L’énergie du lancement de l’Assemblée de la transition était encore palpable lorsque les membres se sont retrouvé·e·s une deuxième fois en décembre 2022. Café et thé fumaient dans les tasses alors que tout le monde s’apprêtait à attaquer une session dont la tâche s’est avérée particulièrement dynamique : visualiser le futur.
Par leur nature, récits et imaginaires peuvent agir en tant que prophéties autoréalisatrices et donnent ainsi forme à l’avenir selon nos croyances et convictions. En effet, le mythe du futur comme vision à atteindre à un impact constant sur le présent et sur la façon dont on agit pour réaliser ce demain souhaité. Cette session a été fondamentale pour le travail de l’Assemblée : les futurs esquissés ce jour guideront les membres dans les propositions de mesures nécessaires pour les atteindre.
Une vision sombre de l’avenir
Pour débuter l’activité, les membres ont reçu un questionnaire afin de leur indiquer à quel mythe du futur elles et ils font inconsciemment référence lors qu’on leur demande de se projeter en 2040.
« Répondez de manière spontanée, par rapport au futur que vous voyez comme le plus probable dans 20 ans, pas celui que vous désirez voir réalisé. »
L’exercice est basé sur une étude de Boschetti et al.1 dont l’analyse de plus de 600 démarches de prospective a permis d’identifier 6 différents “mythes du futur” :
- Le mythe de la crise écologique : les conditions environnementales et les habitats naturels risquent de décliner et de provoquer des troubles sociaux.
- Le mythe de la crise sociale : les valeurs traditionnelles, l’ordre social et les compétences humaines sont susceptibles de décliner à l’avenir.
- Le mythe du pouvoir et des inégalités économiques : les grandes entreprises et les gouvernements sont susceptibles de devenir plus puissants et de provoquer des inégalités sociales et une crise économique.
- Le mythe de l’environnementalisme traditionnel : les biotechnologies et les nanotechnologies comportent des risques pour l’environnement et pour l’humanité, qui devrait revenir à des modes de vie plus simples.
- Le mythe du techno-optimisme : la science et la technologie sont susceptibles de créer des innovations qui améliorent la qualité de vie.
- Le mythe de la transformation sociale : la société est susceptible de devenir plus décentralisée, plus solidaire et plus autonome sur le plan collectif.
Ces mythes peuvent être catégorisés en fonction des moteurs principaux du changement : environnemental, social ou technique ; ainsi que par leur caractère : utopique ou dystopique. Lorsque les visions du futur des membres de l’Assemblée ont été partagées, une tendance générale s’est dessinée pour 2040 : une vision plutôt pessimiste, caractérisée par des bouleversements sociaux et des innovations technologiques importantes.
Le futur selon l’Assemblée de la transition
Suite à ce constat est venu le moment de laisser l’espace à la créativité. Isabelle Vuong a invité les membres de l’Assemblée à se rassembler en petit groupe et à créer leur propre récit afin de dépasser les visions individuelles. Les idées communes ont été partagées en plénière et ont toutes contribué à nourrir une vision collective et inédite de la durabilité.
Mises ensemble, les récits archétypes ont pu donner forme à une vision d’un demain claire et complexe, riche non seulement en contrastes et problématiques, mais aussi en espoir. S’il est vrai que le constat était plutôt pessimiste, et qu’un futur aux inégalités sociales fortes s’est dessiné, il ne manquait pas d’opportunités pour améliorer la qualité de vie de toutes et tous, la nature y compris.
Le chemin pour y parvenir
Le dernier exercice consistait à discuter des moyens pour parvenir à une vision désirable du futur en 2040. Les questions posées mettent en lumière les doutes et la prudence de l’Assemblée face aux risques potentiels des outils que nous avons actuellement à notre disposition :
- Les technologies peuvent-elles vraiment nous sauver ? Ou ne feront-elles que créer de nouveaux problèmes ? Les réseaux sociaux représentent-ils une ressource pour la communication de masse ou un danger pour la viralité des fake news ?
- Sommes-nous prêt·e·s à changer nos habitudes ? À moins consommer ? Devrait-on interdire la publicité pour réduire notre consommation ?
- Mieux isoler les bâtiments suffit-il à atteindre nos objectifs ou faut-il radicalement repenser le fonctionnement de l’université ? Quelles sont les éléments à changer immédiatement et ceux qui peuvent attendre ? Quel pouvoir d’action a l’UNIL sur les grandes questions écologiques et sociales ?
La suite
La prochaine étape se déroulera le 6 février 2023, sur une journée entière. Les impacts des activités de l’Université seront présentés aux membres de l’Assemblée afin d’identifier les principales pistes d’actions. Comme pour toutes les sessions de l’Assemblée, 15 places sont à disposition des personnes intéressées à assister à cette journée clé et peuvent déjà être réservées ici :
Entretemps, ne ratez pas la projection du film « Les 150 » de Yann Arthus-Bertrand sur les protagonistes de la Convention Citoyenne pour le Climat mise en place par Emmanuel Macron en 2019 qui présente une démarche similaire à celle de l’Assemblée de la transition.
Le rendez-vous est jeudi 19 janvier à 18h à la Salle Polyvalente du Vortex. Le film sera suivi d’un débat et d’une petite collation.