des études de danse en Belgique et en Hollande, Eugénie Rebetez revient en Suisse en 2008. Après diverses collaborations avec les artistes Zimmermann et de Perrot, elle crée en 2010 Gina, son premier one woman show. De Zurich à Paris, en passant par son Jura natal, le succès est au rendez-vous.

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Entre inertie et danse : une fusion poétique ?

Qu’est-ce qu’une danseuse peut imiter et que peut-elle danser avec une baguette en bois ? C’est cette question que Tac.Tac., nouveau spectacle de la danseuse et chorégraphe YoungSoon Cho Jaquet se propose d’explorer sous diverses facettes, dans un créatif mélange des genres. Sa performance plonge le public dans un univers étrange et fascinant – parfois hermétique. Le plateau, pleinement éclairé, est recouvert de nombreux objets. Certains sont rigides, comme les caisses et tiges de bois qui parsèment le sol ; d’autres sont mous ou malléables, telles les baudruches remplies de farine. Des lignes de papiers collants sont disposées s

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Frôler le degré zéro de la danse

Recommandée pour des habitués de la danse en quête de transgressions fortes, la dernière création de YoungSoon Cho Jaquet pourra laisser des amateurs non-avertis sceptiques. Tous s’accorderont cependant à qualifier la démarche de la chorégraphe helvético-coréenne de radicale. De la danse ? Au sens conventionnel du terme, il y en a peu. Plutôt quelques déplacements d’objets effectués par la danseuse (comment l’appeler autrement ?) : ici, un pied de chaise amené à l’autre bout de la scène ; là, une paroi qui se dérobe, révélant des cubes de bois. De la musique ? Il y en a peu également. Plutô

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Un rôle de mère avorté

Porter à la scène un fait divers qui a défrayé la chronique et dont le sujet en a choqué beaucoup: voici le projet du metteur en scène suisse Dorian Rossel, que le public curieux du TPR découvrait hier soir à la Chaux-de-Fonds. Avec Une femme sans histoire, dernière création de la compagnie STT (Super Trop Top), l’infanticide est raconté avec une sobriété qui permet de transcrire le parcours tragique d’une femme ordinaire, et non pas celui d’un monstre. Un regard touchant et différent sur l’affaire.

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Comment comprendre l’incompréhensible ?

Après le spectacle Soupçons, Dorian Rossel s’immerge à nouveau dans le milieu judiciaire en s’emparant de « l’affaire des bébés congelés » qui avait défrayé la chronique francophone en 2006. En adaptant à la scène le documentaire-fiction de Jean-Xavier de Lestrade qui retrace le procès de Véronique Courjault – une femme apparemment banale qui avoue avoir tué trois de ses nourrissons – le metteur en scène franco-suisse nous livre, sans manichéisme, un spectacle bouleversant et dérangeant.

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Quand l’art se confronte au savoir

Après Médée/Fukushima, Fabrice Gorgerat et la Compagnie Jours tranquilles reviennent à L’Arsenic pour interroger notre rapport à la nourriture et au corps. Pour aborder ce questionnement, le metteur en scène s’entoure d’experts du monde académique afin de mêler point de vue artistique et apport scientifique. La scène est divisée en trois espaces. Côté jardin, une cuisine dans laquelle un homme mange seul, face au four à micro-ondes. Le regard vague, ses gestes sont lents, il semble se nourrir mécaniquement. Au centre une femme dresse la table. Puis, discrètement, sans prévenir, elle couche une tas

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Noble transmission pour un saisissant témoignage

Poignant témoignage d’un messager de la Résistance polonaise ayant découvert de ses yeux l’inconcevable horreur du ghetto de Varsovie, Jan Karski (Mon nom est une fiction) reconvoque les plus sordides épisodes de l’histoire du XXe siècle. Quand le théâtre devient commémoration. Au milieu de la scène se trouve un immense tableau carré, représentant un gros plan du visage de la statue de la

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Explosion de tableaux historiques

Collage multicouche réalisé à l’aide de fragments tantôt historiques tantôt fantaisistes, Vie de Gundling Frédéric de Prusse Sommeil rêve cri propose une vision distancée de l’Allemagne du XVIIIe au XXe siècle. Foisonnant spectacle, cette bombe théâtrale éblouit par la densité de son contenu. L’espace scénique, dans un dispositif bifrontal, forme une sorte de couloir ouvert sur les deux côtés. Des personnages de diverses époques le traversent au cours du spectacle. Rangés de part et d’autre de la scène dans des armoi

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Un feu d’artifice grinçant

Ne pas réduire les objets à leur usage. C’est sur ce réquisitoire contre la primauté de l’utilitaire que s’ouvre le dernier spectacle de l’auteur et metteur en scène argentin Rodrigo Garcia. Exit la platitude du quotidien. L’imagination et la poésie entrent en scène pour ajouter à des faits a priori banals une résonance poétique, voire philosophique. Dès 1989, année de la formation de sa compagnie (La Carnicería Teatro), Rodrigo Garcia s’est spécialisé dans une écriture qui puise sa force dans la vie de tous les jours. Une écriture de la rue et du quotidien, abordable, influencée par une enfance passée « dans cette banlieue populaire de Buenos Aires au milieu de copains destinés à devenir ouvriers ou maçons ». L’accessibilité du théâtre est donc au cœur du projet artistique

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Rodrigo García, un remède contre l’absurdité du quotidien

Dans une langue incroyablement percutante et dérangeante, la dernière création de Rodrigo García poursuit la réflexion du metteur en scène sur les inepties de notre société. Un spectacle poético-ironique dans lequel Leibniz côtoie des cafards et où les hommes dansent avec les chiens. Sur la scène, un capharnaüm d’objets et d’animaux. Plusieurs caisses de batterie sont disposées çà et là, révélant un nid de cafards dont la masse grouillante est projetée sur un grand écran, des monticules de salade et de tomates destinées à nourrir les insectes, une tortue qui évolue

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Un Marivaux au goût moderne

Dans La Seconde Surprise de l’amour, pièce de Marivaux en trois actes et en prose représentée pour la première fois en 1727, deux personnages trop orgueilleux peinent à s’avouer clairement leurs sentiments amoureux. Valentin Rossier travaille ici avec précision la question des limites, celles des discours et celles de la scène. La comédie de Marivaux parle d’amour, et des difficultés que l’amour peut rencontrer sur son chemin. D’un côté, il y a la Marquise, belle et jeune veuve qui pleure son mari trop vite perdu, de l’autre il y a le Chevalier

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Huis clos

Quel verdict pour cet adolescent accusé du meurtre de son père ? Faut-il lui laisser la vie ? Lui donner la mort ? Son sort tient entre les mains de douze hommes, douze jurés qui confrontent leurs certitudes et leurs doutes, dans une mise en scène d’une grande intensité. Un véritable suspense psychologique sur un thème humaniste et actuel… Le décor relève d’une esthétique contemporaine : une salle de délibération encadrée par trois parois composées de bandes plus ou moins étroites. Ces dernières dessinent de grandes lignes diagonales blanches, qui s’entremêlent, telle une imposante toile d’araignée. Ce lieu hypnotisant évoque l’étouffement, la chaleur, la proximité, l’intimité, la tension. Douze hommes vêtus de gris entrent, les uns après les autres, en annonçant leur numéro de juré. Ils s’intègrent dans la composition visuelle, évoquant la peinture américaine de la première moitié du XXe siècle : comme dans un Pollock, ces touches grises parsèment alors le fond abstrait, noir et blanc. Tous sont bien différents : âges, habillement, allures, comportements, manières, expressions. Ils entrent, se saluent, se familiarisent avec le li

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Un Charlie Chaplin d’aujourd’hui

Hallo, première pièce solo de l’artiste suisse Martin Zimmermann, est un dialogue muet, où le corps est le seul moyen d’expression – une vitrine où il se met en scène. Martin Zimmermann, habitué de la scène suisse, crée pour la première fois une pièce en solo. Si en Suisse et à l’étranger le duo Zimmermann & de Perrot est une institution dans le monde du théâtre contemporain, l’artiste seul est en passe de le devenir lui aussi. Hallo – à la fois « il y a quelqu’un ? » et « Salut » – est un spectacle dans lequel l’artiste et son corps

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Le cirque intimiste

Après une carrière de près de vingt ans faite de nombreuses collaborations (notamment avec le metteur en scène Dimitri de Perrot), Martin Zimmermann concocte pour la première fois un solo où le mime se mêle à la poésie, où un zeste d’acrobatie vient relever la scénographie. Avant son entrée au Centre National des Arts du Cirque en France, l’artiste suisse-allemand a suivi une formation de décorateur. En assistant à Hallo, on comprend à quel point ce parcours a influencé son rapport aux aspects matériels de la scène. Sous nos yeux se déroule une véritable danse avec le décor. Il n’y a pas d’histoire, au sens classique, à se mettre sous la dent. Presque pas de paroles, pas de personnage cohérent. Ce que l’on voit,

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Du Chili à la Suisse, il n’y a qu’une arche

Performance documentaire, Arcadia interroge les mélanges identitaires et culturels. Ingrédients et danses helvétiques s’exportent au Chili, d’où est rapportée une série de témoignages. Un moment convivial ! Quelques ballons rouges et blancs flottent au raz du sol, tables à tréteaux et bancs accueillent le public. La salle de théâtre a toute la simplicité et la chaleur d’une fête villageoise. Des tasses de thé et de café soluble sont servies aux spectateurs, une fois qu’ils sont assis, pour qu’ils se réchauffent et échangent entre eux. Ils font partie de la fête, de ce qui se passera sur le plateau.

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Le mal du pays méconnu

Après avoir effectué des entretiens auprès de descendants d’expatriés suisses du XIXe siècle au Chili, la compagnie trop cher to share en restitue sur scène les éléments principaux. En résulte un charmant patchwork de traditions culturelles suisses qui rend compte de la vision à demi fantasmée de ces Sud-américains aux lointaines racines helvétiques. Accueilli très chaleureusement par la troupe, le public prend place sur des bancs autour de tables en bois disposées sur deux rangées face à l’espace scénique. Un café ou un thé chaud est ensuite gentiment proposé. Au sein de ce dispositif particulier évoquant les fêtes populaires, les spectateurs sont choyés dès leur arrivée. Le croisement de deux cultures se fait instantanément ressentir. Les couleurs de la Suisse sont représ

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Trouver sa place

Avec King Kong Théorie, Virginie Despentes signait en 2006 un essai qui ouvrait les portes du néo-féminisme. Emilie Charriot y a vu une grande théâtralité. A l’Arsenic, elle propose une mise en scène en duo qui dévoile les profondeurs de ce texte. Nu, l’espace scénique ne s’habille que de lumière. Deux femmes prennent possession de la scène. Jamais, mis à part à la toute fin de la représentation, elles ne se retrouvent ensemble sous les projecteurs. Parfois, leur ombre, immense, prend possession des murs de la salle, donnant au lieu une tout autre dimension.

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Une commedia dell’arte contemporaine et déchaînée

Un mélange de personnages, d’histoires, de quiproquos, mais aussi d’époques. La comédie Les jumeaux vénitiens de Goldoni se transforme en une représentation pétillante, de registre contemporain, dans les mains de Mathias Simons. Sur scène une toile peinte, positionnée à environ un mètre de hauteur, coupe le plateau. C’est un tableau de style Canaletto représentant une ville. Derrière lui, des

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Noirs vaudevilles

Eric Salama fait le pari d’un diptyque composé d’un vaudeville d’Eugène Labiche (L’affaire de la Rue Lourcine) et de Si ce n’est toi, cynique pièce apocalyptique d’Edward Bond. Le thème de l’oubli servira d’efficace fil rouge à ces deux mises en scène, supposées s’éclairer mutuellement, mais si la mécanique comique de Labiche dynamise agréablement le splendide texte de Bond, la noirceur des personnages peine toutefois à se manifester.

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Tuer ceux qui se souviennent

Dans ce diptyque, deux genres théâtraux qui s’opposent sont mis en parallèle pour dévoiler les traits profonds qui les assemblent. Eric Salama s’attaque à un vaudeville d’Eugène Labiche, L’Affaire de la rue Lourcine, qu’il présente avec le spectacle qu’il a monté en 2012, Si ce n’est toi d’Edward Bond. La comédie est vue au filtre du drame et le drame au filtre de la comédie. Présentées l’une après l’autre, les deux pièces se font écho, faisant ressortir de façon ultime le manque d’empathie et la propension au meurtre des personnages, dans l’un comme dans l’autre cas.

Le vaudeville, représenté pour la première fois en 1857, présente l’histoire de deux bourgeois. Le lendemain d’une soirée bien arrosée, ils se réveillent sans aucun souvenir de ce qui s’est passé la veille. Ils apprennent qu’un meurtre a été commis et se rendent compte que tout les accuse. Ils décident alors de tuer sans scrupule tous ceux qui sont susceptibles de découvrir leur crime. Une pièce qui raconte, bien que de manière comique, une sombre histoire. La pièce d’Edward Bond a été écrite au début du XXIe siècle. Son intrigue se déroule en 2077. La société a effacé toute marque du passé, pris la décision d’oublier

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Pour ou contre la pauvreté : telle est la question ?

Comment se positionner et se comporter face à la misère et à la détresse d’autrui ? Entre humour et prise de conscience, Pourquoi êtes-vous pauvres ? tente de rendre le spectateur sensible au dilemme soulevé par cette question. Au risque de tomber dans un discours moralisateur. « Vous avez pris des cacahuètes ? C’est bien, partagez-les avec votre voisin », conseille Fred Mudry à l’un des spectateurs. Le ton est posé d’emblée : l’attention à autrui. Lorsque nous pénétrons dans la salle du théâtre, les deux comédiens sont présents. Ils s’occupent du bar, de la billetterie et mo

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La pauvreté, si on en parlait ?

Mixant les genres – du stand-up à la conférence, en passant par la lecture de textes de philosophie – et provoquant le rire aussi bien que la réflexion, le projet du Mumbay Quartet interroge nos rapports à la pauvreté. Tentative de sensibilisation plus qu’éveil des consciences à proprement parler, ce spectacle propose de prendre le temps de s’intéresser à la précarité. La soirée commence dans une atmosphère sans chichi. Au bar, un serveur s’affaire avec beaucoup d’enthousiasme à servir des bières. Avec bienveillance, il vient s’assurer à chaque table que tout le monde est à l’aise. C’est là que le spectacle s’amorce : le mur qui sépare symboliquement scène et

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Ebranler les convictions

Le spectacle que propose la Cie du Passage plonge le spectateur dans une bulle. La pluie tombe autour de l’école catholique du Bronx où se déploie l’intrigue. Lorsqu’elle se calme, les oiseaux poussent des cris si soutenus qu’ils en deviennent oppressants. Les rares rires des enfants sont gais mais stridents. Dans cette ambiance fermée se déroule un drame. Le Père Flynn, qui enseigne dans l’école, est soupçonné par la directrice, Sœur Aloysius, d’avoir fait des avances à l’un des élèves. Elle n’a aucune preuve tangible, mais refuse de douter de sa culpabilité.

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La vérité mise à l’épreuve

Rumeur ou fait, doute ou certitude, culpabilité ou innocence : c’est à une hésitation perpétuelle que pousse l’histoire de Doute de John Patrick Shanley, pièce saisissante que Robert Bouvier, directeur de la Compagnie du Passage, propose dans une mise en scène teintée de clair-obscur. Rien n’est tout blanc, ni tout noir, si bien que le doute se propage jusque dans le public.

Sur un fond sonore de ruissellement de pluie, un homme assis sur une chaise est en pleine réflexion. Seul sur le plateau et faiblement éclairé, il paraît s’adresser à l’unique projecteur pointé vers lui, côté cour. Il parle de l’incertitude et la solitude : personne ne sait qu’il a perdu son seul ami, co

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Amour toujours ?

