Comment le Coran décrit les héros de la Bible

Jésus. L’ascension du prophète Isâ ibn Maryam. Miniature turque de 1583. © R. et S. Michaud / akg-images
Jésus. L’ascension du prophète Isâ ibn Maryam. Miniature turque de 1583. © R. et S. Michaud / akg-images

Quelques autres personnages bibliques présents dans le Coran, entre convergences et divergences.

Adam et Eve
Dans le Coran, Adam (idem en arabe) et son épouse apparaissent au sein du même contexte que dans la religion juive et chrétienne, à savoir le récit de la Création?: ils sont les premiers êtres humains créés par Dieu.
Le récit islamique se différencie sur deux points principaux. Premièrement, dans le Coran (Sourate 2 dite La vache, v. 30 ss), on trouve un récit antérieur à la création de l’être humain, où Dieu discute avec les anges. «?Ces derniers ne sont pas vraiment enchantés avec cette idée de créer un homme?», explique Jean-Claude Basset. «?Ils pressentent que ce dernier va semer le désordre. Mais Dieu réplique?: «?Je sais ce que vous ne savez pas?» et la discussion s’arrête là.?»
La seconde grande différence, c’est la réaction d’Adam et de son épouse, après avoir été pris en faute. Alors que dans l’Ancien Testament, Adam accuse Eve, qui incrimine à son tour le serpent, dans le Coran, ils assument tous deux leur erreur. «?Soit, ils ont désobéi, mais la reconnaissance de leur faute fait que Dieu pardonne. On est ici plus dans le registre de la faiblesse que de la faute originelle.?» Et comme Adam et Eve admettent ne pas savoir faire les bons choix, Dieu promet de leur donner un guide?: ce seront les prophètes à venir, dont Adam est d’ailleurs considéré comme le premier.

Abraham et son fils Ismaël
Abraham (Ibrâhim) est l’un des prophètes majeurs de l’islam, de ceux qui ont reçu un livre de Dieu. En outre, il apparaît comme le premier croyant au Dieu unique. Dans le Coran, il est ainsi stipulé qu’Ibrâhim n’est «?ni juif ni chrétien, mais hanif?», soit «?monothéiste?». Il va donc aller à l’encontre du polythéisme ambiant, le récit coranique rapportant même sa destruction de toutes les idoles de son village, une tradition que connaît le judaïsme.
«?Ibrâhim se cherche un Dieu unique. Il est d’abord tenté d’adorer le soleil, mais l’astre va se coucher tous les soirs. Il pense alors aux étoiles, mais celles-ci s’éteignent également?», relate Jean-Claude Basset. «?Il va alors affirmer l’existence d’un Dieu qu’on ne peut pas voir.?»
Ibrâhim est également un personnage crucial dans la tradition musulmane, car il est le père d’Ismaël (Ismâ’îl), celui par qui va se faire la lignée jusqu’à Mahomet. Par ailleurs, contrairement à ce qui est écrit dans la Bible, selon les commentateurs du Coran, le fils qu’Ibrâhim était prêt à sacrifier pour son Dieu n’était pas Isaac, mais bien Ismaël. Le fils avec lequel Ibrâhim va reconstruire la Ka’aba, soit le lieu sacré par excellence de La Mecque. Encore aujourd’hui, le pèlerinage à La Mecque se fait sur les pas d’Ibrâhim.

David
Pour le Coran, de la même manière que Moïse (Mûsâ) a reçu la Torah (Tawrât) et Jésus l’Evangile (Injîl), David (Dâwud) reçoit la révélation d’un texte sacré, les Psaumes (Zabûr). Cependant, comme pour les autres récits du Coran, la tradition islamique ne s’intéresse pas à l’histoire, mais mentionne seulement des épisodes qui servent à illustrer une leçon, comme la célèbre confrontation avec le géant Goliath, dont David sortira vainqueur.
Sur un point, cependant, le récit de David est en désaccord avec le récit biblique?: «?Traditionnellement, dans l’islam, les prophètes sont protégés contre l’erreur, explique Jean-Claude Basset. Comme ils sont chargés d’un message, ils ne peuvent pas se tromper. Ainsi le Coran ne dit rien des égarements de David relatés dans la Bible, notamment du fameux épisode de l’adultère avec Bath-Schéba.?» David reste en effet un modèle pour tout musulman, notamment quant à sa façon de prier avec assiduité.

Jésus
Jésus (Isâ) est également un personnage important dans la religion musulmane. Il est le fils de Marie, auquel l’islam reconnaît une naissance virginale, mais aussi plusieurs miracles. On trouve encore un très joli passage, où l’on rapporte que Jésus, enfant, joue avec de la terre. «?Il fait des petites formes d’oiseaux et les oiseaux s’envolent?», raconte Jean-Claude Basset qui précise que l’on trouve le même épisode dans les apocryphes chrétiens comme l’Evangile du Pseudo-Thomas ou Histoire de l’enfance de Jésus 2, 1-4 ainsi que dans la Vie de Jésus en arabe 34. Si Jésus est considéré comme l’un des envoyés de Dieu sur terre, au même titre que les autres prophètes majeurs, le Coran rejette cependant l’idée qu’il puisse être fils de Dieu – le Dieu transcendant ne saurait être mêlé de quelque manière à sa créature.
De là découle une divergence capitale d’avec la religion chrétienne. Jésus n’étant pas le fils de Dieu, il n’a pas davantage le caractère de sauveur. «?En islam, on insiste beaucoup sur la responsabilité de chacun?» explique le spécialiste. «?Personne ne peut être le sauveur d’un autre, chacun a à rendre ses comptes devant Dieu. Donc ce rôle d’intercesseur n’a pas sa place en islam.?» Quant à la crucifixion de Jésus, le Coran affirme qu’il n’a été ni tué ni crucifié, ce n’était qu’une apparence (Sourate 4, Les femmes, v. 157)?; la tradition islamique considérera qu’un autre a été crucifié à la place de Jésus, dont elle attend le retour à la fin
des temps.

Article principal: Marie apparaît plus souvent dans le Coran que dans la Bible

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