Trouver un logement en Suisse : Les étudiants étrangers racontent leurs expériences
Par Michelle Olguin
La crise du logement n’est pas un nouveau concept, c’est un problème qui affecte les citadins de la Suisse au quotidien mais ce sont sans doute les étudiants qui sont le plus touchés. À chaque rentrée, toutes les résidences étudiantes affichent complet, et il est de plus en plus difficile de trouver un logement en dehors de ces dernières pour les étudiants qui sont chaque année plus nombreux à Lausanne.
“Si on veut trouver un appart’, il faut s’y prendre au moins six mois à l’avance” explique Pamela, une étudiante de l’EPFL, “et si on n’est pas sur place c’est toujours plus difficile, surtout avec les arnaques”. Tous les étudiants font face au défi de trouver un logement, mais les étudiants provenant de l’étranger se heurtent à plus d’obstacles que les locaux, dans cette recherche. Il y a déjà le problème des permis de résidence qui doivent être obtenus avant même de réfléchir à envoyer son dossier à une des résidences. “J’ai eu mon Visa deux semaines après la rentrée, du coup je n’ai pas pu faire de demande, et évidemment je ne pouvais pas venir en Suisse chercher un logement comme on le fait souvent” raconte à nouveau Pamela en se rappelant sa première année.
“Si on veut trouver un appart’ il faut s’y prendre au moins six mois à l’avance” explique Pamela
Mais ceci n’est que le premier obstacle. Si on a pas été pris dans une résidence, il faut constituer un dossier qu’on donnera aux régies des appartements. Le dossier demande beaucoup de documents mais les plus importants, sans doute, sont les lettres de salaire et la signature d’un garant. Ceci constitue un nouveau problème pour les étudiants étrangers qui, le plus souvent, n’ont pas de famille en Suisse. En effet, les étudiants Suisses habitent souvent dans des appartements loués par leurs parents qui, eux, peuvent donner des lettres de salaire. Mais voilà le premier problème, tous les étrangers ne peuvent établir un contrat de bail en Suisse, ce qui affecte donc les étudiants qui viennent de loin. Et même si l’étudiant travaillerait et pourrait donc prouver un revenu suffisant pour payer un loyer d’appartement, il reste le problème du garant. “J’ai déposé cinq dossiers différents, et cinq fois j’ai été refusé, parce que les régies ne regardent même pas les dossiers s’il n’y a pas de garant suisse” explique Carolina qui, malgré avoir pourvu son dossier de trois lettres de salaire, n’a pas pu obtenir un appartement. Les étrangers venant travailler en Suisse se heurtent aussi souvent à ce problème, soit par manque de garants, soit car ils n’ont encore pas de fiches de salaire valables.
“ […] Globalement, les propriétaires ne veulent pas louer aux étudiants, surtout s’ils n’ont pas un garant suisse”
Le désespoir de ces étudiants est palpable et les régies ou les propriétaires savent souvent s’en servir pour faire des demandes démesurées. Car les loyers ne sont pas les seuls affectés par la crise du logement, les modalités de paiement le sont aussi. En effet, les loyers sont sujets au droit des obligations (art.253) alors que les modalités de paiement de ces loyers ou de charges supplémentaires ne le sont pas. Le bailleur peut ainsi exiger aux locataires de payer le loyer en avance, ou trois mois à la fois ou bien il peut encore demander des charges supplémentaires comme une garantie. Cette pratique est parfois logique et il est important de remarquer qu’elle est tout à fait légale. Le problème est qu’elle affecte surtout les étudiants étrangers qui désespèrent de trouver un logement et qui sont prêts à tout pour l’obtenir. Ceux-ci risquent donc de signer un contrat défavorable qui exige qu’ils paient six mois de loyer à l’avance, qu’ils laissent une garantie équivalente à trois mois de loyer et qu’ils puissent quand même prouver qu’ils sont capables de payer ces montants à travers des lettres de salaires de parents étrangers. C’est le cas de Anne qui a finalement trouvé un logement lui demandant de payer des montants exorbitants pour y résider une année. Alors qu’elle partait en échange, le propriétaire lui a dit qu’il était impossible de sous-louer l’appartement pendant son séjour à l’étranger, “Seulement, moi, j’avais déjà payé le loyer pour toute l’année, du coup j’ai perdu six mois de loyer” dit-elle. Carolina dit, qu’après plusieurs mois de recherches, qu’après le refus de tous les dossiers qu’elle envoyait : “Finalement, j’ai trouvé une chambre à louer dans une colocation, mais la chambre était chère pour ce que c’était, je n’ai pas pu choisir mes colocs et personne ne pouvait rester dormir dans l’appartement, même pas nos parents !”. “Nous n’avons jamais vraiment su pourquoi nos dossiers avaient été refusés mais je pense que globalement, les propriétaires ne veulent pas louer aux étudiants, surtout s’ils n’ont pas un garant suisse”.
Finalement, les étudiants se débrouillent toujours pour trouver un logement, ils trouveront toujours une alternative. Mais, si chercher un logement est déjà assez difficile pour les étudiants, cela devient quasiment impossible pour ceux qui arrivent de l’étranger. Les lois ne peuvent pas toujours protéger les étudiants contre les pratiques des propriétaires et, malgré l’aide de certaines associations, le problème persiste.