Pour quelques jours, Séverine Chavrier fait pousser les germes d’un amour faulknérien au théâtre de Vidy : sombre et intense. Une fenêtre, découpée directement sur les arbres du parking en contre-bas. Ce sont des platanes, habillés de lumière émeraude pour l’occasion. Le plateau est ouvert sur l’extérieur, prolongement de l’espace scénique autant que du récit. Travaillant en création de plateau, Séverine Chavrier a toutefois tiré son suc des Palmiers sauvagesde l’écrivain américain William Faulkner. Dans ce texte, Harry Wilbourne et Charlotte Rittenmeyer quittent études, mari et enfants pour cultiver leur amour.

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Foucault aurait dû faire du théâtre

Perchée sur un bureau, une comédienne en équilibre sur ses bras récite un discours aux vapeurs foucaldiennes. Donner corps aux acrobaties intellectuelles du célèbre théoricien de la prison : le Collectif F71 se risque à cet exercice périlleux sans faux-pas. Avec ses accents pédagogiques, La Prison est typiquement le genre de spectacle qui aurait pu sombrer dans le piège du barbant. Seulement voilà, ici ce n’est pas le cas. Pousser à la réflexion sans apporter de réponses arrêtées, c’est le parti pris des cinq actrices (Sabrina Baldassarra, Stéphanie Farison, Emmanuelle Lafon, Sara Louis et Lucie Nicolas) qui ont éga

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Se délivrer des certitudes

Une prison, tout un chacun peut se la représenter. Mais quelle doit être sa fonction première : protéger la société, enfermer les détenus, les réhabiliter ? Dans La Prison, le collectif F71 présente le milieu carcéral, en se basant sur la pensée de Michel Foucault, comme une institution moins évidente qu’il n’y paraît. Constitué des comédiennes et metteurs en scène Sabrina Baldassarra, Stéphani

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Utopie microcosmique

Spectacle microscopique pour expérience grandiose, Mi gran obra est un projet inédit qui invite un public restreint à se pencher sur un merveilleux théâtre miniature. A la fois ludique et poétique, cette expérience est unique. C’est en personne que le créateur de la pièce, David Espinosa, accueille le public. Il place lui-même les spectateurs selon leur taille et surtout selon leur degré de myopie afin d’optimiser la visibilité de tous. Nous voici dans un théâtre à petite échelle. La scène est réduite à une table et les acteurs sont de minuscules figurines, les mêmes qu’utilisent les architectes pour peupler leurs maquettes. Cette scénographie particulière

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Faire vivre le texte, à plusieurs

L’entrecroisement et le chevauchement des voix caractérise cette collaboration entre le metteur en scène valaisan Mathieu Bertholet et sa compagnie MuFuThe. Cette adaptation du roman de Ramuz frappe par sa riche et complexe choralité. La lenteur de la parole retranscrit le style de Ramuz, au risque de certaines longueurs. Les comédiens entrent silencieusement un par un sur la scène. Des spectateurs sont encore en train de chercher leur place et parlent entre eux dans la salle éclairée. Abruptement, un des comédiens annonce : « Derborence » ! Le public se tait. Alors seulement la salle commence à s’obscurcir. «Un», s’exclame ensuite un autre comédien, signalant le pr

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Échos de mots, échos de corps

Échos qui résonnent, qui butent contre les parois rocheuses des Alpes, qui se répondent. Voix et corps s’assemblent, se dissocient, se multiplient, s’isolent. L’infinie puissance de la nature est évoquée par les mots de Ramuz et le travail scénique de la Compagnie MuFuThe dans cette mise en corps du roman Derborence… Scindés horizontalement en deux, trois pans de murs blancs encadrant la scène se replient de manière convexe au-dessus des comédiens. Ce décor escarpé et instable est mobile : les panneaux se redresseront dans la seconde partie du spectacle. Un ban

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Des palmiers sauvages, puis un peu moins

Une polyphonie visuelle et sonore, c’est le choix que fait Séverine Chavrier pour parler d’un amour prison. Pari réussi quand cette multiplicité tranche avec l’amour indivisible et puissant des deux protagonistes. Mais paradoxalement, c’est lorsque leurs sentiments se fragmentent que cette mise en scène perd de sa force. Quatre matelas sur le sol, allongement de deux corps presque nus. Les ressorts d’un sommier métallique sont les barreaux qui séparent cette vision du public. Car dans cette adaptation de l’œuvre de Faulkner, amou

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Descente aux enfers

« L’amour et la souffrance sont la même chose » affirme Harry, protagoniste du roman de William Faulkner, Les Palmiers sauvages. La formule est reprise dans l’adaptation qu’en propose Séverine Chavrier au Théâtre de Vidy. Dans ce spectacle, qui reflète à merveille l’empreinte faulknérienne, les relations entre les personnages, mais également la relation à soi, sont explorées, décortiquées, analysées. L’amour absolu et passionnel est interrogé, par les mots de Faulkner et par la mise en scène de Séverine Chavrier, où les cinq sens sont mis en exergue…« Je n’aurais pas dû la connaître. » La pièce commence dans la nuit. Eclairés de brefs instants par des flashs, les deux seuls personnages de la pièce, Charlotte Rittenmeyer et Harry Wilbourne, changent de place et de postur

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Dire par l’émotion : quand les mots ne parlent pas

A travers la lente « descente aux enfers » d’un couple dépeinte dans Les Palmiers sauvages , inspiré d’un roman de William Faulkner, Séverine Chavrier réussit à substituer le langage sensoriel au langage verbal – au risque de rendre l’histoire quelque peu incompréhensible pour ceux qui la chercheraient. L’obscurité règne et des bruits de basse font vibrer la salle. Une voix chuchote dans un micro. Des flashs de lumière dévoilent par à-coups l’intimité d’un couple. L’importance des sens est mise en exergue dès les premières

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Drôle d’illusion

L’Illusion comique , « étrange monstre » cornélien, est empreinte d’une grande liberté et d’une certaine folie, qui sont très bien exploitées dans cette mise en scène pétillante, mêlant le style classique à la modernité, l’alexandrin aux onomatopées, les personnages de Corneille à ceux de bandes dessinées… Projections, musique et bruitages, vitres sans tain et drapés nous font entrer dans l’illusion de la manière la plus plaisante qui soit.

Le vent souffle. La neige tombe tout autour des spectateurs. Derrière eux, les comédiens entrent en scène. Pridamant (Laurent Sandoz) est à la recherche de son fils Clindor (Simon Romang), qu’il n’a pas revu depuis dix ans. Son ami Dorante (Marc Zuchello) l’accompagne dans cette expédition. Un chemin montagneux les mène à la grotte du magicien Alcandre (Edmond Vuillioud), doté de multiples pouvoirs, dont celui qui permet de faire défiler la vie de Clindor sous les yeux de son père. Il s’agit d’une mise en abyme théâtrale : Pridamant et Alcandre sont spectateurs de ce qui se joue dans la vie de Clindor mais aussi sur la scène…

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Le drame de l’excessivité

Les Palmiers sauvages de Séverine Chavrier est une expérience d’expressivité théâtrale qui mélange à la fois la performance, le texte, la musique et la vidéo. Séverine Chavrier, à partir d’un roman de l’américain William Faulkner, met en scène un drame où les extrêmes et le too much sont les vrais protagonistes. Dès les premières scènes on s’aperçoit que Les Palmiers sauvages n’est pas une adaptation classique et fidèle du texte de Faulkner. Bien sûr, il y a Harry et Charlotte : lui, trente-trois ans, un travail comme interne dans un hôpital et aucune idée de ce qu’est l’Amour. Elle, jeune femme, mère et épouse, qui a peut-être connu trop tôt l’amour et le sexe. Ils se rencontrent, ils s’aiment, d’un amour fou, sauvage. Ils quittent tout et tous. Ils partent vers d’autres lieux, des lieux où personne

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Les éclairs de la passion

Les Palmiers sauvages racontent une passion destructrice, de l’idylle naissante à la complète déchéance. Particulièrement dense, saturée de vidéos et autres effets sonores, cette adaptation d’un roman de Faulkner s’inscrit dans une étouffante, assourdissante et aveuglante logique de l’excès. La lumière s’allume et donne à voir une scène particulièrement encombrée. Des chaises empilées ici, des boîtes de conserves et des caisses entreposées là, des couchettes alignées les unes à côté des autres, ainsi que de multiples lampes inondent l’espace, créant ainsi un étouffant fouillis. Ce décor surchargé aux allures de brocante se muera, comme dans le roman, en plusieurs lieux difficilement identifiables et accueillera les tourments d’un couple, celui de Charlotte Rittenmeyer et Harry Wilbourne.

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« Combien de fois on a fait l’amour, en tout ? »

Un couple expérimente la passion amoureuse : dans cette adaptation d’une nouvelle de l’Américain William Faulkner, publiée en 1938, la Française Séverine Chavrier fait le choix d’une mise en scène contemporaine. Sa puissante composition d’images prend toutefois le risque d’emprisonner le texte. Corps nus, matelas envahissant le plateau comme pour former un monochrome sur lequel s’aimer, cris, sauts, refus de routine : la flamme est là. Charlotte (la Belge Deborah Rouach, fraîche et spontanée) a quitté enfants et mari pour Harry (Laurent

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La joyeuse insurrection méditerranéenne

Farce engagée mêlant fantaisie et propos politiques d’une grande actualité, On ne paie pas, on ne paie pas ! évoque avec vivacité et allégresse la crise économique et ses conséquences sur la classe ouvrière dans l’Italie de la fin des années 1970. Sur une scène à demi plongée dans l’obscurité, deux femmes portent de nombreux sacs remplis de courses, suivies de peu par deux hommes vêtus de noir, cagoulés et

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Ils sont parmi nous

Qui sont ces individus qui arpentent l’espace scénique ? Qu’est-ce qui les relie entre eux ? Sont-ils vivants ou morts ? Les bribes de phrases qu’ils profèrent ont-elles un sens ? Ces questionnements surgissent chez le spectateur pendant et après la représentation d’Un jour, le dernier projet de Massimo Furlan et de sa dramaturge, Claire de Ribaupierre. Chez Massimo Furlan, le visuel est central. D’abord formé en arts plastiques, il passe ensuite par la scénographie avant d’entrer dans le monde de la performance. C’est en 2002 qu’il marque le public en rejouant, seul et sans ballon, la finale de la Coupe du monde 82, qui a vu s’affronter l’Italie et l’Allemagne. Quant à Claire de Ribaupierre, docteure ès lettres et chercheuse dans les domaines de l’anthropologie, de l’image

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Un onirique bal des fantômes

Un Jour explore, dans une atmosphère onirique, les frontières entre les morts et les vivants. Laissant peu de place à la parole mais multipliant les tableaux en mouvement, le spectacle présente un enivrant et ascensionnel bal des fantômes. Parterre en bois surélevé à l’arrière-scène, chaises suspendues, tout paraît en lévitation. Un sentiment de légèreté émerge. Au sein de ce décor, après quelques paroles échangées par deux comédiens sur le sujet de la mort, un élégant ballet de spectres hypnotise les spectateurs. Caractérisé par une dynamique ascendante, l’ensemble des mouvements ne cesse d’effectuer des allers et retours entre le bas et le haut, entre la terre et le ciel. Six personnages se trouvent ainsi comme piégés dans une sorte de purgatoire. Ils vomissent, se convulsent, se raccrochent à la vie en promenant leur cœur comme s’il s’agissait d’un chien au bout d’une laisse ou alors se laissent partir, le tout autour d’une éblouissante chamane en pleine incantation et sur une musique dont le rythme palpitant semble reproduire les battements du cœur, apportant de ce fait un ultime souffle de vie à ces êtres en perdition.

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Les filles du Roi Lear à la sauce XXIe siècle

Marielle Pinsard propose une réinterprétation très libre du grand classique de Shakespeare où l’œuvre élisabéthaine rencontre la culture du XXIe siècle. La pièce mélange mythologie, faits divers, humour, drame et pop culture avec une étonnante subtilité. L’auteur développe le point de vue des trois filles du Roi qui se retrouvent en compétition pour le trône, dans une relation avec leur père de plus en plus ambiguë.

Après s’être inspirée de l’Andromaque de Racine pour sa pièce Pyrrhus Hilton en 2005, l’auteur et metteur en scène Marielle Pinsard reprend à sa manière la thématique d’un autre classique du théâtre, Le Roi Lear. Alors que la tragédie de Shakespeare est plutôt centrée sur le personnage du Roi, la réinterprétation de Pinsard s’intéresse à ses trois filles. La situation de départ est la même : le Roi Lear décide d’abdiquer et de laisser son trône à l’une de celles-ci. Il organise alors une compétition pour déterminer qui saura exprimer au mieux son amour pour son « father king ». Pourtant, l’histoire se complique rapidement, car le roi reste très vague sur les termes exacts de la compétition et sur la récompense qui attend vraiment la gagnante. Que cherche-t-il réellement à faire ? Assurer un bon successeur à la tête de son royaume ou ses motivations seraient-elles de natures plus perverses ?

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Concerto éclair pour un épouvantail éprouvé

Programme musical pour voix, violon et piano mêlé à un texte de Tchekhov, Les Méfaits du tabac offre un bref mais ravissant moment grâce à l’attendrissante interprétation du grand Michel Robin et aux belles performances de deux talentueuses musiciennes et d’une soprano…

Quatre métronomes battent chacun leur mesure à proximité d’un support de partitions. Seuls ces pupitres sont éclairés. Dans la pénombre s’entassent des étuis, de violons pour les plus petits, voire même de harpe pour le plus grand, tandis qu’au centre se dresse un imposant piano à queue. Une bouteille d’eau entamée ici et diverses piles de papier oubliées là laissent à penser qu’il s’agit plus d’une salle de répétition qu’un plateau ou autre fosse d’orchestre.

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La valse aux amours anciennes

Six personnages nerveux, debout et raidis, dans le vide du décor. La pièce s’ouvre sur un malaise latent, persistant, que les premières paroles de bienvenue ne font rien pour dissiper. La journée est belle, oui, la maison aussi, l’air de la campagne devrait faire du bien aux convives venus de la ville. Mais ça fait longtemps, depuis qu’on s’est vus la dernière fois, et on ne sait pas par où commencer, ce qu’il faut dire vraiment, on est à fleur de peau, la route a été longue, fatigante, on s’agace vite, les reproches se mettent à fuser…

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Le venin d’un amour passé

Réunis autour d’un projet de vente immobilière, Hélène, Paul et Pierre, trois anciens amants, se retrouvent. Après s’être aimés fougueusement et sans doute déchirés tout aussi passionnément, ils se revoient dans un climat doux-amer alliant nostalgie et rancœur, attraction et répulsion. Ou quand se séparer d’une propriété semble bien plus facile que d’abandonner définitivement ses amours de jeunesse…

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Macbeth, argile entre les mains du metteur en scène

Donner à voir la fameuse tragédie de Shakespeare à travers les retours et commentaires d’un metteur en scène hystérique : voici ce que le duo Dan Jemmett et David Ayala proposait au public du Théâtre du Jorat vendredi dernier avec son adaptation comique de Macbeth. Rebaptisée Macbeth (the notes), cette version de la « pièce écossaise » offre une perspective originale et invite les spectateurs à découvrir les coulisses du monde théâtral. Rires et frissons au rendez-vous.

