A la poursuite d’Artémis

Chantier. Le travail commence au lever du soleil. Au premier plan, les vestiges du bâtiment le plus important du sanctuaire, la stoa du IVe siècle avant J.-C. © Andreas Skiadaressis

L’an passé, les chercheurs de l’École suisse d’archéologie en Grèce ont identifié un vaste sanctuaire consacré à la déesse de la chasse, sur l’île d’Eubée. Cet été, Allez savoir! s’est rendu sur le site des fouilles, à Amarynthos, où travaillent de nombreux étudiants et archéologues professionnels. 

L’autoroute peu fréquentée serpente entre des collines couvertes d’arbustes. Sur la droite, on aperçoit notre destination, l’île d’Eubée. Ce 24 juillet, une chaleur lourde règne sur cette région de Grèce, située à une bonne heure de voiture d’Athènes, au nord. Avant de franchir le pont qui enjambe le détroit de l’Euripe, Karl Reber désigne le bord de la mer. «Voici l’ancienne Aulis. D’après l’Iliade, les Grecs ont embarqué ici pour la Guerre de Troie. Selon d’autres textes, c’est à cet endroit que le roi Agamemnon a sacrifié sa fille Iphigénie à Artémis. Mais la déesse a remplacé la jeune femme par une biche, au dernier moment», raconte le directeur de l’École suisse d’archéologie en Grèce (ESAG), également professeur à l’UNIL (Faculté des lettres).

Après quelques kilomètres, nous parvenons à Érétrie. Les touristes – principalement grecs – sont encore peu nombreux à se promener sur le front de mer jalonné de restaurants. A quelques rues de là au nord, au pied d’une colline, les travaux menés par les archéologues suisses depuis 1964 ont mis au jour une impressionnante ville antique. Son histoire est contée dans l’ouvrage Cité sous terre (référence ci-dessous).

Les postes helléniques ont émis un timbre à l’effigie d’Artémis pour marquer les découvertes des archéologues suisses. L’île d’Eubée, où se trouvent Amarynthos et Erétrie, est plus grande que le canton de Vaud. Illustration: Raoul Ganty/Unicom

Le sanctuaire perdu… a été retrouvé
Cette année, les archéologues s’activent surtout près d’Amarynthos, à 11 km à l’est d’Érétrie. En 2017, après dix ans de fouilles, la preuve que ce lieu abritait un important sanctuaire d’Artémis (fille de Zeus et sœur d’Apollon) a été apportée. Des tuiles portant le nom de la déesse ont été découvertes (voir l’image ci-dessous), mettant ainsi fin à une longue quête.

Les chercheurs ne font pas des trous au hasard sur le littoral grec. L’existence d’un lieu de culte consacré à Artémis figure dans plusieurs textes et inscriptions antiques. La source principale, en l’occurrence, est Strabon (vers 60 av. J.-C. – vers 20 ap. J.-C.). Sa Géographie, une somme, décrit le monde connu de son temps. Le livre X, qui fournit plusieurs informations sur le sanctuaire, a été édité et traduit par l’helléniste François Lasserre, ancien professeur à l’UNIL (Les Belles Lettres, 1971).

Strabon y indique qu’une distance de sept stades le sépare de la muraille d’Érétrie, soit moins de 1500 m. Mais aussi près de la ville antique, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la pioche. C’est ici qu’intervient Denis Knoepfler, professeur honoraire au Collège de France et à l’Université de Neuchâtel. Ce chercheur a réalisé ses premières fouilles à Érétrie en 1966. Trois ans plus tard, son enquête de terrain le pousse vers Paléoekklisies («vieilles églises»), une colline située en bordure de mer à 2 km du bourg d’Amarynthos. Ce lieu prometteur avait déjà livré des vestiges de l’âge du bronze (IIIe – IIe millénaires av. J.-C.).

Or, le culte de la divinité de la nature sauvage, très implanté sur l’île d’Eubée, doit remonter à la période préhellénique. De plus, elle porte depuis des éternités le nom d’Artémis Amarysia, une appellation que l’on retrouve de nos jours sur les véhicules des pompiers locaux. Mais cette localisation, à première vue, contredit les informations fournies par Strabon, qui place le sanctuaire bien plus près d’Érétrie.

