Venu du Tessin, il est tombé dans la littérature romande lors de ses études à l’UNIL. Aujourd’hui, le professeur Daniel Maggetti dirige le Centre de recherches sur les Lettres romandes.
Etudiant à la Faculté des lettres, Daniel Maggetti ne connaissait rien à la littérature romande. Il fera pourtant son mémoire sur Nicolas Bouvier, en 1985, à un moment où la critique littéraire ignorait encore largement l’écrivain-voyageur, et sa thèse portera sur L’Invention de la littérature romande (Payot, 1995). La découverte d’un univers littéraire implique pour lui l’analyse critique, l’étude des manuscrits, mais aussi l’écriture personnelle et l’édition de textes. Il codirige ainsi, jusqu’à sa disparition en 2005, la revue Ecriture. Il a reçu en 1997 le Prix Michel-Dentan pour Chambre 112 et en 2008 le Prix Lipp Suisse pour Les Créatures du Bon Dieu (deux livres parus à L’Aire).
Intéressé par le XIXe siècle, il est venu à Lausanne pour étudier la littérature française. «La littérature romande au XIXe siècle est laborieuse, à quelques exceptions près. En revanche, les auteurs romands du XXe siècle peuvent rivaliser avec leurs homologues français. Catherine Colomb n’est pas moins bien que Nathalie Sarraute», estime-t-il. Il se souvient avec émotion d’un «moment extraordinaire» avec Alice Rivaz, vaillante octogénaire qu’il put rencontrer grâce à un mandat de recherche donné par la professeure Doris Jakubec. Daniel Maggetti poursuit son exploration de la littérature romande à l’Université de Zurich comme assistant de Roger Francillon. Ce dernier lui confiera le secrétariat d’édition d’une Histoire de la littérature en Suisse romande, quatre volumes qui connaîtront en 2015 une réédition actualisée.
Dès 1999, Daniel Maggetti rejoint le «chantier Ramuz» lancé par Doris Jakubec, qui aboutira à la publication des romans dans la Bibliothèque de La Pléiade et à celle des Œuvres complètes chez Slatkine, travail achevé en 2013. Nommé professeur de littérature romande et francophone, il a pris dès 2003 la succession de Doris Jakubec à la tête du Centre de recherches sur les Lettres romandes de l’UNIL. Fondé en 1965, le CRLR aura 50 ans en 2015, un anniversaire placé sous le signe de Gustave Roud.
Le poète vaudois (1897-1976), également photographe, traducteur, critique d’art et éditeur, représente selon Daniel Maggetti «un objet idéal pour retracer l’histoire culturelle de la Suisse romande au XXe siècle». Le programme est riche: plusieurs expositions – dont une au Musée de Pully, réalisée avec Philippe Kaenel, sur le thème «Gustave Roud et les images», et une autre à la Maison de l’écriture et de la littérature de Montricher exploitant le fonds Gustave Roud du CRLR –; une installation de Stéphane Goël et Grégoire Mayor sur le souvenir du poète dans la région du Jorat; l’ouverture d’un site donnant accès au fonds photographique Gustave Roud de la BCU; un ouvrage collectif sur les différentes facettes de l’auteur; une édition de la correspondance réalisée par une étudiante du Master de spécialisation…
Daniel Maggetti travaille aussi avec des étudiants de l’ECAL qui réalisent des courts métrages sur des auteurs vivants. Chez lui, il étend la lessive qui déborde avec trois adolescents, fait des gâteaux… et s’occupe de ses abeilles.
Un goût de l’enfance
Celui des boulettes de viande de ma mère.
Une ville de goût?
Utrecht, pour un petit-déjeuner complet à la hollandaise.
Avec qui partager un repas?
Avec le patricien romain Apicius.