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“Impossible” n’est pas théâtral

Après la virevoltante Comédie des erreurs, le metteur en scène Dan Jemmett et le comédien David Ayala reviennent au Théâtre du Jorat avec un nouveau spectacle. Macbeth (the notes) revisite le chef d’œuvre de Shakespeare, à travers les commentaires d’un metteur en scène. Entre comédie et tragédie, le spectacle révèle les méandres de la création d’une représentation théâtrale. Seules une chaise et une table occupent le grand plateau de la « Grange Sublime ». Un immense rideau cache le fond de la scène. Il ne révélera son secret qu’à la toute fin du spectacle. C’est dans ce décor extrêmement sobre que David Ayala endosse avec brio le rôle d’un metteur en scène. Après avoir assisté à la répétition générale de son

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One Man Show

Entre “stand up comedy” et pièce de théâtre, Macbeth (the notes), conçu par Dan Jemmett et joué par David Ayala, jette un regard acéré sur la célèbre pièce de Shakespeare et sur notre conception du théâtre. A l’ouverture, sur la scène généreusement éclairée, il n’y a qu’une chaise et, dans un coin, une table. L’unique personnage de la pièce apparaît : il s’agit du metteur en scène d’un

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Les paradis artificiels

Un couple de prolétaires rock and roll qui s’adresse à un prêtre militant fanatique et corrompu pour sauver son âme ; un autre couple, plus aisé, qui pratique une spiritualité new age, mais vit de matérialisme et d’apparences. Nobody dies in dreamland montre l’égarement des hommes entre réalité et croyances. Dans une société scientifique comme la nôtre, basée sur la raison, il y a encore des choses que nous ne comprenons pas et qu’on ne peut pas contrôler. Souvent, face à son existence, l’homme se retrouve perdu sans savoir même les raisons de ce sentiment, comme les protagonistes de cette pièce.

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Vérité douteuse. Masque d’apparence. Rien n’échappe au destin.

Nobody dies in Dreamland est une tragédie shakespearienne contemporaine sur fond de néons froids, de musique techno et de personnages compliqués et comiques à la fois. Il y a deux histoires d’amour et deux drames. Une sorte de double Roméo et Juliette du XXIe siècle. D’un côté Luca et Myriam, pauvres, en quête constante de travail et d’argent. De l’autre, Raphaël et sa femme, un couple heureux, du moins en apparence, et aisé. Deux couples aux antipodes l’un de l’autre réunis par un destin cruel qui fait tout pour les séparer.

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Le néant à la lueur des néons

Quelque part entre la réalité et l’illusion, la dernière création d’Attilio Sandro Palese, Nobody Dies in Dreamland, invite le spectateur à suivre le parcours chaotique de deux couples à la recherche d’un paradis perdu, qu’ils ne trouveront pas. Un sujet grave traité avec humour et décalage, menant à un spectacle qui heurte par sa violence et réjouit par sa fantaisie. « Viré » : le mot est écrit à la main, en lettres majuscules, sur une feuille de papier que Luca tient entre ses doigts. L’homme affiche sa nouvelle étiquette au public pendant quelques secondes puis la réduit en boule de papier et la jette à terre. Au même moment, à l’avant-scène, un personnage excentrique enclenche une petite radio portable pour diffuser une musique électronique rythmée ? Hey boy, hey girl des Chemical Brothers ? qui retentira à plusieurs reprises durant le spectacle. Un autre homme entre en scène, depuis le public. Il s’agit de Raphaël, en cravate et chaussures de ville. Il raconte ses vacances en Thaïlande dans un monologue effréné et s’applique à dire à quel point son séjour a été sublime. On découvre alors successivement l’histoire de Luca et Myriam, puis de Raphaël et Barbara, deux couples, deux échantillons de réalités sociales opposées dont les chemins se rejoignent en un point : une profonde solitude.

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Save the planet, kill yourself !

Lors d’une convention écologique en Norvège, deux couples font connaissance dans l’intimité d’un sauna. Cette rencontre va alors faire ressortir chez eux des ambitions en contradiction avec leur idéal écologique. La première création d’Adrien Barazzone est un mélange parfois complexe entre théâtre et cinéma, entre musique et silence, mais aussi entre comédie et drame. Le décor est sobre : une charpente en bois délimitant trois espaces, une table et quelques tonneaux. Une odeur d’eucalyptus flotte dans l’air. Six personnes se tiennent sur scène dès l’entrée du public dans la salle.

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Réarrangement floral

Surprenante relecture pastorale des Fleurs du mal de Baudelaire, ce spectacle musical atténue la virulence des célébrissimes poèmes sans pour autant en altérer la beauté. Un tapis d’herbe verdoyante, sur lequel sont disposés une chaise longue et un arbre sans feuilles, recouvre la scène. Lumineux cadre champêtre, le décor s’oppose aux obscurs faubourgs parisiens baudelairiens. Et pourtant, c’est bien dans cette ambiance légère et bucolique que des célèbres vers issus des

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Un RockaLola déchaîné

Oseriez-vous raconter une histoire sur un fond de rockabilly effréné ? Ou faire le portrait d’une famille déjantée nommée Folding? Lorsqu’on s’appelle le groupe Brico Jardin, on ose ! Une création ébouriffante à découvrir au Petit Théâtre de Lausanne! « Tu ne toucheras pas à cet album photo ! » Suite à la défense prononcée par sa grand-mère, rien ne devient plus tentant pour la petite Lola Folding, excitée par le goût de l’interdit, que de saisir les bords de l’album, de l’ouvrir et de tourner les pages. Le passé resurgit au fil des « lolaroïdes » – sortes de photos en mouvement. Lola découvre alors que son grand-père n’a pas toujours été vieux et puant, elle assiste à la rencontre de ses parents, jeunes et fringants et frémit devant les inventions de son père d’il y a vingt-cinq ans. Mais sur cet album photo repose une terrible menace : celle de la poussière qui recouvre tout, de l’oubli qui efface peu à peu le passé. C’est un voyage à travers la mémoire et l’héritage qu’accomplit la petite fille, un voyage rythmé par des claquements de doigts !

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Le Loup invite les éléphants

L’humour british s’installe pour quelque temps au Théâtre du Loup à Genève. Dans sa mise en scène de la pièce Recherche éléphants, souplesse exigée, Eric Jeanmonod emmène le public dans un monde merveilleux. Une aventure chorégraphiée et un humour qui touche petits et grands. Un arbre à table, un arbre à chaise, un arbre à restaurant, qu’il faut couper, scier, faire sécher. Puis tout recommencer, encore et encore. C’est le prix qu’est prêt à payer Charlie, un vieil homme qui, pour faire plaisir à sa femme, accepte de construire une table, puis deux, puis enfin dix-neuf.

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Ramdam autour du libre arbitre

Spectacle bruyant et agité, C’est une affaire entre le ciel et moi propose une énergique relecture du Dom Juan de Molière sous un angle particulier qui interroge la possibilité d’une liberté absolue par rapport aux normes sociales. Débarrassée des vers originaux, la pièce n’a gardé que les personnages pour les transposer à la fin des années 1960 dans un contexte en pleine ébullition intellectuelle. Après une délicieuse nuit d’amour, Elvire, toute guillerette, se confie à sa suivante. Sa robe fleurie fait écho au jardin verdoyant et compartimenté dans lequel elle se trouve. Mais rapidement, non pa

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De chair et de souvenirs

La Cie Héros Fourbus propose une incursion dans le monde aseptisé de la salle d’autopsie et dans les mystères de l’être humain. Modus Operandi souligne la dure réalité de la mort en pointant la nostalgie du passé. Un spectacle poétique et émouvant, joué en ce moment au Petithéâtre à Sion. Dans un rectangle blanc délimité par des bâches en plastique qui floutent le monde environnant, une vingtaine de spectateurs tentent de choisir la place idéale. Que va-t-il arriver, quand et de quel côté ? Rien ne l’indique. Seule gît, au milieu de la pièce, une marionnette sur un lit d’hôpital. Son torse se soulève imperceptiblement au rythme de sa respiration.

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Poésie d’outre-tombe

Un médecin légiste loufoque et charmeur assisté par une énergique infirmière procèdent à une autopsie en direct. Effusion sanguine modérée, organes prélevés en quantité limitée, l’examen ne s’avère pas aussi répugnant qu’imaginé ni aussi scientifique que normalement. Peu à peu, ce n’est plus la chair qui est extraite pour être inspectée mais différents fragments de vie. La poésie prend ainsi le dessus sur le macabre pour mettre à nu toute une existence.

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Toujours plus loin

Pourquoi rejouer un canon de la littérature ? La réponse est simple : pour aller plus loin. Tel est l’objectif de Christian Geffroy Schlittler avec son adaptation du Dom Juan de Molière. Quand le spectateur entre dans la salle, deux actrices sont déjà sur scène. Elles se trouvent au milieu d’un jardin constitué de murets, de portails, de plantes luxuriantes, de jolies petites barrières en bois et de meubles d’extérieur. Tous ces éléments suggèrent l’aisance financière du propriétaire. Un observateur zélé remarquera toutefois que le pot de fleurs au premier plan est ébréché, que la peinture des portails s’écaille, que les clôtures sont cassées à plusieurs endroits et que les chaises de jardin sont dépareillées.

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Le plaisir de l’appréhension

Et vous, quand vous allez voir un roman policier au théâtre, vous vous attendez à quoi ? Du suspens ? De la tension ? Une enquête pleine de rebondissements ? L’adaptation de Robert Sandoz marie les ingrédients de la recette d’Agatha Christie avec justesse, à sa sauce, et plonge le spectateur dans une angoisse délectable. Elle propose un thriller glaçant où l’on se méfie de tout et de tous. C’est meilleur qu’au cinéma. Je n’ai jamais lu les Dix Petits Nègres et je découvre donc toute l’intrigue sur scène : suite à une mystérieuse invitation, dix anglais pensent passer de petites vacances sur une île. Ils se retrouvent alors coincés dans une maison isolée et sont peu à peu assassinés un par un. Qui est le coupable ? Je n’en perds pas une goutte et le public autour de moi semble tout aussi absorbé.

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Peur sur les planches

Il n’en restera plus aucun. Sur un écran, implacablement, un texte défile et annonce le tragique destin des « dix petits pêcheurs ». En fond sonore, une boîte à musique joue la comptine du célèbre roman d’Agatha Christie, ici nouvellement ré-adapté : Les Dix Petits Nègres. Cette obsédante mélodie, annonciatrice des mystérieux meurtres, rythmera la pièce jusqu’à vous glacer le sang. Tous sont coupables, et ils vont payer. Lumière tamisée, machine à fumée, inquiétante ambiance sonore, projections fantomatiques : le suspens est digne des grands films noirs. Toutefois, si Robert Sandoz emprunte certains codes au cinéma, il ne s’y complaît pas. Sa langue est celle du théâtre et elle restructure à sa manière le fil des événements. Après un vaudeville (Monsieur chasse ! qui travaillait également, mais par le rire, le thème de la culpabilité) et une poétique adaptation de la bande-dessinée Combat Ordinaire, le génial metteur en scène neuchâtelois s’attaque avec audace au théâtre policier. Si le genre est trop souvent boudé par le théâtre francophone, cette création a la générosité de le prendre au sérieux.

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Quand la commedia dell’arte et la science se rencontrent

Galilée, le mécano est une comédie fascinante, un monologue vif. Deux heures de spectacle qui passent en une seconde. Marco Paolini nous raconte, à sa manière, l’histoire de Galileo Galilei, le fameux scientifique italien du XVIIe siècle, mais il évoque aussi l’histoire du théâtre, de son théâtre, en Italie. Dans les mains de cet incroyable acteur-auteur-metteur en scène, la vie de Galilée devient l’objet d’une représentation drôle et satirique.

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Il était une fois un petit lieutenant mandingue…

Faire se rencontrer genres et cultures est toujours une tâche difficile et complexe. Hassane Kassi Kouyaté n’a pourtant pas hésité à relever ce défi. A travers Kouta, une adaptation de la célèbre trilogie de Massa Makan Diabaté (1979-1982), c’est l’histoire d’un lieutenant malien qu’il conte au public suisse. Ayant longuement servi dans l’armée coloniale, Siriman Keita revient tout auréolé de gloire en son pays natal. Son prestige est toutefois de courte durée. Un comportement autoritaire, des déboires politiques et des déceptions amoureuses ont raison de ses admirateurs et le mènent tout droit en prison. De retour dans la société civile, Siriman semble avoir fait table rase du passé et finit paisiblement son existence en « exemple de douceur et de bienveillance ».

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L’Afrique noire à la veille des indépendances

Après l’excellent The Island (janvier 2013), un spectacle mettant en scène deux détenus incarcérés dans la tristement célèbre prison de Robben Island durant le régime de l’apartheid, le metteur en scène et conteur burkinabé Hassane Kassi Kouyaté revient avec une nouvelle création au Théâtre de Vidy. En collaboration avec René Zahnd, ancien co-directeur de Vidy, il adapte à la scène une trilogie romanesque aux personnages truculents et aux situations cocasses. La trilogie romanesque de l’auteur malien Massa Makan Diabaté se déroule dans le village de Kouta et relate la vie de ses différents habitants. Pour créer ce spectacle, René Zahnd et Hassane Kassi Kouyaté ont choisi de se concentrer sur les aventures du lieutenant Siriman Keita contenues dans le premier tome de la trilogie. Ce personnage extravagant revient dans son village natal, après avoir combattu pour les Français lors de la Deuxième Guerre Mondiale. L’histoire se situe à la veille des indépendances africaines et présente, en toile de fond, les luttes intestines qui opposent les indépendantistes aux défenseurs du régime colonial. Ce texte a été publié en 1979, soit un peu moins d’une vingtaine d’années après l’indépendance de la plupart des pays africains.

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Les maîtres fous

Sur un texte adapté du roman Le lieutenant de Kouta de Massa Makan Diabaté, six comédiens redonnent vie à la tradition orale des griots. Épisodes contés, scènes entrecoupées de proverbes : sur fond de colonialisme, la narration se diffracte. « Toute personne qui voudrait raconter cette histoire devrait me payer 20 francs ! » s’amuse le lieutenant Siriman Keita. « Les histoires n’appartiennent à personne » réplique la sensuelle Awa, sa future épouse. « Hier tu nous as raconté une histoire différente ! » lui reproche encore un ami, alors qu’il narre ses exploits au sein de l’armée coloniale.

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Quand la danse envahit le quotidien

Living-room dancers est un spectacle étonnant et inédit. Conçu comme un parcours dans la ville de Sierre, il est une ode à toutes les formes de danse. Dans ce dispositif chorégraphique inattendu, le spectateur bénéficie du privilège de façonner son propre regard sur le spectacle. Derrière cet étonnant projet se trouve une femme : Nicole Seiler. La chorégraphe se forme à la danse et au théâtre dans plusieurs écoles prestigieuses comme la Scuola Teatro Dimitri, Rudra Béjart et la Vlaamse Dansacademie à Bruges. En tant qu’interprète, elle a travaillé sur de nombreuses créations du Teatro Malandro, de la Cie Philippe Saire ou encore avec Massimo Furlan. Ces nombreuses collaborations l’ont menée à créer sa propre compagnie en 2002. Le travail artistique de Nicole Seiler est très fortement influencé par l’image et la vidéo, ce qui a donné lieu à de nombreux spectacles de danse multimédia mais également à des vidéos et des installations chorégraphiques.

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Intrusion permise

La chorégraphe Nicole Seiler propose une incursion dans la ville de Sierre et dans l’intimité de ses habitants. Dans Living-room dancers, le spectateur, devenu voyeur, s’engage dans une chasse au trésor sur le thème de la danse. D’appartement en appartement, il scrute, depuis l’extérieur, des danseurs amateurs. C’est à la recherche de néons ronges que se lancent les spectateurs du Théâtre Les Halles. Dans une lumière de fin de soirée, ils partent à la recherche de sept appartements investis par des danseurs amateurs et passionnés : de la danse orientale à la country, tout en passant par le hip-hop, les protagonistes du projet offrent un petit bout de leur passion et de leur intimité.

