« A une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire. »
— George Orwell
Le neutre, ça n’existe pas
« Ecrire était facile. Tout ce qu’il avait à faire, c’était transcrire l’interminable monologue ininterrompu qui, littéralement depuis des années, se poursuivait dans son cerveau.»
Qu’est-ce que l’écriture inclusive ? Pour répondre à cette question, nous commencerons par regarder ce que ses promoteur·rice·s en disent. Cette nouvelle écriture a pour but, comme son nom l’indique, d’inclure les femmes dans le langage et ainsi de faire progresser l’égalité femmes / hommes. Le Manuel d’écriture inclusive résume la chose à trois conventions. 1. Accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres. 2. User du féminin et du masculin, que ce soit par l’énumération par ordre alphabétique, l’usage d’un point milieu, ou le recours aux termes épicènes. – par exemple, on ne doit plus dire des ouvriers, mais des ouvrier·ère·s. Alors oui, ceux·elles qui ont l’esprit mal placé diront qu’il aurait suffi d’attendre la fermeture des dernières usines sur sol européen pour remplacer directement cette appellation par celle de chômeur·euse·s – 3. Ne plus employer les antonomases du nom commun « Femme » et « Homme ». « Les Hommes » n’englobe donc plus les femmes. « Hommes » n’est plus égal à « femmes », mais la femme est bien l’égale de l’homme. Nous noterons déjà que si le deuxième point est bien connu, c’est moins le cas des deux autres. À ces conventions existent des exceptions, notamment, « les mots dont la forme ne varie pas entre le masculin et le féminin. » On citera notamment les exemples suivants : ploucs, ivrognes, misogynes, réactionnaires, fascistes, etc…
Mais n’allons pas trop vite en besogne. Il faut peser le pour et le contre. Après tout, l’article pourrait se dérouler ainsi : après avoir résumé ce qu’est l’écriture inclusive et relaté les quelques controverses qui l’entourent, en ne disant réellement rien, nous pourrions conclure sobrement d’une petite remontrance contre les méfiant·e·s, l’emballer d’un beau ruban, et le présenter comme le produit d’un journalisme neutre et raisonnable. Après tout, il n’y a rien d’avantageux à paraître rigide, incapable d’apprécier le changement, défensif·ive et crispé·e face au Progrès. Celui·elle qui semble nager à contre-courant, face à une force de la nature, contre ce qui semble aller de soi, parait fou·olle ; sans parler du risque bien réel de finir noyé·e. Pourquoi alors ne pas s’en contenter ? Cet article n’aura même pas de but éducatif : « Ou l’avenir ressemblerait au présent, et on ne l’écouterait pas, ou il serait différent, et son enseignement, dans ce cas, n’aurait aucun sens. » Mais les mots, les pensées, ont parfois un besoin irrépressible de s’exprimer, à n’importe quel prix. L’article va donc prendre une autre tournure.
Ma double pensée
« Son esprit s’échappa vers le labyrinthe de la double-pensée. Connaître et ne pas connaître. En pleine conscience et avec une absolue bonne foi, émettre des mensonges soigneusement agencés. Retenir simultanément deux opinions qui s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux. »
Je ne défendrai pas cette réforme par soif complotiste, en inventant une conspiration patriarcale menée par l’Académie française.
Je n’aborderai pas non plus les diverses controverses et critiques tolérées faites à l’écriture inclusive. Je ne parlerai pas du Premier ministre français qui a décidé de bannir l’écriture inclusive des textes officiels. Ni de l’article des décodeur·euse·s qui nagent dans le bon sens et réprouvent la circulaire d’Edouard Philippe. Lui qui ne fait pourtant que vanter la clarté, la norme et une forme de lisibilité, puisqu’il doit les lire, lui, ces textes officiels. Lui qui voulait surtout que la combine ne soit pas trop voyante, c’est déjà trop pour nos ami·e·s du Monde.
