Les oiseaux cacheurs ne sont pas ceux que l’on croit. La faute à leur hippocampe, une zone cérébrale connue pour son rôle dans la mémoire. Et nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises.
A vous de l’interpréter comme vous le voulez! C’est une histoire vécue racontée par Philippe Christe, maître d’enseignement et de recherche au Département Ecologie et Evolution de l’Université de Lausanne (UNIL).
Une corneille femelle n’arrivait pas à préserver ses cachettes de la voracité de ses semblables. Systématiquement, elles étaient pillées. Et un jour, une fois de plus, le même manège: elle, qui cache son magot, assez peu discrètement, il est vrai; et deux mâles, attirés par l’aubaine, qui se précipitent pour se nourrir à bon compte… et qui se retirent tout aussi rapidement: elle avait caché un caillou, rien de plus rien de moins! L’histoire ne dit pas si cette mauvaise surprise leur a servi de leçon.
Si, à juste titre, vous refusez de conclure définitivement sur la base de cette observation unique, méditez alors cette étude menée dans toutes les règles de l’art en Grande-Bretagne sur des geais américains, des individus élevés à la main et préservés de contacts «sociaux» pour ne pas dénaturer l’expérience, d’autant plus intéressante que ces volatiles font partie de la grande famille des corvidés dont l’hippocampe est spécialement développé.
Les geais sont «cacheurs». Avec une particularité remarquable que les observateurs ont pu confirmer et qui suffirait à rendre leur cas intéressant. S’ils se rendent compte qu’ils sont épiés lorsqu’ils cachent leurs réserves, ils changent de cachette. Précaution élémentaire, direz-vous. Oui, mais ils ne la prennent que s’ils ont été pillards eux-mêmes.
Montre-moi ton hippocampe, et je te dirai qui tu es.
Laurent Bonnard