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L’érotisme sans détour

Aurélien Patouillard et sa Compagnie Zooscope convient sur scène l’érotisme, sujet d’ordinaire soigneusement conservé à l’ombre de la sphère privée, dans un spectacle décalé et surprenant. Dérangeant et plaisant tout à la fois, On a promis de ne pas vous toucher offre au public une véritable expérience théâtrale. Cette critique ne vous révèlera rien. On a promis de ne pas vous toucher

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L’érotisme en Bataille

Troublante exploration collective des potentialités de la notion d’érotisme, On a promis de ne pas vous toucher parvient à traiter sans vulgarité ni lubricité de volupté et de sensualité. L’expérience commence dans une antichambre aux lumières tamisées. Des chaises et des tables munies de photophores ornent ce petit espace. Le décor rappelle celui des cabarets. Aurélien Patouillard, le metteur en scène, vêtu tout en noir, dont la chemise se ferme par un col de prêtre, invite les spectateurs à se confesser – autrement dit, à inscrire sur un bout de papier des objets ou des choses qui leur semblent, a priori, érotiques. Dans cette ambiance intimiste, il invite également son public à se détendre en buvant un verre de vin ou en dégustant un morceau de chocolat. Une fois cette originale eucharistie achevée, le public peut se rendre sur le plateau.

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Contes de l’érotisme ordinaire

En réaction au titre provocateur de la dernière création d’Aurélien Patouillard, On a promis de ne pas vous toucher, la tentation est grande d’en douter, de se prêter pourtant au jeu et de risquer de se sentir touché. Avis aux spectateurs téméraires : à essayer ! Qu’est-ce que l’érotisme ? Il demeure peut-être dans son propre mystère. Magique et fragile, il ne résiste pas longtemps aux coups que lui porte l’intelligence pour le comprendre. Dès lors, comment poser la question de l’érotisme sans qu’il ne s’étiole? Il est peut-être judicieux de le faire au théâtre, expérience qui mêle la présence des comédiens, des autres, de soi. Le succès du désir, comme celui d’une pièce, repose sur quelque chose de très simple et pourtant d’éphémère. Dans On a promis de ne pas vous toucher, dont la première a eu lieu mercredi au Théâtre Les Halles à Sierre, le metteur en scène Aurélien Patouillard suggère avec pudeur, humour et élégance les contours de la sensualité.

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Connaissez-vous l’histoire de Petite Sœur ?

La compagnie Pasquier-Rossier nous fait découvrir au Petit Théâtre de Lausanne les aventures d’une très jeune princesse qui doit se battre pour réunir sa famille et conquérir l’amour de ses frères qui n’ont qu’un seul défaut : ils n’aiment pas les filles. Devant nos yeux, comédiens et marionnettes se partagent la scène pour réinterpréter le conte du français Pierre Gripari dans une mise en scène poétique et féerique de Geneviève Pasquier.

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Le bonheur mis à la question

Le bonheur, c’est quoi? Un gène ? Un ventre plat, des vacances à la plage, des solutions miracles comme en proposent les magazines bien-être ? Peut-on le trouver grâce aux théories philosophiques d’Aristote, Locke ou Bentham ? Ou encore à travers Jésus ou dans le travail? Dans une société ou l’injonction à être heureux est omniprésente, la cie Voix Publique fait voler en éclat les stéréotypes et lieux communs qui entourent cette notion, dans un tourbillon chaotique d’énergie et de rire. Un vrai moment de bonheur (sic!) à apprécier jusqu’au 11 mai au Centre Pluriculturel d’Ouchy.

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Stupeur et affolements

Dans l’espace étriqué et irréel de l’appartement de Madame Victoire se prépare une scène maintes fois rejouée : un dîner de famille fêtant le retour du fils. Pierre, parti faire ses études de droit, était attendu par sa mère et par son amante enceinte, il y a longtemps de cela. Pierre n’est jamais revenu. Un tragique et si banal accident de train. Glissé sur une plaque de glace. Depuis toutes ces années, les deux femmes et leur domestique Robert réinterprètent avidement ces retrouvailles qui n’eurent jamais lieu. Et pourtant, depuis toutes ces années, il ne s’est encore jamais passé ce qui se passera aujourd’hui. Une fine averse de neige s’émiette au fond de la scène. Elle a déjà délimité un espace, au sol. Un grand cercle noir sur les bords duquel elle s’est amassée, rivage blanc à la ligne parfaite. Au centre, Victoire. Madame Victoire. Elle regarde droit devant elle, assise sur son tabouret minuscule, parle d’une femme et de sa bibliothèque, et de la poussière, qui est tombée dessus. Elle porte une robe bleue naïve, bleu ciel comme on en voit pendre aux épaules des princesses ou des poupées. Robert, le domestique en gilet jaune et chemise blanche, s’approche muni d’une grande règle au bout d’un manche, d’un long pinceau, d’un récipient à peinture, et tire des traits par terre. Patiemment, méticuleusement, autour de Madame Victoire immobile, qui liste tout aussi minutieusement ses ouvrages enfouis dans l’oubli. Robert délimite. Dessine le plan de l’appartement, absurdement petit. Comme si l’espace imaginaire qu’il démarque ainsi devait être, spatialement du moins, restreint, étriqué, strict, net. Toute la pièce sera question de limites. De celles qu’on peut franchir, outrepasser, effacer même, et de celles qu’on ne peut pas.

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Un jeu pour se souvenir

Fragile, troublante, la situation dans laquelle nous plonge cette pièce pleine de poésie est aussi pleine de douceur et de compassion. Il s’agit d’un jeu auquel chaque personnage accepte de jouer pour aider les autres à porter le poids d’un souvenir. Une fiction qui les délivre de la réalité, comme s’ils jouaient tous une pièce de théâtre. Une femme, dont le fils est mort dans un accident alors qu’il rentrait auprès d’elle, a convenu de prétendre un jour par an que l’accident n’a jamais eu lieu. Elle accueille donc le temps d’un repas, dans un plan d’appartement qui représente celui qu’elle habitait, un inconnu. Pour marquer la distance entre la réalité et le jeu auquel elle se prête, elle demande que chacun parle de soi-même à la troisième personne.

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Welcome to Shanghai

Made in China est une fable qui présente l’une des facettes de la mondialisation. Dans une entreprise rachetée par les Chinois, une directrice des ressources humaines est engagée pour choisir, parmi trois cadres, lequel s’envolera pour Shanghai. Entre manipulation, abus de pouvoir et harcèlement, le texte de Thierry Debroux dépeint avec cynisme et humour noir les luttes qui animent le monde du travail dans les grandes entreprises. Des signes chinois sont projetés sur trois panneaux de carton ; ils défilent à toutes vitesse et dans tous les sens. Une musique asiatique au rythme endiablé accompagne ces projections ; « Bienvenue à Shanghai ! ». Bien que toute la pièce se déroule en France, la mégapole chinoise ne cesse d’être un leitmotiv dans le texte comme dans le décor. Cette omniprésence crée un sentiment d’angoisse qui accompagne tout changement. La pièce s’ouvre avec un dialogue entre Philippe, Jacques et Nicolas. Très vite les trois cadres révèlent leur personnalité. Philippe est un homme discret et terriblement angoissé ; Jacques, la cinquantaine, ne supporte pas l’injustice mais reste pragmatique. Nicolas est un jeune homme ambitieux, qui semble multiplier les conquêtes féminines au sein de l’entreprise. Bien que ces personnages soient légèrement caricaturaux, Thierry Debroux échappe aux facilités. Son texte contient des monologues intérieurs, qui révèlent les doutes des personnages vis-à-vis du système dans lequel ils évoluent, ce qui les éloigne des types de carriéristes calculateurs et dénués d’états d’âme.

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Derrière le beauf, la faille

A l’heure où l’on parle décroissance et où le capitalisme est parfois remis en question, Didier Kerckaert met en scène Made in China. Une pièce actuelle qui critique la société économique par le biais du rire et du cynisme. Des sinogrammes, à l’image des indices boursiers, défilent à toute allure sur des murs qui s’avèrent être en carton. Cette profusion de signes, associée à la démarche nerveuse des comédiens qui arpentent l’espace scénique dans la pénombre, évoque le rythme de vie infernal des traders. Puis c’est sur ce qui semble être une salle de conférence que les projecteurs se tournent. Tout est aseptisé : des chaussures cirées des employés aux chaises design alignées de manière quasi obsessionnelle. Rien ne dépasse mais pourtant tout risque de s’écrouler.

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La mécanique adoucit les mœurs

Les engrenages de Feydeau trouvent leur musique dans cette mise en scène qui accompagne les acteurs d’une myriade de sons. Pour son deuxième spectacle au Théâtre du Loup, Julien George nous plonge dans un univers mécanique parfaitement chorégraphié. M. Chandebise reçoit une lettre d’amour anonyme lui donnant rendez-vous à l’hôtel du Minet Galant. Sa femme Raymonde, qui le soupçonne d’adultère, la lui a fait parvenir pour lui tendre un piège. Elle souhaite le confronter à ses mensonges dans une chambre de l’hôtel… où il est en réalité le seul qu’elle ne va pas rencontrer.

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Quand le mariage s’emmêle les bretelles

Burlesque, stylisée et rafraîchie : après un succès mérité en 2012, La Puce à l’oreille proposée par L’Autre Compagnie dirigée par le metteur en scène genevois Julien George revient au Théâtre du Loup. Un plaisir pour ceux qui souhaitent voir ou redécouvrir ce réjouissant festival de quiproquos d’un mécanisme sans faille. En fond de scène, un mur de portes. A l’avant-scène, un canapé côté jardin et deux chaises autour d’une table côté cour attendent quiconque voudrait s’asseoir, mais personne encore ne s’est montré. Tandis que les spectateurs observent ce décor aux allures de salon bourgeois, des petits bruits se font entendre, comme les cliquetis d’une machine ou d’une horloge : ils annoncent la mécanique rythmée qui mènera les personnages. Une porte s’ouvre et laisse apparaître un homme curieux dont les mouvements semblent saccadés, à la manière des automates. Une deuxième porte s’ouvre et une femme fait cette fois-ci irruption, dans des vêtements de domestique. Elle s’approche du jeune homme et lui vole un baiser. On ne comprendra que quelques minutes plus tard que la demoiselle, bien qu’entreprenante, est déjà mariée, et que son mari est très jaloux.

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Une smala en ébullition

Dynamique huis clos familial, Requiem de Salon est une foisonnante création cumulant les références et mélangeant les registres. Au sein d’un espace restreint, une fratrie entière s’agite autour de la figure centrale de la mère fantasque. Abordant avec légèreté des thématiques universelles tels que le mensonge, l’absence ou les rapports familiaux en général, le spectacle offre un charmant divertissement. Tel un îlot isolé au milieu d’un vaste océan noir, un salon bourgeois écarlate s’illumine au centre de la scène. Au sol, plusieurs tapis disposés les uns sur les autres dessinent un grand carré rouge. Par dessus, sont disposés une table, un canapé et un piano. Chaque meuble est rectangulaire. Le mur, lui aussi de forme carrée, est recouvert de photographies, d’esquisses et d’autres souvenirs. Chaque élément est encadré, précisément comme l’est un portrait de famille – celui auquel nous assisterons.

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Réincarner le philosophe et donner chair aux idées

1971 fut une année engagée pour Michel Foucault. Acteur très en vue des événements de son époque, en révolte contre les injustices légitimées par les pouvoirs en place, il prit la parole pour ceux qui en étaient privés, donna ses mots à ceux qui restaient condamnés au silence. Sa pensée est devenue une poche de résistance. Une philosophie matérialisée en actes. Elle est remise aujourd’hui sur le théâtre des luttes, incarnée par cinq comédiennes qui continuent de porter cette voix, avec verve et force.

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La magie du cabaret au théâtre

Les quatorze courts sketches de Cabaret abordent de façon amusante les problématiques liées aux rapports humains et à la société. Le tout est accompagné d’un piano joué en live et de moments de chanson. Bonne humeur assurée, non sans une réflexion sur les paradoxes de notre actualité. Après être entré dans le studio Claude Stratz à la Comédie de Genève, le spectateur se retrouve assis à une table de bistrot tout près de la scène, un verre de vin à la main, avec en fond musical un duo de piano qui l’invite à se détendre. Cette chaleureuse atmosphère fait tout de suite plonger dans l’esprit léger et vivant du spectacle. On a l’impression de se fondre avec la petite scène, réduite à une passerelle horizontale, sur laquelle vont défiler l’une après l’autre les quatorze scaynètes interprétées par Ahmed Belbachir,?Camille Figuereo,?Michel Kullmann et Brigitte Rosset. Mais la sensation de faire nous-mêmes partie de la scène, nous le public, est encore plus puissante pendant la représentation. Car c’est de chacun de nous que parle le spectacle.

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Quand l’être humain se retrouve derrière les barreaux

Une fois que les spectateurs ont pris place dans l’énorme cube métallique à moitié suspendu dans l’air, une sorte de cage flottante, qu’est la Salle René Gonzalez du Théâtre de Vidy, les lumières s’éteignent. Une musique d’un rythme tonnant casse le vide que l’obscurité a créé. Onze femmes dans la pénombre. Elles sont agenouillées, elles nettoient le sol. Leurs voix créent un mélange absurde, presque animal, de sons et de paroles. Sont-elles des femmes ? Sont-elles des animaux ? Ou sont-elles tout simplement des êtres humains reclus ? Les lumières s’allument en dévoilant la scénographie. L’image qui en dérive, et qui va être présente tout au long du spectacle, est celle du musical de Rob Marshall Chicago, et plus précisément la scène de Cell Block Tango. Ici aussi, nous retrouvons des femmes enfermées. Ici aussi, leurs habits ne sont pas ceux qui seraient conformes au lieu, la prison. Ici aussi, ces femmes se racontent, elles parlent de leurs crimes.

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Eros et thanatos

A travers sa mise en scène de Misterioso-119 Cédric Dourier offre une fable étonnante, dérangeante et fascinante. Une fable qui force à la réflexion et à l’introspection. Dès le début de la pièce, on pressent le drame. Tout le monde le sait, même la future morte : bientôt il y aura un meurtre. Un meurtre ou plutôt un sacrifice nécessaire et indispensable pour que tout revienne à la normale dans la prison où se déroule notre histoire. L’élément perturbateur à éliminer ? Une intervenante artistique sans parents, sans enfants, sans amis et sans aucune autre attache, mandatée pour monter un spectacle de pom-pom girls avec onze des détenues.

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Réactualiser nos classiques

Avec Le Petit prince écarlate, le Petit Théâtre redonne vie au conte de Cendrillon en prolongeant son histoire, tout en évoquant habilement les facettes peu connues du texte de Perrault. Sophie Gardaz, directrice du Petit Théâtre, Philippe Saire, chorégraphe de Neons, Black Out ou encore des projets Cartographies vus entre autres à Sévelin 36, et Hélène Cattin, reconnue notamment pour sa mise en scène ein Gebäude seinêtre un bâtiment inspirée de Peter Zumthor, se sont réunis pour créer cette pièce haute en couleurs qui interroge avec subtilité l’héritage littéraire et l’exercice du pouvoir. Tout commence avec un soulier. Cette fois, il n’est ni de vair, ni en verre, mais rouge vif. Objet de prédilection du prince, le fils de Cendrillon, il constitue la thématique centrale du spectacle. Les souliers inonderont même le plateau, lorsque l’héritier du trône cherchera dans les jupons de sa mère des vingtaines de pairs couleur pourpre pour les faire voltiger dans les airs, heureux de montrer au public sa collection fétiche. Cette scène caractérise la tonalité ludique de la pièce, qui amuse les jeunes spectateurs par une légèreté propre à l’enfance.