Je n’évoquerai pas non plus la posture de Christine Angot, (auteur)·e parachutée chez Ruquier pour avoir taillé un costard au croque-mort·e·s Fillon. Elle qui défend l’écriture de papa car l’inclusif ce serait « agir sur les mots sans que les mots agissent sur nous. » En somme, prétendre que les gens ont tellement de stéréotypes que le langage est impuissant.
Je n’utiliserai pas la logique de l’adversaire pour combattre la logique de l’adversaire. Je ne dirai pas que cette écriture inclusive exclut tou·te·s ceux·elles qui ne se reconnaissent ni d’un genre ni de l’autre. Problème que le neutre, absent du français, est seul à pouvoir régler.
Que faire également avec des mots tels que cameraman, challenger, leader, looser, one-man show, sniper ? En tout cas, je ne crierai pas : « non à la féminisation de nos anglicismes ! »
C’est décidé, je ne nagerai pas sans me mouiller. J’irai jusqu’au bout, et Dieu sait ce qui s’y trouve.
Guerre langagière
« Il était entendu que lorsque le novlangue serait une fois pour toutes adoptée et que l’ancilangue serait oubliée, une idée hérétique – c’est-à-dire une idée s’écartant des principes de l’angsoc – serait littéralement impensable, du moins dans la mesure ou la pensée dépend des mots. »
Il est temps d’enclencher la deuxième. On ne peut critiquer l’écriture inclusive qu’armé·e de la vérité, lorsque l’on sait que deux et deux font quatre. Dans toute guerre, il y a deux camps. Vous êtes pour ou vous êtes contre. Pas de demi-mesure. Dans toute guerre, ceux·elles sur le champ de bataille sont perdant·e·s. Mais il faut en passer par là, pour ne pas avoir l’air de se dérober.
L’écriture inclusive n’est pas une question esthétique. À ceux·elles des deux camps qui me diraient l’inverse, je les renverrai à ces promoteur·euse·s qui le reconnaissent eux·elles-mêmes. Il suffit de lire le préambule du Manuel : « Le discours n’est pas simplement ce qui traduit les luttes ou les systèmes de domination, mais ce pour quoi, ce par quoi on lutte, le pouvoir dont on cherche à s’emparer. » Les choses sont claires, c’est une lutte, pas une question accessoire.
L’esthétique cache l’idéologie, nous ne pouvons donc pas nous réclamer de la première pour taper sur la seconde. La page sept du Manuel nous dit : Les noms des fonctions, grades, métiers et titres existent massivement au féminin et ce depuis le Moyen Âge. Mots-Clés considère qu’il n’y a donc pas de raison d’effacer discursivement cette présence sociale des femmes. » C’est donc en se référant au passé que Raphaël Haddad, fondateur de la brochure finalement très phallo-centrée – toujours se méfier des hommes pleins de bons sentiments qui parlent au nom des femmes – entend justifier ce progrès égalitariste. Je ne me risquerai pas à mettre côte à côte le français écrit du Moyen Âge et celui d’aujourd’hui. Certes, nombre fol jouvencel virginaulx iroient mesdire qu’il n’est nul homme fors assez à cela faire. Mais la déculottée serait trop grande pour ce Haddad défenseur d’une sorte de conservatisme progressiste intenable contre un ennemi fantasmé : la domination patriarcale. Il faut donc imposer la langue par le haut. Non pas attendre le « changement des mentalités », mais le provoquer, l’imposer. Je ne peux pas les blâmer – si on croit au bon sens du peuple, on ne peut pas penser qu’une telle idée puisse jamais venir d’en bas – mais je le prends comme un aveu de la nature néfaste du projet. D’ailleurs, ce point médian, bien souvent visible dans nos cours universitaires, n’illustre-t-il pas au contraire la séparation ? Serait-ce l’inclusion sur le champ de bataille ? En disant que le masculin l’emporte sur le féminin, n’illustrent-il·elle·s pas leur vision conflictuelle du rapport homme / femme et leur volonté de les opposer ? On me dira qu’il y a des choses plus importantes à remettre en cause, que les femmes ne font que réclamer l’égalité, qu’elles veulent simplement les mêmes droits et être traitées de la même façon que les hommes. À première vue, je n’y suis pas opposé. Il peut y avoir de la légitimité dans cette volonté d’émancipation. Mais nous réclamer de l’égalité pour combattre l’égalité nous ferait replonger dans la double pensée. À moins bien sûr que ce terme « d’égalité » soit devenu du novlangue, comme le terme « antiraciste ». Après tout, comme le disait Jean Baudrillard : « SOS-Racisme. SOS baleines. Ambiguité : dans un cas, c’est pour dénoncer le racisme, dans l’autre, c’est pour sauver les baleines. Et si dans le premier cas, c’était aussi un appel subliminal à sauver le racisme. » Il pourrait en être de même pour ces défenseur·euse·s de l’égalité. Mais est-ce vraiment si simple ? Que cache ce terme « d’égalité » et qu’implique-t-il ?