Denis Knoepfler. Ce professeur honoraire au Collège de France et à l’Université de Neuchâtel est le codirecteur des fouilles à Amarynthos. © DR

En 1988, Denis Knoepfler fait connaître sa solution, qui innocente le géographe. Les manuscrits que l’on possède du livre X de sa Géographie sont tous tardifs. Le copiste aurait pu aisément commettre une erreur quant au nombre de stades en écrivant ζ (zèta), soit 7, au lieu de ξ (xi), soit 60. Le tracé des deux lettres est en effet très proche. Or, six dizaines de stades, cela représente 10,8 km… soit exactement la distance qui sépare la muraille d’Érétrie de la colline de Paléoekklisies.

L’archéologue se lève tôt
Avant l’aube, en voiture, nous parcourons les 60 stades mentionnés (après correction) par Strabon pour nous rendre sur le chantier des fouilles. «Les routes ancienne et moderne possèdent à peu près le même tracé», explique Karl Reber. Sur place, les chercheurs, les étudiants et les ouvriers grecs très expérimentés, soit une trentaine de personnes, commencent leur journée de travail. Cet horaire très matinal est imposé par la chaleur.

Le site antique d’Amarynthos forme un carré pelé, à peu près plat, d’environ 100 m de côté. Sur la partie ouest se trouve une villa blanche de 2006, utilisée comme maison de fouilles. Au sud-est s’élève la petite colline de Paléoekklisies dont le pied est couvert de bâches noires. Des blocs de calcaire clair et des fosses rythment le terrain, très sec. Aux yeux du profane, l’ensemble fait penser à un labyrinthe rasé près du sol.

Cette journée commence par une série de prises de vue réalisées avec un drone. Puis les archéologues se répartissent sur leurs secteurs de travail. Guidé par Karl Reber, nous nous dirigeons vers l’est, où se situaient les vestiges du bâtiment le plus monumental du site, la stoa de l’époque hellénistique. C’est-à-dire un édifice couvert, fermé d’un côté par un mur et s’ouvrant de l’autre par une colonnade, qui date de la fin du IVe siècle avant J.-C. «Nous en avons dégagé près de 50 mètres, et ce n’est pas fini», indique le directeur de l’ESAG. À intervalles réguliers, des fondations carrées en conglomérat marquent les bases des colonnes intérieures.

Parvenu à l’angle du bâtiment, le professeur désigne un bloc plat percé de deux trous. «Un banc qui longeait l’intérieur de la stoa se trouvait ici. Les pèlerins pouvaient s’y installer à l’ombre.» Les pieds de ce siège étaient fixés à ces bases grâce au plomb, «la colle de l’Antiquité». Des traces de ce métal subsistent, ce qui est plutôt rare. «Le plus souvent, il était récupéré pour être réemployé.»

Karl Reber, directeur de l’école suisse d’ar­chéo­logie en Grèce, et Cédric Pernet, doc­torant à l’UNIL, dégagent un fragment de récipient en terre cuite. © Andreas Skiadaressis

Hélios règne sur le chantier
Alors que la matinée s’avance, le soleil commence à taper fort et des toiles claires, montées sur des piquets, sont installées pour protéger les archéologues. Juste à côté de la stoa, et plus en profondeur, se trouvent les murs d’un bâtiment de l’époque archaïque, datés de la première moitié du VIIe siècle av. J.-C. Cet édifice sans doute religieux était déjà respectable avec ses 25 m de long. L’empilement de structures, qui évoque un mikado de pierres, «constitue l’histoire normale de la succession des activités au sanctuaire. Des constructions plus anciennes, comme celle-ci, ont été détruites pour permettre la construction de la stoa», raconte Samuel Verdan, chercheur FNS à l’UNIL.

A quelques mètres de là, ce scientifique et sa collègue Daniela Greger, diplômée de l’UNIL, ont mis au jour une tasse et une demi-cruche monochrome de l’époque géométrique (entre le IXe et le VIIIe siècle av. J.-C.). Ce récipient contient encore des sédiments, qui sont conservés: leur analyse pourra donner une idée du liquide qui s’y trouvait. La zone fouillée par ces deux chercheurs a livré l’une des plus belles découvertes de cette année: un mur en arc de cercle, qui indique la présence enfouie d’un bâtiment absidial caractéristique de l’époque géométrique.