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Au défilé de la comédie

Avec Cabaret, mis en scène par Nalini Menamkat, La Comédie de Genève propose une incursion dans le monde fantaisiste et drôle de Hanokh Levin, qui dévoile la part d’hypocrisie et de bassesse de l’homme dans son rapport au monde. Tout commence avec l’arrivée du public. Dans une salle de cabaret, lumière tamisée, il prend place autour de petites tables et s’installe comme pour boire un verre entre amis. Un duo de musiciens joue au piano et chante. L’illusion est parfaite, la frontière entre scène et spectateur quasiment abolie, au point que des spectatrices se lèvent pour suspendre leurs vestes avec les autres déjà en place sur une patère derrière ce qui sera la scène. Hélas, non, ce n’est pas le vestiaire pour spectateurs, mais la garde-robe des acteurs… La lumière s’assombrit alors, la musique se fait plus forte. Les quatre interprètes surgissent et commencent à chanter.

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Seuls ensemble

Une mise en scène astucieuse pour un effet poétique fascinant, Seule la mer, roman d’Amos Oz adapté par le lausannois Denis Maillefer, est à contempler jusqu’au 23 mars au Théâtre de Vidy. Un spectacle de deux heures et quart pendant lesquelles vous traverserez le monde, de Bat-Yam à Katmandu – et la vie, du désir à la mélancolie. Les personnages sont d’abord présentés par le narrateur, joué par Pierre-Isaïe Duc. Introduction bienvenue puisqu’ils ne sont pas moins de dix comédiens, chacun étant décrit en fonction du lien qui le relie à un autre personnage : Albert est le père de Rico, ce dernier est le petit ami de Dita, celle-ci le trompe avec Guigui, et ainsi de suite. Puis la lumière se tamise, la plupart de ces figures s’échappent en coulisses, seuls restent le narrateur et Albert, le personnage central, interprété par Roberto Molo. Soudain, la mer jaillit, dans une image projetée qui envahit la totalité de la scène, des vagues submergent les deux silhouettes. Sur la partie supérieure apparaît le titre du premier chapitre. En même temps, une musique s’élève de la partie inférieure : il s’agit de Billie Bird, de son vrai nom Elodie Romain, au chant et à la guitare. Entourée et renforcée par tous ces éléments, la voix du narrateur commence le récit.

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Au gré de la poésie du magicien Oz

Un vague flottement, un étourdissement apaisé, c’est un peu la sensation qui nous habite au sortir de Seule la mer, adaptation élégante du roman d’Amos Oz. La mise en scène de Denis Maillefer rend à merveille la douceur et la cruauté de vivre que le roman dégage, la tendresse et les solitudes ressenties par les personnages. Tantôt bercés par la mer qui tangue ou les flocons qui tombent, tantôt avalés par l’élévation des cimes ou l’opacité grise de l’eau, héros et spectateurs sont gagnés par l’envie de plonger dans l’irrationalité des vies d’autrui, et de se laisser porter par la leur. On y vogue avec abandon… Plus que des mots, ce sont surtout des souvenirs visuels et musicaux qui resteront à l’esprit : les mille allures de la mer sous des lumières de toutes saisons, des notes de guitare dans un air vespéral… La scénographie très soignée proposée par Denis Maillefer, metteur en scène aguerri de l’association Théâtre en Flammes, loin de diluer en l’atténuant le texte de l’auteur israélien Amos Oz, lui donne toute l’ampleur d’un poème vécu, vivifié et revitalisant. Dans le décor et les corps qu’habitent les dix acteurs, dans leurs tensions et leurs harmonies, le texte s’incarne et prend souffle délicatement, avec charme, profondeur.

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Il y a quelque chose de pourri dans le Royaume de Bourgogne

Farce tragique, Yvonne, princesse de Bourgogne travaille habilement l’idée de différence. Les accords d’un harmonium débraillé retentissent dans le noir. La lumière se fait et un couple, brillamment dissonant lui aussi, paraît : Greta Gratos – égérie de la scène alternative genevoise – incarne une reine posée et majestueuse et Julia Batinova campe à la perfection un petit roi débordant d’une ridicule énergie. Ces derniers seront les garants des protocoles de ce royaume imaginaire (« Bourgogne » semblant ici renvoyer davantage au vin qu’à l’Histoire) et se montrent déroutés de voir leur remuant fils introduire une disgracieuse et apathique fiancée. Cette dernière lui est si insupportable que, lassé des convenus jeux de cour, il a décidé de l’aimer.

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Ensemble dans la solitude

Sensuelle, drôle, émouvante et d’un esthétisme troublant: la dernière mise en scène du vaudois Denis Maillefer, d’après Seule la mer d’Amos Oz, a submergé le public du Théâtre de Vidy, après celui des Halles de Sierre. Un succès pour la première lausannoise. Sur le plateau, une structure blanche et immobile rejoint presque le plafond. Tout en bas, une musicienne, qui s’empare de sa guitare pour déclencher par une mélodie rythmée l’ouverture de la structure, sur laquelle des pieds, des jambes puis des têtes apparaissent. Comme des individus réunis dans un tableau, les personnages de la pièce sont peu à peu révélés dans  ce cadre rectangulaire, face au public. « Bonsoir ! » déclare l’un d’eux, obtenant en retour des réponses timides éparpillées dans la salle. Il est le narrateur. Il va présenter chacun des personnages, susciter quelques rires, et ne quittera plus la scène jusqu’à la fin du spectacle.

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Qui sommes-nous face au fait divers ?

Quand une famille se retrouve projetée dans un fait divers aussi sordide qu’un viol doublé d’un meurtre, que fait-elle ? Marie Fourquet explore ce type de tragédie en mettant en scène ceux qui survivent : parents, frères ou amis. A l’opposé des séries policières comme Les Experts, qui se concentrent sur l’enquête, Mercedes Benz W123 montre l’humain face à un événement qui le dépasse. Juliette a disparu. Martin, son petit ami, est parti à une fête avec Thibault, son frère, la laissant seule. Les derniers messages que Martin a reçus d’elle, projetés sur une toile au fond de la scène, sont préoccupants. Le premier à prendre la parole est son père, interrogé par un policier. Pas de place pour l’espoir, nous apprenons rapidement que la voiture avec laquelle Juliette s’était enfuie a été retrouvée. Dans son coffre, le cadavre de la jeune fille.

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Un voyage dans l’inapparent

Couvre-feux, à la Grange de Dorigny, offre une expérience kaléidoscopique du réel, dans laquelle imaginaire et passé sont reflétés à l’infini. Une mise en scène créative et touchante de la Cie Jeanne Föhn. Est-ce que cela avait été ? Est-ce que cela ne demeurait pas encore, cette comédie de l’inapparent ? Un père amène sa fille dans la maison de son enfance. Ils avancent, à petits pas, trébuchant sur le chemin de la mémoire. Dans le salon, un trou, béant jusqu’à la cave, qui plonge leur regard dans les couches sédimentées du passé. Au récit du voyage s’ajoute le reflet persistant du passé mais aussi le filtre onirique de l’imaginaire. En choisissant de monter Couvre-feux de Didier-Georges Gabily, le metteur en scène Ludovic Chazaud s’est lancé un défi téméraire, d’autant plus admirable que le résultat est très réussi.

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Le désert métaphysique de Winnie

La scène présente Winnie, l’héroïne de la pièce, encastrée jusqu’à la taille dans un mamelon de sable. A ses côtés, elle garde son sac contenant des objets. Derrière elle, caché par la colline de sable, il y a son taciturne mari Willi, lui aussi prisonnier de ce désert métaphysique. Chaque jour, Winnie se réveille à moitié enterrée dans le sable. Elle n’a aucun but particulier dans la vie. A part son vieux mari Willi, qui apparaît de temps en temps, elle est abandonnée à elle-même. Les activités de Winnie se réduisent à faire sa toilette et passer le temps en causant toute seule, en attendant que la journée finisse. Chaque jour, la même chose.

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La joyeuse agonie ou l’inéluctable face-à-face avec la mort

Tonitruant hymne à la vie, Oh les beaux jours propose un poignant monologue d’une éternelle optimiste s’accrochant de toutes ses forces à la vie, luttant ainsi contre la solitude, le vieillissement et la mort. Au sommet d’un monticule de terre trône Winnie. Ses jambes sont dissimulées à l’intérieur d’une imposante dune comportant à la fois une épave de barque, des bouts de bois, un bidon d’essence et d’autres résidus rapportés par la mer.

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Un transfert ingénieux du polar au théâtre

Une belle adolescente retrouvée morte dans le coffre de la Mercedes de son père. La veille au soir, Juliette emprunte les clés, fuit sur la route vers le jeune homme qu’elle aime ; à l’aube, la découverte de son corps nu emmêlé dans ses cheveux blonds fait surgir le drame dans sa famille. Un drame glauque, qui en révèle d’autres, et dont même les victimes ne sont pas innocentes… La pièce de Marie Fourquet nous plonge dans une ambiguïté dont personne ne ressort indemne.

S’inspirant non pas d’un véritable fait divers, mais du phénomène du fait divers en tant que genre littéraire, embrayeur de fiction et manifestation sociologique voire anthropologique, Marie Fourquet emprunte et détourne simultanément les caractéristiques du polar dans lesquelles s’inscrit son travail de création. Par le biais d’un scénario d’enquête devenu habituel pour les cinéphiles et lecteurs contemporains, respectant les codes bien connus du genre, elle propose une intrigue percutante par son actualité, sa simplicité et ses références à un panorama intertextuel bien défini.

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Une Mercedes pour tombeau

Le cadavre d’une jeune fille, un père en colère, un frère au comportement suspect et bien sûr un inspecteur : avec sa dernière création à l’Arsenic, Mercedes-Benz W123, Marie Fourquet maîtrise l’assemblage sur scène des ingrédients traditionnels du polar, tout en proposant un regard actuel sur le fait divers. Au fil des témoignages des proches, le spectateur s’infiltre doucement dans une maison familiale où la détresse siégeait déjà avant le drame. Silence de mort. En fond de scène, un grand écran s’anime de phrases écrites : on imagine la voix de Juliette. « Martin, réponds ! », « Je suis en train de devenir dingue ». Des messages vocaux laissés sur le portable de son amoureux, des textos, ou peut-être un mélange des deux. On devine qu’ils sont les derniers mots de l’ingénue, avant l’événement fatal.

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Souvenirs impalpables

Le texte de Didier-Georges Gabily Couvre-feux adapté à la scène par Ludovic Chazaud prend vie à la Grange de Dorigny jusqu’au 16 mars 2014. Belle promesse d’une expérience déroutante et poétique, la pièce de théâtre manque pourtant le coche. A l’origine, il y a le texte de Didier-Georges Gabily, où s’entremêlent les lieux, les temporalités, la chronologie, les personnages, les narrateurs. Un récit complexe et brouillé dont la force est précisément de laisser libre cours à de multiple interprétations. Cet aspect, Ludovic Chazaud a voulu le respecter et même l’explorer. Le metteur en scène a choisi de ne pas imposer son interprétation au spectateur, tout comme l’auteur ne l’avait pas fait avec le lecteur. Une idée alléchante pour tous les rêveurs à l’imagination débordante.

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Oranginae Melancholia

Pour sa troisième mise en scène, Ludovic Chazaud propose, à la Grange de Dorigny, une adaptation du texte de Didier-Georges Gabily intitulé Couvre-Feux. Une transposition réussie, en trois dimensions, d’un récit fondé sur un enchevêtrement de temporalités. Côté jardin, une table en formica, un Orangina et des poires au sirop. Un homme et une femme saluent le public alors qu’une petite fille joue à la marelle. Un véritable portrait de famille. Dans l’obscurité, les contours d’un décor se dessinent. Un deuxième espace de jeu, une autre dimension, qui aura elle-même ses propres dimensions. A la brechtienne, les deux comédiens adultes enfilent des perruques blondes : back to the eighties. C’est parti pour un voyage spatio-temporel dans les profondeurs des souvenirs auxquels se mêle l’espoir d’un futur meilleur.

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Voyage au bout de la nuit

Entre théâtre et performance, Les Biches propose une expérience aussi angoissante que fascinante, à la croisée de l’effroi et de l’empathie et au cœur de l’univers dérangé des tueurs en série. Davantage réflexion artistique sur un lugubre sujet que simple divertissement, cette création emmène le spectateur au sein des plus obscurs tréfonds de l’âme humaine. Les portes s’ouvrent sur une musique festive. Les spectateurs entrent dans la salle le sourire aux lèvres en entendant cet air entraînant. Une fois à l’intérieur de la petite et sombre salle 1 du théâtre 2.21, ils déchantent pourtant aussitôt en se retrouvant directement confrontés à trois corps de jeunes femmes dispersés sur la scène, culottes baissées. Plus proche de celle d’une cave obscure où gisent trois cadavres que de celle d’un espace de divertissement, l’atmosphère devient alors fort dérangeante. Sur le mur sont projetées des citations de tueurs en série réels – toujours accompagnées de cette entêtante chanson de variété particulièrement enjouée. Tout le spectacle sera ainsi construit, alternant instants frisant l’horreur et moments légers au ton licencieux composés de plaisanteries grivoises. L’humour noir semble en effet indispensable ici pour accéder à l’univers complexe et perturbé des serials killers.

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Tomber le rideau pour mettre les voiles

Poignant hommage au théâtre, Rideau ! vise à faire partager avec passion plus de trente années d’expérience scénique. Avec ce spectacle, Gisèle Sallin et Véronique Mermoud témoignent toute leur reconnaissance à un fidèle public fribourgeois, en proposant un impressionnant florilège de tableaux issus d’époques différentes et de styles variés. En résulte un émouvant passage de flambeau au Théâtre des Osses entre les deux fondatrices du lieu et leurs successeurs. Côté jardin se déploie en diagonale la scène cachée par son rideau flamboyant, à cour la salle comportant une série de balcons encadrés par des pilastres bleu nuit. Entre les deux se trouve une sorte de no man’s land où s’agitent dans tous les sens les comédiens. Les instruments s’accordent. L’effervescence artistique bat son plein quand retentit le son de la voix d’une metteure en scène : « En place, Mesdames et Messieurs, s’il vous plaît ». Une répétition s’apprête alors à commencer lorsqu’un incident technique vient subitement bouleverser le cours des choses. Suite à cet imprévu, le spectacle semble adopter sa propre logique en prenant quelques libertés et va échapper en partie à la metteure en scène.

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Scènes de la vie théâtrale

Sexe, violence et déception. Dans cette adaptation des Scènes de la vie conjugale, série réalisée par Ingmar Bergman pour la télévision suédoise en 1972, c’est un portrait sans fard de la vie de couple, en 6 scènes, que dresse la compagnie belge tg STAN jusqu’au 8 mars au théâtre Saint-Gervais. Plongeant dans les incohérences, les peurs et la tendresse qui constituent souvent la vie en couple, Ruth Vega Fernandez et Frank Vercruyssen nous offrent un moment magique. Les deux comédiens côte à côte, face au public, la pièce se clôt telle qu’elle s’était ouverte. Mais du couple parfait aux divorcés devenus à nouveau amants adultères, la roue a tourné sans revenir à la même place.

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Un désordre pervers

Mélange pêle-mêle de comédie, tragédie, farce et absurde, Yvonne, Princesse de Bourgogne, jouée par la cie L’ascenseur à Poissons, inverse toutes les conventions – un homme joué par une femme, une princesse laide fiancée au prince héritier, une comédie qui trouve une fin bien tragique – pour faire rire mais aussi pour déranger, et qui, finalement, laisse un peu perplexe. La pièce raconte l’histoire d’une pauvre et laide roturière, Yvonne, que le prince héritier, par moquerie et rébellion, emmène à la cour afin d’en faire sa fiancée. Elle, dont le mutisme et la débilité dérangent, y est la risée des courtisans et la honte de la famille royale qui ne sait qu’en faire. Puis, devenue source de jalousie et angoissante présence, elle est le bouc-émissaire, objet de haine, que tous les personnages veulent assassiner.

