Portrait d’Eduard Weckerle

Eduard Weckerle1

Les informations sur cet employé du Département de Police du Canton de Bâle-Ville sont très lacunaires.

Le fonctionnaire de police (« Polizeibeamter ») Eduard Weckerle est choisi pour représenter son Département au sein de la Commission du Schweizerisches Filmarchiv lors de sa création, en août 1943. En effet, dans l’administration cantonale, les questions cinématographiques (« Filmwesen ») sont placées sous le contrôle de l’Inspectorat de la Police, et ledit Département a naturellement sa place dans les instances de la nouvelle institution.

Pourtant, le nom de Weckerle n’émane pas de la Police, mais des acteurs intéressés par le dossier des futures Archives : l’homme fait manifestement partie des réseaux cinéphiles de la ville, comme l’écrit Carl Miville, chef du Département de l’Instruction publique, à son homologue de la Police : « il s’intéresse beaucoup au cinéma, dispose des connaissances nécessaires dans ce domaine et collectionne et archive lui-même depuis des années du matériel cinématographique pour son propre compte »2.

C’est ainsi que Weckerle met à la disposition d’Hermann Kienzle, premier président des Archives, des pièces de sa collection pour l’exposition « Der Film gestern und heute » qui se prépare dans le cadre de la première Semaine du film bâloise (« 10 Tage des Filmes in Basel »).

Pour le reste, ses interventions au sein de la Commission sont limitées. En juin 1944, il fait part de ses inquiétudes au sujet de la sécurité du dépôt de films de la rue Stapfelberg – par ailleurs déjà bientôt plein, note-t-on. Il est alors chargé d’écrire au chef du Département de Police pour l’alerter sur les risques de bombardement et sur l’opportunité de chercher un magasin plus sûr jusqu’à la fin de la guerre, une précaution qui semble être restée sans suites.

Son départ de la Police, pour des motifs qui nous sont inconnus, met la hiérarchie dans l’embarras. Du côté de l’Instruction publique, cette vacance amène à s’interroger sur l’utilité de continuer à attribuer un siège à la Police, et l’on envisage même de garder Weckerle dans la Commission des Archives à titre personnel. Si ses supérieurs directs n’y voient pas d’inconvénient, le secrétaire du Département de Police exclut cette option « pour les mêmes raisons que celles qui ont conduit à son licenciement » et n’est pas prêt à renoncer à son siège. Weckerle démissionne finalement de la Commission en janvier 1945, et est remplacé deux mois plus tard par l’Oberlieutenant Peter Flisch.

On perd ensuite toute trace du policier cinéphile. Les archives font état d’un homonyme allemand, réfugié politique, qui se distingue dans le mouvement syndical suisse, tandis qu’un Eduard Weckerle est actif à Zurich au début des années 1950 avec une société de distribution de films « culturels », la Exotikfilm – Kulturfilmverleih : homonyme là-aussi ?

Alessia Bottani

Notes

1. Nous n’avons pu retrouver les dates de naissance et de mort.?

2. « In der gestrigen Konferenz wurde aus dem Kreise der Anwesenden der Antrag gestellt, mit diesem Mandat Ihren Beamten Herrn Eduard Weckerle zu betrauen in Hinblick darauf, dass er sich für den Film sehr interessiert, über die nötigen Fachkenntnisse verfügt und seit Jahren schon für sich Filmmaterial gesammelt und archiviert hat ». Lettre de Carl Miville, chef du Département d’instruction publique du Canton de Bâle-Ville à F. Brechbühl, Chef du Département de Police, 26.08.1943, StABS, PD-REG 4a 11.01.04. ?

Sources

[Staatsarchiv Basel-Stadt : StABS]

-StABS, dossier PD-REG 4a 11.01.04 [nomination, démission et remplacement].

-Lettre d’Eduard Weckerle à la direction de l’exposition « Der Film gestern und heute », 22.09.1943, StABS, ED-REG 24a 6-1-1 16 Der Film gestern und heute 1943 (Teil 2).

-« Protokoll der Sitzung der Schweiz. Filmarchivkommission vom 20. Juni 1944 […] », StABS, ED-REG 1 359-9-1, Chemise 8 « Protokolle und deren Begleitschreiben ».

-« Protokoll der Sitzung der Schweiz. Filmarchivkommission vom 17. Januar 1945 […] », ibid. [annonce démission Weckerle].

-Note d’Emil Vogt à Carl Miville, 14.02.1945, ibid.

-Annuaire de la cinématographie suisse 1951 [publicité Exotikfilms].

-Fiche sur Eduard Weckerle [homonyme] dans le Dictionnaire historique de la Suisse [consultée le 05.08.2017].

Référence

Alessia Bottani, « Portrait d’Eduard Weckerle », in Frédéric Maire et Maria Tortajada (dir.), site Web La Collaboration UNIL + Cinémathèque suisse, www.unil-cinematheque.ch, juin 2018.

Droits d’auteur

© Alessia Bottani/Collaboration UNIL + Cinémathèque suisse.