Technologie. Les chercheurs utilisent des tablettes pour documenter les découvertes. Ici, Daniela Greger, diplômée de l’UNIL. © Andreas Skiadaressis

 

Samuel Verdan, chercheur FNS à l’UNIL, au travail dans un secteur très ancien du sanctuaire © DR

Céramique et tablette
Chloé Chezeaux est responsable du secteur voisin. L’enthousiasme et la motivation de cette étudiante de master à l’UNIL sont communicatifs. Lors de la visite d’Allez savoir!, elle a déniché plusieurs fragments de céramique, dont deux portent des décors en arc de cercle. Ces motifs, tracés à la main ou au compas, sont typiques de l’époque protogéométrique (1050 à 900 av. J.-C.).

Faisant d’un geste un saut de 3000 ans dans le temps, Chloé Chezeaux attrape la tablette électronique dont sont équipés les responsables de secteur. Comme ses collègues, elle recourt à l’application américaine iDig, conçue pour référencer et décrire les objets. On adjoint à ces derniers le lieu de la découverte, dans les trois dimensions, sur une carte topographique visible à l’écran. Le site d’Amarynthos est découpé en zones de recherches numérotées de quelques mètres carrés. On désigne par «FK» (pour Fund Komplex, dans le dialecte local) un ensemble de trouvailles considéré comme stratigraphiquement homogène. L’enregistrement de la documentation demande de la rigueur et de la précision. Car «une fois qu’un site est fouillé, il est détruit!», comme l’affirment plusieurs interlocuteurs.

Munies d’une étiquette qui reprend la nomenclature utilisée dans iDig, les trouvailles les plus fragiles sont placées dans des sachets en plastiques et des caissettes. Chaque soir, la plupart des artefacts déplaçables (le mobilier) sont acheminés dans les ateliers du Musée archéologique d’Érétrie, où travaillent des étudiants et des chercheurs des universités suisses. C’est là que le travail de conservation-restauration et d’analyse est effectué.

«Les tablettes des responsables de secteur sont synchronisées chaque soir, ce qui nous fournit une vue d’ensemble des travaux de la journée», explique Tobias Krapf, en charge des fouilles à Amarynthos et chef d’orchestre du chantier. Les informations ajoutées par les collègues du musée, tout comme les dessins et les photos prises régulièrement, rejoignent l’ensemble de ces données.

Chloé Chezeaux, étudiante à l’UNIL, vient de trouver deux fragments de céramique qui comportent des décors en arcs de cercle. Ils sont probablement d’époque protogéométrique (1050 à 900 av. J.-C.) © DR

Statuettes de femmes
La zone située à l’ouest, à côté de la villa, est le domaine de Cati da Silva (étudiante en bachelor) et de Cédric Pernet (doctorant et assistant diplômé à l’Institut d’archéologie et des sciences de l’Antiquité), tous deux de l’UNIL. Le «secteur 22, section sud» contient les traces de deux édifices importants. Ici, nous sommes plutôt dans la période classique (Ve – IVe siècles), l’âge d’or de la Grèce antique. «Chaque fois que nous descendons, nous trouvons un nouveau mur», explique le chercheur, dont la thèse en cours porte sur les cultes pratiqués au gymnase d’Érétrie. Ce coin a offert «de très beaux morceaux de tuiles corinthiennes, qui pèsent jusqu’à 10 kilos chacune. Cette année, nous avons également découvert près de 50 fragments de statuettes en terre cuite, qui pour la plupart représentent des femmes assises, ainsi qu’un cochon sauvage réalisé dans le même matériau, un morceau de verre décoré peut-être originaire de Phénicie (Liban actuel, ndlr) ainsi que des pesons utilisés pour l’artisanat textile.» Dans plusieurs secteurs, on peut apercevoir des cercles plus sombres, qui pourraient marquer l’emplacement de fosses. Les archéologues les affectionnent, car elles contiennent potentiellement des objets en bon état, jetés là à l’issue d’une cérémonie. Cette année, un taureau votif en bronze d’une dizaine de centimètres, au corps élégamment réalisé, a justement été découvert dans un tel «puits». Un pied de lance réalisé dans le même alliage, tout comme un carquois identifié comme tel par Karl Reber, font également partie des belles trouvailles de 2018.

