Fabien Resenterra

Plaisir et souffrance au travail : une lecture psychodynamique au sein d’un office régional de placement suisse

Fabien Resenterra a obtenu sa licence en sciences politiques en 2004 à l’UNIL. Après avoir travaillé durant quelques années à l’Institut Economie & Tourisme de la Haute Ecole de Gestion du Valais, il a été engagé en 2009 comme assistant à l’UNIL afin de mener à bien une thèse de doctorat. Cette dernière a été dirigée par le Prof. David Giauque et a été soutenue publiquement le 27 novembre 2013.

En Suisse, comme dans la plupart des pays industrialisés, le stress au travail et l’épuisement qui en découle sont devenus, au cours des dernières décennies, une réalité qui ne cesse de s’accentuer. Différentes disciplines scientifiques ont tenté de rendre compte, depuis le milieu du siècle dernier, des difficultés rencontrées par les individus dans le cadre de leur travail, avec une prédominance marquée pour des analyses de type causaliste.

Dans le cadre de cette étude doctorale, nous nous sommes penchés sur le cas d’un office régional de placement, en adoptant une perspective sensiblement différente. La grille de lecture psychodynamique utilisée permet en effet de donner accès au sens des situations de travail et d’ouvrir sur une compréhension originale des mécanismes à l’origine des problèmes de santé mentale au travail. Cette approche permet ainsi de comprendre les rapports complexes que les individus entretiennent avec leur activité professionnelle telle que structurée et organisée, et d’analyser leur expérience en termes de plaisir, de souffrance, de défenses face à la souffrance et de répercussions sur la santé.

Dans ce but, nous avons utilisé une méthodologie basée sur des entrevues collectives, afin de stimuler l’expression libre des travailleurs. L’enquête s’est déroulée en deux temps : une première série d’entretiens de groupe a permis la récolte des données empiriques, puis une seconde série, appelée entretiens de restitution, a donné la possibilité aux participants de réagir sur l’interprétation de leur parole faite par le chercheur, et de valider l’analyse. Nos résultats mettent alors en évidence que le travail, tel qu’organisé au sein de cette institution de service public, apparaît comme considérablement pathogène, mais cela est heureusement compensé par le pouvoir structurant de la relation d’aide aux assurés. Ils montrent également que l’expérience subjective de travail des participants a pour principales sources de souffrance la perception désagréable d’un manque de reconnaissance, d’autonomie et de pouvoir sur leurs actes.