«La formation continue permet d’augmenter sa compétitivité»

Nicole Galland et Pascal Paschoud. La directrice scientifique UNIL et le directeur opérationnel de la Formation Continue UNIL-EPFL, dans leurs nouveaux locaux du quartier de l’innovation, à l’EPFL. © Nicole Chuard

L’Université de Lausanne et l’EPFL sont partenaires dans le domaine de la formation continue universitaire. Les cours proposés tissent des liens entre la recherche académique et le monde professionnel. Entretien.

Pourquoi faut-il suivre de la formation continue?
Pascal Paschoud (PP) Les motivations de nos participants varient. Certains souhaitent se perfectionner ou mettre à jour leurs connaissances, car leur domaine d’activité a beaucoup évolué. D’autres veulent acquérir de nouvelles compétences, par exemple parce qu’ils vont occuper un poste de cadre. Des professionnels cherchent à changer de secteur, ou encore à développer leurs réseaux lors des cours. La curiosité intellectuelle constitue également un motif. Dans tous les cas, la formation continue permet d’augmenter sa compétitivité sur le marché de l’emploi, de ne pas subir les changements induits par les évolutions technologiques ou la pression économique.

Quelles questions dois-je me poser pour clarifier mes besoins en formation continue?
Nicole Galland (NG) Ai-je besoin d’un diplôme? Combien de temps et d’argent suis-je prêt à consacrer à ma formation? Est-ce le bon moment pour me lancer? Que dois-je être capable de faire ou de mieux faire au terme du cursus? Réfléchissez surtout en termes de compétences, en ciblant celles que vous souhaitez améliorer ou approfondir.

A partir de quel moment dans ma carrière faut-il se soucier de formation continue?
PP Rapidement! Il s’agit de mettre en place un état d’esprit «Lifelong Learning», c’est à dire l’apprentissage tout au long de la vie. La démarche réflexive sur le parcours professionnel doit être constante et structurée. Trop souvent, ce n’est qu’au moment de chercher un nouveau travail, et donc de la préparation de son CV, que l’on y pense.

Comment convaincre un employeur de soutenir la formation continue de ses collaborateurs?
PP Le coût du manque de compétence des collaborateurs est plus élevé que celui de la formation. Un employé bien formé améliore les résultats de l’entreprise, s’implique dans un réseau professionnel, sait ce qui se passe dans son domaine. La formation continue cimente sa loyauté et sa motivation.

NG Pour le collaborateur, la démarche est également positive. Ainsi, dans le cadre du MAS en archivistique que l’UNIL propose avec l’Université de Berne, on a constaté que pratiquement tous les participants ont obtenu une avancée professionnelle.

Suivre une formation continue, c’est investir du temps et de l’argent. Comment puis-je être sûr que les cours choisis sont les bons?
NG Regardez si le site internet et le catalogue sont clairs et de qualité. Les descriptifs de cours doivent être bien décrits, en termes de compétences à acquérir et d’objectifs. Des conditions d’admission bien définies peuvent assurer l’homogénéité des participants.

Qui sont vos étudiants?
PP La majorité a entre 30 et 40 ans, et possède 5 à 10 ans d’expérience professionnelle. Le cas typique? Une personne prend la tête d’une équipe et doit apprendre à encadrer du personnel ou gérer un budget. Nous avons également des participants plus âgés: pour notre Executive MBA «Management & Corporate Finance» de cette année, 38 % des «étudiants» ont dépassé 39 ans.

Quelles sont les qualités que vous attendez des participants?
NG De la motivation et du sérieux quant à leur engagement. Ils possèdent une expérience professionnelle, qu’ils doivent relier aux concepts théoriques de la formation. Au sein d’ateliers, ou lors de moments de discussions en groupe, nous souhaitons qu’ils partagent leurs expériences avec les autres étudiants, et l’enseignant. Une certaine endurance est utile, puisque les cours ont parfois lieu le soir et le week-end. Nous demandons enfin du travail personnel, notamment lorsqu’il y a la rédaction d’un mémoire.

