Etude de la production sédimentaire en milieu torrentiel : dynamiques de recharges, implications géologiques et prédiction

Titre original « Budgeting Rockfall and Modeling Sediment Delivery in Torrent Systems »

Thèse soutenue par Alexandre Loye le 13 décembre 2013, Centre de recherche sur l’environnement terrestre (CRET)

Cette thèse est un recueil de projets d’études des processus de recharges sédimentaires des chenaux torrentiels. Ces travaux, réalisés lorsque j’étais employé à l’Université de Lausanne, se concentrent sur les implications géologiques et morphologiques des bassins dans l’apport de sédiments, élément fondamental dans la prédiction de laves torrentielles. D’autres aspects de dynamique sédimentaire ont été abordés, p. ex. le couplage torrent – bassin, ainsi qu’un modèle de simulation du transfert sédimentaire en milieu torrentiel.

L’activité sédimentaire du Manival, un système torrentiel actif des Alpes françaises, a été étudiée par relevés au laser scanner terrestre et complétée par une étude géostructurale ainsi qu’un suivi du transfert en sédiments du torrent. Une année de !ux sédimentaire a pu être observée, coincidant avec deux laves torrentielles et plusieurs phénomènes de charriages. Cette étude a révélé que les laves s’étaient générées dans le torrent et étaient précédées par une recharge de débris depuis les versants. La production de débris s’est passée principalement en l’hiver – début du printemps, causée par de grandes ruptures de pentes. Le transfert était plus étrange, se produisant presque exclusivement au début du printemps subordonné aux conditions d’écoulement et en automne lors de longues pluies. Les orages d’été n’affectèrent guère les dépôts, qui semblent dépendre de leur stabilité.

Les implications morpho-géologiques dans l’apport sédimentaire ont été évaluées à l’aide de MNT et études de terrain. Une classi#cation de la topographie basée sur la pente a permis de charactériser le mode de production et transfert. Une analyse de stabilité de pente à partir des structures de roches a permis d’estimer la susceptibilité à la rupture. Les zones sources modélisées comprennent plus de 97% des chutes de blocs observées et les bilans sédimentaires sont corrélés à la densité de ruptures potentielles. Ce travail d’analyses des morphologies du terrain et de susceptibilité à la rupture documente la dynamique sédimentaire pour l’estimation quantitative des zones érosives induisant l’activité torrentielle.

Le développement des formes d’érosion a été évalué par l’analyse de leur géométrie avec celle des ruptures potentielles et avec la direction de la fréquence maximale des joints. Les structures de roches, mais en particulier les dièdres et les discontinuités dominantes, semblent être très in!uents dans les mécanismes d’érosion a »ectant les bassins rocheux. Ils représentent des zones de faiblesse exploitées en priorité par les processus de démantèlement et d’érosion, encourageant l’initiation de ravines et couloirs, mais aussi leur propagation. L’incorporation du control géologique dans les processus de surface contribue à une meilleure compréhension de l’évolution topographique de bassins actifs.

Un algorithme de !ux sédimentaire a été implémenté dans un modèle en cascade, lequel divise le bassin en biefs et en systèmes individuels répondant aux processus. Chaque unité inclut de façon simple les informations géomorpologiques et celles du !ux sédimentaire dérivées à partir de SIG et de cartographie de terrain. Cet outil permet la simulation des transferts de masse dans les chenaux, considérants la variabilité de l’apport et son transport, et aide à réduire l’incertitude liée à la prédiction de bilans sédimentaires torrentiels.

Ce travail vise très humblement d’éclairer quelques aspects de la dynamique sédimentaire en milieu torrentiel.

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