Roberto Zaugg, boursier Ambizione en Section d’histoire

Maître-assistant FNS Ambizione à la Section d’histoire, Roberto Zaugg a récemment été nommé professeur boursier FNS à l’Université de Berne. L’occasion de découvrir son parcours et ses recherches.

Photo: Félix Imhof © UNIL

Quelles sont les étapes déterminantes de votre parcours ?

Il y a eu trois moments déterminants. Un premier après mon baccalauréat en Suisse alémanique : j’ai alors pris la décision d’aller en Italie où j’ai suivi un parcours universitaire complet, jusqu’à un doctorat obtenu à Naples.

Le second moment clé a été après le doctorat, quand je suis revenu dans ma ville natale de Bâle, et ai dû m’adapter au système académique du monde germanophone. J’ai alors complètement changé de thématique de recherche, de sorte à élargir mes horizons. Enfin, le troisième moment important est celui de ma double excursion dans le monde académique francophone : à Sciences Po (Paris) puis à l’UNIL, avec un subside FNS Ambizione.

Comment décririez-vous votre domaine de recherche ?

Je dirais que je m’intéresse principalement aux enchevêtrements économiques, sociaux et culturels qui se produisent à travers le commerce et les migrations entre la fin XVe siècle et le XIXe siècle, avec une spécialisation sur l’Europe, la Méditerranée, l’Atlantique et l’Afrique occidentale.

Pourquoi avoir choisi ce domaine ?

Ma thèse portait sur le statut de l’étranger dans l’ancien régime, à partir du cas de Naples au XVIIIe siècle – en transposant une thématique brûlante de l’actualité dans un contexte historique lointain. Cela impliquait de considérer plusieurs dimensions : l’histoire de la diplomatie, celles des institutions judiciaires et des diasporas marchandes dans la Méditerranée. A Bâle, j’ai choisi de porter mon attention sur un autre espace géographique : l’Afrique occidentale de la période pré-coloniale, avec une attention particulière portée au manuscrit inédit d’un chirurgien du XVIIe siècle, voyageant sur des navires négriers.

Pourquoi avoir opté pour la Faculté des lettres de l’UNIL ? Quelles collaborations avez-vous pu y développer?

Principalement pour deux raisons : Il s’agissait d’abord de me qualifier dans le monde académique francophone, après une expérience en Italie et dans le monde germanophone. En second lieu, il y a bien sûr une raison scientifique. Autour de la prof. D. Tosato-Rigo, la Section d’histoire héberge une équipe qui mène depuis plusieurs années des projets sur les écrits auto-biographiques à l’époque moderne. Il s’agit d’un centre important en Suisse pour ce genre de recherche, et donc d’une excellente opportunité pour un dialogue scientifique et méthodologique.  J’ai de plus pu collaborer avec des collègues s’intéressant aux études africaines : d’un côté, avec l’association UniLEA, et de l’autre avec la prof. Christine Le Quellec Cottier avec laquelle j’ai participé au programme SPEC « Études africaines : textes et terrains ».

Avez-vous déjà obtenu des résultats par rapport à la recherche menée à l’UNIL ?

Oui, plusieurs articles dans des revues et ouvrages collectifs, notamment un article à paraître dans la revue des Annales HSS, ainsi qu’un ouvrage en anglais faisant l’édition du manuscrit que je suis en train de préparer avec un collègue de la University of Illinois, le prof. Craig Koslofsky.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées sur votre parcours ?

J’ai eu la chance de de gagner la confiance du FNS et d’autres institutions à plusieurs reprises. En même temps, cela signifie un parcours académique morcelé, avec des contrats de quelques années seulement. En termes scientifiques, des contrats à durée déterminée impliquent un engagement important pour préparer de nouveaux projets, ce qui prend du temps et de l’énergie sur le temps dévolu à la recherche.

Quels conseils donneriez-vous à un chercheur débutant sa carrière ?

Peut-être d’être ouvert à des possibilités allant au-delà des frontières nationales et, pour des Suisses, de prendre en compte l’autre côté de la frontière linguistique dans les horizons d’un parcours académique. Il ne faut pas craindre de ne pas s’exprimer parfaitement dans l’autre langue : la confrontation avec un idiome étranger apporte énormément, non seulement pour son CV, mais aussi pour le développement de nouvelles idées et approches.

Comment se présente la suite ?

À partir de novembre, je serai professeur boursier du FNS à l’Université de Berne. J’y travaillerai sur un nouveau projet qui combine mes deux champs de recherche, celui du doctorat et celui de mon postdoc. Le projet portera sur « Atlantic Italies » : de quelle manière les marchands, les marchés et les marchandises des États italiens du XVe au XIXe siècles se sont-ils connectés au monde atlantique ?

Et à plus long terme ?

J’espère être professeur d’histoire moderne dans une belle université.

Des regrets par rapport à la période passée à Lausanne ?

Le merveilleux campus de l’UNIL, avec sa vue sur les Alpes savoyardes!

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