Belles âmes pour mauvais combat
« Quelle certitude avait-il qu’une seule des créatures humaines actuellement vivantes pensait comme lui ? Et comment savoir si la souveraineté du Parti ne durerait pas éternellement ? Comme une réponse, les trois slogans inscrits sur la façade blanche du ministère de la Vérité lui revinrent à l’esprit. »
LA GUERRE C’EST ENTRE LES SEXES
LE MENAGE C’EST L’ESCLAVAGE
LA LIBERTE C’EST LE DROIT DE VOTE
S’attaquer à Big Brother·Sister lui·elle-même est une entreprise périlleuse. Revenir sur l’idéologie acceptée de tou·te·s ou du moins dont on est obligé·e·s de feindre le soutien, et la déconstruire, demande de la place. La pensée ne peut se limiter à des slogans, sinon la pensée meurt. Twitter en est un excellent exemple. Les « tweets » vont bientôt passer de 140 à 280 caractères et les journalistes sont parvenu·e·s à faire passer cela pour une victoire. Que peut-on dire en 280 caractères ? Quand s’ajoute à cela l’appauvrissement de la grammaire, la disparition de la négation, des accents, la limitation du vocabulaire, quand on sait que seuls 600 mots différents sont utilisés en moyenne dans une émission de télé-réalité, quand on voit la chute du niveau de l’école, il y a de quoi perdre espoir, mais alors, on peut comprendre que 280 caractères soit déjà un nombre vertigineux. Il est bon de rappeler que la destruction de l’intelligence est utile à plus d’un titre à ceux·elles qui nous gouvernent, elle permet d’éviter la révolte des masses. Comment, en effet, se révolter si on ne peut même plus formuler l’objet de sa révolte. Les mots sont devenus l’ennemi. Il ne reste plus que deux et deux font quatre, si tant est qu’on sache compter. L’écriture inclusive n’est que le bout du bout. Au moins, elle permettra de faire grimper le nombre de caractères. Heureusement, nous ne sommes pas sur Twitter.
Nous allons donc la déconstruire, cette idéologie, et remettre les mots à leur place. N’y allons pas par quatre chemins, ne jouons pas les faux·ausses naïf·ve·s, cette notion d’égalité, telle qu’elle nous est présentée, est une escroquerie. Pour certain·e·s, attention je n’inclus pas Raphaël Haddad, toutes les dérives actuelles sont en germe depuis la Révolution Française. Ce qui est sûr, c’est que les mouvements prônant l’émancipation de la femme portaient mal leur nom : les féministes ont été dupées. Elles ont milité pour leur propre soumission, pour la soumission des femmes. Pourtant, elles ne cessaient de le répéter, il fallait sortir les femmes de la cuisine, les intégrer à la société. Pendant que les hommes vivaient des aventures incroyables au travail, les femmes étaient bloquées à la maison. Injustice ! Il était inadmissible qu’elles n’aient pas les mêmes droits que les hommes. Le droit d’être autonomes, de travailler, de divorcer, de fumer, de coucher, de choisir leur avenir, de faire de la politique. Les hommes étaient contre leur émancipation, ils ne voulaient pas partager le pouvoir. C’est ce qu’on leur fit avaler. Tou·te·s furent dupé·e·s. Seuls quelques machistes se perdirent en affirmant en ces termes l’exact opposé. Mais l’arnaque était là, dans la formulation, dans les mots. Le mot « femme », le mot, « droit », le mot « égalité ».
