Gabriel, Carlo et Andrea jouent le Trio en do mineur de Bruch, alors que le soir tombe sur la villa La Chance, à Blonay, le dimanche 30 novembre 2014. Ce week-end là, une trentaine de membres de l’Association universitaire de musique de chambre de Lausanne se sont retrouvés au Centre de musique Hindemith. Le principe ? En trios, quatuors ou quintettes, ils ont travaillé en compagnie de professionnels dans une ambiance informelle, qui contraste avec le niveau artistique élevé.
Retour au samedi, en début d’après-midi. Trois violoncellistes, Giuseppe, Nadia et Annelene, entament le Requiem de David Popper, une œuvre post-romantique très prenante écrite en 1891. «Le tempo est bon, mais c’est un peu statique», remarque Joël Marosi, professeur de musique, après avoir écouté quelques mesures. Six croches, qui paraissent banales au néophyte, font l’objet de plusieurs répétitions. Car il s’agit d’obtenir un legato dense, c’est à dire des notes liées sans coupures ni accents. «Avec cette musique, il est important de ne pas perdre le son lorsque vous arrivez au bout de l’archet», explique encore l’enseignant. Dans les moments de silence, on entend un autre groupe jouer deux Mélodies écossaises de Beethoven dans la pièce voisine.
Ce week-end à Blonay, découpé en huit périodes d’une heure trente, est intense. «Dimanche soir, nous allons être fatigués, note le violoniste Gabriel avec un sourire. Mais c’est un peu l’idée !». Venue tout exprès d’Uppsala pour l’occasion, la violoncelliste Andrea ajoute que «ce que la musique te prend, elle te le rend ! Je vais avoir de l’énergie pour toute une semaine». En compagnie de Carlo, installé au piano, ces trois jeunes gens travaillent le Trio en do mineur de Bruch, toujours sous la baguette de Joël Marosi. L’athmosphère est décontractée et studieuse à la fois : on se parle, on rit, on annote les partitions en se partageant le crayon.
La plupart des participants sont étudiants ou doctorants à l’UNIL ou à l’EPFL. De la part des organisateurs du week-end, et en fonction de leurs souhaits et de leur niveau, ils reçoivent les partitions quelques semaines avant le séjour. Bien souvent, c’est à Blonay que tout se met en place. «Il est fréquent de jouer avec des personnes avec lesquelles on n’a jamais répété», explique Carlo, collaborateur d’une start-up installée au Parc scientifique de l’EPFL. Cela demande une bonne capacité d’adaptation, d’autant que l’on passe par exemple de Mozart, à Bruch puis à Schumann en deux jours, au fil des sessions.
Le week-end hors du temps, qui a lieu deux fois par an, se conclut par un concert d’une heure environ, où se produisent plusieurs ensembles.