Save the planet, kill yourself !

Save the planet, kill yourself ! / conception et mise en scène Adrien Barazzone – Cie L’Homme de dos / Théâtre Arsenic à Lausanne / du 3 au 7 juin 2014 / plus d’infos

© Francesca Palazzi
© Francesca Palazzi

Lors d’une convention écologique en Norvège, deux couples font connaissance dans l’intimité d’un sauna. Cette rencontre va faire ressortir chez eux des ambitions en contradiction avec leur idéal écologique. La première création d’Adrien Barazzone est un mélange parfois complexe entre théâtre et cinéma, entre musique et silence, mais aussi entre comédie et drame.

Le décor est sobre : une charpente en bois délimitant trois espaces, une table et quelques tonneaux. Une odeur d’eucalyptus flotte dans l’air. Six personnes se tiennent sur scène dès l’entrée du public dans la salle. Deux couples de Suisses et un duo de musiciens troublants, un peu à l’écart. On comprend rapidement que la pièce se passe en Norvège, dans une région plutôt isolée, durant une convention écologique où un membre de chaque couple a été invité à donner une conférence. Ces deux tandem, interprétés par Claire Deutsch et Simon Guélat, et Diane Müller et Léonard Bertholet, ne se connaissent pas au début de la pièce, mais vont se rencontrer à travers la vapeur d’une séance de sauna.

La pièce peut se découper en deux parties. La première est légère et comique malgré les liens parfois tendus qu’entretiennent les amoureux. L’auteur se moque des principes tenus dans les discours de ces jeunes qui ne correspondent pas forcément à leurs actes et à leurs véritables pensées. La seconde partie est plus décousue et plus difficile à analyser. Un système vidéo fait son apparition. On voit alors des images, tournées par le cinéaste suisse Lionel Baier, qui entrecoupent le récit et dont le lien avec la pièce n’est pas toujours facile à comprendre. Les films montrent des endroits différents, naturels ou citadins, et des personnes qui ne semblent pas avoir de liens entre elles. Les vidéos installent aussi une atmosphère qui évoque la fusillade de 2011 en Norvège, quand Anders Behring Breivik avait assassiné une soixantaine de jeunes sur l’île d’Utøya. En effet, à plusieurs reprises durant cette partie de la pièce, le mot « victim » apparaît sur les vidéos. La présence d’un tueur en série ou en tout cas d’une menace se fait sentir. Cette impression est accentuée par l’attitude douteuse des deux musiciens, qui annoncent l’arrivée d’un « killer » vers la fin de la pièce.

SAUNÅ fait passer le public du rire à l’angoisse, rappelant de temps à autre certains films d’épouvante. La musique renforce ces différentes sensations. Elle surprend surtout les spectateurs en passant d’un air calme chanté par la douce voix de Franziska Staubli à un genre soudain plus proche du métal, dans lequel le batteur Martin Perret se fait bien entendre.

Cette pièce ouverte offre plusieurs interprétations différentes, mais le sujet des limites posées à la volonté de ces jeunes personnages pour créer leur idéal écologique reste bien présent. Leur ego ou leur simple impuissance tendent à faire barrière à leur désir de sauver la planète. Quelles solutions vont-ils alors trouver pour résoudre ce conflit ?  La réponse est à découvrir jusqu’au 7 juin à l’Arsenic.

 

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