Déjà, « femme » ne veut rien dire, comme « Hommes » ne désigne désormais plus les femmes, le vrai danger était de désigner toutes les femmes sous une même appellation et de leur faire mener un même combat. On ne peut nier ainsi les classes sociales. En le faisant, l’émancipation des femmes s’est faite sur le dos d’autres femmes. La bourgeoise pouvait ainsi s’épanouir dans un travail du tertiaire qui n’en est pas vraiment un, tandis que la femme de milieu populaire devenait ouvrière ou caissière. Pendant que la bourgeoise faisait élever ses enfants par d’autres femmes de classes inférieures, l’ouvrière connaissait la double journée : ses enfants s’élevaient seuls dans la rue, et son mari – s’il ne l’avait pas déjà quittée, ô joie du divorce – ne faisait pas la vaisselle pour tout ça. La véritable liberté est de ne pas avoir à travailler, désormais, cela n’est plus possible, un salaire ne suffit plus. Mais il fallait sortir des couches, comme si l’éducation des enfants pouvait se résumer à cela. On me dira que l’homme n’a qu’à faire sa part de travail. Mais à moins de mettre des télécrans dans chaque appartement, cela semble difficile. Nous y reviendrons.
Le terme « droit » est également un leurre. Le droit de vote en porte étendard est symptomatique. La démocratie représentative est, comme dirait Etienne Chouard, un oxymore intenable. En démocratie représentative, le vote est là pour légitimer celui·elle que le système désigne, rien de plus. C’est le système dictatorial dans ce qu’il a de plus parfait, il n’y a plus de soldat·e·s, plus de camps, seulement des isoloirs. Une ploutocratie qui prétend donner le pouvoir au peuple, un faux droit qui nous enferme et nous soumet, hommes comme femmes. Mais madame s’ennuyait à faire le repassage, elle voulait faire comme les hommes, discuter politique au café du commerce ivre morte, s’écrier qu’un·e tel·le candidat·e vous a trahi·e et qu’on ne l’y reprendrait plus.
Les femmes ont été manipulées par notre ennemi commun. Cet adversaire, il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant, il gouverne, cet adversaire, c’est le monde de la finance. Si la référence peut faire sourire, la réalité beaucoup moins. Nous touchons ici à l’intouchable, méfions-nous. Pourquoi me demanderez-vous, le marché avait-il besoin de la libération des femmes ? Les faire travailler signifiait taxer deux fois plus de gens. Forcer les femmes à mettre leurs enfants à l’école permettait, en plus, le formatage dès le plus jeune âge. La nouvelle femme, fumeuse, allumeuse, armée d’une carte de crédit à son nom, allait être une bien meilleure consommatrice. La femme ne dépendrait plus de son mari, mais de son·sa patron·ne beaucoup moins compréhensif·ive. Plus que cela, la femme serait désormais soumise au marché qui, lui, règne sans partage. L’ancienne femme était un frein, un obstacle, tout comme la famille et la nation. En l’opposant dans une lutte horizontale à l’homme désigné comme ennemi, l’on rendit impossible tout combat vertical. Evidemment, présenté ainsi, personne n’aurait soutenu cette cause, personne n’aurait manifesté dans les rues, personne n’aurait suivi le mouvement.
