Manon Andreatta, Février 2021
La boxe est un sport de combat pratiqué à un contre un. Elle représente de nombreuses disciplines comme la boxe américaine, le kickboxing, la savate boxe, la boxe française ou encore la boxe thaï. Nous allons nous intéresser plus particulièrement à la boxe anglaise.
La boxe anglaise est un style qui n’utilise que les poings, mais il ne faut pas négliger le bas du corps qui est tout aussi important pour la puissance des coups. Ce sport demande une condition physique importante sur plusieurs points, au niveau de la rapidité, de la force, des réflexes, de l’explosivité et nécessite une grande coordination entre le bas et le haut du corps. Mais la condition physique ne fait pas tout, elle exige d’avoir de la technique afin de pouvoir faire des enchainements de coups de façon précise et automatique.
Le plus gros travail dans le sport, qui représente environ 80% de la performance est le mental.
Il joue une place centrale, de même qu’une confiance en ses capacités et dans l’estime de soi, qu’on acquière par l’entrainement.
Des pensées négatives ou une faible estime de soi chez un athlète peut engendrer sa défaite, alors même qu’il possède des capacités physiques supérieures.
La confiance de l’athlète peut dépendre de l’environnement dans lequel il s’entraine, dans lequel il a vécu ainsi que de ses liens sociaux. Des événements de la vie quotidienne peuvent également venir perturber la préparation du sportif et faire entrave à sa réussite.
Pour ces raisons, on va donc s’intéresser à la préparation mentale que demande un combat et les conséquences potentielles d’une défaite sur l’athlète. Différentes techniques pour la préparation ont été validées théoriquement, telles que la communication, la relaxation type yoga ou la visualisation, qui consiste à se voir en train de combattre et à imaginer tous les points techniques et physiques dans leurs moindres détails.
Du point de vu de l’entraineur du boxing club Evian et ancien boxeur professionnel Aissat Chaoiki, la préparation à un combat respecte des phases de préparation mentale et physique qui s’étalent sur deux mois, avec une fréquence de deux entrainements par jour.
Lors de la sixième, cinquième et quatrième semaine avant le combat, les entrainements seront difficiles, avec des adversaires dont le niveau est supérieur, ayant pour but de créer un conditionnement psychique pour optimiser la réussite du sportif. D’après Aissat Chaoiki cela consiste à « utiliser une répétition de gestes et de situations pour créer un engrenage, de l’automatisation, augmenter la confiance en soi et la gestion des émotions (notamment le stress) ». En revanche, durant la troisième et deuxième semaine, l’entrainement deviendra plus simple avec des adversaires « moins difficiles », pour que l’athlète puisse tenter d’appliquer ce conditionnement psychique entraîné au cours des semaines précédentes.
De plus, dans la phase de préparation mentale est prise en compte également l’exigence d’arriver au poids demandé pour la pesée afin que l’athlète rentre dans sa catégorie de poids. Les principales méthodes utilisées pour une perte de poids rapide sont la restriction alimentaire et hydrique, l’augmentation de l’activité physique (notamment des activités qui font travailler le cardio), les environnements chauds (sauna, …) ainsi que la prise de médicaments (diurétiques, laxatifs, réduction d’appétit). La déshydratation entraine alors des pertes de poids brutales qui peuvent aggraver les commotions cérébrales ou causer des tendinites, du fait que les tendons ne seront pas suffisamment irrigués. Les restrictions alimentaires peuvent également conduire à des problèmes de suralimentation après les pesées ou engendrer des TCA (Troubles du comportement alimentaire). Elles peuvent aussi avoir des répercussions plus ou moins importantes sur la performance et la santé (déséquilibre hormonal, électrolytique ou même des problèmes cardiaques, une déficience immunitaire et une augmentation de la mortalité).
De plus, la restriction pour atteindre le « poids idéal », bien souvent inférieur au poids de forme de l’athlète, provoque des sentiments de colère, de confusion, de tension ainsi qu’une diminution de la mémoire et de la concentration, impactant la performance physique.
Parfois, même avec une grande préparation et de la détermination, on peut tomber sur plus fort que soi ou être confronté à des événements imprévus venant perturber la préparation et impacter le résultat du combat. À la suite d’une défaite, l’athlète va travailler avec l’aide de son entraineur et de son entourage autour de l’acceptation du combat et va procéder à une décharge émotionnelle consécutive aux sentiments de déception, peur (si le boxeur a reçu des coups violents), tristesse, dégoût face au résultat après des mois d’entrainement. Après ses premières étapes d’acceptation, le boxeur doit se recentrer et fixer de nouveaux buts et des objectifs intermédiaires comme l’explique Chaoiki.
Kylian un boxeur en catégorie amateur (sous la catégorie professionnelle) du Boxe club Villards-sur-Glanes, avec un actif de 7 combats nous raconte sa préparation avant chaque combat :
« La préparation mentale et physique est très déterminante pour l’appréhension du stress avant le combat ». Sa préparation physique commence déjà deux mois avant le combat à une fréquence de 6 entrainements par semaine pendant trois semaines et 3 entrainements par semaine pendant une semaine. Quant à la préparation psychologique, deux semaines avant le combat, Kylian va pratiquer de la sophrologie (10 à 15min tous les deux à trois jours) et effectue un travail de visualisation. Pour être au poids, Kylian va favoriser différentes techniques, telles que le jeune intermittent et les entrainements cardio.
La boxe néanmoins est une activité physique avec des risques et des sacrifices mais elle a un apport positif pour la vie quotidienne, que décrit Kylian : « Ce qui me pousse à continuer de faire ce sport c’est les bienfaits physiques, mentaux qui sont incroyables. Au niveau physique le corps change, on se muscle et on a un meilleur cardio.
Au niveau mental, la boxe développe la confiance en soi, on connait nos limites et ce qu’on vaut, si je devais recommander un sport à des personnes timides, qui manquent de confiance en elles, je leur recommanderais clairement un sport de combat, un sport individuel. Quand tu te retrouves face à l’adversaire, c’est celui qui a le plus faim qui va gagner et ça, ça motive. »
La boxe anglaise demande une grande préparation physique mais aussi mentale comme nous avons pu le constater. Il faut être capable d’encaisser les coups, les donner, accepter d’en recevoir et gérer son stress, qui peut bloquer plus d’un sportif avant et pendant un combat. Sans oublier la pression de la pesée qui demande des sacrifices alimentaires. Mais cela apporte des forces pour la vie quotidienne. On peut noter aussi que c’est un milieu où le respect, la solidarité et l’entraide est essentielle entre les boxeurs.
Sources:
Quels sont les risques de la boxe ? Les réponses d’un médecin de la Fédération
https://doc.rero.ch/record/327606/files/TB_AM_RB_2018-2019_PDF.pdf
https://www.pinterest.fr/pin/540291286519468293/