Pluralistic memories project. Preserving oral histories and fostering collective resilience in conflict-torn societies

Depuis le 1er janvier 2014, le FNS et la DDC financent un projet de recherche pour le développement (r4d), sur les mémoires collectives des conflits armés au Burundi, au Sri Lanka, et dans les Territoires palestiniens. Ce projet de recherche comparatif est coordonné par une équipe interdisciplinaire en SSP – dirigée par Guy Elcheroth et Irene Maffi – qui réunit des psychologues sociaux, des anthropologues et des historiens. Il vise à documenter la pluralité des mémoires sur des passés conflictuels, ainsi qu’à décortiquer les processus à travers desquels des récits de guerre deviennent officiels ou tombent dans l’oubli. Il permet également de soutenir des scientifiques locaux qui étudient les mémoires vivantes.

a_Memoires_Plurielles_imEst-ce que ceux qui oublient le passé sont condamnés à le répéter ? De fait, contrairement à ce que suggère le célèbre adage de George Santayana, on observe souvent que les souvenirs historiques alimentent les conflits actuels, plus qu’ils ne les préviennent. La littérature sur l’instrumentalisation politique des mémoires collectives montre comment la surabondance de certains souvenirs met des populations ayant connu un passé conflictuel dans la condition de répéter ses dynamiques destructrices. De ce constat émane une question centrale: si la prééminence d’un récit historique exclusif – typiquement, le récit des vainqueurs ou des puissants – offre un terreau propice à la propagande de guerre, la préservation d’une pluralité de mémoires vivantes peut-elle rendre les communautés plus résilientes face à l’exploitation des traumatismes d’hier par les bellicistes de demain ?

Cette question a inspiré la conception de plusieurs études dans des sociétés où l’histoire est actuellement en train d’être réécrite, suite à un accord de paix (au Burundi), à une victoire militaire (au Sri Lanka) ou à l’enlisement d’un processus de paix en contexte d’occupation militaire (en Cisjordanie). L’outil de financement original qu’offre le programme r4d permet aux chercheurs lausannois de lancer des partenariats avec des équipes de recherche sur chacun de ces trois sites. Le travail de recherche utilisera diverses méthodes : la collecte de témoignages, l’ethnographie de la production et de l’utilisation d’histoires orales, ainsi que l’analyse des dynamiques de la reconnaissance des mémoires par enquête représentative. Par ailleurs, le projet vise à faciliter le partage des témoignages récoltés et la constitution d’archives d’histoire critique.

La durée escomptée du projet est de 6 ans, dont le financement des 3 premières est actuellement assuré. A son rythme de croisière, le consortium international sera constitué de 12 chercheurs de la relève financés à plein temps, de 6 coordinateurs locaux financés à temps partiel, travaillant en partenariat avec 5 chercheurs lausannois et 5 experts internationaux. A Lausanne, Guy Elcheroth et Irene Maffi assurent la direction scientifique du projet en lien étroit avec un conseil de gestion et de valorisation, composé de Fabien Ohl (doyen SSP), Antoinette Charon Wauters (responsable des relations internationales de l’UNIL) et Brian Kleiner (responsable des archives à FORS). Trois chercheurs établis, Thomas David, Dario Spini et Eva Green, complètent l’équipe scientifique avec Sandra Penic, engagée comme coordinatrice scientifique, et Tsering McKenzie et Zacharia Bady, deux doctorants qui mèneront des travaux de thèse comparatifs. Cette équipe forme le noyau d’un réseau de recherche local diversifié en train de se constituer autour du projet.

Guy Elcheroth, maître d’enseignement et de recherche, ISS

Irene Maffi, professeure ordinaire, ISS

Site web du projet: www.unil.ch/pmp