Natacha Isoz & Marie-Charlotte Winterhalter, « Les fresques d’Ernest Biéler à la chapelle de Guillaume Tell à Lausanne. Projet à rebondissement et sacralisation du mythe fondateur suisse »

C’est à la volonté de Daniel-Iffla Osiris (†1907), financier et mécène d’origine française, et à son legs en faveur de la Ville de Lausanne, que l’on doit la chapelle de Guillaume Tell de Montbenon. Le projet est l’oeuvre de l’architecte Georges Épitaux, sélectionné sur concours. Le jury apprécie sa simplicité architecturale et surtout la «grande part [accordée] à la décoration picturale», confiée à Ernest Biéler. Sacralisant le mythe fondateur de Guillaume Tell, la chapelle acquiert une connotation religieuse, renforcée par l’iconographie quasi christique des fresques, et s’inscrit ainsi dans un contexte de promotion d’une «expression nationale».

Mikhail Smirnov, « La chapelle de Tell à Lausanne. Histoire d’un monument oublié »

«Samedi après-midi, au cours d’une cérémonie très simple, la commune de Lausanne, représentée par M. le syndic Maillefer, prenait possession de la Chapelle érigée sur Montbenon». Voici les premières lignes d’un court texte dédié a? l’inauguration de la chapelle de Tell qui eut lieu le 6 octobre 1917.

L’article retrace l’histoire mouvementée de la construction de cette chapelle insolite, d’apparence plutôt discrète, cachée dans le jardin enserré entre la splendeur néo-Renaissance du casino et le Palais de Justice.

Gilles Prod’hom, « Swiss Made? Les apports étrangers dans les monuments à Guillaume Tell »

L’arbalète de Guillaume Tell est utilisée depuis 1931 pour désigner les produits suisses, l’attribut du héros national, identifié avec le pays, garantissant ainsi leur origine helvétique. Or, celui qui se penche sur l’histoire de cette figure mythique, et particulièrement sur les œuvres et édifices élevés en Suisse à sa gloire, s’apercevra bien vite que le Guillaume Tell du récit national suisse doit beaucoup à des acteurs (et des idées) venus d’au-delà des frontières fédérales.

L’article thématise le rôle de «l’étranger» dans l’histoire des monuments à Guillaume Tell, en évoquant deux aspects: d’une part, le rôle des commanditaires et leur interprétation de l’histoire du héros, d’autre part, la question de l’origine de leur expression architecturale, ceci en inscrivant ces œuvres dans le contexte plus large du long XIXe siècle, et plus spécifiquement de la Belle Époque.

Diego Maddalena, « De Hermann Muthesius à Henry Baudin. La renaissance de la maison familiale au XXe siècle: transposition d’une théorie architecturale »

En 1909 paraît Villas & maisons de campagne en Suisse, un ouvrage rédigé par l’architecte genevois Henry Baudin (1876-1929) qui présente et conceptualise une nouvelle tendance architecturale en Suisse au début du XXe siècle. Cette architecture correspond à ce que l’auteur considère comme la «renaissance de la maison familiale». Les propos de Baudin sont illustrés par des photographies de plus de 150 bâtiments construits entre 1903 et 1908, et répartis sur tout le territoire suisse. Villas & maisons de campagne en Suisse s’inspire d’une publication due à Hermann Muthesius (1861-1927), architecte et théoricien allemand, parue quelques années auparavant : Landhaus und Garten. Beispiele neuzeitlicher Landhäuser nebst Grundrissen, Innenräumen und Gärten (Munich, 1907). Les deux ouvrages présentent un texte théorique suivi d’un abondant corpus de photographies de villas contemporaines. À l’instar de Muthesius, Baudin accompagne son texte de plans de maisons dont les légendes mentionnent le maître d’ouvrage, le lieu, l’architecte et l’emplacement de son bureau. Au-delà de la forme, des similitudes apparaissent au niveau du contenu.