Peur du lendemain
« Vous n’appréciez pas réellement le novlangue, […] Même quand vous écrivez, vous pensez en acilangue. J’ai lu quelques-uns des articles que vous écrivez parfois dans le Times. Ils sont assez bons, mais ce sont des traductions. Au fond, vous auriez préféré rester fidèle à l’ancien langage, à son imprécision et ses nuances inutiles. Vous n’appréciez pas la beauté qu’il y a dans la destruction des mots. »
C’est vrai, avant de poursuivre ma démonstration, je dois avouer : je préférerais ne pas utiliser l’écriture inclusive dans cet article. Mais plutôt que de profiter du peu de liberté qu’il me reste, je préfère m’y habituer dès maintenant. Un jour, son utilisation sera obligatoire, je ne me fais pas d’illusions. Le futur ne sera pas victorieux. Mieux vaut boire du gin et peser ses mots. Je suis résigné et mon seul tort est d’avoir compris la supercherie. Trop intelligent pour être heureux, trop stupide pour me hisser au sommet. Ceux·elles qui célébraient la victoire de Macron, au fond je les envie. Il·elle·s ne savent pas. Moi je noyais mes larmes dans le gin, je ne dansais pas sur du Jean-Jacques Goldman. J’en viens à croire en cette force de la nature inarrêtable. J’admire sa grandeur, son ingéniosité. J’arrive à reconnaitre la beauté dans l’échec, dans la mélancolie, dans l’impuissance. Peut-être faudrait-il accompagner le mouvement pour causer sa perte ou pour le rendre imprescriptible, une fois pour toute.
Je pourrais, par exemple, proposer d’utiliser l’inclusif à l’oral. Cela se fait déjà, en partie. Après tout, les mêmes arguments peuvent s’appliquer. Cela rallonge les phrases ? Non, les femmes « n’encombrent » pas la parole. De plus, on s’habitue très vite à son usage. Le langage n’est pas une question accessoire, pas de raison d’utiliser cela uniquement à l’écrit. La parole ne doit pas être un stigmate de la domination patriarcale, etc… Alors oui, je sais, cela sera difficile à imposer. Il faudra mettre la police de la pensée derrière chaque pilier de bar. Comment faire ? Là encore, nous y reviendrons.
Pour l’instant, je suggère une écriture inclusive améliorée que je me propose d’employer dès la section suivante de mon article. Cette amélioration repose sur un constat : il est inadmissible que demeure des distinctions de genre pour chaque mot. Comment justifier que l’on dise une mégère, une trainée, une garce, une sainte-ni-touche, une serpillère, une machine à laver, etc. Je me permets donc d’introduire cette nouveauté qui mettra fin à cette différenciation indéfendable. Vous verrez, l’œil s’y habitue très vite.
La·le différenciation c’est la·le hiérarchisation
« On lui avait même parfois confié la rectification d’articles de fond du journal Times, qui étaient écrits entièrement en novlangue. Il déroula le message qu’il avait mis de côté plus tôt. Ce message était ainsi libellé : »
Nous en sommes à l’ultime barrière. Malgré mon·ma ralliement, je vais poursuivre ma·mon démonstration. Tout cela est tellement complexe et pervers·e, vous ne pourriez autrement pas comprendre ma·mon démarche.
Le cœur du problème est symbolisé·e par ce·tte terme « d’égalité ». Nous avons vu en quoi la·le libération de la·le femme avait servi·e le·la marché sous prétexte d’égalité qui signifiait alors acquérir les mêmes droits que les hommes, droits qui n’en sont pas vraiment. Mais le·la terme « égalité » a pris un·e nouveau·elle sens, celui·elle d’indifférenciation. En effet, il·elle ne s’agit plus désormais de gommer les différences de traitement – du moins de le·la prétendre – mais les différences tout court. D’où la·le nécessaire théorie du genre, celui·elle qui n’existe pas et n’a jamais existé, mais qui pullule pourtant dans nos syllabus universitaires. Ce·tte théorie assure que les différences sexuel·le·s sont du·e·s à la socialisation uniquement et nie tout·e forme de biologie et de nature. À ce·tte théorie est appondu·e l’idée que tout·e différenciation mène à un·e forme de hiérarchisation. Cela ne laisse donc pas d’autre choix aux bon·ne·s âmes que d’appeler à gommer ces différenciations pour atteindre la·le véritable égalité.
