Il y a bientôt deux mois, les Etats-Unis connaissaient l’un des pires massacres de leur histoire. Cette tuerie, comme à chaque fois, a relancé le débat sur les armes
Le 1er octobre 2017, à Las Vegas, dans le Nevada, un homme lourdement armé a décidé de tirer dans la foule depuis la chambre de son hôtel. Cet homme a touché 574 civils dont 59 sont mort.
Pour que ce dernier mette en place cette tuerie, ça n’a pas été très compliqué. Il lui a suffi de monter lui-même ses 10 valises contenant, au total, 23 armes différentes et des milliers de munitions. Ensuite, il restait simplement à abattre les personnes situées 32 étages plus bas. Il s’est avéré que cet homme possédait, à son domicile, 19 autres armes ainsi que des explosifs.
Au Nevada, pour acquérir des armes, il faut se rendre dans un “Gun Store“, montrer une pièce d’identité et un extrait de son casier judiciaire (vierge). A partir de cet instant, vous pouvez acheter autant d’armes que vous voulez. De plus, toujours dans le Nevada, il est légal de porter une arme, sur soi, dans un casino et d’autres endroits, même si la personne qui la porte est ivre. Cela signifie que le tireur n’aurait même pas eu besoin de cacher ses armes pour les amener dans sa chambre.
Les Etats-Unis ne constituent pas le pays le plus armé au monde mais c’est celui où il y a le plus de morts par armes à feu. En effet, on y compte plus de 357 millions d’armes à feu, soit plus d’une par habitant, et plus de 33’000 morts par armes à feu chaque année. Presque comme les Etats-Unis, l’Australie comptait un très grand nombre d’armes, en son territoire, dans les années 1990. Ceci jusqu’à un certain évènement.
Le 28 avril 1996, Port Arthur connaît le plus grand massacre de l’histoire de l’Australie. 35 personnes y sont tuées et 23 sont blessées. Suite à cet évènement, le Premier Ministre conservateur, John Howard, met en place un contrôle stricte des armes à feu. Toute personne possédant une arme avait le droit de justifier sa volonté de garder de son arme. L’auto-défense n’a pas été acceptée comme justification. Résultat, la majeure partie des armes à feu a été retirée de la circulation et il n’y a plus eu de telle tuerie.
Les Américains perçoivent la situation d’une manière tout à fait différente. Quand on les questionne sur la raison pour laquelle ils possèdent une arme à feu, ils répondent que c’est parce que le deuxième amendement le leur permet. Celui-ci stipule qu’ “une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé“. A peine un mois après la tuerie de Las Vegas, 26 personnes se font abattre dans une église au Texas. L’homme qui a ouvert le feu s’est fait mettre en déroute par un autre homme armé qui se trouvait, lui-même, à l’intérieur de l’église. C’est à ce moment-là que la situation devient encore plus grave car ce ne sont pas les services de police qui sont intervenu mais un citoyen lambda qui a trouvé, lui aussi, bon d’amener son arme à l’église.
L’un des fléaux de la politique de désarmement aux Etats-Unis est la NRA ; la National Rifle Association. Cette association a pour seul but de faire la promotion du deuxième amendement et va jusqu’à se montrer juste après les tueries, comme à Columbine en 1999 où Charlton Heston, alors président de la NRA, avait tenu un meeting expliquant à quel point il est important de posséder une arme pour se défendre, sans même tenir compte que des lycéens s’étaient fait tuer par armes à feu quelques heures auparavant.
Le peuple américain est donc libre de s’armer. Il s’arme pour se protéger, pour se défendre. Il s’arme parce qu’il craint d’être agressé, parce qu’il a peur qu’on s’en prenne à sa famille. Le peuple américain a tout simplement peur de ne plus être libre. Mais quoi de plus dangereux qu’un peuple terrorisé ayant, entre les mains, un fusil automatique ?
Les remises en question, au sujet des armes à feu, n’aboutissent jamais car le peuple tient à son deuxième amendement, puisqu’il a peur. Pour remédier à cela, il ne devrait donc plus avoir peur. Voilà le nœud même du problème. Dans les médias américains, on voit de la désolation, des meurtres, des vols, des crimes et toutes sortes de violences. N’importe quelle personne tout à fait saine d’esprit ne pourrait qu’être pervertie par la vision de tant d’horreurs.
Le problème de l’armement aux États-Unis est d’une complexité extrême puisqu’il mêle médias, législations et état d’esprit. La seule question légitime que nous pouvons donc nous poser par rapport à ce sujet est donc bien : à quand la prochaine tuerie ?
Arno Reymondin