Sébastien Chauvin

Sébastien Chauvin est professeur associé au Centre en Etudes Genre. Avant de rejoindre l’UNIL, il a enseigné pendant 8 ans à l’Université d’Amsterdam, où il a été directeur du Amsterdam Research Center for Gender and Sexuality. Ses recherches couvrent un large spectre combinant notamment le genre, la sexualité, les migrations internationales, les inégalités de classe et la précarité.

 

Quelles sont les étapes significatives de votre parcours de chercheur ?

J’ai découvert les sciences sociales lorsque j’ai quitté la Bretagne où j’avais grandi pour « monter » à Paris au milieu des années 1990. Je m’y suis notamment trouvé en contact avec le champ des études sur le genre et des études gaies et lesbiennes, encore naissants dans l’Université à l’époque. J’ai été formé à l’ethnographie au département de sciences sociales de l’ENS. J’ai aussi été marqué par les années passées aux Etats-Unis, d’abord à Berkeley où j’ai rencontré d’autres traditions de recherche et de pensée au département de sociologie, puis à Chicago où j’ai côtoyé pendant trois ans chercheurs et chercheuses de différentes disciplines, alors que je réalisais un terrain ethnographique sur le travail précaire des migrants sans papiers.

Quelle est l’activité dans laquelle vous vous êtes le plus investi depuis votre arrivée à l’UNIL?
Avec trois nouveaux cours cette première année sur des sujets qui me tiennent à cœur, c’est sans doute dans l’enseignement que je me suis le plus investi, tout en avançant plusieurs projets en cours. J’enseigne les études sur le genre en insistant notamment sur les questions de sexualité et sur l’encastrement des rapports sociaux de sexe dans les autres grands rapports de pouvoir qui structurent les sociétés contemporaines.

Quels sont les axes de recherche que vous aimeriez privilégier à l’UNIL ?
Il y en a trois en particulier. Le premier explore la diversité des expériences et catégories d’identification sexuelles et leur variation en fonction des classes sociales et des différences ethnoculturelles, au-delà du clivage homo/hétéro. Le deuxième enquête sur la construction du sens économiques des relations sexuelles dans le contexte d’inégalités diverses (ethniques, économiques, civiques) en posant la question : « qui donne du sexe à qui ? ». Le troisième s’intéresse à ce que les controverses récentes autour de la vérité du genre, de la race et de la filiation disent de l’état de la distinction entre le « social » et le « naturel ».

Quel souvenir gardez-vous de vos différentes collaborations internes et externes ?
J’ai gardé des contacts nombreux dans les lieux où je suis passé au cours des 20 dernières années, si bien que beaucoup de collaborations internes sont devenues externes. C’est le cas pour mon travail sur l’économie morale de l’illégalité migrante, mené avec Blanca Garcés-Mascareñas désormais à l’Université Pompeu-Fabra à Barcelone. D’autres collaborations se sont fondées sur un intérêt thématique commun au-delà des frontières institutionnelles, comme les travaux sur la grève des sans-papiers avec l’équipe ASPLAN en France, ou le groupe des co-auteurs de l’Introduction aux études genre (De Boeck, 2ème édition 2012).

Quelles difficultés avez-vous éprouvé dans le travail de recherche ?
Je m’intéresse à beaucoup de sujets en même temps… quand on ouvre un chantier, c’est parfois difficile de le refermer ! Cela a parfois ralenti l’avancement de tel ou tel projet.

Quels sont les talents cachés qui vous ont aidé à surmonter ces difficultés ?
Ce qui me pousse à continuer dans cette direction, ce n’est pas un talent mais le plaisir de ne pas toujours faire la même chose. C’est un privilège de pouvoir multiplier les points de lucidité sur le monde.