Une lunette (en jaune) et une mire (grande règle graduée, au sol) sont utilisées pour les mesures d’altitude. Les coordonnées des objets trouvés doivent être recueillies dans les trois dimensions. ©DR

Pause et pédagogie
En milieu de matinée, des commerçants locaux apportent des cafés – le frappé glacé est un must sous le cagnard – et des produits de boulangerie. Profitant d’une brève pause à l’ombre, Thierry Theurillat, codirecteur de la fouille à Amarynthos et secrétaire scientifique de l’ESAG en Suisse, détaille le volet «chantier-école» des lieux, qui accueille des stagiaires chaque été. «Nous offrons des formations techniques et nous proposons des visites archéologiques de sites voisins. Ainsi, notre filière de formation se renforce.» Lors de la visite de Allez savoir!, Tobias Krapf, également secrétaire scientifique de l’ESAG en Grèce, a présenté la nécropole de Toumba (Xe siècle av. J.-C.) et les habitats de la colline de Xéropolis, tous deux situés à Lefkandi, à quelques kilomètres à l’ouest d’Érétrie.

Malgré la chaleur («J’ai transpiré mon premier litre de sueur à 8h ce matin», dit une stagiaire avec le sourire) et le travail qui tient du terrassement, avec ses pioches et ses brouettes, les étudiants rencontrés sont contents de leur sort. Cette année, ils sont plus d’une vingtaine, un record. Tous volontaires, ils ont postulé pour la Grèce. Avant de venir, «il faut avoir accumulé un mois d’expérience de fouilles», explique Karl Reber. Toujours dans un but de formation, les différents groupes présentent les travaux réalisés dans la semaine devant leurs collègues, chaque vendredi à 10 heures. Enfin, l’École n’est pas lausanno-centrée, puisque, cette année, des étudiants des Universités de Bâle, Genève, Neuchâtel, Zurich, Ioannina et Tirana s’activent à Amarynthos, donnant au site des allures de tour de Babel, en plus horizontal. Les chercheurs proviennent également de nombreuses institutions suisses et étrangères.

Hoplites et phylai
Directeur scientifique de la fouille à Amarynthos, Denis Knoepfler parcourt le chantier. Avec lui, nous replongeons dans le passé du sanctuaire, pour évoquer la grande fête annuelle qui s’y déroulait, les Artémisia. «Strabon rapporte qu’un cortège de 3000 hoplites (fantassins, ndlr), 600 cavaliers et 60 chars défilait d’Érétrie vers ce lieu de culte. Ces chiffres ne doivent rien au hasard.»

La population des cités grecques, dans l’Antiquité, était structurée en phylai, ou tribus (un terme à ne pas prendre dans son sens ethnographique). Mais combien étaient-elles ici? Confirmant une hypothèse, la réponse a été trouvée l’an dernier dans le sanctuaire, au revers d’un bloc de marbre réutilisé par les Romains comme marche d’escalier à la fin du Ier siècle av. J.-C. Cette construction tardive donne accès à un puits, à usage religieux. Ce dernier contenait près de 200 monnaies, dont les plus récentes datent de l’empereur Dioclétien, qui a régné de 284 à 305 ap. J.-C.

Le revers de ce bloc portait, gravé en beaux caractères, un traité d’union entre Érétrie et la petite ville de Styra, au sud-est de l’Eubée. Il s’agit du plus ancien document de ce type – une convention de sympoliteia – jamais trouvé en Grèce. «Une clause stipule que pour mieux intégrer la population de Styra dans l’Érétriade, on répartira les nouveaux citoyens en six sections. A moins d’être très méfiant, cela signifie qu’il y avait autant de phylai», reprend Denis Knoepfler. Autre indice, les chiffres donnés par Strabon au sujet du cortège des Artémisia se divisent bien par six. Ainsi, «le cortège n’était pas une armée, mais le corps civique en armes, qui se présentait devant la divinité de la cité». Le grand nombre de chevaux indiqué répond à la réputation de la cavalerie érétrienne, signalée par Aristote.

De manière surprenante pour nos esprits du XXIe siècle, le sanctuaire d’Artémis abritait des documents officiels importants pour la cité. Ils étaient même probablement exposés devant la stoa, tout comme des statues de divinités, héros et bienfaiteurs (lire les explications au sujet de Narcisse, par Denis Knoepfler). «Dans le monde grec antique, le politique et le religieux sont imbriqués», complète Denis Knoepfler, qui avance une hypothèse. Les stèles publiques mises au jour dans le sanctuaire d’Apollon Daphnéphoros, à Érétrie, concernent les liens entre l’île et le reste de la Grèce. Ce dieu «panhéllenique est ouvert aux contacts avec l’extérieur. A Amarynthos, en revanche, les inscriptions que l’on a trouvées ou qui sont mentionnées dans les textes concernent les relations avec les autres cités de l’Eubée. Nous serions donc ici dans une forme d’entre-soi.» Chacun des dieux veille ainsi sur des aspects différents de la vie publique.

