17 novembre 2020. À Paris, un rassemblement se tient devant l’Assemblée nationale, afin de protester contre la proposition de loi relative à la sécurité globale. Des heurts sont survenus à la fin de cet événement.
En France, d’autres manifestations ont débouché sur des violences inouïes. Yeux crevés, membres arrachés, vies perdues : les rassemblements des Gilets jaunes en ont été le théâtre. Mais comment en est-on arrivé là ? Dans un livre récent, Olivier Fillieule, professeur à l’Institut d’études politiques de l’UNIL et Fabien Jobard, directeur de recherche au Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales du CNRS, analysent la brutalisation progressive du maintien de l’ordre dans l’Hexagone. Une régression selon eux à l’œuvre depuis les années 2000, après une politique de pacification initiée dès Mai 68.
Les auteurs exposent de multiples facteurs, comme le rapport entre forces de l’ordre et pouvoir politique, les enjeux médiatiques lors des manifestations, mais surtout la réduction volontaire des forces mobiles dès 2007 et ses conséquences. Richement documentée, l’enquête se fonde sur des observations de terrain, des archives et des entretiens que les deux sociologues mènent depuis plus de vingt ans. Elle aide à comprendre en profondeur un sujet brûlant d’actualité, qui inquiète sur l’état de la démocratie.