Le livre-ventre: déconstruire pour mieux reconstruire

Christian Jelk, Le livre-ventre / Le veau d’or / [Charges], [Sainte-Croix], 2011-2014
USC 184

Livre d’artiste unique recréé à partir d’un exemplaire détourné de Fräulein d’Ellen von Unwerth (Taschen, 2011), avec interventions diverses (scotch, encre de taille-douce) sous couverture de carton ondulé peint (récupération du carton d’emballage du volume original reçu par courrier postal, avec au verso un travail à l’encre rose et traces de sables de la Loire réalisé à Savennières) ; 25 pages ou doubles-pages, comportant des traces d’encrage, ont servi de matrices pour l’impression de tirages à l’atelier de Raymond Meyer à Lutry ; 15 de ces tirages ont été présentés lors de l’exposition consacrée à Christian Jelk à la Galerie d'(A) à Lausanne en février 2014. Le titre indiqué sur la première page [Charges] est celui adopté au début de la démarche de dé-reliure et d’appropriation de ce livre par Christian Jelk en 2011 ; la reliure définitive a été réalisée début 2014.

« Je suis heureux que mon veau d’or soit exposé, que le ventre soit offert au regard de chacun. Cette intimité étrange, part de moi qui s’est révélée au cours du long processus qui lui a donné corps – et qui m’a nourri en retour. Je crois que c’est ce matin que j’en ai furtivement aperçu l’enjeu: véritablement veau d’or ce livre est ma mise en garde et mon immersion à la fois dans la corruption des images. Je referme à l’instant un livre bref et intense d’Alain Badiou, dont je ne suis pourtant pas un lecteur forcené: Pornographie du temps présent. Je réalise que le travail de ce livre est, réellement, une part d’ombre que j’ai creusée, fouillée, pour tenter de l’exalter, par la gravure de taille douce, par l’instrument même à la genèse du livre, de sa reproductibilité -le rendant ici unique, et c’est là toute sa charge. » (C. Jelk à S. Corsini, 22 mars 2015)