Romain Felli

Géographe et politiste de formation, Romain Felli a été engagé comme maître-assistant en relations internationales à l’IEPHI. Ses travaux portent sur les crises de la reproduction sociale et leur gouvernance, en particulier dans leur dimension écologique (climat, etc.).

 

Quelles sont les étapes significatives de votre parcours de chercheur ?
C’est un parcours indiscipliné, entre une Licence en lettres à Lausanne, un master en philosophie politique à SciencePo Paris, une thèse à la chaire d’histoire des idées politiques à l’UNIL, puis un post-doc en géographie à l’Université de Manchester, un post-doc en sociologie des sciences à l’Université de Bâle, et finalement une bourse FNS Ambizione à l’Université de Genève.

Quelle est l’activité dans laquelle vous vous êtes le plus investi depuis votre arrivée à l’UNIL?
Depuis septembre, surtout dans l’enseignement. Comme maître-assistant je dois monter plusieurs nouveaux cours, les encadrer et assurer le suivi de mémoires.

Sinon, J’assure la direction d’une recherche sur le discours des organisations internationales et les réseaux d’experts dans le domaine de l’adaptation aux changements climatiques. J’ai aussi repris la codirection de notre centre de recherche (le CRHIM). Je prévois de dégager plus de temps pour la recherche dès le semestre prochain.

Quels sont les axes de recherche que vous aimeriez privilégier à l’UNIL ?
D’abord, j’aimerais arriver à développer un projet de recherche collectif à l’échelle de mon centre de recherche, le CRHIM, qui permettrait d’impliquer ses différentes composantes (relations internationales, histoire contemporaine, sport), etc.

Mes axes de recherche portent sur la crise de la reproduction sociale, à l’intersection entre la gouvernance globale (notamment du climat), les rapports de travail, et les idéologies. Sur le plan des méthodes, au-delà des techniques d’entretien et d’observation, je cherche maintenant à combiner l’analyse critique de discours aux méthodes quantitatives d’analyse de documents.

Quel souvenir gardez-vous de vos différentes collaborations internes et externes ?
Excellent, avec le seul regret que la forme actuelle de financement de la recherche (contrats précaires, etc.) interrompe des collaborations fructueuses.

Quelles difficultés avez-vous éprouvé dans le travail de recherche ?
Essentiellement, elles sont dues à la « bureaucratie néolibérale » développée depuis une vingtaine d’années : le développement du financement de la recherche par projet compétitif, l’évaluation quantitative bornée, et la mise en compétition généralisée. Les postes devenant précaires, on passe l’essentiel de ses post-docs à monter le projet de recherche suivant, parfois sans pouvoir réfléchir sérieusement. Entre le moment de mon assistanat, où j’ai pu bénéficier d’excellentes conditions de travail, et aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir passé 6 ans dans une roue de hamster. Ces années ont été productives, mais aussi éprouvantes.  

Quels sont les talents cachés qui vous ont aidé à surmonter ces difficultés ?
Nos collègues sociologues montrent qu’il s’agit moins de talents que de privilèges sociaux : je suis un homme, blanc, issu d’un milieu favorisé – ça doit expliquer une grande partie de ces talents. Pour le surplus, être passionné par le contenu de mes recherches m’aide certainement.

Comment envisagez-vous la suite ?
Avec un mélange de responsabilité, de léger trac, et de réjouissance. Hic Rhodus, hic saltus !