Fait divers

Par Jonathan Hofer

Le Conte d’hiver / de William Shakespeare / mise en scène Frédéric Polier / Théâtre du Grütli / du 26 janvier au 14 février 2016 / plus d’infos

©Théâtre du Grütli
©Théâtre du Grütli

Un roi, une reine, de la jalousie, un ours meurtrier, un bandit de grand chemin, des bergers et de la musique. Vous l’aurez compris, la troupe de l’Atelier Sphinx donne à voir dans son interprétation du Conte d’hiver de Shakespeare un spectacle au contenu des plus hétéroclites.

A l’occasion du 400e anniversaire de la mort de Shakespeare, le théâtre du Grütli et l’Atelier Sphinx, emmenés par Frédéric Polier, s’attaquent au Conte d’hiver. Une tragicomédie délirante, où les personnages royaux et les motifs pastoraux se côtoient. Dans cet univers, où interviennent même des éléments fantastiques, deux rois – de Bohème et de Sicile – sont les meilleurs amis du monde. Voilà pourtant que lors d’une soirée bien arrosée, le roi de Sicile, constatant la proximité de sa femme et de son ami, enrage de jalousie. Il tente alors d’assassiner le supposé amant, met sa femme au cachot et bannit son enfant nouveau né, une fille, qu’il croit bâtarde. Cette dernière tombera dans les bras d’un berger qui l’élèvera comme si elle était sienne.

La mise en scène de Frédéric Polier propose un accompagnement musical à ce classique. Les dialogues sont portés par un duo de violon et violoncelle, tantôt au premier plan, tantôt en fond sonore. Les compositions de Philippe Koller marquent nettement les limites entre tragédie et comédie pastorale, s’accordant à l’une ou à l’autre tonalité, ce qui aide à faire les basculements entre ces deux genres, si différents dans leurs registres. La scénographie facilite aussi cette transition : le spectacle s’appuie sur un changement clair dans les lumières – on passe d’un plateau très ciblé dans son éclairage à une luminosité diffuse, plus importante – tandis que quelques éléments de décors sont ajoutés – une table de banquet, des roues ornées de rubans. Ces quelques opérations déversent, dans les moments pastoraux, un bol d’air frais sur le public.

Monter une pièce du répertoire peut s’avérer à double tranchant : d’un côté, les textes se signalent souvent par leurs qualités intrinsèques – textuelles, stylistiques, idéologiques, … . D’un autre côté, l’enjeu pour un metteur en scène devrait être de sortir de l’ordinaire, d’apporter un nouvel éclairage, de surprendre. De ce point de vue, la prestation du théâtre genevois manque d’éclat, de surprise, de nouveauté, malgré la présence, agréable mais non révolutionnaire, de la musique. Sans retrouver le grand frisson, on prend simplement plaisir à revoir ce grand classique, qui se laisse apprécier comme un vieux film.