Dans un grec parfait, Tobias Krapf, secrétaire scientifique de l’ESAG en Grèce, présente les fouilles lors d’une matinée portes ouvertes. ©Andreas Skiadaressis

Diplomatie scientifique
Menées notamment par Tobias Krapf et Karl Reber, qui parlent admirablement le grec, des centaines de personnes et la chaîne de télévision Star Kentrikis Elladas participent aux portes ouvertes organisées par l’ESAG, en cette fin de juillet. Parmi les visiteurs, on reconnaît Amfitriti Alibate, maire d’Érétrie, qui se déclare «très fière» et estime que les fouilles avancent très vite. «Les gens viennent principalement de la région. Ils sont très curieux, posent beaucoup de questions et nous racontent des légendes locales», raconte l’une des guides, la dynamique Kyriaki Katsarelia, étudiante en master à l’UNIL et originaire d’Érétrie.

Les relations publiques et la diplomatie font partie des nombreuses tâches de Karl Reber. Un excellent contact avec les autorités locales et avec l’Éphorie des antiquités d’Eubée (structure de l’État grec en charge de l’archéologie, comparable à nos archéologies cantonales), entre autres, est essentiel. Le 1er août, l’ambassadeur de Suisse en Grèce Olaf Kjelsen a participé à la célébration de la Fête nationale à Érétrie, organisée par l’ESAG. En 2017, pour marquer l’identification du sanctuaire, les postes helléniques ont émis un timbre à l’effigie d’Artémis (voir ci-dessous). Un succès dû notamment à Amfitriti Alibate. Autre signe de bonne entente, une «Place de l’École suisse d’archéologie en Grèce» a été inaugurée en 2015, non loin de la belle maison du XIXe siècle qui constitue le quartier général de l’ESAG dans la ville eubéenne.

Cette dernière s’implique également dans l’immobilier, lorsqu’elle achète les terrains autour des fouilles. Ces démarches requièrent un travail de persuasion auprès des propriétaires. La petite villa utilisée actuellement comme bureau et abri surplombe des vestiges détectés lors d’une campagne de prospection géo-électrique. Elle va donc être démolie et les archéologues investiront une maison voisine, acquise tout récemment.

Les projets ne manquent pas. Par exemple, «nous aimerions sortir les blocs réemployés par les Romains dans la double volée de marches qui mènent au puits. Mais l’ensemble est très instable, et cela demande des travaux importants», explique Karl Reber. Le jeu en vaut la chandelle, car il se pourrait que ces marbres portent d’autres inscriptions importantes, cachées sous terre depuis deux millénaires. Le long sommeil d’Artémis prend fin.

Fragment de tuile qui porte le nom d’Artémis ©ESAG

Depuis leur origine en 1964, les fouilles des archéologues suisses à Érétrie ont été soutenues par le Fonds national suisse de la recherche scientifique. En 1983, la Fondation de l’École suisse d’archéologie en Grèce a pris le relais et a mis en place un recours généralisé à des financements publics et privés.

Dès la fin des années 90, l’Office fédéral de l’éducation et de la science (OFES), aujourd’hui le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) rattaché au Département fédéral de l’intérieur, ont joué à côté du Fonds national un rôle grandissant dans le financement de l’École suisse en Grèce. Plusieurs fondations privées ont contribué aux succès de l’ESAG, en soutenant ses publications, en allouant des bourses aux chercheurs ou en permettant d’acquérir des terrains: la Fondation Stavros Niarchos, la Fondation de Famille Sandoz, la Fondation Isaac Dreyfus-Bernheim, des firmes et des donateurs privés.

N’oublions pas le rôle central que joue l’UNIL, qui sert de base à l’ESAG en Suisse. Le traitement du directeur, Karl Reber, professeur ordinaire d’archéologie classique, est assuré par le budget de l’UNIL.

Mentionnons enfin l’appui des universités suisses où est enseignée l’archéologie classique, Bâle, Berne, Fribourg, Genève, Neuchâtel et Zurich.

Eretria. Les chercheurs de l’ESAG publient leurs travaux dans cette collection scientifique. Infolio. 22 volumes déjà parus.

 

Cité sous terre. Cet ouvrage collectif richement illustré présente les recherches menées à Erétrie par l’ESAG. Infolio (2010), 317 p.

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