Burn out

Sentiment d’impuissance, fatigue, cynisme, troubles du sommeil. A l’ère du travail 2.0, le burn out – ou épuisement professionnel dû au stress chronique – touche tous les métiers et toutes les fonctions. Il n’est cependant pas reconnu comme une pathologie psychiatrique.

Un immeuble incendié : quatre murs qui tiennent debout et un intérieur vide, brûlé. C’est ainsi que Herbert Freudenberger caractérisait, dans les années 70, l’état de certains volontaires travaillant auprès de toxicomanes. «Ce psychanalyste a été le premier à utiliser le terme de burn out qu’il qualifiait de «maladie de l’idéalité», considérant que les personnes visant des buts irréalistes finissaient par s’épuiser au travail», explique Catherine Vasey. Cette psychologue a récemment compilé, sous forme de guide pratique, ses 17 ans d’expérience dans la prévention et le traitement du burn out.

A l’époque, l’expression était d’ailleurs réservée aux travailleurs exerçant un métier lié à la relation d’aide comme les médecins, éducateurs et enseignants. «Or ce syndrome peut toucher n’importe qui, tant ses causes sont multi-factorielles, une part du stress étant dû à des risques externes liés au poste de travail, l’autre relevant de facteurs internes à l’individu.»

Va-t-en-guerre

Selon la diplômée de l’UNIL, les personnalités de type «fort» et à l’attitude «guerrière» constituent des populations à risque. Les victimes de burn out sont souvent des personnes très engagées, exigeantes envers elles-mêmes et capables d’assumer, habituellement, de lourdes charges de travail. «De plus, avec le développement du secteur tertiaire, les employés sont plus sédentaires, sans possibilités de se dépenser physiquement pour décharger le stress. Parallèlement, ils sont davantage réquisitionnés dans leur mental et leur émotionnel. Sans compter qu’avec les nouvelles technologies, la vie professionnelle s’immisce toujours plus dans la sphère privée.» Selon une étude, publiée chaque année par Promotion Santé Suisse, 1 actif sur 4 éprouve du stress au travail et se sent épuisé. «Cela n’est pas forcément synonyme de burn out, soutient Catherine Vasey. Aucune recherche sérieuse n’a réellement permis de quantifier le phénomène.»

Il n’est d’ailleurs pas considéré comme une maladie psychiatrique et ne figure pas dans le manuel des troubles mentaux DSM-5. Selon certains spécialistes, il s’agirait d’une forme de dépression réactionnelle. Un avis que ne partage pas la psychologue, malgré une similarité entre les symptômes. «Le burn out est un épuisement dû au stress chronique, une maladie physiologique ayant une incidence sur l’équilibre psychologique.»

En cas de danger, l’organisme sécrète des hormones (adrénaline et cortisol notamment) pour se préparer, traditionnellement, à l’attaque ou à la fuite. Elles mobilisent toute l’énergie disponible, focalisent la pensée, augmentent le rythme cardiaque et aiguisent les sens. «Si ces hormones de stress sont constamment produites, elles conduisent peu à peu à l’épuisement du corps puis à un dérapage mental. Les victimes sont progressivement envahies par les soucis professionnels et un fort sentiment d’impuissance. Le burn out est la conséquence d’un dés­équilibre, sur une longue durée (6 mois au moins), entre les dépenses d’énergies dans le travail et un manque de récupération.»

«Prescription de ruminations»

Catherine Vasey propose plusieurs pistes concrètes pour décharger les tensions et cadrer un mental galopant. Un exemple parmi tant d’autres contenus dans son livre : s’autoriser, papier et stylo à la main, 10 minutes de ruminations quotidiennes avant de pratiquer une activité appréciée. Cette «prescription de ruminations» permettrait de ne plus subir les soucis mais de choisir à quel moment y penser. D’un bout à l’autre de l’ouvrage, l’auteure détaille les éléments déterminants dans un processus de guérison. Elle insiste particulièrement sur le retour au travail qui doit être préparé avec soin pour trouver un nouvel équilibre et mieux fixer ses propres limites en fonction de ses valeurs et ses objectifs de vie.

Comment rester vivant au travailPar Catherine Vasey. Editions Dunod (2017), 224 p.
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