Du spectacle contre le spectaculaire

Par Laura Pallù

Le Spectacle spectaculaire / réalisation et interprétation Martin Schick et Viviane Pavillon / du 9 au 11 janvier 2015 / Théâtre L’Arsenic / plus d’infos

© Wendelin Schmidt-Ott

Le metteur en scène Martin Schick exprime dans ce spectacle, réalisé et joué avec Viviane Pavillon, son souci de trouver un contact plus direct avec le spectateur. Ou comment établir une relation possible entre spectacle et spectateur : « Spectacle, autrefois tu faisais du tout pour me plaire, maintenant tu es moche. Et tu le fais exprès ! »

C’est l’histoire d’un spectacle de théâtre contemporain qui fait un pas vers le public, vers un public potentiellement plus large, lequel n’ose pas entrer dans une salle de théâtre par crainte de s’ennuyer et de ne rien comprendre. Pour ce faire, le spectacle s’intéresse aux goûts des spectateurs, pour comprendre ce qu’ils attendent de lui. Finalement les deux instances échangent leur rôle et le spectateur pourra donner un exemple de son idée du bon spectacle. Du ballet, du rock, de la musique à grand volume, un clown, du sang et une scénographie pétillante… Le spectateur semble avoir confondu le spectaculaire, typique de la télévision et du cinéma, avec le spectacle de théâtre. Il cède à la logique capitaliste de la marchandisation, selon laquelle le spectaculaire, dépourvu de signification, est préférable à un spectacle qui pourrait faire trop réfléchir.

Très surprenant par des coups de théâtre inattendus, touchant par l’interprétation spontanée des acteurs, le spectacle se révèle très sympathique et original. La communication directe entre spectacle et spectateurs reste peut-être une utopie, mais grâce à ce dialogue fictif qui nous représente sur la scène, on apprend quelque chose de plus sur notre position de spectateurs. Un spectacle « moitié intello moitié rigolo ».