Tel est pris qui croyait prendre

Par Marie Reymond

Le nozze di Figaro  / de Wolfgang Amadeus Mozart, à partir du livret de Lorenzo da Ponte / mise en scène Galin Stoev / direction musicale Alexis Kossenko / Théâtre du Reflet (Vevey) / 24 novembre 2015 / plus d’infos

©Richard Dugovic
©Richard Dugovic

Figaro et Susanna s’aiment ; ils vont se marier. Seulement voilà : leur seigneur le Comte s’intéresse d’un peu trop près à Susanna. Les amoureux mettent tout en place pour venir à bout de l’audacieux. Tout ne se passe pas comme l’avaient prévu les deux intrigants, et plus d’un personnage sera pris alors qu’il croyait prendre.

La mise en scène de Galin Stoev met l’accent sur le décalage entre l’être et le paraître. Tous les personnages désirent quelque chose, mais sont forcés de le cacher et de manigancer pour l’obtenir. Ceci se reflète dans les décors : la chambre des fiancés arbore des vitrines au cadre doré. Dans cet espace, Figaro, Susanna, le Comte et la Comtesse se présentent tour à tour tels qu’ils veulent être perçus.
Ce n’est que dans le dernier acte, lorsque l’action se déplace dans le jardin, que les personnages commencent à se laisser voir dans toute leur vulnérabilité. Alors que Susanna chante « Deh vieni, non tardar », Figaro et Susanna d’un côté, et le Comte et la Comtesse de l’autre abandonnent le masque et se révèlent finalement en amoureux transis. Les décors s’enrichissent alors subitement : un clair de lune fait son apparition, l’opulence du jardin prospère autour d’eux et une fine neige commence à tomber. Ce moment de rêve s’achève dans un final apothéotique qui laisse le public comblé.
La production bénéficie d’une distribution impeccable : tous les personnages convainquent. Le jeu comique fonctionne à la perfection. Les voix et l’interprétation musicale de l’orchestre mettent l’œuvre en valeur. Ainsi, c’est le public qui se trouve pris jusqu’au bout, et qui en redemande.