Portrait de Peter Flisch

Peter Flisch, °1909 – †1975

Originaire des Grisons, Peter Flisch est le fils du politicien du même nom, conseiller d’Etat et conseiller national socialiste du Canton d’Appenzell. Instituteur comme son père – il passe son diplôme à Coire en 1929, enseigne quelques années avant de reprendre des études en psychologie et criminologie à l’Université de Zurich.

En 1937, il est engagé à l’Inspectorat de Police du Canton de Bâle-Ville, où il effectue dès lors toute sa carrière, gravissant les échelons : lieutenant (Oberleutnant) en 1944, puis capitaine (Polizeihauptmann) en 1955, il dirige plusieurs services avant de prendre durablement la tête de l’administration de la Police.

Son rang fait de lui une personnalité de la vie bâloise, si l’on en juge par la célébration de son soixantième anniversaire dans la presse locale, qui se plaît à égréner les multiples charges assumées par le fonctionnaire au fil des ans : président la commission bâloise de tir, délégué cantonal au sein de la commission des transports du Rhin (Rheinschiffahrtskommission), ou encore membre du comité de direction de la société de protection animale (Tierschutzverein).

Cinéma

À Bâle, la censure cinématographique est placée sous la juridiction de l’Inspectorat de Police. Peter Flisch hérite de ce portefeuille dès 1938, présidant la commission cantonale du cinéma (Filmzensurkommission) jusqu’en 19721.

Sans que cela ne soit évoqué dans la correspondance interne, c’est sans doute cet aspect qui motive sa nomination, en mars 1945, comme représentant du Département de Police du Canton de Bâle-Ville au sein de la Commission des Archives cinématographiques suisses, en succession d’Eduard Weckerle. Il y siège jusqu’à la liquidation des Archives fin 1948.

Une mise en cause tardive

Le nom de Peter Flisch est également associé à une page sombre de l’histoire suisse, exhumée dans les années 1990 à la suite d’une demande de réparation d’un survivant de la Shoah, Eli Carmel (né Hans Weinberg) : arrêté en 1939 par la police bâloise, ce jeune juif viennois fut remis à la Gestapo, contre l’avis de la police fédérale des étrangers, et déporté dans le camp de concentration de Sachsenhausen. Selon la Basler Zeitung, Flisch, à l’époque sous-lieutenant, et trois de ses subalternes, furent identifiés comme étant responsables de cet acte. L’affaire donna lieu à des excuses publiques du gouvernement bâlois en 1997 et à un dédommagement de 50’000 francs suisses.

Alessia Bottani

Notes

1. Instituée en 1917, la « Filmzensurkommission », plus tard renommée « Filmkommission », statue jusqu’à la suppression de la censure cinématographique dans le canton de Bâle-Ville en 1971. Après cette date, elle ne se prononce plus que sur l’âge légal d’accès aux films. Voir Christian Hilzinger, « Kampf dem Ungeheuer Film. Die Geschichte der Filmzensur in Basel », Basler Zeitung, 25.03.2000, p.1 ; et Christian Hilzinger, Institutionalisierte Bildzerstörung. Die Basler Filmkommission und die Erwachsenenzensur in den 1950er Jahren : Organisation, Funktion und Praxis, Lizentiatsarbeit phil. I Universität Basel, sous la direction de Georg Kreis et de Guy P. Marchal, Basel : Historisches Seminar der Universität, 1994.?

Sources

[Staatsarchiv Basel-Stadt : StABS]

-StABS, dossier PD-REG 4a 11.01.04 [nomination à la Commission des Archives].

-« Protokoll der Sitzung der Schweizer. Filmarchivkommission vom 21. Juni 1945 […] », StABS, ED REG 1 359-9-1, Chemise 8 « Protokolle und deren Begleitschreiben » [1ère participation à la Commission]

-G.A.W., « Peter Flisch ist sechzig » [brève], Basler Nachrichten, 02-03.08.1969, p.17.

-tt., « Peter Flisch zum 60. Geburtstag », National-Zeitung Basel, 31.07.1969, p.5.

-Christian Hilzinger, Institutionalisierte Bildzerstörung. Die Basler Filmkommission und die Erwachsenenzensur in den 1950er Jahren : Organisation, Funktion und Praxis, Lizentiatsarbeit phil. I Universität Basel, sous la direction de Georg Kreis et de Guy P. Marchal, Basel : Historisches Seminar der Universität, 1994.

-Peter Knechtli, « 50’000 Franken für jüdischen Flüchtling », Peter Knechtli Reports, 23.09.1997 [consulté le 15.08.2017].

-« Entschuldigung bei einem Nazi-Opfer », Basler Zeitung, 24.09.1997, p.32.

-Georg Kreis, « Basel und die Rückkehr des Zweiten Weltkrieges », in Basler Stadtbuch 1997, Basel : Christophe Merian Stiftung, 1997.

-Christian Hilzinger, « Kampf dem Ungeheuer Film. Die Geschichte der Filmzensur in Basel », Basler Zeitung, 25.03.2000, p.1.

-Fiche du Dictionnaire historique de la Suisse sur Peter Flisch père [consultée le 14.08.2017].

Référence

Alessia Bottani, « Portrait de Peter Flisch », in Frédéric Maire et Maria Tortajada (dir.), site Web La Collaboration UNIL + Cinémathèque suisse, www.unil-cinematheque.ch, juin 2018.

Droits d’auteur

© Alessia Bottani/Collaboration UNIL + Cinémathèque suisse.