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Muhammad Najem, une voix dans le fracas des bombes

Muhammad Najem, une voix dans le fracas des bombes

A travers Twitter, un jeune garçon appelle à l’aide dans cette région où ce sont les civils qui sont visés par les bombardements.

Depuis 7 ans, des conflits armés ont lieu en Syrie. Ce n’est pourtant que depuis le mois passé que nous entendons parler de la Ghouta orientale. Au Nord-Est de Damas, la capitale, la région de la Ghouta n’est pas connue pour abriter des djihadistes ou autres terroristes mais subi de nombreux bombardements. D’après Diana Semaan, spécialiste de la Syrie à Amnesty International, l’État syrien « prend pour cible intentionnellement sa propre population en Ghouta orientale ».

Partout en Syrie, les journalistes font des duplex, des reportages photos, interviewent des gens et font la course à l’actu mais dans la Ghouta orientale, il n’y a personne. Pas un seul journaliste n’a été envoyé là-bas alors que chaque jour des dizaines de civils syriens partent en morceaux dans les flammes des obus de leur chef d’État.

Muhammad Najem a donc fait ce que personne d’autre n’a fait. Il s’est improvisé journaliste dans le but d’informer le monde sur la guerre qu’il y a – aussi – où il vit, et que cette guerre n’est pas celle de deux États, l’un contre l’autre, mais bien celle d’un État contre son propre peuple. Muhammad n’a pas peur de dire les choses telles qu’elles sont et ne mesure pas ses mots.

« We know that you got bored from our blood pictures But We will continue appealing to you Bashar Al-assad, potin and khaminei killed our childhood Save us before it is too late What is the world, which can send machines to the martian and can’t do anything to stop killing people ».

« Nous savons que nos images sanglantes vous ont lassées. Nous continuerons à vous faire signe. Bashar Al-assad, Poutine et Ali Khamenei ont tué notre enfance. Sauvez-nous avant qu’il soit trop tard. Qu’en est-il du monde qui peut envoyer des machines sur Mars mais qui ne peut pas empêcher les gens de se faire tuer ? »

Ce sont ces mots-là qu’il a prononcés dans une vidéo postée le 15 janvier sur Twitter. Il précisait, un mois après, que lui et sa famille s’étaient retranchés dans un sous-terrain mais qu’ils n’avaient ni eau, ni électricité, ni nourriture.

Sur son compte Twitter, il publie aussi des photos de son école, détruite par des bombardements russes. Les Russes qui sont, on le rappelle, les alliés de Bashar Al-assad. Muhammad publie aussi des images chocs d’enfants défigurés à cause des bombardements et raconte leurs histoires. C’est un vrai travail de journaliste qu’il fournit et ce uniquement dans le but d’obtenir de l’aide pour lui et tous les autres habitants de la Ghouta orientale.

On ne peut pas l’empêcher, comme toujours, certains crient au complot. Étant donné que Muhammad a la peau claire et les cheveux blonds, des complotistes ont envisagé la possibilité qu’il ait été envoyé là-bas pour fournir de faux témoignages de la violence du régime d’Assad. Selon eux, cette manipulation aurait eu pour but de montrer une mauvaise image du régime qui serait, toujours selon eux, tout sauf mauvais.

Pour l’instant, retenons que la seule façon pour qu’une information d’une telle ampleur ait pu nous parvenir ait été qu’un ado, dans un sous-terrain à l’autre bout du monde, nous la fournisse.

Rédacteur : Arno Reymondin

Sources :

https://twitter.com/muhammadnajem20?lang=fr

https://www.amnesty.ch/fr/pays/moyen-orient-afrique-du-nord/syrie/docs/2018/crimes-de-guerre-en-ghouta-orientale