Mais avant d’expliquer les raisons véritables qui poussent à propager ce·tte mouvement d’indifférenciation, regardons en quoi ce·tte théorie du genre ne tient pas. Premièrement, ce·tte théorie prétend que les socialisations différencié·e·s provoquent les différences, alors que l’explication pourrait très bien être : les différences naturel·le·s provoquent des socialisations différencié·e·s. L’erreur serait de contrer ce·tte théorie en prétendant qu’un·e poule n’a jamais mené la·le bassecour. L’homme et la·le femme sont un·e animal politique et nos sociétés fruits du matérialisme historique. Nous ne basons pas nos sociétés sur la·le nature, c’est à nous de sélectionner ce que nous jugeons bon et si besoin, de nous en extraire. Alors, admettons que tout soit socialisation, que les femmes ne tombent pas enceint·e, ou que le·la progrès, dans la·le Meilleur des mondes, leur permette d’y échapper, que les différences de force et de performances physique en soient la·le conséquence, qu’il·elle ne reste rien d’inné. Convaincre de cela est indispensable pour faire accepter l’idée d’un·e nécessaire indifférenciation, sinon ce·tte théorie ferait apparaitre ce·tte hiérarchisation – comprendre : l’infériorité des femmes – comme un·e loi de la·le nature. Ce qui reviendrait à dire le·la contraire de ce qu’elle·il prétend. Mais le·la « constat froid » qui consiste à dire que différenciation mène à hiérarchisation est le·la plus vicieux·se des pièges. Le·la problème pour eux·elles, serait que les femmes n’ont pas autant de pouvoir que les hommes. Il·elle·s ont des emplois moins rémunéré·e·s, il·elle·s sont supposé·e·s être tout en retenue quand les hommes peuvent être exubérant·e·s, il·elle·s ne peuvent pas coucher avec le·la premier·ère venu·e contrairement aux hommes. Mais en disant cela, il·elle·s nient le·la véritable pouvoir des femmes. Le·la pouvoir de la·le femme est complémentaire de celui·elle de l’homme, il·elle doit l’être. Elle·il a le·la pouvoir de susciter le·la désir masculin·e et le·la pouvoir de dire non, d’où la·le vantardise de l’homme qui enchaine les conquêtes. La·le libération sexuel·le a déstabilisé cet·te équilibre, car l’homme n’a pas obtenu mécaniquement en retour les privilèges féminin·e·s et n’aura bientôt plus ceux·elle du masculin·e, alors que la·le femme cumule les deux. Enfin, tant que la·le femme est jeune et attrayant·e, ensuite, elle·il est délaissé·e, ô joies du divorce et du libre-échange sexuel·le. Mais la·le frustration est un·e moteur économique et un·e créateur·e de marché, pornographie, objets compensatoires, prostitution, et ce même si ce·tte situation devait n’être en définitif·ve que transitoire.
Pour ce qui est des différences salarial·e·s, il·elle faut le·la dire, le·la marché est sexiste. Un·e beaux·elle femme fait vendre des voitures, mais vaut globalement moins qu’un·e homme sur le·la marché. Mais au lieu de se révolter contre ce·tte dictature, nous nous y soumettons en nous plaignant du manque de garderies, en invoquant le·la congé paternité et le·la Saint·e partage des tâches ménager·ère·s que l’on souhaite atteindre par un·e socialisation totalisant·e. Ce·tte hiérarchisation existe uniquement du point de vue du marché. Ce sont ceux·elles qui défendent ce·tte hypothèse qui place les valeurs masculin·e·s au-dessus des valeurs féminin·e·s. Sur un·e ring de boxe, dans l’arène du marché mondialisé·e, la·le force et la·le brutalité sont seul·e·s qualités. Ce sont eux·elles les misogynes.