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Cachez donc cette princesse que je ne saurais voir !

Fresque décalée et composite mêlant farce, absurde et tragédie, Yvonne, princesse de Bourgogne raconte l’histoire d’un prince rebelle ayant pris le parti fou d’aimer une fille du peuple, laide, insignifiante et d’une inquiétante timidité. Sa venue à la cour va bouleverser habitudes et convenances, poussant l’ensemble de la souveraineté à la folie. Sur une musique dissonante apparaît un couple discordant.

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Yvonne, la différence sacrifiée

La Grange de Dorigny accueille cette semaine sur ses planches une farce au dénouement funeste. La pièce de Witold Gombrovicz Yvonne, princesse de Bourgogne est un enterrement de la rebellion, et même plus, une tragédie de la liberté d’être. Une mémorable performance de la Compagnie L’ascenseur à poissons/cie et de la metteure en scène Geneviève Guhl. Le piano préparé de Géraldine Schenkel donne le ton. Accordé (ou plutôt désaccordé) et arrangé de manière non-traditionnelle, il fait une entrée dissonante et presque tonitruante. Un effet déglingué qui se répercute à tous les niveaux du spectacle pour obtenir un tableau final unifié dans l’absurde. L’histoire d’Yvonne, pauvre fille insignifiante subitement devenue la fiancée du Prince Philippe épris d’ennui et la bête de foire de toute une cour, vous est mise en scène avec facétie.

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Yvonne, ou les malheurs d’une limace

Yvonne, Princesse de Bourgogne, propose un portrait noir et grinçant de la bienséance, de l’institutionnalisation des moeurs ainsi que le récit du destin malheureux d’une triste princesse. Il était une fois un prince charmant, beau et intelligent. Arrivé à l’âge de raison, vint le moment où ses parents lui dirent gravement : « Fils, il est temps de trouver demoiselle à ton pied. ».

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Ils surprennent, fascinent, séduisent

Indescriptible. La performance de la compagnie belge tg STAN saisit le spectateur jusqu’à lui faire se demander s’il était déjà vraiment allé au théâtre avant, et comment il y retournera ensuite. Un spectacle d’une nouveauté rafraîchissante qui envoie valser la poussière des usages formels, soutenu par une performance d’acteurs magistrale. On en sort changé. Une soirée comme celle que nous a proposée hier la compagnie tg STAN, ça ne doit pas se raconter, ça ne peut pas. Ce qui se passe sur scène, sur cet espace aux confins meubles, aux limites poreuses, échappe aux codes. Désarçonne. Retourne nos habitudes, nos catégories. Envahit notre réel, et pas seulement en brisant le quatrième mur (souvent écroulé aujourd’hui), mais en nous saisissant à bras le corps, par la surprise, par le rire décalé, par un magnétisme qui ne s’amenuise pas.

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A la chasse aux papillons dans la cour de récréation

L’œuvre de l’écrivain suisse-allemand Robert Walser fut un coup de foudre de jeunesse pour Danielle Bré. La metteuse en scène nous la livre aujourd’hui décortiquée, élaguée, déboîtée, hachée, puis rafistolée, sur une scène de plus en plus saccagée sous nos yeux, modelée par les colères ou les enthousiasmes des personnages. Six adolescents qui nous transmettent cette écriture, se la partagent, la clament, lui donnent corps, la découvrent et se découvrent en même temps que nous. Un chaos, charmant mais difficile à appréhender.

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Huis clos interdit aux adultes

Délicieux condensé des plus belles citations de Robert Walser, RéCréation développe, tout en sagesse, un choix de sujets sensibles chez les adolescents. Ainsi, en s’appropriant des extraits issus des œuvres les plus marquantes de l’écrivain suisse, six jeunes dissertent philosophiquement sur l’éducation, l’amitié ou encore l’amour, proposant ainsi un portrait attachant d’une jeunesse multiple et universelle.

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Le briquet remplace les allumettes

Dans une version très contemporaine de La Petite Fille aux allumettes, Julie Annen se penche sur une histoire qui marque les enfants depuis de nombreuses générations. Cette réécriture pleine de fantaisie et de références au monde contemporain a su préserver l’esprit du texte original. Si la question de la misère matérielle reste la préoccupation majeure de l’histoire, Julie Annen n’aborde pas cette thématique comme une fatalité.

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Dure actualité et narration féérique

La tristesse de La Petite Fille aux allumettes fond comme la neige sous les lumières féériques et les musiques joyeuses de cette création de Pan ! (La Compagnie). L’histoire est triste, et il ne faut pas oublier qu’elle raconte une dure réalité, mais on peut la raconter avec douceur. Le désir de mettre en scène le conte de Hans Christian Andersen est venu à Julie Annen après la lecture de l’histoire avec son fils, avec le désir de répondre aux nombreuses questions qu’éveillait en lui la fin tragique.

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Et si on changeait la fin de l’histoire ?

Dans la dernière création de Julie Annen, une version lumineuse de La Petite Fille aux allumettes, quatre comédiens racontent et jouent les mirages d’une petite fille victime du froid et de l’indifférence. A la fin du conte, Hans Christian Andersen soufflait sur la vie de l’enfant comme sur une bougie à la flamme vacillante, mais qu’en pensent les enfants ?

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Immortels stéréotypes

Dans Immortels, Nasser Djemaï veut montrer les préoccupations et les crises d’identité d’un groupe de jeunes d’aujourd’hui à l’orée de l’âge adulte : stéréotypes et éléments convenus, dans une pièce qui peine à convaincre. Dès le début de la pièce, l’exposition se faisant en voix off et les sept comédiens se découpant sur un fond lumineux, Nasser Djemaï montre sa maîtrise dans la construction d’instants scéniques frappants.

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Des héros aux abois

Après Des Femmes (Les Trachiniennes, Antigone, Electre) créé en 2011 à la Comédie, le célèbre metteur en scène franco-libanais Wajdi Mouawad revient avec la suite de son projet d’intégrale de Sophocle. Ajax mêle cabaret, histoire personnelle et héros tragiques dans une perspective inédite, tandis qu’Œdipe Roi reste dans une ligne plus classique. Un grand nom de la scène théâtrale suscite toujours de grandes attentes.

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Ajax ou un conte de mémoire

Sur les sept tragédies de Sophocle, Wajdi Mouawad en avait déjà présenté trois. Il est de retour pour les deux prochaines étapes à la Comédie de Genève : Ajax et Œdipe Roi. Un passage à graver dans la mémoire. Petit, si petit, un coquillage, niché dans la paume de la main. Le poing le tient fort, secret et invisible dans les plis de la peau. Il a été caché là, au creux de la tourmente, lorsque les coups du père se faisaient insupportables. Le petit objet restait inaccessible, architecture fragile, seule intimité possible. Par la suite, devenu inutile, il fut enterré dans le sable, préservé avec soin en attendant que le jeune garçon qui le chérissait, devenu adulte, vienne l’en extraire. Là commence l’histoire, – ou alors était-ce bien avant ?- racontée par la voix narratrice de Wajdi Mouawad, le metteur en scène en personne. Sur le plateau encore vide, le souffle calme de sa voix prépare au pire.

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Révéler ce qui est caché

De la peinture sur des corps nus, des mouvements au ralenti, des cris rauques et de la musique rock : c’est dans la démesure que Wajdi Mouawad a présenté le deuxième volet de sa série sophocléenne hier soir à la Comédie de Genève, en surprenant plus d’un. Le public rencontrait d’abord un Ajax déstructuré et personnalisé, puis découvrait un Œdipe Roi plus proche de celui de Sophocle mais tout aussi saisissant.

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Espoir en l’avenir

David aborde le sujet de sa femme Jess en racontant comment elle est morte. A ce moment-là, nous ne savons pas que nous allons bientôt la découvrir, fragile et attachante. Le décor est ensuite déployé, des murs s’écartent pour créer différents espaces, et les personnages y défilent tels des témoins racontant les pressions, notamment financières, qui ont mené à cette terrible mort. Francis Aïqui, au Théâtre du Passage mercredi dernier, présentait de manière épurée l’œuvre de l’anglais Denny Kelly.

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Ecoutez-nous, regardez-nous, nous voici sans tabou !

Autoportrait imaginé et présenté par huit jeunes âgés de 17 à 25 ans, Trop frais ! propose un voyage tout en variations au sein d’une jeunesse créative et perspicace. Il est bien légitime qu’après 50 ans, la jeunesse reprenne possession de cette ancienne Maison des Jeunes ouverte en 1963 qu’est Saint-Gervais, reconvertie donc par la suite en haut lieu culturel alternatif genevois.

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D’un déguisement l’autre

Vie de couple soignée, vie professionnelle aisée. Tellement banal … sauf lorsque surgit dans la conversation un sujet qui change tout : l’amant. La fabuleuse mise en scène par Raoul Teuscher de la pièce L’Amant d’Harold Pinter nous fait goûter les joies du travestissement sous toutes ses formes. Un couple normal qui discute tranquillement de l’adultère commis par Madame… Raoul Teuscher, metteur en scène et acteur dans la pièce, s’en donne à coeur joie en endossant le rôle de multiples personnages, tout comme sa partenaire Anne Vouilloz.

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Vie et mort à crédit

Au sein d’une dictature capitaliste, un couple est pris au piège. L’argent telle une drogue provoque une dépendance aussi néfaste qu’inéluctable. Accros et impuissants, Jess et David voient ainsi leur dette augmenter exponentiellement alors que leur mariage se détruit peu à peu. Dans un noir total, une voix masculine préenregistrée retentit. Puis une autre, en direct, vient l’accompagner, il s’agit en réalité de la même.

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Exister à tout prix

Après Invisibles en 2011 à la MC2 de Grenoble, le metteur en scène français Nasser Djemaï revient avec un spectacle drôle et touchant qui s’intéresse aux problèmes et aux doutes d’une jeunesse en mal identitaire. Sur un fond d’enquête policière, sept jeunes (quatre hommes et trois femmes) questionnent leur existence à travers leurs souvenirs d’enfance, leur sexualité, leur idée du risque, de l’injustice ou encore de la mort.

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La jeunesse en quête d’une identité

Après le spectacle Invisibles, qui s’intéressait aux immigrés maghrébins du troisième âge installés en France, Nasser Djemaï se penche sur les nombreuses questions que se posent les adolescents et les réflexions qui traversent leur esprit. En partant d’une histoire contemporaine – un drame qui frappe un groupe d’amis –, le dramaturge présente avec beaucoup de justesse les nombreuses facettes de la jeunesse.

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Si jeunesse en délire s’exprimait, vieillesse rafraîchirait

Dans Trop frais !, à voir au Théâtre St-Gervais jusqu’au 25 janvier, huit jeunes entre 17 et 25 ans psychanalysent leur identité, la société actuelle et leur place en son sein, esquissant ainsi leur vision de demain. Intelligent et rafraîchissant. Ambiance salon de grand-mère avec vieux tapis élimés, meubles en bois massif et piano recouvert d’un châle brodé aux couleurs ternes.

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Un classique médical surprenant

Jean Liermier met en scène chez lui, au Théâtre de Carouge, la dernière comédie de Molière, Le Malade imaginaire. Une mise en scène qui modernise et actualise, en jouant parfois sur la surprise, la critique des autorités morales qui profitent de la crédulité des hommes. Les lumières s’éteignent. Une voix grave, puissante et angoissante envahit la salle.

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Les vertus médicinales de l’art scénique

Sous les yeux d’un public surnuméraire et enthousiasmé, Jean Liermier propose une pièce bien rodée et sans (mauvaises) surprises, qui met en conflit la mort et le rire – pour le triomphe, sinon éternel, du moins éclatant, du second. Grâce à la finesse d’un Argan plus attendrissant que tonitruant et aux ruses salutaires des personnages, la comédie devient un savoir-vivre, le jeu une cure, le déguisement un médicament.

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Mourir, rire, attendrir

Indigné de ce qu’on ne lui témoigne pas plus d’attention, Argan s’égosille et se révolte depuis son lit contre la solitude dans laquelle laisse un pauvre malade. Les plaintes boudeuses et la naïveté de l’hypocondriaque, magnifiquement interprétées par Gilles Privat, le rendent fragile et attachant. Dans la mise en scène de Jean Liermier, le malade imaginaire hanté par la peur de la mort fait parfaitement rire malgré lui.

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La vérité au carnaval des mensonges

Les rideaux ne sont pas encore levés que des voix se font entendre. Caverneuses, comme venues d’outre-tombe, elles ne sont pas rassurantes. Des fantômes semblent hanter le Théâtre de Carouge. Puis les rideaux s’écartent et dévoilent, dans une atmosphère sombre et bleutée, l’angoisse nocturne d’un homme qui tente de faire reculer la mort, planante et menaçante, à coups d’ordonnances. Mais lorsque les premières lignes du texte de Molière sont prononcées, l’ambiance se fait plus légère et la mort ne fait plus peur. Au contraire, le thème de la mort devient sujet à rire et fera tomber les masques.

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La violence en cadence

La nouvelle création de Julien Mages et le Collectif Division, Valse aux Cyprès, se joue jusqu’au 5 décembre 2013 à l’Arsenic à Lausanne. La pièce, une tragi-comédie contemporaine, amène sur scène la violence sous diverses formes et les tourments de notre société contradictoirement individualiste et conformiste. Le thème, extrême, des massacres de masse ne laisse personne indifférent. Et Julien Mages, avec sa volonté de voir l’art comme « miroir social », réussit une belle prouesse avec ses mots et sa mise en scène efficaces.

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Quand la mémoire fait du délateur un héros

Parcours de trois générations de femmes et de trois contextes politiques liés à l’Allemagne d’avant et d’après-guerre, La Pierre de Marius von Mayenburg, mis en scène par Gianni Schneider, révèle les stigmates d’une période historique tragique. Interprétée à la Grange de Dorigny du 9 au 19 janvier 2014, la pièce du dramaturge allemand dit la culpabilité et, surtout, l’étouffement d’un passé honteux.

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Immuables et encombrants : quand les souvenirs paralysent

En 1993, dans une Allemagne fraîchement réunifiée, grand-mère, mère et fille retrouvent leur ancien domicile familial. Tandis que ce réemménagement entraîne une quête de vérité chez la plus jeune, il fait ressurgir les plus sombres souvenirs chez l’aînée. Un conflit générationnel s’installe alors. La jeunesse part interroger le passé, tandis que l’ancienne génération cherche à enterrer l’indicible.

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La Pierre de l’édifice Mensonge

Proposée par la Cie Gianni Schneider, La Pierre (Der Stein), de Marius von Mayenburg, met en scène le rapport à l’Histoire allemande de trois générations différentes, depuis la Deuxième Guerre mondiale jusqu’à la chute du mur de Berlin. Au-delà, la pièce pose un regard critique sur le mensonge, le tabou et la vérité. La Pierre de Marius von Mayenburg, auteur-dramaturge affilié à la Schaubühne de Berlin, est une pièce toute récente, pour ainsi dire

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Théâtre socialisme

Ils sont comédiens, musiciens, ont étudié la sociologie ou l’ethnologie. Ils ne sont pas pressés de trouver un métier. Ils font l’expérience d’un mode de vie en communauté dans l’appartement de l’oncle banquier de Véronique. Ils aimeraient changer le monde : mais comment ? En tuant le banquier, peut-être. Pour l’exemple. Nous sommes en 2013. Ces jeunes intellectuels n’ont pas connu mai 68.

