« Communautés autochtones » en Uruguay

uruguay_550_362

Depuis une vingtaine d’années des personnes organisées en collectifs revendiquent une descendance autochtone, notamment charrúa, du nom des populations qui habitaient dans le territoire, qui est aujourd’hui l’Uruguay, avant l’arrivée de colons. Ce phénomène est particulièrement étrange pour un pays qui a toujours nié ses racines autochtones et privilégié ses origines migrantes. Un dit populaire prétend d’ailleurs « nous sommes les fils des bateaux » ce qui indique comment l’imaginaire collectif perçoit sa descendance.

Par l’actualisation de certaines pratiques communautaire reliées à une cosmogonie amérindienne, charrúa et guarani, ces différens groupes sont engagés dans ce que, certains nomment aujourd’hui, un processus de décolonisation du pouvoir, de la connaissance et de l’esprit.

J’ai vécu en Uruguay pendant une année (2009-2010) dans le cadre de mon travail de terrain. Mon séjour était divisé en plusieurs étapes qui se chevauchaient. J’ai ainsi partagé la vie quotidienne avec deux communautés autochtones. Partout je suis allée avec ma caméra, outil qui m’a ouvert les portes, grâce auquel j’ai réussi à m’intégrer, et parfois me suis sentie instrumentalisée. L’audio-visuel est un des moyens de transmission de connaissance utilisé par les personnes avec qui je travaille. Cela m’a permis d’élaborer une méthode que j’inscris dans le processus de décolonisation de la méthodologie, l’ethnographie en collaboration.

Ma recherche, qui est l’objet de ma thèse, porte alors sur l’émergence de cette identité autochtone dans la période de l’après dictature. Elle se construit autour des notions d’autochtonie, de mémoire(s) et de pratiques communautaires.

J’essaie de comprendre et d’analyser comment s’articulent divers discours sur l’autochtonie dans un contexte dynamique et relationnel ? Quel en sont les enjeux ? Dans quelle mesure, ces discours ont une influence sur une possible transformation de l’imaginaire collectif national, ainsi que sur une certaine conception du développement ? Mais encore, comment sont actualisées des pratiques dites traditionnelles ?

Plus concrètement, je suis en contact et travaille avec deux communautés charruas urbaines qui nomment « art politique » leur manière de mettre en scène leurs revendications pour les présenter au public. Par ailleurs j’ai intégré un réseau communautaire alternatif qui tente de récupérer et de revivre certaines valeurs oubliées afin de (re)construire un « être ensemble ».

Andrea Olivera
Assistante / Doctorante
Laboratoire d’anthropologie culturelle et sociale