Maintenant, il·elle nous faut comprendre un·e chose. Tout cela n’est pas fait pour atteindre l’égalité, même si l’on a compris qu’il·elle s’agissait de l’égalité sur le·la marché. Ceux·elles qui tiennent le·la marché s’en moquent. Ce qui compte pour eux·elles c’est l’indifférenciation, car l’individu sans repères, sans racines, sans sexe, est beaucoup plus malléable, meilleur·e consommateur·ice et soumis·e à ses maitres. Si le·la langage, les différences salarial·e·s et la·le différenciation des tâches, tou·te·s sexué·e·s, sont perçu·e·s comme des stigmates de ce·tte différenciation, leur effacement – qui permet cela dit de neutraliser certain·e·s secteurs tout en favorisant indirectement l’indifférenciation – n’est pas l’objectif principal·e, leur effacement découlera seulement de l’indifférenciation. Ces stigmates sont des prétextes pour justifier la·le création d’individus isolé·e·s, perdu·e·s et sans identités. Les individus transgenres en sont la·le démonstration parfaite. Conforté·e·s dans leur démarche par ce·tte théorie du genre qui n’existe pas, il·elle·s ont à la fois permit l’ouverture de nouveaux·elles marchés – notamment dans la·le chirurgie esthétique – et renforcé l’indifférenciation. Il·elle·s incarnent ces individus sans repères et 40% d’entre eux·elles ont déjà tenté de se suicider. Mais cela, le·la système s’en moque. Encore un·e fois, le·la marché se fiche de ses esclaves et de ce qui peut bien en advenir. Il·elle les jette lorsqu’il·elle n’en a plus l’usage, voilà ce qui nous attend tou·te·s.
Soumission
Me voilà arrivé·e au bout. Que peut faire la·le femme et l’Homme face à un·e tel·le système ? Rien. Témoigner. Détourner le·la regard. Plus personne ne l’emportera, ni le·la masculin, ni le·la féminin. Tou·te·s seront perdant·e·s, tou·te·s seront soumis·e.s. Cet·te article ne traite que d’un·e sujet précis·e. Démonter l’intégralité du système demanderait la·le rédaction d’un·e véritable Bible. Cela n’en vaut pas la·le peine. On s’y habituera, comme pour l’écriture inclusif·ve. « O cruel·le, inutile incompréhension ! Obstiné·e ! volontairement exilé·e de la·le poitrine aimant·e ! Deux larmes empesté·e·s de gin lui coulèrent de chaque côté du nez. Mais il·elle allait bien, tout allait bien. »
LA LUTTE ÉTAIT TERMINEE
IL AVAIT REMPORTE LA VICTOIRE SUR LUI-MEME
IL AIMAIT L’ECRITURE INCLUSIVE
Rédacteur : Dorian Briggen
http://acdemocracy.org/could-you-prevent-big-borther-watching/
http://dicocitations.lemonde.fr/citation_auteur_ajout/75481.php
https://williamsinstitute.law.ucla.edu/wp-content/uploads/AFSP-Williams-Suicide-Report-Final.pdf
https://www.clicanoo.re/Societe/Article/2017/03/17/Quand-la-tele-realite-abrutit-les-jeunes_457154
https://www.letemps.ch/opinions/2017/11/14/cheres-lecteurrices-lecriture-inclusive-dechaine-passions
https://www.youtube.com/watch?v=lh2JVxt6Ga8
https://youtu.be/rnEoDbYpnuU?t=5m52s
https://youtu.be/ne6DS_h9nwI?t=16m25s
https://youtu.be/zCpjmvaIgNA?t=46s
Citations d’ouvrage:
ORWELL George, 1950. NINETEEN EIGHTY-FOUR. Editions Gallimard, p.19.
ORWELL George, 1950. NINETEEN EIGHTY-FOUR. Editions Gallimard, p.18.
ORWELL George, 1950. NINETEEN EIGHTY-FOUR. Editions Gallimard, p.51.
ORWELL George, 1950. NINETEEN EIGHTY-FOUR. Editions Gallimard, p.396.
ORWELL George, 1950. NINETEEN EIGHTY-FOUR. Editions Gallimard, p.41.
ORWELL George, 1950. NINETEEN EIGHTY-FOUR. Editions Gallimard, p.74.
ORWELL George, 1950. NINETEEN EIGHTY-FOUR. Editions Gallimard, p.63.
ORWELL George, 1950. NINETEEN EIGHTY-FOUR. Editions Gallimard, p.391.