Une sélection de trois formations à venir

 La «Mindfulness»
Les aidants constituent une population à risque tant sur le plan de la santé physique que mentale. Ce programme de perfectionnement professionnel s’adresse aux soignants, psychologues, travailleurs sociaux, éducateurs ou bénévoles engagés dans une relation d’aide. Grâce à des exercices pratiques de savoir-être et de stimulations de ressources psychologiques, les participants s’approprient des «outils pour prévenir le stress, la démotivation voire le burn-out, et la manière de récupérer après avoir côtoyé des situations ou interactions difficiles», explique Brigitte Zellner Keller, chargée de cours à l’Institut de psychologie de l’UNIL. Développée aux Etats-Unis, et conçue dans une perspective clinique à l’origine, la pleine conscience (ou «mindfulness») «s’inscrit dans la perspective de l’approche cognitivo-comportementale», ajoute la coresponsable académique de cette nouvelle formation. Le but est de faire attention à sa «météo intérieure» en se centrant délibérément sur le moment présent, sans jugement de valeur, et ainsi de retrouver un certain plaisir au travail.

Dates
Séance d’information le 12 juin, à 17h30. Huit séances plénières le mardi de 10h à 12h, entre novembre 2012 et juin 2013. Sept séances facultatives le mardi de novembre à mai, de 12h30 à 13h30. Une journée de cours théoriques le 23 avril 2013.

 Les rites funéraires
«La thématique de ce cours est forte, à la fois pour les émotions et pour l’intellect. Nous proposons aux participants de prendre du recul, sur les plans culturel et historique», explique Claire Clivaz, professeure assistante en PTC à l’Institut romand des sciences bibliques, et coresponsable de cette formation continue prévue sur trois jours, avec Christian Grosse, professeur ordinaire à l’IRCM (FTSR) et deux collègues professeures formatrices à la HEPL. Les rites funéraires musulmans, de l’Orient ancien, de l’Inde et de l’Egypte ancienne sont traités en premier. Parfois créés de toutes pièces, les nouveaux rites funéraires célébrés aujourd’hui en Suisse sont ensuite passés au crible. Edmond Pittet, directeur des Pompes funèbres générales de Lausanne, apporte son témoignage. Bien entendu, les pratiques réformées et catholiques sont présentées. Le sujet du deuil au travail constitue la conclusion de cette formation, qui s’adresse aussi bien au personnel soignant, aux enseignants, aux pasteurs et prêtres qu’au grand public.
Ces journées seront publiées en ligne, sous réserve d’un subside à trouver, sous une forme multimédia nouvelle, le «i-talk». Il s’agit du contenu des conférences à écouter et enrichies par des renvois hyperliens à d’autres documents et aux références.

Dates
1er, 2 et 30 novembre, de 9h30 à 16h30

 Migration et sociétés plurielles
«Les enjeux migratoires sont l’un des grands défis des sociétés du futur», constate Ilario Rossi, professeur associé au Laboratoire d’Analyse des Politiques Sociales, de la Santé et du Développement. La formation continue dont il est coresponsable académique vise à «fournir des outils théoriques et pratiques aux professionnels en contact avec les populations migrantes».

Le public-cible, dont l’hétérogénéité est recherchée par les organisateurs, travaille dans les domaines de l’éducation, de la santé, du social, de l’administration, voire de la justice. «Nous valorisons les apports professionnels de chaque métier», ajoute le chercheur. Composé de trois modules, ce Certificate of advanced studies (CAS) débute par une perspective historique, socio-anthropologique et juridique, se poursuit avec la question des logiques institutionnelles face à l’altérité, et se conclut sur la relation personnelle que chacun entretient avec l’altérité. Réalisé en partenariat avec la HES-SO, ce cursus se conclut avec la présentation d’un mémoire.

Dates
Colloque introductif ouvert à tous le 31 janvier et le 1er février 2013. Une session de deux jours tous les deux mois, entre le 21 mars 2013 et le 14 novembre 2014.

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