Volume 7

 

La parole magique

Étude sur performativité
Mathieu Mermoud

Postface de Jean-Michel Adam, 2003.


A
u début était le Verbe, proclame la tradition chrétienne et avec elle toute cosmogonie : toujours et partout la parole est au principe ; bien plus, elle est l’action primordiale. Mais il est aussi écrit : « Au début était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au début auprès de Dieu. Toutes les choses ont été faites par lui. La parole n’est pas cette chose vaine et flottante : c’est le logos, institué pour les hommes, et nanti de sa puissance propre. C’est ainsi du moins que sont vécus les rapports à la parole et au monde en un universel mythologique. Aussi, dès lors que coexistent cette dévaluation de la parole quotidienne et la toute-puissance mystérieuse du verbe créateur, le chercheur doit tenter de comprendre comment on peut penser l’un et vivre l’autre ; et la question se pose avec d’autant plus d’acuité dans le cadre de nos sociétés post-modernes où se proclame le déni d’une force quotidiennement manipulée. Il s’agit donc de remonter à l’origine de cette efficacité qu’on prête à la parole et d’en débusquer les fondements. Plusieurs niveaux d’analyse sont envisagés : au niveau des énoncés eux-mêmes tout d’abord, grâce aux outils de la pragmatique ; au niveau social ensuite afin de cerner les conditions de possibilité d’un discours efficace; au niveau anthropologique enfin et au contact de la parole agissante là où elle se réalise en propre, à savoir dans l’acte magique.

163 p.