De la dorveille à la merveille
Postface de Alain Corbellari, 2007.
À l’origine de cet ouvrage, un étonnement : contrairement à beaucoup de textes français de la même époque, les lais des 12e et 13e siècles (de Marie de France et d’autres auteurs anonymes) ne comptent pas de rêve, bien qu’on y dorme beaucoup. Pourtant, ils ne semblent pas moins empreints d’un onirisme latent, implicite. La première partie de cet essai cherche à montrer que, dans les lais féeriques, le moment privilégié de la rencontre surnaturelle peut être considéré comme une rêverie compensatoire de la part de protagonistes particulièrement malheureux. La deuxième partie est consacrée au lai anonyme de Désiré dont le passage central ressortirait exceptionnellement au registre du rêve, rêve compris ici non plus au sens de rêve éveillé, mais de « vrai » rêve nocturne, même s’il n’est pas donné pour tel. Sollicitant aussi bien la classification antique des songes de Macrobe que les théories de Freud et de Winnicot, cette recherche propose de revaloriser les lais anonymes si souvent— et si injustement — décriés pour leur manque de lisibilité et de cohérence : il semble en réalité pertinent de tirer parti de leurs prétendues inconséquences par le biais du rêve, dont on sait bien que le contenu manifeste, par essence saugrenu et illogique, résiste à l’entendement.
170 p.