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La solitude d’un beau parleur

Entre simplicité et profondeur, la pièce de l’auteur américain Eugène O’Neill, mise en scène par Jean-Yves Ruf, présente la solitude d’un homme qui a besoin de mentir pour échapper à sa vie. L’histoire est centrée sur la rencontre entre ce beau parleur solitaire et le nouveau veilleur de nuit de son hôtel. Lorsqu’on entre dans la salle de « La Passerelle » du Théâtre de Vidy, un homme attend déjà sur scène. Il se trouve derrière un comptoir placé au milieu d’un décor représentant un hall d’hôtel new yorkais, à la fois grandiose par sa hauteur et assez vétuste. Le cadre est très sobre. Cet homme, le comédien Jacques Tresse, observe silencieusement le public qui s’installe. Une horloge accrochée au mur indique qu’il est trois heures du matin. Soudain les lumières de la salle s’éteignent tandis qu’un deuxième personnage, joué par Gilles Cohen, fait son entrée d’une démarche chancelante et fatiguée. Les deux individus ne vont plus se quitter.

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De strate en strate : sur le chemin confus de la mémoire

Paola Pagani et Antonio Buil rassemblent leurs rêves et leurs souvenirs afin de conter leur parcours personnel et professionnel, sur un mode non linéaire et quelque peu brouillé, à l’image des pensées qui nous reviennent confusément lorsque nous tentons de raconter un épisode de notre vie, par association d’idées. Le décor, fait d’objets dispersés ça et là – un fauteuil, une radio ou encore un radiateur – se donne d’emblée comme fragmenté. Une superposition de trois panneaux, qui semblent symboliser différentes strates, préfigure une certaine segmentation. La pièce ne cessera, de fait, d’effectuer des va-et-vient entre diverses couches temporelles renvoyant à différents moments décisifs de la vie des protagonistes. Nous sommes tout d’abord amenés à faire un saut dans le futur. Un prix est remis à une actrice âgée de huitante ans : Paola Pagani. Lors de son discours de remerciement, elle se remémore une certaine pièce, qu’elle avait jouée en 2014 ou 2013, dont le titre était Staying alive. Nous sommes ensuite renvoyés, sans transition, dans le passé, lors des répétitions de cette même pièce. Nous remontons encore le temps et assistons à un épisode marquant de la vie des parents d’Antonio Buil. Les couches commencent petit à petit à se multiplier et s’enchevêtrer. Se mêlent alors non seulement certains événements liés à l’élaboration de la pièce qui se déroule sous nos yeux, mais aussi de nombreuses anecdotes familiales des deux protagonistes et des réminiscences littéraires, liées à leur culture latine. Ainsi, au fil du temps, les deux personnages, qui incarnent les figures des deux acteurs, dessinent chacun, à la craie, sur les différents murs du décor, leurs propres esquisses biographiques, afin peut-être de remettre un peu d’ordre dans cette matière composée de réminiscences floues et incomplètes.

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Solitudes à Broadway

Une heure d’un spectacle saisissant servi par deux comédiens à la présence irradiante : c’est ce que propose Jean-Yves Ruf, ancien directeur de la Haute Ecole de Théâtre de Suisse romande (Manufacture) dans la mise en scène de Hughie, de l’auteur américain Eugène O’Neill. Le Théâtre de Vidy accueillera jusqu’au 22 décembre cette atmosphère mélancolique d’un vieil hôtel de Broadway. Fin des années vingt, entrée d’un hôtel tombé en désuétude, loin du faste des théâtres de la Grande Pomme. Erié Smith, parieur invétéré, rentre chez lui ivre mort. Il demande les clés de sa chambre au veilleur de nuit, Charlie Hughes, sans dire un mot, il tend simplement son bras. Il croit que c’est Hughie, son vieux “pote jobard” comme il aime à l’appeler, qui se tient derrière le comptoir. Mais Hughie n’est plus, et le nouveau gardien ne connaît pas encore Erié Smith. Le soulard désenchanté n’a pas vraiment sommeil, il aimerait plutôt discuter avec son ami défunt mais, à défaut d’Hughie, Charlie fera bien l’affaire.

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Saturday Night Theater

Fragments de mémoires et enchevêtrement d’histoires familiales, Staying Alive, à voir au Théâtre du Loup jusqu’au 22 décembre, tisse avec légèreté et humour les fils de la vie des deux comédiens de la compagnie Teatro Due Punti. Qui n’a pas rêvé d’une mort dramatiquement réussie ? De quitter son monde à la manière d’une sortie de scène théâtrale où le défunt s’offre le luxe d’observer en coulisses la réaction de son entourage? Ironiquement, c’est dans Staying Alive que le comédien Antonio Buil (pré)médite sa propre mort.

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Raconte moi une chanson

Chantons quand même !, second spectacle de la Compagnie Le Pavillon des Singes, propose un voyage à travers le Paris occupé de la Deuxième Guerre mondiale… et une bouffée de bonne humeur en chansons. Les premières scènes du spectacle se situent en 1939, au moment de l’annonce de la mobilisation générale. Les trois acteurs entonnent joyeusement une chanson de Maurice Chevalier intitulée Ça fait d’excellent Français : « Le sergent était boulanger pâtissier, le caporal était dans l’ignorance, et l’deuxième classe était rentier ! Et tout ça, ça fait d’excellents français, d’excellents soldats qui marchent au pas ». Le ton est donné. Il sera question de la guerre et de l’Occupation avec beaucoup d’émotion mais aussi d’humour.

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La guerre oui, mais en chanson !

Après le spectacle Je vous préviens, je ne vais pas chanter…, la compagnie Le Pavillon des Singes revient avec un nouveau projet musico-théâtral portant cette fois-ci sur l’Occupation de Paris durant la Deuxième Guerre mondiale. Le répertoire musical aborde la vie quotidienne des Parisiens de la mobilisation jusqu’à la Libération avec une incroyable légèreté. La mise en scène de Frank Arnaudon est simple mais efficace. Une vieille radio posée dans un coin de la scène diffuse tour à tour, dans un grésillement savoureux, des extraits de discours politiques, des informations codées parvenant de Radio Londres ou encore les sirènes annonçant les bombardements. Ces quelques éléments sonores permettent de contextualiser les différentes chansons du spectacle et de recréer l’atmosphère de la Deuxième Guerre mondiale.

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Se souvenir de notre mort

Avec Nous souviendrons nous, de et par Cédric Leproust, la compagnie Tétanotwist nous invite à nous réconcilier avec notre condition de mortels et à vivre avec le souvenir des défunts qui sommeillent en nous. C’est à l’Arsenic, du 10 au 15 décembre, que cette création innovante risque de vous surprendre. Baigné dans le noir, le plateau est éclairé soudainement par une lumière vive. Un corps nu couvert d’argile, qui a tous les aspects d’un cadavre, se tient debout devant le public. L’effet visuel est percutant. Les yeux exorbités, la bouche entrouverte, le comédien évoque le destin de tout un chacun ; notre corps est voué à disparaître. Mais avant, il doit pourrir. La fragilité de l’homme et son inéluctable fin sont ici représentées. Une autre scène de cette pièce polymorphe : des projecteurs jaunes, aveuglants, situés au-dessus et au-devant du comédien. Ils dessinent sa silhouette, telle une ombre. Le reste du décor est immergé dans le noir. Seules quelques paroles se font entendre sur un ton rauque. Elles mêlent les pronoms « je », « il » et « on », visant par là à semer le trouble chez le spectateur ; à l’enseigne lumineuse « Qui suis-je ? », suspendue au plafond, répond l’incertain « Qui nous parle ? ». Cette confusion sert à établir une relation entre le soi vivant, le soi mort et nos proches disparus.

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Quarante minutes de beauté, de douleur et de terre

Théâtre ou performance? C’est un objet particulier que Cedric Leproust nous invite à éprouver à l’Arsenic, jusqu’au 15 décembre. Une réflexion sur la mort et la fragilité de notre corps, nourrie par des souvenirs d’enfance et des emprunts à Beckett, Shakespeare et d’autres, d’une esthétique puissante, entre dénuement total et explosions visuelles. C’est dans le hall de l’Arsenic que Cedric Leproust nous présente Kiki, vieux chien à roulettes, seul souvenir de son parrain, mort peu de temps après lui avoir offert ce jouet lorsqu’il avait un an. Ce moment qu’il nous invite à partager avec lui est une exploration de la présence de la mort dans notre mémoire, dans notre corps. Ce qui nous constitue, et nous défait tout autant. “Ce n’est pas un paradoxe que de dire que nous mourrons parce que nous avons vécu”.

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Il a fallu qu’il naisse

Cédric Leproust invite le public à se confronter à la mort. Loin d’être une expérience mystique, ce voyage sous terre rappelle aux spectateurs leur condition de mortels. Nous Souviendrons Nous est une performance à voir jusqu’au 15 décembre à l’Arsenic à Lausanne. Le brouhaha du public résonne dans le hall du théâtre alors que Cédric Leproust prend place au centre de la pièce. Accompagné de Kiki le chien-chien, jouet offert par son parrain, décédé depuis, il adopte le ton de la confidence. En présentant ce jouet, il offre une parcelle de son intimité et le public fait de même en retour : invité à faire une introspection, chaque spectateur marque au feutre noir le souvenir d’un proche défunt sur le torse nu du comédien. Puis c’est dans un cortège mi-comique, mi-funèbre que tout ce petit monde se dirige vers la salle de spectacle, guidé par Cédric Leproust tirant Kiki, dont le grincement des roulettes résonne dans la nuit.

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Cherchez le pingouin qui est en vous

Au Petit Théâtre à Lausanne, les pingouins fêtent l’arrivée de l’hiver. Christian Denisart, dans sa mise en scène de L’Arche part à 8 heures, confronte le public à ces drôles d’oiseaux, pas si différents de l’être humain. Urgence ! L’arche part à huit heures. Dieu est furieux et a prévu un déluge destructeur. Seuls deux spécimens de la même espèce pourront être sauvés.

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Petits ou grands, les pingouins nous interpellent !

Trois pingouins naïfs, bagarreurs, puants et attachants embarquent sur l’Arche de Noé pour un voyage burlesque qui les sauve du déluge. Dans la mise en scène musicale par Christian Denisart de L’Arche part à 8 heures, entre décor miniature et grandeur nature, ces drôles d’oiseaux soulèvent des questions existentielles que tous, à tout âge, peuvent se poser.

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Massacre chorégraphié

En ce moment, à l’Arsenic à Lausanne – avant Sion en février, le collectif Division présente la chorégraphie morbide de la préparation d’un massacre. Valse aux cyprès, texte de Julien Mages, dépeint de manière effrayante la fragilité humaine. Une vision sombre de la société malgré une ambition paradoxalement comique. Ils sont quatre. Deux d’entre eux observent avec attention une arme à feu. Les deux autres sont simplement là. Un carré de lumière les éclaire alors que le reste de la scène est plongé dans l’obscurité. Les quatre personnages sont assis sur des briques poussiéreuses, des briques grises et rugueuses comme leur vie, qu’ils ne peuvent plus supporter. Ils sont instables, à l’image du chariot qui soutient leur poids. Un chariot qui menace de dériver au moindre mouvement brusque.

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Dans l’atelier d’Hamlet

Un coq qui chante Good Morning Starshine, une Ophélie aux cheveux blond platine, un Hamlet senior à la voix aussi ténébreuse que Dark Vador et « bien sûr, un frigo shakespearien », décoré avec le portrait du dramaturge anglais. Avec ce cocktail délirant mélangeant texte classique, culture populaire et réflexions contemporaines, le metteur en scène Alexandre Doublet et sa troupe enchantaient hier soir le public du Théâtre Les Halles par leur folle sincérité. Une version d’Hamlet aussi drôle que touchante, menée par des adolescents qui séduisent par leurs divers talents.

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Valse aux idées

« – Êtes-vous épileptique ? – Non, pourquoi ? – Parce qu’il y aura une scène avec un stroboscope, on est obligés de demander, au cas où ». Nous voilà prévenus et, en effet, une demi-heure plus tard, nous assistons à une scène de folie frénétique soulignée par l’usage prolongé d’un stroboscope. L’idée est intéressante, l’effet produit déroutant. L’utilisation d’une caméra de surveillance qui retransmet en direct, projetée au fond de la scène, la silhouette des comédiens qui parlent au premier plan sert également le propos en rappelant ces images effrayantes des tueries de Columbine ou, plus récemment, celles de Westgate.

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Les étrangers

A l’Arsenic, le collectif Division présente une création au message puissant et corrosif sur le monde contemporain : il y a comme quelque chose d’absurde qui mine notre société. Aujourd’hui, le monde est mort. Ou peut-être hier, ils ne savent pas. Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier… Ils sont quatre, quatre jeunes personnes, grains de poussière perdus dans les intempéries du XXIe siècle. Plus capables d’intégrer, d’accepter ou de s’accepter dans les rafales d’informations quotidiennes : 11’000 enfants morts en Syrie, la terre qui commence à vaciller, la disparition de l’ours blanc, la radicalisation politique en Suisse, … Comment l’individualité moderne peut-elle se construire là ? Elle tangue dans la culpabilité de ne rien pouvoir faire et même de ne savoir tenir un rôle infiniment trop grand pour ces quatre-là et pour nous. Le monde reste impénétrable aux coups portés pour le comprendre, à jamais campé dans l’absurde. Le moyen que ces personnages ont trouvé pour exister, seule retraite salvatrice, c’est la destruction, l’envie que tout disparaisse, de s’effacer soi-même pour ne plus souffrir la réalité. Les quatre âmes, face au vide qui se crée en eux, commencent à perdre leur ancrage, à dévier.

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L’horloger meurt (toujours) deux fois

Deux pièces, deux meurtres et deux suicides : dans ce diptyque macabre proposé par le metteur en scène français André Engel et représenté jusqu’au 7 décembre au Théâtre de Carouge, les spectateurs sont les témoins silencieux de grands et petits crimes. Une impression de déjà vu ? Rien d’alarmant, ce spectacle est une invitation à voir double.

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Et si on parlait de Tchekhov ?

A la Grange de Dorigny, pour mettre en scène La Mouette de Tchekhov, Jean-Michel Potiron fait le pari de la sobriété. Il y a certaines voix que l’épreuve du temps et celle de la mort n’ont pas réussi à faire taire, ni à brouiller d’ailleurs. Elles restent claires et puissantes, exerçant encore leur influence magique, tel Raspoutine sur ses disciples ahuris. Les mots de Tchekhov, disséminés à partir du sol russe il y a plus d’un siècle, continuent à trouver terreau dans le théâtre actuel. Jean-Michel Potiron s’empare de l’un des textes les plus fameux de l’écrivain, La Mouette, pour l’implanter sur le terrain fertile de l’université, à la Grange de Dorigny.

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Une relecture exigeante de l’Odyssée

Avec La Dérive des continents, le chorégraphe Philippe Saire s’éloigne de la danse pour partir à la rencontre du théâtre. De ce rendez-vous naît un spectacle complexe, requérant une participation soutenue de la part du spectateur. Il est difficile de résumer l’intrigue de ce spectacle tant le récit et les formes théâtrales y sont éclatés. On peut cependant affirmer, sans trop se tromper, que le texte d’Antoinette Rychner raconte l’histoire de quatre amis, dont l’habitude est de se retrouver dans une sorte de hangar pour y interpréter des épisodes de l’Odyssée.

