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Antigone

Dans le cadre du Colloque international sur Antigone organisé par l’Université de Lausanne et du Festival de Théâtre Universitaire de Lausanne.

Théâtre La Grange de Dorigny, Lausanne
Du 19 au 22 mai 2005

Jeu : Sophie Bocksberger, Evelyne Braun, Mariangela Galvao-Tresch, Eleonora Gianetta, Jérôme Giller, Roelof Overmeer, Pierric Tenthorey
Traduction : Silvain Bocksberger
Conception décors : Samuel Becker
Construction décors : Vincent Marolf
Costumes et masques : Lucienne Favre
Musique : Antoine Fachard
Musiciens : Nihan Atalay, Antoine Fachard, Pierre Kehagias
Lumière : Nicolas Mayoraz

D’une Antigone (juin 2001) à une autre Antigone (2005)
Comme un paysage qu’on peint une nouvelle fois, une écriture dramatique à laquelle on donne à nouveau une visibilité éphémère par une écriture scénique est toujours la même et toujours autre. On reconnaît aisément l’ensemble, mais comme la lumière et notre œil et la matière de notre discipline sont des enfants de la contingence, on se trouve dans un territoire aussi inconnu que familier. C’est une situation piège, mais pas sans avantages. Avoir eu à proposer hier une “réponse” (non pas une ‘solution’, mais une ‘(ré)action’ située dans le flux du monde), ce n’est bien sûr pas savoir répondre aujourd’hui, mais c’est avoir la conscience d’un enjeu et des exigences que cet enjeu nous fixe. Pour cette Antigone, l’enjeu nous semble le même qu’en juin 2001, mais autre, car il exige des réponses autrement plus urgentes. Il exige notre responsabilité dans l’équilibre collectif, non pas comme concept – ce n’est pas là l’affaire du théâtre – mais l’équilibre collectif comme affect. Cet équilibre n’est bien sûr pas à rechercher dans la fable d’Antigone, car le monde ne se modèle pas sur la fable, il s’en sert. Il est plutôt à chercher dans la façon dont sont reliés fable, écriture dramatique, réalisation scénique, et ‘theatron’. C’est à dire qu’il dépend de la circulation créée entre les tensions destructrices situées dans un espace-temps imaginé, la conscience de la présente réalité de ces tensions inscrite dans une écriture du passé, une tentative de faire de cette conscience collective une action affective permettant des issues autres que notre présente déraison, et la réception, individuelle et collective. On voudrait imaginer que cet équilibre s’apparente à la “raison … le plus grand des biens,” qu’évoque Tirésias, ni (dé)raison d’état, ni (dé)raison d’une mythologie personnelle, ni (dé)raison d’un compromis incapable de résister à la détermination de l’une et de l’autre. Recherche vouée à l’échec ? Peu importe. Le théâtre n’a pas à craindre l’échec. La grande peur du théâtre est de se faire une expression (de plus) d’une déraison.