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Réflexion autour de l’art dramatique

Jean-Michel Potiron est un habitué de la Grange de Dorigny. Il revient cette fois-ci avec une pièce d’Anton Tchekhov qui interroge les différentes formes que peuvent prendre le théâtre. Le texte est admirablement servi par une mise scène où règne la sobriété. Lorsque la pièce commence, le spectateur découvre un espace scénique totalement vide. Peu à peu, quelques éléments de mobilier y sont apportés, mais le vide n’est jamais totalement comblé. Le dénuement scénique laisse toute leur place aux comédiens et au texte. Ce sont ces comédiens qui, entre chaque acte, changent les quelques éléments du décor dans la pénombre, comme si la vie des personnages qu’ils incarnent prenait elle-même place dans une pièce de théâtre.

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Dix drames, dix vies

Hier soir, le Théâtre de la Grange de Dorigny nous invitait à entrer dans l’intimité des personnages de La Mouette. Une mise en scène de Jean-Michel Potiron qui surprend par sa vivacité. Mais est-ce vraiment si étonnant ? Le lac. Le lac est partout, tout le monde en parle, tout le monde l’observe. Tout le monde sauf le public. Le lac n’est pas représenté, il est suggéré. Il n’est qu’ambiance. L’écrivain confirmé se demande combien de poissons y vivent, l’écrivain en devenir s’inspire de sa beauté et la jeune fille hait l’autre rive. Ils sont tous différents mais le lac les rassemble. Un point d’attache où les vies semblent se perdre.

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Quand la marionnette se joue des hommes

Richard III est devenu roi et désire maintenant jouer au golf. Selon son bon plaisir, il souhaite le faire debout sur un homme. Dans son adaptation de la pièce de Shakespeare pour le théâtre de marionnettes, la compagnie Puppentheater Magdeburg souligne l’horreur des manipulations, séductions et trahisons d’un personnage dont le cynisme politique dépasse toutes les limites.

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En quoi avez-vous foi ?

Dans un décor sans cesse en mouvement, Laverie Paradis, joué par Doris Ittig et Claude-Inga Barbey, interroge les différentes facettes de la foi dans le parcours mouvementé de la vie d’un être humain. Un carré blanc marqué au sol forme l’aire de jeu qui semble trop petite par rapport à la scène du Théâtre des Osses. Des coulisses improvisées sont aménagées grâce à trois draps blancs qui constituent le fond du décor. Le tout semble précaire et pourtant, la magie opère. Le spectateur accepte d’être conduit de l’appartement d’une voyante à une laverie, en passant par une église, un terrain d’entraînement pour l’éducation des chiens, ou encore une salle d’attente d’un cabinet médical. Ces changements de lieu rapides sont astucieusement figurés par l’usage qui est fait des quelques éléments de mobilier. Un petit escalier de trois marches qui permet d’entrer en communication directe avec Dieu peut en effet se transformer en banc d’église et concrétiser la transition entre les différents espaces.

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Femme de cinquante ans cherche Sauveur de trente-trois ans

Saint suaire, eau de Jouvence, laisse d’un petit chien prénommé Jésus sont les accessoires qui permettent à Claude-Inga Barbey d’aborder sur le mode comique un sujet important et grave, celui de la foi dans notre société. C’est comme auteur et comme comédienne qu’elle présente son nouveau spectacle Laverie Paradis, qui réussit à faire naître de francs sourires sur le visage des spectateurs.

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Un homme, qui joue une femme déguisée en homme, embrasse une femme, jouée par un homme

Entre faux-semblants et déguisements, Galin Stoev reprend dans sa mise en scène du Triomphe de l’amour de Marivaux à Vidy, avec une distribution entièrement masculine, un procédé qui n’a plus grand chose d’élisabéthain mais devient une célébration extravagante du travestissement. Un mélange audacieux et heureux entre burlesque et réflexion sur les troubles de l’identité. L’intrigue de cette comédie est des plus simples : Léonide, princesse de Sparte, se déguise en Phocion, jeune homme du monde, pour entrer dans la demeure de son ennemi politique et philosophique, l’ermite Hermocrate, afin de séduire son disciple, Agis, dont elle est tombée amoureuse.

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Le Triomphe de l’amour perd de sa puissance

Galin Stoev nous propose en ce moment, au Théâtre de Vidy à Lausanne, de réinterroger l’ambiguïté entre les sexes : Le Triomphe de l’amour de Marivaux est joué uniquement par des hommes. Un pari audacieux qui ne convaincra cependant pas sur tous les points. Deux hommes se tiennent sur le devant de la scène. Ils scrutent le public. Derrière eux, une immense bibliothèque nous indique que l’on se trouve dans le salon d’une maison très respectable. L’un des comédiens imite la voix et les attitudes d’une femme. Est-ce là le dialogue entre Léonide, princesse de Sparte, et sa suivante, Corine ? Il est vrai que les héroïnes du Triomphe de l’amour sont déguisées en hommes et se font appeler respectivement Phocion et Hermidas. Sous ce déguisement, la princesse pense pouvoir pénétrer dans la maison du célèbre philosophe Hermocrate, où vivent aussi sa sœur, Léontine, et Agis, fils de Cléomène dont le trône a été usurpé. En usant de ses charmes à la fois masculins et féminins, Léonide réussira son dessein, à savoir se faire aimer du philosophe et de sa sœur pour se rapprocher du véritable objet de ses désirs : Agis. Dans cette pièce, Marivaux use des quiproquos liés au travestissement : c’est chez lui un leitmotiv. Deux hommes se tiennent sur le devant de la scène. Ils scrutent le public. Derrière eux, une immense bibliothèque nous indique que l’on se trouve dans le salon d’une maison très respectable. L’un des comédiens imite la voix et les attitudes d’une femme. Est-ce là le dialogue entre Léonide, princesse de Sparte, et sa suivante, Corine ?

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Quand l’amour ébranle la raison

Les personnages sautent et gambadent, les répliques fusent et les livres s’envolent : dans ce jeu mouvementé mené uniquement par des hommes, Galin Stoev nous livrait hier soir lors de la première au Théâtre de Vidy une lecture brillante du Triomphe de l’amour de Marivaux. Un spectacle original et réjouissant dont on se souviendra encore longtemps. Les murs qui entourent la scène sont constitués par une imposante bibliothèque. Une quantité de livres, tous bien rangés, y prennent la poussière et attendent qu’une main instruite vienne les caresser. Dans les rayons, des serpents naturalisés, des crânes, des papillons épinglés et autres objets scientifiques forment un véritable cabinet de curiosité intégré à la collection livresque. C’est dans cet environnement austère mais élégant que les premiers personnages, étrangers au lieu, font leur entrée. Les projecteurs tournés vers eux les détachent sensiblement du décor, comme si leurs confidences étaient à mettre à part, en dehors de l’action elle-même. « Nous voici, je pense, dans les jardins du philosophe Hermocrate», annonce l’un d’entre eux. Un jardin peu commun et très fermé, celui de la sagesse et de la raison.

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Le savant de ces dames

C’est un Trissotin aussi élégant que clownesque que nous pouvions découvrir ces derniers jours au Théâtre de Vidy, dans la dernière création du metteur en scène québécois Denis Marleau. L’arrivée inattendue du pédant en Vespa reflète par son humour le choix plaisant de la transposition du cadre des Femmes savantes de Molière aux années 1950 ? transposition justifiable mais qui ne convainc pas sur tous les plans.

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Un bassin d’eau trouble

Les échanges sont dynamiques et les comédiens, pour ponctuer leurs répliques, s’éclaboussent d’eau. Les Femmes savantes, dans une mise en scène de Denis Marleau, se joue autour d’un grand bassin qui se prête bien aux interventions fluides et jaillissantes des personnages. Si la transposition de la pièce aux années cinquante appelle quelques réserves, le jeu des comédiens rend la satire tout à fait vivante.

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L’œuvre d’art de Denis Marleau

Pour la première fois, Denis Marleau met en scène du Molière. Cette nouvelle expérience donne lieu à un spectacle très esthétique où la femme est à l’honneur. En entrant dans la salle, le regard du spectateur se pose sur le bassin circulaire rempli d’eau, s’enfuit par une série de marches, passe sous une fine arcade en fer forgé, puis s’arrête sur la projection d’un imposant bâtiment qui occupe le fond de la scène. Deux petits buis de part et d’autre de l’édifice apportent une touche de vert sur un ensemble de tons chauds typiquement provençaux. Le bâtiment n’est autre que le Château de Grignan où le spectacle de Denis Marleau a été créé durant l’été 2012. La lumière s’éteint dans la salle et aussitôt la scène s’anime, des personnages défilent sur l’écran, ils entrent et sortent du bâtiment comme des figurants au fond de la scène. Quelques instants plus tard, la projection se fige et les comédiens font leur entrée.

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Des femmes et des jupons

Au Théâtre de Vidy, le très attendu Denis Marleau présente Les Femmes Savantes de Molière. Ouvrage fin et coloré. C’est l’heure où le jour succombe sous le poids des ombres. Seule une guirlande lumineuse éclaire le château de Grignan, curieusement transporté de la Drôme aux abords du lac Léman. L’enceinte du château – le vrai, celui dans lequel séjourna Mme de Sévigné – fut le berceau du projet, Les Femmes savantes répondant à une invitation spéciale du site patrimonial pour la compagnie UBU. Ne pouvant se résoudre à l’abandonner lors de la tournée, le metteur en scène Denis Marleau en emporte le souvenir ainsi que l’image sensible qu’il projette en arrière-plan. Étonnant et élégant !

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Le désir interdit en dix tableaux

En dix scènes, Arthur Schnitzler offre une ronde du désir charnel dépeignant l’envers du décor de la bienséance et de la morale de la société au tournant du XXe siècle. A partir d’une nouvelle traduction française d’Henri Christophe et avec le choix d’une mise en scène abstraite, Valentin Rossier nous présente de véritables tableaux de séduction tout en légèreté.

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Pierre, mécano, alias Ulysse

Pour sa première pièce de théâtre La Dérive des continents, Philippe Saire, qu’on connaissait comme chorégraphe, offre une Odyssée revisitée par des mécanos du XXIe siècle. Un incessant va-et-vient entre la Grèce Antique et l’Europe d’aujourd’hui, surprenant et déroutant, mais qui réussit à dessiner au fil de la pièce un parallèle plutôt détonant et décalé entre les deux époques.

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Quand le politique triomphe de l’amour

Puissante et actuelle : telle est la mise en scène de la Sophonisbe de Corneille par Brigitte Jaques-Wajeman, présentée en alternance avec Pompée à La Comédie de Genève. L’honneur et la raison d’Etat y triomphent de l’amour et des sentiments par un jeu d’une puissance inouïe, personnifié par une Sophonisbe fatale et dominatrice, que le roi Syphax et le prince Massinisse aiment à s’en détruire.

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Valse au bout de la nuit

Sur scène, dix couples se succèdent, emportés par la valse vertigineuse de la séduction et du sexe. Faisant tourner autant ceux qui sont en bas que ceux qui dominent dans l’échelle sociale, cette Ronde laisse peu de choses intactes sur son passage, stigmatisant aussi bien l’hypocrisie du mariage bourgeois que l’amour-propre du poète. Et quand la danse se termine, il ne semble rester que l’acte sexuel lui-même.

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Une folie contemporaine

Une terre brune envahissant la scène mais aussi – et littéralement – les bouches et les corps. Des berlingots dont fusent liquides rouges ou blancs. Du rap hurlé dans un micro. « Être ou ne pas être » fragmenté et repris par trois fois au long de la pièce : la mise en scène d’Ostermeier est d’une violence sublime et sert avec intelligence la progressive perte de repères d’Hamlet. « C’est complet, archi-complet » répond-on au jeune couple désirant s’ajouter à l’interminable liste d’attente des spectateurs impatients d’applaudir le très à la mode Thomas Ostermeier. Des applaudissements, il y en aura, tant son travail rompt en effet puissamment avec le romantisme dont les mises en scène classiques affublent parfois Hamlet : si vous attendiez une relecture contemporaine du texte shakespearien, vous serez comblés.

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Trompera bien qui trompera le dernier

Les canapés roulent à travers la scène, les portes claquent et le mur se décompose en une cascade de fenêtres. Madame découvre l’adultère de son mari avec une rage explosive. Dans sa transposition du vaudeville de Feydeau aux années cinquante, Robert Sandoz l’accompagne par un décor surprenant et des jeux de lumière dramatiques. A l’abri dans le public, on en redemande.

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Monsieur chasse, Madame se fâche, l’amant tombe la chemise… et le pantalon !

La dernière création du metteur en scène neuchâtelois Robert Sandoz, lecture originale et dynamique du vaudeville de Feydeau Monsieur chasse !, a fait trembler les murs du Théâtre du Jorat vendredi soir. Les rires des spectateurs font partie de cette agitation, mais ce ne sont pas les seuls. Un coup de feu retentit et fait vibrer la salle : la saison de la chasse est ouverte, le spectacle peut commencer.

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Ciel, quel Feydeau !

Le Théâtre du Jorat avait déjà accueilli en 2003 et 2004 deux spectacles de Feydeau. Le maître des vaudevilles semble bien être une valeur sûre et ce n’est pas ce Monsieur Chasse ! d’une efficacité redoutable qui nous fera dire le contraire. A l’aide d’un décor astucieux, Robert Sandoz, audacieux metteur en scène neuchâtelois, nous offre une comédie bien ficelée qui ne manquera pas de faire rire même les plus austères d’entre nous.

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Le Bleu de Madeleine ou la dilution du sens

La pièce jeune public Le Bleu de Madeleine et les autres, dirigée par Anne-Marie Marques et jouée au Petit Théâtre à Lausanne en octobre dernier, marie avec grand art la peinture et les mots. Seule ombre au tableau, l’ajout superflu de mouvements et de sons, qui font perdre de sa consistance à la pièce. Plusieurs gouttes de peinture d’un bleu roi qui plongent et se répandent majestueusement dans l’eau – fumée visuelle teintant le discours de la comédienne à la recherche du plus beau bleu dans la mer. L’image est belle et met en évidence la force d’un spectacle qui mêle le verbe à la couleur.

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Haut en couleurs

Sur l’écran géant, l’image de deux actrices bondissant en costumes futuristes est projetée en direct. Ainsi s’achève Le Bleu de Madeleine et les autres. Un voyage à travers les couleurs qui déploie un arc-en-ciel de formes artistiques mais dont, ce soir-là, on est malgré tout ressortis un peu déroutés. Dans un premier temps, ce spectacle soutient bien sa nomination aux Molières 2007 dans la catégorie jeune public.

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Avancer masqué pour mieux se libérer

Le révolté de la scène genevoise Oscar Gomez Mata met en scène pour sa dernière création La Maison d’Antan – une fable utopiste de Robert Louis Stevenson, dans laquelle liberté rime avec absurdité. Une quinzaine d’adolescents et trois comédiens professionnels incarnent avec brio l’histoire de Jack, un enfant qui tente de se délivrer de ses chaînes. Entre pédagogie et magie, la formule fonctionne.

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L’arrière-goût du passé

La Compagnie Gianni Schneider donne vie à La Pierre (Der Stein), une pièce de théâtre écrite en 2010 par Marius von Mayenburg, figure incontournable du théâre contemporain allemand. Une belle découverte à la Grange de Dorigny, avec un texte qui évoque l’Allemagne et son histoire sous une perspective plus méconnue : comment vivre aujourd’hui avec ce passé douloureux. Au coeur de l’action, une maison, en Allemagne. A qui appartient-elle ? A la famille juive contrainte de la vendre pour presque rien lors de son exil forcé ? Au jeune couple allemand qui la lui a achetée ? Le dilemme se pose en 1993, alors que l’Allemagne est réunifiée. Dans cette maison, symbole d’une injustice semblant être irréversible, trois générations de femmes se retrouvent. De retour dans la maison après une longue absence, leur passé ressurgit. Sous forme de souvenirs pour la grand-mère, Witha, et la mère, Heidrun. Sous forme d’interrogations et de révélations pour la petite-fille, Hannah, en quête de modèles.

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